RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
41 

Salut les COP-ains !

On ne pouvait rêver meilleur prologue. Symboliquement, un mois avant l’ouverture de la dite COP21 – cette grand-messe mondialisée qui démarre ce 30 novembre à Paris et doit préparer les futurs sacrifices offerts au dieu Climat – la France officielle, hôte de l’événement, a puni un mécréant. Fin octobre, Philippe Verdier, chef du service météo de France 2, a été mis à la porte pour avoir publié un ouvrage allant contre les vérités officielles sur le réchauffement de la planète.

Une telle sanction, dans un service public emblématique, n’a pu être prise sans l’assentiment au moins tacite des plus hautes autorités de l’Etat. Notons au passage qu’un tel licenciement ne peut que conforter les milliers de patrons qui aspirent à se débarrasser des fortes têtes au sein de leur entreprise.

Cet événement est scandaleux ; il est inquiétant ; plus profondément encore, il doit faire réfléchir sur l’état actuel de notre « démocratie », entre temps placée sous état d’urgence. Scandaleux tout d’abord parce qu’il s’agit d’une punition infligée pour délit d’opinion. Pire encore : si l’affaire a fait quelque bruit, elle n’a soulevé que de maigres réserves, voire de discrets applaudissements, parmi les défenseurs habituels des droits de l’Homme, jusqu’au sein même des syndicats de journalistes. La raison évoquée par la patronne de France Télévision est éclairante : M. Verdier s’est prévalu de sa qualité de journaliste à France 2 pour promouvoir son livre (hors antenne, faut-il le préciser ?). S’il avait écrit le énième ouvrage plaidant pour préserver le climat en excipant de cette même qualité, aurait-il été limogé ? Poser la question suffit à caractériser l’état d’esprit des modernes inquisiteurs.

Et c’est bien ce qui doit inquiéter, au-delà même du thème en cause. Ce licenciement illustre brutalement le développement de ce qu’il faut bien nommer une police de la pensée. En Allemagne, le nouveau patron du grand syndicat IG-Metall vient d’appeler à virer les travailleurs qui exprimeraient des affirmations hostiles aux étrangers ; ainsi le (nécessaire) combat contre le racisme pousse désormais un dirigeant syndical à souhaiter... licencier des salariés – une première. En France, la Cour de cassation vient de confirmer une condamnation pénale contre des citoyens s’étant exprimés en faveur du boycott des produits israéliens ; ici, une (juste) cause est réprimée par la criminalisation de l’action militante. On pourrait multiplier les exemples – et les lois dites « mémorielles » avaient en quelque sorte légitimé la démarche : substituer l’argument d’autorité, voire la répression, au nécessaire débat ou combat idéologique.

C’est précisément ce qui doit faire réfléchir sur l’état actuel de la « démocratie », un terme qui a été détourné (par exemple, on parle de la « démocratisation » de la marijuana) puis vidé de son sens réel : le pouvoir du peuple. Les discours subordonnant ladite démocratie au respect du Bien, ou du Vrai se multiplient et se banalisent.

Certes, la volonté d’« encadrer » la démocratie est aussi vieille que celle-ci : pour les pouvoirs en place, la morale, ou bien l’expertise, devraient surplomber la volonté populaire. L’intégration européenne est l’archétype de cette soumission : annulation de référendums, mise en place de tutelle sur les gouvernements nationaux, institutions « indépendantes »... des citoyens. Les discours justifiant cet encadrement – cette confiscation – sont quotidiens.

Or s’il y a bien un domaine qui relève désormais du sacré, et où la répression du blasphème s’impose sans vergogne, c’est bien celui du climat. Qui ne communie pas dans la nécessité de sauver la planète, et plus généralement de préserver l’environnement, de défendre la nature, mérite d’être brûlé (symboliquement seulement, pour éviter une empreinte carbone excessive) en place publique. Il n’est que de constater l’extraordinaire intolérance dont font preuve les environnementalistes dès lors que leurs lignes rouges sont franchies.

Mais ce refus scandalisé du débat, et la violence (rhétorique, puis réelle) utilisée pour étouffer celui-ci, sont finalement cohérents : en matière de pouvoir, l’ordre naturel est la loi de la jungle. Et la démocratie est fondamentalement la volonté de dépasser les inégalités naturelles des individus par l’affirmation de l’égalité politique des citoyens, et la légitimité de leur volonté majoritaire. Un progrès de la civilisation humaine qui est donc par essence contre-nature.

C’est cela, au fond, que nos modernes Torquemada ne peuvent supporter.

Pierre Levy

Éditorial paru dans l’édition du 27/11/15 du mensuel Ruptures
Information et abonnements : http://www.ruptures-presse.fr
Pierre Lévy est par ailleurs l’auteur d’un roman politique d’anticipation dont une deuxième édition est parue avec une préface de Jacques Sapir : L’Insurrection

»» http://ruptures-presse.fr/verdier-cop21-democratie/
URL de cet article 29699
  

La Stratégie du Choc
Naomi KLEIN
Qu’y a-t-il de commun entre le coup d’état de Pinochet au Chili en 1973, le massacre de la place Tiananmen en 1989, l’effondrement de l’Union soviétique, le naufrage de l’épopée Solidarnösc en Pologne, les difficultés rencontrées par Mandela dans l’Afrique du Sud post-apartheid, les attentats du 11 septembre, la guerre en Irak, le tsunami qui dévasta les côtes du Sri-Lanka en 2004, le cyclone Katrina, l’année suivante, la pratique de la torture partout et en tous lieux - Abou Ghraib ou Guantanamo, aujourd’ (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

(...) je suis d’accord avec le fait que le tsunami a été une merveilleuse occasion de montrer, au-delà du gouvernement des Etats-Unis, le coeur du peuple américain.

Condoleezza "oui, j’ai un grain" Rice
devant la commission sénatoriale des relations étrangères US - janv. 2005

Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.