Rapporté à l’analyse en termes de classes sociales le "néo" signifie des emprunts d’éléments de type stratificationniste (couches sociales élaborées selon les revenus ou/et le patrimoine possédé) sur la base de marxisme maintenu, d’ou le terme de néo-marxisme (1). Question d’honnêteté par rapport au marxisme plus orthodoxe comme celui de Michel Lequenne (1) .
NB : La question des autres rapports sociaux comme le sexe/genre n’a pas abordé – vu le cadre et le temps imparti – mais ils sont ordinairement pris en compte.
Les rejets du marxisme
Ce marxisme fuit, à raison, ces analyses stratificationnistes qui, souvent (pas toujours), respirent le fonctionnalisme à la Talcott Parsons ; analyses qui posent, implicitement ou explicitement, une harmonie sociale hiérarchisée via la distribution de gratifications monétaires aux individus toujours en libre capacité de "monter" dans la hiérarchie.
L’enjeu ne resterait alors – au mieux – que celui de l’écart jugé juste et bon entre la couche sociale d’en-bas et la pointe au sommet de la hiérarchie sociale ! Ce qui se ramènerait à un souci de justice sociale et fiscale, à une histoire de redistribution des revenus donc ; soit par une nouvelle politique salariale qui relèverait les revenus du bas et/ou qui rabaisserait les très hauts revenus. Mais silence sur l’exploitation de la force travail, pas évocation de domination non plus ! Dans cette option intellectuelle, il n’a pas de sub-structures économico-sociales qui "déterminent", très relativement certes, pas de façon mécanique, des agissements et des parcours individuels.
Surtout, au cas qui nous occupe, avec l’analyse stratificationniste en terme de couches sociales, il n’y a plus de rapports sociaux, qu’ils s’agissent des rapports de production avec un acheteur de force de travail face à un ou des vendeurs de force de travail ; ni même de rapports de solvabilité face au marché pour l’acquisition de biens et services. Car chacun a ce qu’il a ! Pour avoir plus faut travailler plus ! Le marxisme classique tend lui aussi, de façon différente, à sous-estimer ce rapport de solvablité (face au marché) au profit du rapport social de production.
Néo : conserver et intégrer.
Le choix théorique de conserver la matrice marxienne (avec des références stratificationnistes) est de montrer l’existence de rapports sociaux multiples, et donc les clivages existants dans la société. Le clivage le plus grand, montré par l’altermondialisme et d’autres acteurs, est celui entre l’oligarchie bancaire et financière contre le peuple-classe. Mais il y en a d’autres, plus visibles pour beaucoup, quoique plus secondaires, comme le rapport de commandement interne au salariat, notamment entre les cadres supérieurs (de type variable) et les travailleurs et travailleuses de base (ouvriers ou employés ou techniciens). Le fait, historique et géographique, de l’extension forte du mode de production capitaliste sur la planète a généralisé le rapport capital-travail, qui peut occuper de 80 à 92 % d’un nation développée, les pays moins capitalistes montrent une composition plus forte en paysans et artisans.
Retour "ouvriériste" du prolétariat : une critique cordiale de R Bibeau.
En fonction de cette évolution, on peut trouver un certain marxisme à orthodoxie maintenue qui revient vers une analyse de type "ouvriériste" qui avait été abandonnée largement au profit d’un vaste salariat vendeur de sa force de travail (2). Certains défendent que l’exploitation se réalise dans la production privée seulement, d’autres aussi bien dans le privé que dans le public.
S’agissant du retour "ouvriériste", je pense ici, par exemple, à Robert Bibeau qui gonfle exagérément la petite-bourgeoisie mais aussi et surtout la rattache complètement à la bourgeoisie au point de dénier le fossé entre finance et peuple-classe et le rapport de prédation qui va avec contre les peuples-classe mais aussi contre la nature ! Cette analyse porte aussi, en conséquence, stigmatisation de la dite petite-bourgeoisie qui rassemblent couches moyennes, professions libérale, travailleurs indépendants, petits patrons) et corrélativement entreprise de préservation du bon ouvrier porteur du changement socialiste.
Nous ne partageons pas cette analyse ni sur ses généralisations en termes de "subjectivité" ni sur le potentiel donné aux ouvriers ! Nous pensons, que ce sont les luttes sociales qui ouvrent des perspectives et un espace de changement social et politique (démocratique et écologique).
Pour autant, ces considérations ne visent pas à ignorer les refus et rejets des ouvriers et employés modestes, qui comprennent bien que le système capitaliste, les exploitent toujours avec des modalités toujours plus sophistiquées. La critique portée bien souvent contre l’Union européenne éloignée d’eux signifie bien qu’ils la voient comme non démocratique, fort peu sociale et contestable au plan de l’écologie. Ensuite ils sont largement pour la laicité et contre les intégrismes mais ne sont pas pour autant des adeptes du FN. Ils peinent probablement à trouver un vote de classe crédible.
1) - Débat M Lequenne / C Delarue sur la petite-bourgeoisie.
http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/181113/debat-m-lequenne-c-delarue-sur-la-petite-bourgeoisie
2) - Variation des définitions du prolétaire et du prolétariat
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1060
3 ) - Robert Bibeau a écrit deux textes sur le sujet : C’est le premier auquel je me réfère. Il est sur LGS : 1 La petite bourgeoisie pervertie et trahie :
http://www.legrandsoir.info/la-petite-bourgeoisie-pervertie-et-trahie.html