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Le Monde Diplomatique (avril 2017)

Question de Serge Halimi : « Et cette fois encore, le piège du vote utile ? »

Le premier tour de l’élection présidentielle, le 23 avril, opposera onze candidats aux opinions très diverses. Ce pluralisme a été en partie éclipsé par les affaires judiciaires et par la place que les médias ont consacrée au bal incessant des sondages. Néanmoins, la perception de la nature profondément antidémocratique des institutions françaises et européennes gagne les esprits. Mais la traduction en termes électoraux de cette conscience nouvelle risque d’être dévoyée par le piège d’un « vote utile » qui choisirait comme opposant à l’extrême droite un adorateur de la mondialisation.

L’assurance-maladie universelle en questions (Martine Bulard) : « Parmi les plus performants du monde, le système français de santé n’arrive pourtant plus à compenser les inégalités. La Sécurité sociale a vu son rôle marginalisé au profit des complémentaires, dont les coûts de gestion et de publicité explosent. Et si on en revenait au « tout-Sécu » ? »

Jean Marcou estime que le président Erdoğan signe la fin du « modèle turc » : « Entre deux polémiques avec les dirigeants européens, le président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui cherche à renforcer son pouvoir sur le plan intérieur, se rapproche de l’Arabie saoudite et de la Russie. Ce recentrage témoigne de la situation délicate de la Turquie dans son environnement régional. Le temps où elle apparaissait comme l’un des grands bénéficiaires des « printemps arabes » semble révolu. »

Il évoque aussi « La quête obsessionnelle d’un pouvoir fort » : « Élaborée à la suite du coup d’État militaire de 1980, la Constitution de 1982 a toujours été contestée en Turquie, l’armée s’y étant octroyé le rôle de véritable régulateur du système. Mais cette remise en question, qu’illustrent les nombreuses révisions ou les projets de nouvelle Constitution, a changé de nature depuis la montée en puissance du parti islamo-conservateur de M. Recep Tayyip Erdoğan, le Parti de la justice et du développement (AKP). »

Heureusement, peut-être, La Constitution des Etats-Unis joue contre Donald Trump : (Anne Deysine) « Immigration, droits des femmes : depuis sa prise de fonctions, M. Donald Trump affronte une résistance tous azimuts, même si sa base électorale lui demeure fidèle. Certains contestataires ont choisi d’utiliser les possibilités offertes par la Constitution américaine, conçue par les Pères fondateurs dans l’objectif d’empêcher que le président puisse bouleverser l’ordre social existant. »

Assistons-nous à « La fin des partis politiques » ? (Allan Popelard ) : « Conçues par les proches du général de Gaulle pour mettre à bas le régime des partis, que celui-ci jugeait responsable d’avoir conduit la France à l’abîme en 1940, les institutions de la Ve République ont produit la « scène de contradiction sur un théâtre d’impuissance » qu’il avait dénoncée. Mais, loin de résulter du jeu des appareils, la décomposition du champ politique semble aujourd’hui plutôt due à un affaiblissement des partis sous l’effet du présidentialisme. »

« Nous ne sommes pas un protectorat américain », affirment les Mexicains (Andrés Manuel López Obrador) : « Les propos injurieux de M. Donald Trump à l’égard du Mexique ont accéléré la campagne présidentielle dans ce pays. Le scrutin n’aura lieu qu’en juillet 2018, mais un candidat se détache déjà : M. Andrés Manuel López Obrador, qui incarne les espoirs de la gauche. »

James M. Cypher estime que « Le piège de la dépendance se referme sur le Mexique » : « Les États-Unis n’ont pas déclaré la guerre au Mexique ; ils souhaitent simplement renégocier l’accord commercial qui les lie à leur voisin. Le projet a néanmoins plongé Mexico dans l’effroi. Depuis le début des années 1980, le pays a fait le choix d’arrimer son économie à celle des États-Unis. Un virage à 180 degrés au nord du Rio Bravo pouvait-il manquer de créer des remous au sud ? »

Dans les démocraties occidentales, les dirigeants font de plus en plus face à « Ce monstre anonyme, l’homme de la rue » (Angela Nagle) : « Alors que le populisme de droite qu’incarne M. Donald Trump a pris le pouvoir aux États-Unis, une vague de mépris des classes populaires, qui auraient mal voté, monte chez les démocrates. Des militants démoralisés par leur débâcle à l’élection présidentielle de 2016 pansent leurs plaies en se berçant de l’illusion de leur supériorité. Sans toujours le savoir, ils ravivent ainsi une vieille idée. »

