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Ronald Reagan (1911-2004) : Une nécrologie.

9 juin 2004

Sa grâce ! impossible ! Quoi, mort ?
De vieillesse aussi, et dans son lit !
C’était le moment pour mourir !
Ce monde qu’il a encombré durera longtemps ;
Il a brûlé sa chandelle jusqu’à l’éteindre ;
Et c’est la raison pour laquelle certaines personnes
pensent, qu’il a laissé une telle puanteur."

Jonathan Swift, tiré de Une élégie satirique sur la mort d’un célèbre et regretté général.


C’était inévitable que la mort de Ronald Reagan serait acclamée avec une effusion d’hommages succédanés au 40e Président des États-Unis. Mais rien n’aurait pu mieux préparer le spectateur naïf pour l’éruption d’une propagande malhonnête, cynique et stupide avec laquelle les médias et l’establishment politique ont répondu à la mort de Reagan. Bien sûr, en tenant compte des mauvaises nouvelles qui ont afflué constamment de l’Irak et des autres parties du monde réel pendant la dernière année, l’administration Bush et ses amis dans les médias cherchaient désespérément une manière de changer le sujet et de contrer l’humeur de plus en plus désespérée et maussade qui traverse le pays. Les cérémonies commémoratives du 60e anniversaire du Jour J étaient destinées originalement à créer cette diversion. Mais la mort à un moment opportun de Reagan a fourni une occasion encore plus grande au média pour faire exploser leur culte des héros et leur patriotisme.

On est forcé d’admettre qu’il n’y a rien d’aussi impressionnant à contempler que la mobilisation totale des médias américains. Depuis l’annonce de la mort de Reagan samedi, la lourdeur de cette machine de propagande a été mise en marche dans ce qui s’avère être un vaste exercice de falsification historique. La version médiatique moderne du coup de balai a été appliquée aux années de l’administration Reagan. La misère sociale aux États-Unis causée par les politiques de Reagan ; la perte de dizaines de milliers de vies humaines en Amérique centrale aux mains des escadrons de la mort fascistes financés par son gouvernement ; la criminalité rampante dans une administration qui fut l’une des plus corrompue du 20e siècle-tout cela ainsi que d’autres détails aussi malsains sont plus ou moins ignorés. On ne peut rien lire sur sa défense de l’apartheid en Afrique du Sud, sur son financement d’innombrables dictatures de droite et même sur son hommage à des soldats SS enterrés au cimetière de Bitburg en Allemagne. Les médias s’efforcent non seulement de supprimer toutes approches objectives face à la vie de Reagan et de sa carrière politique, mais même de censurer des références aux aspects les plus inculpant des politiques de son administration.

L’objectif de cette implacable propagande n’est pas seulement d’induire en erreur et de semer la confusion, mais aussi d’intimider l’opinion publique, ce qui veut dire de créer une atmosphère d’isolation politique et sociale parmi d’innombrables Américains qui méprisent Reagan et tout ce qu’il représente, ce qui implique aussi de créer dans leurs esprits, si ce n’est pas de douter de leur propre jugement, un sentiment de futilité à la dissidence aux États-Unis.

Mais l’affaire entière-les cinq journées officielles de deuil, la couverture continue des médias, le spectacle des funérailles d’État-laisse le pays froid. Le lundi matin, dans les écoles, les bureaux et les usines, il n’y avait que très peu d’indication que les citoyens ressentaient avoir été témoins de la mort d’un grand homme et qu’ils avaient souffert, en tant qu’individus et peuple, d’une grande perte. Pour ceux qui sont assez vieux pour se rappeler de la mort de Roosevelt, sans parler de celle de Kennedy, le contraste ne pourrait pas être plus clair. Oui, ces hommes aussi étaient des politiciens bourgeois et des défenseurs de l’ordre social existant. Mais Roosevelt et Kennedy, avec une éloquence authentique, ont donné une voix aux aspirations démocratiques de la classe ouvrière et aux autres couches opprimées de la société américaine à différentes étapes de leur carrière politique et se sont mérités une affection qui était vivement ressentie. De vraies larmes ont été versées lorsque ces hommes sont morts.

