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Perspectives mondiales 2008 : Tout cela finira par se payer.

Aujourd’hui, tous les ingrédients d’une récession sont réunis, en particulier aux Etats-Unis. En 2000, l’éclatement de la bulle technologique a provoqué une récession relativement légère. Mais rien ne garantit qu’il en sera de même pour la prochaine récession. En économie, le passé n’est pas un guide pour l’avenir. La crise actuelle des marchés monétaires renforce la perspective d’une récession affectant l’ensemble de l’économie.

- Illustrations : Delize et Edian.



Perspectives mondiales 2008 - Première partie : l’économie mondiale


Mercredi 25 juin 2008

« L’économie décide, mais seulement en dernière analyse. Les processus politico-psychologiques qui ont lieu actuellement au sein du prolétariat allemand, et qui ont également leur logique propre - ont une signification plus directe. » (Léon Trotsky, Les cinq premières années de l’Internationale Communiste, Introduction à l’édition de 1924).


(...) Les crises économiques jouent un rôle très important, comme on l’a vu en Asie, en Russie et en Argentine lors des crises de 1997-2001, qui ont eu de sérieuses répercussions sociales et politiques. Mais dans la situation actuelle du capitalisme mondial, où les contradictions s’accumulent à tous les niveaux, n’importe quel choc externe - qu’il soit lié à l’économie mondiale ou à d’autres facteurs - peut avoir des conséquences majeures. (...)

La chute de l’Union Soviétique - puis l’incorporation, dans le marché mondial, de près de deux milliards de personnes d’Inde, de Chine et d’ex-URSS - a puissamment stimulé le commerce mondial et agi comme un ballon d’oxygène pour le capitalisme. L’intensification de la division internationale du travail, comme l’ouverture de nouveaux marchés et zones d’investissement, ont offert aux capitalistes de nouvelles opportunités de super-profits et de pillages.

Cela ne signifie en rien que les contradictions fondamentales du capitalisme ont été résolues. Elles ont simplement été reproduites à une échelle inédite dans l’histoire de l’humanité. Dans un premier temps, les économistes bourgeois, qui raisonnent de façon empirique, ont une fois de plus succombé à l’illusion que le cycle économique était terminé et que les crises appartenaient au passé. Ils nous ont expliqué que nous étions entrés dans un « nouveau paradigme économique ».

Aujourd’hui, plus personne n’invoque ce prétendu « nouveau paradigme ». La crise internet de 2000 a fait éclater la bulle spéculative. Puis, après quelques années de reprise, les économistes bourgeois évoquent désormais la perspective d’un ralentissement de l’économie mondiale, en 2008 - voire d’une récession. La confiance et l’« exubérance irrationnelle » des classes dirigeantes se sont envolées, laissant place à un profond sentiment d’inquiétude. (...)

Aujourd’hui, tous les ingrédients d’une récession sont réunis, en particulier aux Etats-Unis. En 2000, l’éclatement de la bulle technologique a provoqué une récession relativement légère. Mais rien ne garantit qu’il en sera de même pour la prochaine récession. En économie, le passé n’est pas un guide pour l’avenir. La crise actuelle des marchés monétaires renforce la perspective d’une récession affectant l’ensemble de l’économie. Malgré tout, le dollar reste la « monnaie de réserve ». Cependant, si le dollar continue de chuter, cela pourrait déstabiliser l’économie mondiale. (...)

En baissant les taux d’intérêt en réaction à la crise de l’été 2007, le bureau de la Réserve Fédérale américaine disait vouloir prévenir une « contagion » - c’est-à -dire éviter que la crise des subprimes ne s’étende au reste de l’économie et n’entraîne une récession généralisée aux Etats-Unis. Cela montre que la bourgeoisie est consciente du fait qu’une récession est une possibilité sérieuse. C’est d’ailleurs précisément la crainte d’une récession qui sous-tend l’actuelle nervosité des marchés monétaires. (...)

La crise financière de l’été de 2007 a marqué un tournant. Cela peut - ou non - signifier que le point critique a été atteint à partir duquel l’économie mondiale amorce une récession. C’est une possibilité. Mais les lois qui régissent les marchés monétaires ne sont pas les mêmes que celles du cycle capitaliste. Une crise des marchés boursiers pourrait être l’étincelle qui provoque une crise générale, comme en 1929. Cependant, si le processus sous-jacent est encore dans une phase ascendante, la crise boursière peut servir à purger le système des capitaux fictifs, préparant ainsi le terrain à une nouvelle période (plus ou moins longue) de croissance économique, comme ce fut le cas en 1987. (...)

