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Démocratie au phosphore (il manifesto)


Salamanque 1936 :

Franco déclare : "Je ferai, s’il le faut, fusiller la moitié de l’Espagne".

Personne ne répond.

Personne ne proteste.

Sauf un homme.

Le vieux philosophe, Miguel de Unamuno, auteur du "Sentiment tragique de la vie" recteur de l’Université de Salamanque, maître à penser de sa génération, resté à la tête de son université, en territoire nationaliste.

Le "Jour de la Fête de la Race", à Salamanque, dans le grand amphithéâtre de l’Université, le général franquiste Milan Astray, mutilé de guerre, injurie la Catalogne et le Pays Basque, tandis que ses partisans hurlent : "Vive la mort !".

Unamuno se lève lentement et dit : " Il y a des circonstances où se taire est mentir. Je viens d’entendre un cri morbide et dénué de sens : Vive la mort ! Ce paradoxe barbare est pour moi répugnant. Le général Millan Astray est un infirme. Ce n’est pas discourtois.
Cervantès l’était aussi. Malheureusement, il y a aujourd’hui, en Espagne, beaucoup trop d’infirmes. Je souffre à la pensée que le général Millan Astray pourrait fixer les bases d’une psychologie de masse. Un infirme qui n’a pas la grandeur spirituelle d’un Cervantès recherche habituellement son soulagement dans les mutilations qu’il peut faire subir autour de lui."

S’adressant ensuite personnellement à Milan Astray :

"Vous vaincrez, parce que vous possédez plus de force brutale qu’il ne vous en faut. Mais vous ne convaincrez pas. Car, pour convaincre, il faudrait que vous persuadiez. Or, pour persuader, il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la Raison et le Droit dans la lutte. Je considère comme inutile de vous exhorter à penser à l’Espagne. J’ai terminé."

Consigné sur ordre à son domicile, Miguel de Unamuno mourut le coeur brisé, quelques semaines plus tard.

Mourir à Madrid, de Frédéric Rossif et Madeleine Chapsal. Ed. Seghers (Prix Jean Vigo 1963) p.73-74.








il manifesto, mardi 8 novembre 2005.


L’utilisation du napalm et du phosphore blanc dans la guerre en Irak était déjà connue. Malheureusement. Ces cadavres carbonisés retrouvés après la bataille de l’aéroport (avril 2003), les habitants de Falluja m’en avait parlé avant même de devenir des réfugiés, ces visages décharnés par le phosphore blanc ils m’en avaient parlé ensuite et les soldats américains engagés sur le champ de bataille (dans une interview à il manifesto, aussi, 25 septembre 2005) me l’avaient confirmé. Mais cette horreur, l’enquête de Rainews24 - « Falluja. La strage dimenticata » (Falluja. Le massacre oublié) [Voir ci-dessous + vidéo]- te la jette en pleine figure. Visages méconnaissables et brûlés de femmes et d’enfants inertes dans leurs habits intacts (le phosphore blanc ne consume que les cellules qui contiennent de l’eau), fragment de cette tuerie de masse reconnue même par les auteurs matériels du massacre, les soldats, qui ont témoigné devant les caméras. Pas par les mandants.

L’enquête de Rainews24 doit servir à écarter le voile d’omertà , mais elle doit surtout questionner ceux qui ont soutenu ou soutiennent encore cette guerre avec la présence de nos troupes en Irak. Bush a non seulement déchaîné une guerre contre Saddam Hussein en l’accusant de posséder des armes de destruction de masse, en sachant bien que ce n’était pas vrai, mais il a permis que son armée utilise contre les irakiens des armes mortelles interdites par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.

Exactement comme l’avait fait Saddam Hussein en 1988 contre les kurdes. Bush comme Saddam, qui au moment où il a gazé les kurdes était un allié fidèle des américains. Les images de l’enquête de Rainews24 le prouvent et les intéressés le confirment : le Pentagone a admis l’utilisation du Napalm même si c’est sous la forme de Mk77 et le ministre de la défense anglais s’est justifié en soutenant qu’il ignorait que les USA l’avaient utilisé. Du reste, quand les réfugiés de Falluja sont rentrés chez eux, les américains eux même leur ont dit de ne pas manger de légumes et d’animaux de la région parce qu’ils étaient dangereux et leur ont recommandé de désinfecter les maisons avant d’y entrer. Celles qui étaient encore habitables, bien sûr.

Et que fait la communauté internationale ? Elle se tait. Mais on ne peut pas se taire face à une telle horreur sans devenir complices. Et nous sommes complices en restant en Irak avec nos troupes, que nous utilisions le phosphore blanc dans les traçantes pour illuminer le ciel ou pour brûler les pauvres habitants de Falluja. Brûlés au point de ne pas pouvoir être reconnus ni même comptés : seules 700 des milliers de victimes de Falluja ont été ensevelies avec un nom.

Est-ce ça la démocratie exportée en Irak et dont le président irakien, kurde, Jalal Talabani, se montre satisfait ? Qui sait si pendant sa visite en Italie -en cours- il jettera un regard sur notre télé satellitaire en entendant parler de l’Irak ? A coup sûr, il ne se laissera pas émouvoir par des images qu’il connaît bien alors qu’il a déjà demandé aux troupes italiennes de rester. Obtenant le consentement de notre gouvernement, mais aussi, de nouveau, un temps d’arrêt des DS. Fassino a de fait déclaré hier qu’il est nécessaire d’adapter le calendrier du retrait des troupes à l’avancement du « processus démocratique ». Quelle démocratie, celle du phosphore blanc ?