Mais, pour la masse de travailleurs ordinaires, la mort de Ronald Reagan est un non-événement. Elle n’éveille aucune émotion chez eux. Ce n’est pas seulement parce que Reagan s’était éclipsé de la scène publique depuis une décennie, c’est-à -dire depuis l’annonce qu’il souffre de la maladie d’Alzheimer. Trop de travailleurs se rappellent encore de l’impact des « Reaganomics » sur leurs vies, qui était entièrement pour le pire. En fait, parmi de larges sections de la classe ouvrière, il était le président le plus haït depuis Herbert Hoover. Même en prenant en considération le soutien pour le Reaganisme parmi des sections significatives de la classe moyenne et des couches de travailleurs mieux nantis, la large popularité attribuée à Reagan était en grande partie artificielle, un mythe concocté par les médias pour doter les politiques de son administration d’un aura d’approbation du public qu’il manquait en réalité.

Pendant que les médias reformulent l’histoire pour servir les intérêts de la classe dirigeante, il n’y a aucune mention du fait que les années 1980 furent la décennie où les tensions de classe furent à leur plus haut niveau depuis les années 1940. Les mesures prises par l’administration Reagan pendant sa première année de mandat-les coupures dans les transferts fédéraux pour les programmes sociaux vitaux et le congédiement de près de 12 000 contrôleurs aériens qui sont entrés en grève en août 1981-ont outré des millions de travailleurs. La philosophie sociale de la nouvelle administration a trouvé son expression la plus renversante dans la redéfinition du ketchup comme un légume dans le but de justifier les coupures dans les transferts fédéraux pour un programme de dîner à l’école. En septembre 1981, près de 750 000 travailleurs ont manifesté à Washington pour protester contre les coupures budgétaires et l’élimination de PATCO, le syndicat des contrôleurs aériens. Une manifestation encore plus grande eut lieu à Washington en 1983. Alors que les travailleurs contre-attaquaient face aux politiques de guerre de classe de l’administration Reagan, pratiquement chaque industrie fut secouée par des grèves tendues et souvent violentes.

Mais cette histoire n’a pas de place dans les présentes éloges adressées au défunt président. Ces hommages à Reagan sont, dans leur essence, une célébration des services qu’il a rendus aux riches. L’objectif premier de son administration était l’élimination de toutes les contraintes légales sur l’accumulation de la richesse personnelle. Le motto de l’administration Reagan, comme celle du fameux gouvernement corrompu du roi Louis-Philippe au 19e siècle en France, était « Enrichissez-vous ». Les baisses d’impôts accordées aux riches-de 70 % à 28 %-a mérité au président une affection illimitée provenant des riches qui lui étaient reconnaissant. Cette baisse d’impôt massive a jeté les fondements pour un environnement de débauche sociale et de célébrations orgiaques de la richesse qui ont caractérisé les années 1980. Ce fut la décennie des Michael Milken, Ivan Boesky, Donald Tump (qui fait maintenant un retour), et, bien sûr, du fictif Gordon Gekko, qui a si fameusement déclaré : « La cupidité est bonne » !

Reagan reçoit interminablement des éloges en tant que « Grand Communicateur. » C’est le surnom que lui a attribué des médias contrôlés par de riches philistins qui se réjouissent d’entendre de commodes platitudes régurgitées par le président. Le discours typique de Reagan était un mélange de fumisterie, de frimes, de balivernes concoctés quotidiennement par des motivateurs, avec aussi des patates bouillies et des poitrines de poulet gonflées à l’occasion de nombreux soupers dans les Marriotts, les Hyatts et les Hiltons de l’Amérique. Le même genre de langage a rendu Warren Harding-le 29e Président qui ressemble le plus à Reagan, autant dans l’apparence physique que dans les capacités intellectuelles-objet de risée nationale.

Mais quel genre d’homme était Reagan ? Même ses plus fervents admirateurs sont forcés d’identifier ces éléments de sa personnalité et de son personnage qui étaient inhabituels et même dominants. Son biographe officiel, Edmond Morris, est devenu tellement frustré par sa quête du « vrai » Reagan, la personnalité de l’homme derrière l’image publique, qu’il s’est senti obligé de recourir à l’écriture fictive.