Les crises financières et le resserrement du crédit ne sont pas la cause des crises économiques, mais leur effet. Cependant, dialectiquement, la cause devient effet et l’effet devient cause. Il est vrai que le cycle capitaliste croissance-récession a des causes plus profondes. Tant que les capitalistes font des profits par l’extraction de plus-value, il y a de la « confiance » et le crédit est relativement facile à obtenir. Mais lorsque la phase ascendante du cycle atteint ses limites et que tout annonce une récession, la « confiance » s’évapore. (...)

Les crises financières ne provoquent pas les récessions, qui sont la conséquence de l’anarchie de la production capitaliste. Mais elles peuvent exacerber des crises en injectant d’énormes quantités de capital fictif dans le système, pendant la phase de croissance. C’est ce qui s’était produit dans la période précédant la crise de 1929 - et c’est ce qui se produit aujourd’hui à une échelle encore plus vaste.

Le renchérissement du crédit n’affecte pas seulement les consommateurs et les propriétaires de logement. Cela ronge également le taux de profit des capitalistes. A un certain stade, cela peut peser sur l’investissement, en particulier si ce phénomène se combine avec un renchérissement des matières premières, comme le pétrole. (...)

Les énormes quantités de capitaux fictifs qui ont été injectées dans l’économie, au cours de la dernière période, sont comme un poison que les capitalistes doivent éliminer. Mais ce faisant, ils risquent fort de percer la bulle et de tout faire s’écrouler. Les créditeurs demandent que la dette soit payée, et ne sont plus aussi disposés à prêter. Ils demandent des taux d’intérêts plus importants. Cela diminue le taux de profit et la demande. L’effet devient cause, entraînant l’ensemble du cycle économique dans une incontrôlable spirale descendante. (...)

Par le passé, le capitalisme jouait un rôle relativement progressiste en développant les forces productives - et en créant ainsi les bases matérielles d’une société nouvelle : le socialisme. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. A l’exception de la Chine (et de quelques autres économies asiatiques), la bourgeoisie n’a pas développé les forces productives. C’est le symptôme d’un capitalisme arrivé en phase terminale de sa maladie.

Aujourd’hui, les capitalistes ne sont plus très loin de réaliser leur vieux rêve : faire de l’argent avec de l’argent. En Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et dans de nombreux autres pays, il y a eu un énorme déclin de l’industrie et une croissance équivalente des secteurs parasitaires que sont la finance et les services. Les soit-disant « fonds d’investissement » sont impliqués dans une orgie spéculative d’OPA et de fusions qui ne débouchent sur aucune activité productive - mais au contraire sur des fermetures, des licenciements et la destruction de l’industrie sur l’autel du profit. (...)

Dans ce joyeux carnaval des fortunes, tout le monde est trop intoxiqué par la possibilité de s’enrichir pour s’attarder sur les « détails ». « Mange, bois, sois heureux - car demain nous mourrons » : tel est le credo de la bourgeoisie en période de croissance. Cependant, lorsque la croissance s’essouffle, tous les procédés frauduleux remontent à la surface. De nouvelles faillites bancaires sont inévitables. (...)

Les économistes bourgeois sont incapables de comprendre les crises, qui sont une conséquence inéluctable du capitalisme. Ils observent avec perplexité ce qui se passe. Toutes leurs prédictions se sont révélées fausses. Ce n’est pas nouveau. En 1929, quelques jours après le crash boursier, la Société Economique de Harvard écrivait à ses adhérents : « Une sévère dépression ne fait pas partie des hypothèses crédibles ». En mars 2001, un sondage indiquait que 95% des économistes écartaient la perspective d’une récession - et ce alors qu’une récession avait déjà commencé. (...)

Tout cela finira par se payer. Il y aura une crise de surproduction globale aggravée par une contraction brutale du crédit et un effondrement des marchés boursiers et immobiliers. Tous les facteurs qui ont stimulé le marché se combineront pour le déprimer. (...)

David Walker, contrôleur général des Etats-Unis, a fait un parallèle entre la crise que traversent les Etats-Unis et la fin de l’Empire romain. Il expliquait qu’il y a des « similitudes frappantes » entre la situation actuelle des Etats-Unis et les facteurs qui ont contribué à la chute de Rome, dont « le déclin des valeurs morales, l’excès de confiance et d’agressivité militaire dans la politique étrangère, et l’irresponsabilité fiscale du gouvernement central. » Cela en dit long sut la psychologie actuelle des stratèges du Capital.

Un récession américaine aura nécessairement des répercussions sérieuses sur le reste du monde. (...)

Lire la première partie http://www.lariposte.com/Perspectives-mondiales-2008-Premiere-partie-l-1049.html

Perspectives mondiales 2008 - Deuxième partie : l’Asie et le déclin du dollar. http://www.lariposte.com/Perspectives-mondiales-2008-Deuxieme-partie-l-Asie-1051.html

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