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Le Monde Diplomatique (novembre 2018)

Serge Halimi entr’aperçoit une éclaircie en Asie : « Il existe un pays où, à la différence de ce qui se passe au Brésil, ce sont d’anciens présidents conservateurs que la justice poursuit, condamne pour détournement de fonds et envoie en prison. Où droite, extrême droite et fondamentalistes protestants s’estiment trahis par M. Donald Trump. Où, loin de remettre en cause un accord de désarmement nucléaire, comme avec l’Iran, ou un traité sur les missiles à moyenne portée, comme avec la Russie, le président des États-Unis semble vouloir résoudre un conflit qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait su dénouer. Y compris le dernier, pourtant Prix Nobel de la paix. »

Pour Benoît Breville, le débat sur l’immigration est biaisé : « En Europe, la population stagne et vieillit ; de l’autre côté de la Méditerranée, elle s’accroît et rajeunit. De ce constat, beaucoup concluent que l’explosion des flux migratoires devient inévitable. Il faudrait par conséquent soit se barricader, soit ouvrir les frontières. Cette analyse n’est-elle pas inutilement fataliste ? »

Le Brésil est-il fasciste, demande Renaud Lambert ? : « Les élections d’octobre 2018 au Brésil ont été marquées par la percée de M. Jair Bolsonaro et de sa formation d’extrême droite, le Parti social-libéral (PSL). Misogyne, homophobe, raciste, entouré de partisans d’un retour au pouvoir des militaires, M. Bolsonaro incarne un courant politique resté discret en Amérique latine depuis la fin des dictatures. »

Alain Deneault raconte quand le management martyrise les salariés : « Étrange paradoxe que celui du salariat. Graal moderne, le contrat de travail constituerait un préalable à l’émancipation : n’est-il pas supposé garantir les moyens de subsister ? Pour beaucoup, vivre revient donc à pointer. Mais entrer dans le monde de l’entreprise représente souvent aussi un asservissement aux contraintes liées à l’obsession du rendement. En d’autres termes, une entrave à la vie. »

Lori M. Wallachent revoit les premières brèches dans la forteresse du libre-échange : « C’était l’une des grandes promesses de M. Donald Trump : une fois président, il mettrait en pièces l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) et le remplacerait par un nouveau traité. Dévoilé fin septembre, le texte renégocié comprend des reculs inquiétants, mais aussi plusieurs avancées sociales. Il porte ainsi un premier coup de canif à l’ordre commercial international. »

Temir Porras Ponceleón fait des propositions pour sortir de l’impasse au Venezuela : « Phare dans la nuit néolibérale des années 2000, le Venezuela traverse une crise aiguë. Plus de deux millions de personnes auraient quitté le pays, sur une population totale de trente et un millions. D’abord internes, les convulsions ont pris une dimension internationale à la suite de sanctions américaines. Celles-ci compliquent l’identification de solutions aux difficultés du pays. »

En Asie, les corridors de la discorde ne manquent pas (Samuel Berthet) : « Les besoins d’infrastructures dans les pays du golfe du Bengale aiguisent les appétits. La partie se joue entre le Japon, l’Inde et la Chine, qui a relancé la concurrence avec ses « routes de la soie ». Les projets, peu regardants sur leurs conséquences écologiques, s’appuient souvent sur les militaires, au détriment des populations locales chassées de leurs terres, tels les Rohingyas. »

Pour Karine Clément, Vladimir Poutine ne cache plus son visage antisocial : « Les autorités russes ont décidé de retarder de plusieurs années l’âge de la retraite. En pleine crise économique, le gouvernement a ainsi choisi d’épargner le porte-monnaie des grandes entreprises, trahissant la priorité qu’il accorde aux intérêts de l’élite économique. Au point que les succès internationaux de Moscou ne suffisent plus à assurer la popularité du président. »

Thierry Brésillon se demande s’il n’y a pas une Tunisie contre l’autre : « En 2019, les Tunisiens se rendront aux urnes pour élire leur président et renouveler leur Assemblée des représentants du peuple. Dans un contexte économique et social tendu, les débats et les polémiques portent davantage sur les personnes que sur les idées. Dès lors, la réduction du profond écart de développement entre la Tunisie côtière et celle de l’intérieur ne figure pas parmi les priorités. »