Giuliana Sgrena

- Source : www.ilmanifesto.it

- Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio




Le phosphore blanc en action



« Je voulais raconter tout ça, mais mon enlèvement ne me l’a pas permis  » Giuliana Sgrena

(Note : lire aussi : RSF, Giuliana Sgrena et l’US Army, par Maxime Vivas.)



Enquête choc de « Rai News24 » : l’agent chimique utilisé comme une arme. Un ancien combattant : « les corps fondaient »


« Phosphore blanc contre les civils »


Comment les Etats-Unis ont pris Falluja. Un document révèle aussi un test sur un nouveau type de napalm.


La Repubblica, Rome, 7 novembre 2005.


En jargon, les soldats us l’appellent Willy Pete. Son nom technique est phosphore blanc. En théorie, il devrait être utilisé pour illuminer les positions ennemies dans l’obscurité. En pratique il a été utilisé comme arme chimique dans la ville rebelle de Falluja. Et pas seulement contre des combattants et des membres de la guérilla, mais contre des civils désarmés. Les américains se seraient responsables d’un massacre avec des armes non conventionnelles, le même chef d’accusation dont doit répondre l’ex-dictateur Saddam Hussein. C’est ce que raconte une enquête de Rai News 24, la chaîne all news de la Rai, révélant un des mystères tenu le plus secret du front de la guerre, pendant toute la campagne américaine en Irak.

«  Moi j’ai entendu l’ordre de faire attention parce qu’on utilisait le phosphore blanc sur Falluja. En jargon militaire, on l’appelle Willy Pete. Le phosphore brûle les corps, il les dissout même jusqu’aux os » dit un ancien combattant de la guerre en Irak à Sigfrido Ranucci, envoyé de Rai News 24.

«  J’ai vu des corps de femmes et d’enfants brûlés, le phosphore explose et forme une nuage. Ceux qui se trouvent dans un rayon de 150 mètres sont foutus ».

L’enquête de Rai News 24, Fallujah. La strage Nascosta, à l’antenne demain sur Rai3, présente, outre les témoignages de militaires étasuniens qui ont combattus en Irak, ceux d’habitants de Falluja. « Une pluie de feu est tombée sur la cité, les gens touchés par ces substances de couleurs diverses ont commencé à brûler, on a trouvé des gens morts avec des blessures bizarres, les corps brûlés et les vêtements intacts », raconte Mohamad Tarek al Deraji, biologiste de Falluja.

«  J’avais recueilli des témoignages sur l’utilisation du phosphore et du napalm de quelques réfugiés de Falluja que j’aurais dû rencontrer avant d’être enlevée, dit dans l’émission Giuliana Sgrena, la journaliste du Manifesto enlevée en Irak (à Falluja justement) en février dernier. Je voulais raconter tout ça, mais mon enlèvement ne me l’a pas permis ».

Rai News 24 montrera des documents filmés et photos recueillis dans la ville irakienne pendant et après les bombardements de novembre 2004 ; il en résulte que l’armée américaine, contrairement à ce qui a été déclaré par le Département d’Etat dans une note du 9 décembre 2004, n’a pas utilisé l’agent chimique pour illuminer les positions ennemies, comme il serait légal, mais a jeté du phosphore blanc de façon indiscriminée et massive sur des quartiers de la ville.

Dans l’enquête, réalisée par Maurizio Torrealta, sont diffusés aussi des documents dramatiques qui reprennent les effets des bombardements aussi sur des civils, femmes et enfants de Falluja, dont certains ont été surpris dans leur sommeil.

L’enquête montre aussi un document où est prouvée l’utilisation en Irak d’une variété du Napalm, du nom de MK77. L’utilisation de ces substances incendiaires sur des civils est interdite par les conventions de l’ONU depuis 1980. Alors que l’usage d’armes chimiques est interdit par une convention que les Etats-Unis n’ont signé qu’en 1997.

Falluja. La strage nascosta sera diffusé par Rai News 24 demain 8 novembre à 7h35 (sur le satellite Hot Bird, sur la chaîne 506 de Sky et sur Rai Tre), en rediffusion sur le satellite Hot Bird et sur la chaîne 506 de Sky à 17 heures et les deux jours suivants.

Repubblica.it « esteri »


- Traduction : Marie Ange Patrizio


La totalité du reportage peut maintenant être vue ici (il y a même une version en anglais, et une en arabe). Hervé

www.rainews24.rai.it/ran24/inchiesta/body.asp



Je refuse d’obéir. Jean Giono.<BR>
Falluja, les preuves du massacre au phosphore.



Irak : « Femmes et enfants tués par les bombes au phosphore », témoignage d’ un marine, par Patricia Lombroso.

Irak : Les GI’s tirent sur l’ambulance, par Simon Petite.

Irak : Détails d’un nettoyage ethnique soutenu par les USA, par Patrick Martin.

Irak : Moi, un marine tueur de civils, par Patricia Lombroso.

Irak : un soldat témoigne, par Derek Seidman.

« Je voulais seulement faire un stade de foot », le récit dramatique d’ Haj Ali al-Qaisi, le détenu encagoulé d’Abou Ghraib, par Lars Akerhaug.




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