Les Français d’origine chinoise s’affirment en tant que communauté (Zhang Zhulin ) : « Longtemps restés discrets, les Chinois de France ont fait irruption dans le paysage en organisant une puissante manifestation en septembre 2016 : ils réclamaient plus de protection à la suite de l’agression mortelle d’un des leurs. Une unité qui n’allait pas de soi. À la différence de ses aînés, la deuxième génération veut combattre les préjugés dont elle est victime. »

Jordan Pouille évoque les oubliés chinois de la Grande Guerre : « Le 17 février 1917, près de Malte, un sous-marin allemand torpillait le paquebot français « Athos », faisant 754 morts, majoritairement des Chinois. Ces hommes devaient rejoindre un contingent de 140 000 travailleurs de leur pays. Une main-d’œuvre à l’histoire largement méconnue. »

Maxime Audinet explique pourquoi la voix de Moscou trouble le concert de l’information internationale : « Accusée d’être un instrument dans les mains du Kremlin, RT a repris les codes, et les défauts, des chaînes d’information en continu, nombreuses à se faire concurrence dans une arène désormais mondiale. La forte progression de son audience aux États-Unis ou en Europe tient à une ligne éditoriale ouvertement critique à l’égard des politiques occidentales, qu’elle décline en fonction des régions. »

Benoît Bréville explique pourquoi la gauche est embarrassée par l’immigration : « La stratégie conservatrice visant à opposer les plus démunis entre eux est parvenue à faire de l’immigration une question décisive pour nombre de Français. Aubaine pour la droite, cette situation impose à la gauche d’évoluer sur un terrain miné… et la divise. »

Selon Philippe Leymarie, la canonnière est demeurée une passion française : « Le président Hollande aura envoyé les troupes sur de nombreux terrains difficiles. Est-ce vraiment leur vocation de se substituer si souvent aux diplomates ? Celui qui lui succédera devra mesurer le coût de ces ingérences, tant en matière de dépenses militaires que pour l’image de la France. »

La culture occupe une place plus que modeste dans la campagne pour la présidentielle (Evelyne Pieiller) : « Figure obligée des programmes électoraux, les projets relatifs à la culture reflètent les dispositions idéologiques des partis. Certains y voient un terreau identitaire, d’autres un bagage éducatif qu’il s’agirait de distribuer à chacun. Son rôle moteur dans la transformation sociale semble toutefois oublié. »

Un article inattendu de Nicolas Escach sur les déserts danois : « La spécialisation des économies nationales entraîne un déclin de nombreux territoires périphériques. Au Danemark comme chez ses voisins. Mais les menaces pesant sur la cohésion sociale ont conduit à une riposte contre la concentration du pouvoir dans les grands centres urbains et à une relance de la démocratie locale favorisant les coopérations novatrices. »

En Afrique, les entreprises françaises sont défiées dans leur pré carré (Olivier Piot ) : « Après des décennies d’expansionnisme tranquille, soutenu par le gouvernement français, les entreprises hexagonales doivent affronter la concurrence chinoise, indienne ou turque sur le continent noir. Si elles se risquent désormais hors de l’ancien pré carré colonial, en ont-elles pour autant terminé avec la connivence qui les liait aux régimes autoritaires « amis de la France » ? »

Sylvie Aprile analyse les origines du présidentialisme : « Fondé sur l’élection directe du chef de l’État, le régime présidentiel français découle d’une révision constitutionnelle adoptée par référendum le 28 octobre 1962. De tradition bonapartiste, le général de Gaulle choisit de revenir à un mode de désignation qui, dès sa naissance en 1848, avait posé le problème du respect de la souveraineté populaire par le pouvoir exécutif. »

« Le style n’est que l’ordre et le mouvement qu’on met dans ses pensées », disait Buffon. Dans l’édition, le style devient une affaire mystérieuse (Sophie Divry) : « Trouver son style » constitue pour l’écrivain à la fois une injonction, un objectif et une morale. Le mot de Buffon datant de 1753 a fait florès : « Le style est l’homme même. » Un écrivain qui veut jouer dans la cour des grands cherche à mettre au point un style bien à lui, pour être à la fois identifié et distingué. Le summum du chic est d’être reconnaissable en quelques lignes. L’écrivain qui n’y parvient pas contracte un complexe : serait-il médiocre, dilettante ou schizophrène ? »

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