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Le Monde Diplomatique, février 2017

Dans ce numéro de février 2017, Serge Halimi (« L’Amérique d’abord ! ») explique que, désormais, les masques tombent avec Trump :

« Dès son premier discours de président, M. Donald Trump rompt avec ses prédécesseurs. Promettant, le ton rogue et le poing serré, que le slogan « America First » (« L’Amérique d’abord ») résume la « nouvelle vision qui gouvernera le pays », il annonce que le système international créé depuis plus de soixante-dix ans par les États-Unis n’aura plus pour fonction que de les servir. Ou pour destin de dépérir. Une telle franchise perturbe la tranquillité des autres nations, notamment européennes, qui feignaient de croire à l’existence d’une « communauté atlantique » démocratique, réglée par des arrangements mutuellement avantageux. Avec M. Trump, les masques tombent. Dans un jeu qu’il a toujours jugé être à somme nulle, son pays entend « gagner comme jamais », qu’il s’agisse de parts de marché, de diplomatie, d’environnement. Malheur aux perdants du reste de la planète. »

De qui François Fillon est-il le prête-nom, demandent François Denord et Paul Lagneau-Ymonet ?

« La droite française présente à l’élection présidentielle un candidat incarnant ses valeurs les plus traditionnelles. Pour l’emporter, M. François Fillon devra non seulement réfuter les soupçons d’emplois fictifs visant son épouse, mais aussi et surtout élargir sa base sociale. La radiographie de son équipe — ses soutiens, ses alliés, ses conseillers — révèle à quel point son assise est étroite. […] Fillon, comme Macron, marquent l’aboutissement du processus de néolibéralisation qui affecte la structure du pouvoir depuis quarante ans. Il se traduit par un moindre contrôle politique sur l’ordre économique et par un retour en force des puissances financières, commerciales et industrielles privées. »

Pauline Perrenot & Vladimir Slonska-Malvaud nous emmènent dans les villes rebelles espagnoles :

« En Espagne, la jeune formation Podemos a manqué son objectif de « prendre le ciel d’assaut » : renverser le système politique par le biais des élections générales. De Barcelone à Madrid en passant par Valence ou Saragosse, les forces progressistes critiques de l’austérité ont toutefois conquis plusieurs municipalités-clés. Mais changer de maire permet-il de changer le monde ? »

Pierre Rimbert a repéré un espion trop bavard :

« Certaines révélations sur les ingérences étrangères dans la vie politique d’une nation prennent la dimension d’un cataclysme mondial. D’autres restent cantonnées à la rubrique des faits divers. Nul ne doute cependant que si un régime proche-oriental dirigé par une coalition incluant l’extrême droite et possédant l’arme nucléaire intervenait en douce pour fausser le fonctionnement des partis dans un pays européen, analystes et journalistes sonneraient le tocsin. Justement, en janvier dernier, une enquête au long cours réalisée par Al-Jazira dévoilait l’activité d’un cadre politique de l’ambassade israélienne à Londres. Filmé en caméra cachée, M. Shai Masot explique comment il s’emploie à mettre sur pied au sein du Labour une branche jeunesse des « Travaillistes amis d’Israël » (LFI), association qui cherche notamment à discréditer le mouvement Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS). En toute confiance vis-à-vis du journaliste, qui se fait passer depuis des mois pour un militant pro-israélien, M. Masot charge ce dernier de diriger le groupe. Pour sensibiliser les membres du Labour à la cause sioniste, l’agent dispose d’importants financements israéliens (« plus de 1 million de livres sterling ») ; mais il déplore le peu d’enthousiasme des nouveaux adhérents. »

Razmig Keucheyan analyse ce dont nous avons (vraiment) besoin :

« Le génie du capitalisme d’après-guerre aura consisté à réorienter la volonté de changement vers l’insatiable désir de consommer. Ce modèle trouve à présent sa limite dans l’épuisement des ressources naturelles. Pour imaginer un mode de vie à la fois satisfaisant et durable, récuser l’empire de la marchandise ne suffit pas. Il faut d’abord réfléchir à ce dont nous avons besoin. La transition écologique suppose de faire des choix de consommation. Mais sur quelle base ? Comment distinguer les besoins légitimes, qui pourront être satisfaits dans la société future, des besoins égoïstes et déraisonnables, qu’il faudra renoncer à assouvir ? »

Un gros dossier sur le Vietnam qui se rêve en atelier de la planète (Martine Bulard) :