Le biographe a été secoué par le caractère futile de son sujet. Regardez, si vous en avez la chance, un film de Reagan. L’uvre prosaïque de l’acteur ne révèle aucune trace de créativité. Le trait le plus remarquable de son rôle d’acteur était l’absence de profondeur émotionnelle. Un homme plus sensible et empathique aurait trouvé très tôt dans sa vie-le fils d’un père alcoolique, habitant dans l’environnement étouffant de la petite ville de Dixon en Illinois et guetté par le danger constant de difficultés financières-suffisamment de matériel pour avoir un aperçu dramatique de la condition humaine. Cependant Reagan a opéré dans le royaume de ce qui est visible. Son répertoire d’acteur consistait en un amalgame de gestes prévisibles dont il faisait appel lorsque la situation l’exigeait. Si son personnage devait avoir l’air perturbé, Reagan fronçait des sourcils. La colère était exprimée par le raidissement de ses muscles. Il était aussi capable d’afficher un charme enfantin, au moins jusque tôt dans les années 1940. Mais après, alors qu’il entrait dans l’âge milieu, la carrière de Reagan a commencé à stagner.

Pendant sa première décennie à Hollywood, Reagan était, si on en croit sa propre description, un libéral « hémophile » et un partisan de Roosevelt. Il n’a jamais offert d’explication crédible sur le changement brutal de sa position politique, mais il semble que ce changement se soit développé comme une sorte de réaction colérique et viscérale au déclin de sa carrière vers la fin des années 1940. Le vent de droite de cette période lui a donné l’opportunité de contre-attaquer sur les « rouges », dont les directeurs et les scénaristes qui ne lui avaient pas donné les rôles que Reagan se croyait attitrés. Ceci était l’arrière-plan émotionnel derrière l’implication de Reagan dans la chasse anti-communiste d’Hollywood vers la fin des années 1940 et au début des années 1950. Bien qu’il ait publiquement affirmé avoir refusé de donner des noms de membres suspectés du Parti Communiste, il a été établi de façon conclusive qu’il avait secrètement fourni de l’information au FBI. A la colère de Reagan sur l’échec de sa carrière d’acteur fut ajouté du ressentiment sur les déclarations faites par le Internal Revenue Service sur son revenu personnel. Ces émotions étaient sincères et profondément ressenties et cela a permis à Reagan d’articuler, avec une sincérité qui lui manquait dans tous ses rôles de cinéma, les frustrations et les ressentiments de larges sections de la classe moyenne en Californie au début des années 1960.

Malgré son élection en tant que gouverneur de la Californie en 1966, son objectif d’être nominé républicain pour la présidence échoua deux fois avant de finalement réussir en 1980. Mais même après cela, son élection à la présidence aurait été inconcevable n’eut été de la banqueroute politique du libéralisme américain et du Parti Démocrate. Pendant que la Guerre du Vietnam laissait le libéralisme et le Parti Démocrate moralement discrédité, la détérioration des conditions économiques des années 1970 érodait les fondements sur lesquels le social réformisme limité de l’administration Roosevelt et de ses successeurs démocrates s’étaient appuyés.

Pendant les quatre années de l’administration Carter, le Parti démocrate a détruit ce qui lui restait de sa réputation de parti en faveur du progrès social et des réformes. Pendant que de larges couches de la classe moyenne étaient aliénées par l’inflation, ce qui intensifiait leur ressentiment face aux impôts et aux programmes d’aide sociale, l’administration Carter adoptait une attitude ouvertement hostile à la classe ouvrière. Une attitude mise en évidence par son invocation de la loi Taft-Hartley en 1978 dans le but de briser la puissante grève des travailleurs du charbon en 1977-78.

La prosternation du Parti Démocrate a ouvert la voie à l’élection de Reagan en 1980. Mais les succès futurs de son gouvernement n’aurait pas été possible sans le rôle joué par l’AFL-CIO, les Travailleurs Unis de l’Automobile et d’autres organisations syndicales qui ont saboté les efforts de la classe ouvrière pour résister à l’assaut sur leur niveau de vie, leurs intérêts sociaux et leurs droits démocratiques qui a suivi l’inauguration de l’administration Reagan en janvier 1981.

