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Syrie : ce que l’on sait... et ce que l’on tait

photo : AFP/ANDREJ ISAKOVIC

Depuis la soi-disant attaque chimique du 7 avril, le festival de mensonges sur la crise syrienne atteint une sorte de paroxysme. « Ce que l’on sait des frappes américaines, françaises et britanniques » titre le Monde... Apparemment, le Monde ne sait pas grand-chose. De leur côté, les médias russes fournissent quelques précisions qui ont malheureusement échappé au quotidien du soir. Et qui remettent en perspective la victoire rapide, facile et incontestable que l’on veut nous vendre. Qui ment ? Qui dit la vérité ? Pour vous faire une opinion plus équilibrée, je vous propose de prendre connaissance de ce qu'on entend ici (en Russie - NdR).

Une fois retombée la poussière et la fureur on apprend... que la majorité des missiles lancés sur la Syrie ont été abattus par la défense anti-aérienne syrienne ! Laquelle se compose de vieux systèmes S120 et S200 remontant à l’époque soviétique... Rien à voir avec le bilan calamiteux des Patriots ultramodernes dont on entendit monts et merveilles dans les années 90 et qui ne réussirent à intercepter qu’un Scud sur la quarantaine de missiles obsolètes et trafiqués par les Irakiens, qui avaient une fâcheuse tendance à se disloquer en vol...

Cette fois les conditions sont inversées : ce sont des systèmes antimissiles obsolètes qui font face à des "missiles beaux, neufs et intelligents" qu’annonçait le président Trump. Résultat : 71 interceptés sur 103 lancés selon les données russes qui constatent qu’aucun aérodrome syrien n’a été touché et que les seules victimes ont été 6 malheureux civils qui se trouvèrent à proximité d’un aérodrome visé par les forces de la coalition.

Le plus surprenant dans cette histoire est le rôle de la France.

D’après les cocoricos qu’émet notre ministre des Affaires étrangères Le Drian on apprend que « une ‘bonne partie’ de l’arsenal chimique syrien a été détruite » et que « les objectifs sont atteints ». Veut-il parler de la destruction des stocks d’armes chimiques syriens qui eut lieu en 2013 sous contrôle de l’OIAC ? Non : d’après le contexte de ses déclarations, le ministre veut bel et bien nous faire croire qu’il parle de l’action d’hier soir. Pourtant, les contrôleurs aériens russes sont formels : « Aucune frappe française n’a été enregistrée » affirme le général Routskoï, chef des forces aériennes russes, qui dresse le bilan des opérations de cette nuit. Qui ment ?

Mon patriotisme dût-il une fois de plus en souffrir, je dois avouer que j’ai du mal à suivre les explications tortueuses de nos représentants. C’est justement au moment où les enquêteurs de l’OIAC étaient en route pour Damas où ils doivent prélever des échantillons et mener l’enquête sur l’affreuse attaque chimique du 7 avril qu’il est décidé d’intervenir militairement. C’est à dire à point nommé pour les empêcher de travailler. Les inspecteurs se trouvaient déjà en territoire syrien : veut-on ou ne veut-on pas savoir ?

Plus surprenant encore, après les trémolos et les grincements de dents qu’on a entendus sur l’horrible dangerosité des armes chimiques syriennes : que signifie notre tentative de bombarder les soi-disant dépôts de munitions ? Ne risquions-nous pas de soulever un apocalyptique nuage chimique d’une cauchemardesque incontrôlabilité ? N’allait-on pas être pire encore que l’affreux Bachar El-Assad et empoisonner un nombre plus important encore de civils innocents ? Comment se fait-il qu’on n’ait jamais entendu, ni avant, ni pendant, ni après, le moindre de nos responsables formuler une seule phrase à ce sujet ? Pas un mot sur la force et la direction des vents, sur le risque de victimes collatérales ! Ni dans la presse, ni parmi les responsables militaires, ni parmi les responsables politiques. N’y a-t-il pas là la preuve que tous, ils savent comme nous le savons, que les armes chimiques ne sont qu’une chimère, un prétexte bien commode que l’on ressort à l’envi. Qu’aucun dépôt d’armes chimiques n’a en fait été bombardé ?

Finalement M. Le Drian ne ment pas, il avale quelques mots. Complétons sa phrase pour comprendre sa pensée : « La plupart des capacités chimiques syriennes [qui n’existaient que dans notre imagination] ont été détruites cette nuit [de la façon la plus économe et la plus efficace possible, sans tirer un seul missile] ».

« Qui bénéficie de cette opération ? » s’interroge Adalbi Chagochev, député de la Douma russe. « Pas le président Trump, dont les missiles se sont avérés incapables de remplir leur mission. Pas les Français, les Anglais, les forces de l’Otan qui en sont réduits à masquer la vérité et à jouer sur les mots. Pas les Russes qui ont dû supporter stoïquement les bombardements qui frappaient leurs alliés. Les seuls bénéficiaires de cette opération sont les terroristes qui essaient de déstabiliser la Syrie. » Et leurs protecteurs, malheureusement, faut-il ajouter. Ceux qui depuis sept ans sèment le malheur et la destruction en Syrie.

Christophe TRONTIN

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