« En moins de quarante ans, la population vietnamienne a connu une amélioration de son niveau de vie. La faim a disparu, les jeunes sont branchés sur les réseaux sociaux, les familles regardent des séries sud-coréennes ou japonaises. Mais les conditions de travail demeurent très dures et l’économie devient de plus en plus dépendante de l’étranger. L’espoir du gouvernement de nouer un partenariat privilégié avec les États-Unis risque d’être déçu. »

Pour Francis Gendreau, l’Agent orange de Monsanto est mis en accusation :

« Si, en mai 2016, la visite au Vietnam de M. Barack Obama, alors président des États-Unis, a marqué une nouvelle étape dans le rapprochement entre les deux pays, le problème de l’agent orange est resté en suspens. Ce défoliant massivement utilisé durant la guerre contenait une substance extrêmement toxique, la dioxine, qui a des effets encore aujourd’hui sur la santé et sur l’environnement.

Une plainte contre les fabricants du défoliant, soit vingt-six sociétés, dont Monsanto et Dow Chemical, a été déposée aux États-Unis par l’Association vietnamienne des victimes de l’agent orange/dioxine (VAVA) début 2004. Mais elle a été rejetée en première instance en mars 2005, en appel en février 2008, et enfin par la Cour suprême en février 2009.

Les victimes n’ont pas renoncé pour autant. Française d’origine vietnamienne, Mme Tran To Nga a assigné en justice les sociétés américaines accusées d’avoir fourni à l’armée américaine cet herbicide devant le tribunal de grande instance d’Évry (Essonne – son département de résidence), en juillet 2014. En effet, depuis la loi de 2013, une victime de nationalité française peut saisir la justice française pour un tort commis par un tiers étranger à l’étranger. »

Au Tadjikistan, on construit un grand barrage pour une petite nation (Régis Genté) :

« Gageure technique et financière, la construction du plus haut barrage du monde, relancée en octobre dernier, constitue une question cruciale pour le développement du Tadjikistan. Mais, en menaçant l’économie et l’environnement du bassin de la mer d’Aral, elle suscite des tensions géopolitiques en Asie centrale. La mort du président ouzbek, son plus farouche opposant, pourrait cependant relancer la coopération pour la gestion de l’eau dans la région. »

Au Pentagone, la peur sert de carburant (Andrew Cockburn) :

« Agitant la menace de la Chine ou de l’Organisation de l’État islamique, M. Donald Trump a promis d’étoffer les effectifs de l’armée, de moderniser son arsenal nucléaire, d’acquérir de nouveaux navires et avions de combat. Il reprend ainsi une stratégie de la guerre froide encore utilisée par M. Barack Obama : attiser la peur de l’adversaire pour augmenter les dépenses militaires. »

Jordy Cummings démysthifie Justin Trudeau, l’envers d’une icône :

« Charmeur et habile communicant, le premier ministre canadien Justin Trudeau séduit dirigeants syndicaux et patrons. En prônant l’ouverture à la fois économique et culturelle, il prétend incarner le renouveau du camp progressiste et apparaît comme l’antithèse de M. Donald Trump. Pourtant, à l’instar de son homologue américain, il participe de la recomposition des clivages politiques traditionnels. »

Anne Vigna décrit l’effroyable chaos pénitentiaire au Brésil :

« En janvier, les affrontements entre organisations criminelles ont causé la mort de plus de cent dix détenus dans les prisons brésiliennes. La population carcérale du pays a été multipliée par sept en vingt ans. Sans conduire aux avancées promises en termes de sécurité ou de « guerre contre la drogue », cette politique a fortifié les gangs qui régissent tant la vie derrière les barreaux que le retour à la liberté. »

Georgi Lazarevski a découvert au sud de l’Amérique latine le supermarché du bout du monde :

« Le besoin de fuir le fracas du monde invite parfois à rêver de ses marges : des espaces éloignés, des recoins préservés, des îlots de fraîcheur encore empreints de la pureté d’antan. La pointe méridionale du continent américain exerce son attraction sur des voyageurs en quête d’ailleurs. Au milieu des grands espaces, ils y découvrent… un supermarché et ses rayonnages familiers. »

Pour Olivier Cachard, les ondes magnétiques sont une pollution invisible :

« Alors que la société industrielle générait des nuisances perceptibles à l’odorat ou à la vue, la pollution électromagnétique de la société de l’information est invisible et inodore. Pourtant, on ne peut négliger les effets de l’usage massif tant des moyens de télécommunication – en particulier le téléphone portable – que des infrastructures et des équipements électriques. »

Un fort dossier sur les recettes du système Bédier : le clientélisme au quotidien (avec un long entretien de celui qui défraya la rubrique judiciaire à la fin du XXe siècle (David Garcia ) :