Le test critique de l’administration Reagan-et, plus significativement, le point tournant des relations entre les classes aux États-Unis-est venu avec la grève de près de 12 000 membres du Syndicat des professionnels en contrôle aérien (PATCO) en août 1981. Ironiquement, PATCO avait endossé l’élection de Reagan l’année précédente après s’être fait dire en privée qu’une administration républicaine répondrait favorablement aux demandes syndicales pour de meilleures salaires et de meilleures conditions de travail. Cependant, conformément aux plans qui avaient été mis sur pied pendant les années de l’administration Clinton, Reagan a annoncé qu’il congédierait tous les contrôleurs qui ne seraient pas de retour au travail dans les 48 heures. Il y a plusieurs raisons de croire que l’administration Reagan avait reçu des garanties de la part de l’AFL-CIO selon lesquelles la fédération des travailleurs ne prendrait aucune action en faveur de PATCO. Il y avait des sentiments très répandus parmi les membres syndiqués en faveur d’actions solidaires pour prévenir l’élimination de PATCO. Si l’AFL-CIO avait donné le feu vert pour des actions d’envergures industrielles en faveur des contrôleurs aériens, l’administration Reagan aurait été forcée de retraiter, encaissant une défaite dévastatrice tôt dans son premier mandat.

Mais les demandes en faveur d’actions solidaires furent rejetées par l’AFL-CIO. Quatre dirigeants de la PATCO allèrent en prison, près de 12 000 contrôleurs aériens perdirent leurs emplois et le syndicat fut éliminé.

Cela a servi de modèle qui a par la suite été appliqué plusieurs fois pendant les années 1980. Des grèves acerbes furent lancées par les mineurs de charbon, les travailleurs de l’acier, les chauffeurs d’autobus, les travailleurs de l’industrie aérienne, les travailleurs du cuivre, les travailleurs de l’automobile et les emballeurs de viande. Dans chacun des cas, les travailleurs en grève étaient isolés par les organisations syndicales nationales, on leur refusait tout soutien significatif et ils étaient portés délibérément vers la défaite. Pendant ce temps, des employeurs partout dans le pays employaient des tactiques anti-grève en sachant qu’ils pouvaient profiter du soutien de l’administration Reagan.

Avant que Reagan quitte le gouvernement en 1989, le mouvement syndical américain, grâce aux trahisons de l’AFL-CIO, avait cessé d’exister en tant que mouvement social.

Si les succès de l’agenda national de Reagan était largement le produit des trahisons de la bureaucratie syndicale, ce qui est louangé par les médias comme l’accomplissement qui a récompensé sa politique anti-communiste internationale-l’effondrement précipitée de l’URSS-n’a pas grand chose à voir avec les politiques de son gouvernement. La dissolution de l’Union soviétique en décembre 1991, trois ans après que Reagan ait quitté le gouvernement, était l’aboutissement tragique de décennies de trahison politique par les bureaucraties staliniennes qui ont dirigé l’URSS et ses états satellites en Europe de l’Est.

Comme des analyses ultérieures de rapports de la CIA l’ont démontré de façon convaincante, l’administration Reagan n’avait pas la moindre idée de la profondeur de la crise de l’Union soviétique. Le fameux discours de l’ « Empire du Diable » donné par Reagan en 1983 était basé sur une grossière exagération de la puissance du Soviet, sans parler de la fausse représentation malveillante et ridicule de ses ambitions mondiales.

Dans leurs absurdes proclamations du leadership visionnaire de Reagan sur la victoire de l’Amérique contre l’Union soviétique dans la Guerre froide, les médias ont ignoré les questions cruciales qui ressortent d’un examen de la politique étrangère américaine dans les années 1980. Qu’est-ce qui explique la décision prise par les États-Unis de provoquer une augmentation brutale des tensions avec l’URSS ? Depuis la conclusion de la Crise des missiles à Cuba en octobre 1962, les États-Unis ont cherché à éviter la confrontation avec l’URSS. Cette politique continua jusque dans la première moitié des années 1970 avec Nixon et Kissinger qui adoptèrent officiellement la politique de la « détente » comme la base des relations américano-soviétiques.