Pour Hicham Alaoui, l’utopie islamiste a échoué : « Les mouvements qui entendent faire de l’islam la source unique en matière de législation n’ont pas pu conquérir durablement le pouvoir. Combattus par des régimes autoritaires soucieux d’exploiter eux aussi le désir de religiosité, ils ont perdu de leur crédit en cédant aux jeux politiciens et en échouant à définir des politiques économiques à la hauteur des défis sociaux. »

Le référendum est arrivé à contretemps en Nouvelle-Calédonie (Jean-Michel Dumay) : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? » Telle est la question posée, le 4 novembre, à un corps restreint d’électeurs du territoire lors du premier référendum d’autodétermination prévu par l’accord de Nouméa. Mais, en suspens depuis trente ans, la question de l’indépendance importe moins que les maux de la société, auxquels les politiques tardent à répondre. »

Stefano Palombarini se demande si, en Italie, la fronde est antieuropéenne : « L’Italie a ravi à la Grèce la place de mauvais élève de l’Union européenne. En faisant la part belle aux dépenses sociales, sa loi de finances pour 2019 déroge au dogme de l’austérité. La Commission menace de sévir et crie au populisme. Cette grille de lecture, commode pour disqualifier toute désobéissance, ne permet pas de saisir les orientations du nouveau gouvernement transalpin. »

Pour Agnès Alexandre-Collier, le Brexit révèle les fractures des conservateurs britanniques : « Coup de tonnerre international, le Brexit s’explique en partie par les querelles internes du Parti conservateur, des motivations de l’ancien premier ministre David Cameron pour organiser un référendum aux stratégies de négociation de sa successeure Theresa May. Le camp tory, qui aime se présenter comme « le parti naturel du gouvernement », ressemble de plus en plus à celui de la discorde. »

Gérard Prunier estime qu’on assiste en Éthiopie à la fin des hostilités : « À la surprise générale, l’Éthiopie et l’Érythrée ont entamé à l’été 2018 un rapprochement spectaculaire. Le 16 septembre, elles ont même signé un accord de paix sous les auspices de l’Arabie saoudite. Depuis la fin de la guerre, en 2000, les deux dictatures vivaient dans une paix armée précaire. De la pérennité de leur réconciliation dépend la stabilité de toute la Corne de l’Afrique. »

Mathilde Harela observe que les prostituées nigérianes sont victimes du « juge » : « En France, désormais, l’importance des réseaux de prostitution nigérians dépasse celle des filières chinoises ou est-européennes. Présentes dans toute l’Europe, ces jeunes filles y sont le plus souvent attirées par des compatriotes plus âgées qui leur font miroiter une vie meilleure. Et qui, au moment du départ, s’assurent de leur docilité en confectionnant un petit objet doté de pouvoirs magiques : le « juju ».é

L’éloquence ou le bagou, demande Olivier Barbarant ? : « Bien s’exprimer est depuis longtemps un signe de distinction sociale et un outil de pouvoir. En vogue aujourd’hui, l’apprentissage de la parole en public affiche des objectifs divers, de la célébration du bagou à la recherche d’une expression libérée de ses empêchements, en passant par l’efficacité managériale. »

Paul Ariès fait l’éloge de la gratuité : « Le projet de revenu universel suscite l’enthousiasme de certains, dans leur immense majorité animés par un souci d’équité et de générosité. Mais leur ambition repose-t-elle sur des fondations solides dès lors qu’elle postule l’idée d’une « crise du travail », laquelle suggère qu’une partie de plus en plus importante de la population ne trouvera plus à s’employer ? La croissance de la productivité s’établissant à un niveau historiquement faible depuis la fin de la seconde guerre mondiale, on pourrait au contraire conclure que les humains n’en ont pas fini avec le labeur. Ne vaudrait-il pas mieux asseoir sa réflexion sur l’identification d’une autre crise : celle de la marchandisation ? »

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