« Pourfendu à chaque élection présidentielle, le monarchisme républicain français s’avère d’autant plus difficile à réformer qu’il prolifère à tous les échelons de la vie politique et sociale. La faiblesse des contre-pouvoirs et une culture de la hiérarchie entretiennent la déresponsabilisation et les dérapages. Le système en place dans le département des Yvelines en donne une bonne illustration. »

Le même David Garcia demande si l’exemplarité passe par l’inéligibilité :

« En ce 13 octobre 2016, les sept candidats à la primaire « de la droite et du centre » débattent à la télévision. Parmi les thèmes abordés, « l’intégrité des dirigeants politiques ». En toile de fond, la longévité incontestée de ces responsables condamnés par la justice ou mis en examen dans des procédures interminables. Cette toute-puissance réelle ou supposée peut nourrir le soupçon d’impunité et faire le lit de l’extrême droite, sur l’air du « tous pourris ». M. Bruno Le Maire déroule une proposition inscrite dans son programme : « Quand on veut être candidat à la fonction publique, il faut présenter un extrait de son casier judiciaire. Et on n’exigerait pas la même chose d’un candidat à une élection locale, à une élection nationale ? Oui, c’est une exigence de transparence ; oui, c’est une exigence d’exemplarité. Ça ne vise personne, mais ça concerne tout le monde. »

L’ancien ministre de l’agriculture visait tout de même un peu le favori d’alors, M. Alain Juppé, condamné pour prise illégale d’intérêt dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, en décembre 2004. Quatorze mois de prison avec sursis furent infligés à l’ex-premier ministre, assortis d’une peine complémentaire d’un an d’inéligibilité. M. Nicolas Sarkozy, quant à lui, se présentait devant les électeurs sous le coup de plusieurs mises en examen. »

Les remèdes à la crise financière ne peuvent-ils être que toxiques (Cédric Durand) ? :

« Si je vous avais dit, il y a huit ans, que nous sortirions d’une grande récession, vous m’auriez répondu que j’étais trop ambitieux », s’est vanté l’ancien président américain Barack Obama lors de son discours d’adieu. Mais la crise financière est-elle vraiment derrière nous ? La stratégie mise en œuvre pour sauver les banques n’a-t-elle pas, au contraire, créé les conditions de la prochaine conflagration ?

Dominique Vidal explique pourquoi, en Cisjordanie, la colonisation mène à l’annexion :

« En quelques jours, le premier ministre israélien a annoncé la mise en chantier de plus de trois mille nouveaux logements à Jérusalem-Est et en Cisjordanie – plus que durant toute l’année 2016. Cette surenchère n’empêche pas M. Benyamin Netanyahou d’être débordé sur sa droite par son concurrent Naftali Bennett, qui se prononce pour l’annexion des territoires palestiniens occupés. »

Une petite lichette de Dracula et de volupté du sang (Hubert Prolongeau ) :

« Quand, en 1897, l’Irlandais Bram Stoker invente avec son roman « Dracula » l’archétype du vampire, prince de toutes les ténèbres, celles de la nuit et celles des désirs inavouables, les temps sont nerveux : attentats anarchistes, prodiges techniques – débuts de l’aviation –, agitation ouvrière. Le retour actuel du vampire accompagne peut-être un trouble comparable. »

Pierre Rimbert décrit les acrobaties de Jacques Julliard :

« À quoi ressemble l’emploi du temps d’un intellectuel « proche de la pensée libertaire », tendance « catho-proudhonien », à la fin du XXe siècle ? Ouvrons à la date du lundi 20 mars 1995 le journal de cet oiseau rare, devenu depuis l’un des éditorialistes français les plus en vue. « Le soir, dîner chez Caroline Lang [fille de l’ancien ministre de la culture Jack Lang], qui reçoit Salman Rushdie. (…) Il y a là tout le gratin de la presse, Franz-Olivier Giesbert, Patrick Poivre d’Arvor, Christine Ockrent, quelques intellectuels, Bernard-Henri Lévy, etc. » Vendredi 31 mars : « Dîner avec Nicolas Sarkozy chez Bernard-Henri Lévy. » Et, tout à coup, cette réflexion pénétrante : « Si la gauche a perdu le contact avec le peuple, c’est que ses dirigeants se désintéressent de lui et préfèrent fréquenter les élites : patrons, intellectuels, journalistes. En France, les élites vivent entre elles ». Inconséquence ? Hypocrisie ? Grand écart ? Non : Jacques Julliard. »

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