Comme les historiens le savent maintenant, la décision de changer de direction et d’adopter une approche plus belliqueuse face à l’URSS a été prise dans les derniers jours de l’administration Carter, avec la décision dans l’été de 1979 de financer et de fournir un soutien militaire aux guérillas anti-soviétiques en Afghanistan dans l’espoir de provoquer une réplique militaire de l’URSS. L’administration Reagan a poursuivi plus en profondeur cette politique de confrontation.

Les changements en cours avaient beaucoup moins à voir avec l’idéologie qu’avec les problèmes structurels profonds du capitalisme mondial qui s’étaient manifestés dans les secousses économiques récurrentes des années 1970. Le caractère belliqueux de l’administration Reagan émergea, en dernière analyse, comme une réponse à la position déclinante du capitalisme américain dans l’économie mondiale.

Peu importe l’attitude politique qu’une personne adopte envers les politiques de l’administration Reagan, c’est clairement évident, sur la base de toute analyse objective, que ses efforts pour résoudre cette crise se sont avérées manifestement inefficaces vers le milieu des années 1980. Les méthodes de plus en plus frénétiques et illégales employées par l’administration Reagan pour écraser les révoltes populaires en Amérique centrale-tout ça au nom de la lutte contre le communisme-ont culminé dans l’éruption du scandale Iran-Contra tard en 1986. Le dévoilement d’opérations criminelles organisées par des administrateurs de la Maison Blanche et exécutées en dépit de lois votées au Congrès a ébranlé et déconcerté l’administration Reagan. L’unique défense de Reagan contre les accusations criminelles portées contre lui était qu’il ne savait pas ce qui se passait dans son administration. Dans ces circonstances, la revendication de l’ignorance était entièrement plausible.

La réponse du Parti démocrate fut typiquement indifférente. Alors qu’il y avait de vagues pourparlers en faveur d’une destitution, les Démocrates n’ont fait rien de plus que quelques audiences sans trop d’empressements, dans lesquelles Oliver North a pu les insulter et les injurier légalement.

Mais l’administration Reagan était en train de perdre de sa vigueur et ses problèmes ont été accentués par les conséquences financières de ses coupures d’impôts et des augmentations importantes dans les dépense militaires. Pris avec des déficits sans précédent qui avaient transformé les États-Unis en une nation débitrice, l’administration Reagan n’a eu d’autre choix que d’augmenter les impôts et de revenir à une politique moins belliqueuse avec l’URSS.

L’effondrement ultérieur de l’URSS, que Reagan n’avait sûrement pas prévu, était seulement tangentiellement relié aux politiques poursuivies par le « Grand Communicateur » au début des années 1980. C’est vrai que l’augmentation dramatique dans les dépenses militaires américaines ont contribué aux problèmes économiques auxquels étaient confrontés l’URSS. Mais il n’y a que peu d’évidence que les politiques de Reagan ont eu de l’importance dans l’établissement du destin de l’URSS. Plutôt, la liquidation de l’État soviétique fut orchestrée par l’élite bureaucratique après que, confrontés à une classe ouvrière de plus en plus hostile et rétive, ait conclu que c’était le seul moyen par lequel elle pouvait défendre ses intérêts.

Après avoir fait ces remarques, ce n’est pas dans notre intention de suggérer que Reagan n’a rien accompli comme président, qu’il n’a pas laissé d’héritage.

Ce n’est pas du tout le cas. Bien que Reagan ne soit plus de ce monde, les actions de son administration demeurent bien présentes et sont observables partout : dans l’augmentation renversante de l’inégalité sociale aux États-Unis ; dans la concentration inouïe de la richesse dans les mains d’une mince couche de la société américaine ; dans la hausse de l’analphabétisme et dans le déclin du niveau général de culture ; dans le dépérissement des institutions de la démocratie américaine et, finalement, dans l’éruption meurtrière du militarisme américain.

Voilà l’héritage du Reaganisme.

David North


- Source : www.wsws.org

A propos de Ronald Reagan :

- L’histoire des "escadrons de la mort" guatémaltèques, par Robert Parry.

- Noam Chomsky : Bush a récupéré les éléments les "plus extrémistes, arrogants, violents et dangereux" de l’ère Reagan.

- Reagan fut le boucher de mon peuple, par Miguel D’Escoto.

- Le Bilan de Reagan : un Héritage Bidon, par Robert Parry.

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