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Mexique : les plans nationalistes d’AMLO bientôt à la merci du Covid-19 ?

En moins de 48 heures, le Mexique a dû faire face à la dégradation –par l’agence Standards & Poor’s– de la note de sa dette souveraine suivie de celle de ses deux principales entreprises publiques, liées au secteur énergétique. La banque d’investissement JP Morgan prévoit une chute de 7% du PIB mexicain pour l’année 2020. Le président Lopez Obrador a assuré qu'il ne demanderait aucun crédit au FMI.

JP Morgan annonce que la récession sera "profonde" au Mexique. L’impact de la pandémie de coronavirus sur les prévisions économiques a poussé la banque d’investissement à revoir complètement ses prévisions de croissance pour l’année passant d’une hausse du PIB de 1,8 % à une contraction de 7 %, soit un choc encore plus fort encore que celui causé par la dernière crise financière internationale (-6,6 % en 2009). Selon la firme basée à New-York, la phase d’infection massive qui s’annonce aura de dures conséquences sur l’économie informelle –un secteur qui emploie 56 % de la population mexicaine– entraînant un effondrement de 35,5 % de l’économie du pays au cours du second trimestre. Le pays subira aussi de plein fouet la chute de l’activité des Etats-Unis, son principal partenaire commercial.

Par ailleurs, les cours du pétrole lourd produit au Mexique ont plongé la semaine dernière à leur plus bas niveau depuis 2002 avec un prix de référence à 12,92 dollars. Le Maya atteignait les 55,15 dollars par baril il y a encore deux mois, avant que la pandémie de coronavirus ne commence à ébranler les marchés de l’énergie.

Cette combinaison de facteurs a poussé l’agence Standards & Poor’s à abaisser d’un palier la note de la dette souveraine du Mexique, passant de “BBB+” à “BBB”, avec une perspective négative à moyen terme au vue de l’image instable dont jouit le pays en matière d’attractivité des investissements étrangers et de confiance des investisseurs. Par un effet mécanique, ce sont ensuite les cotes de crédit des entreprise énergétiques Pemex et la Compagnie fédérale d’électricité que S&P a dégradé (à “BBB” avec une perspective négative), avant de punir plusieurs institutions financières –parmi lesquelles les plus grandes banques opérant dans le pays– ainsi que des entités publiques d’investissements ou encore des sociétés d’assurance.

D’autre part, alors que la Bourse mexicaine terminait la semaine dans le rouge avec une chute de 5.34%, le niveau d’approbation du président mexicain –Andrés Manuel López Obrador– est passée pour la première fois sous la barre historique des 50 % sur fond de critiques concernant sa gestion de la crise du coronavirus, le niveau de violence et la situation économique. De son côté, « AMLO » a précisé que son gouvernement pouvait compter sur 17 milliards de dollars de surplus du budget fédéral pour combattre la crise économique à venir et que les programmes sociaux mis en place par son équipe ne seraient pas affectés, tout comme les grands projets d’infrastructure en cours. « Nous fournirons en temps utile des prêts sans intérêts –ou à des taux très bas– à un million de petites entreprises », a-t-il aussi précisé mardi dernier alors que le Mexique passait officiellement en phase 2 face au Covid-19.

Le président mexicain a assuré que son pays était en mesure de faire face à la crise sans s’endetter et qu’il ne demanderait aucun crédit au Fonds monétaire international.

Toutefois, les prochains mois s’annoncent difficiles. Si le gouvernement ne parvenait pas à faire face efficacement à la situation provoquée par la pandémie et que la note du pays venait à baisser jusqu’à atteindre la catégorie dite « spéculative », un certain nombre d’institutions financières étrangères –fonds communs de placement, fonds de pension– se verraient obligées de vendre leurs actifs, ce qui pourrait occasionner un cycle de stagnation inflationniste auquel s’ajouteraient les conséquences inévitables de la crise économique mondiale qui s’annonce.

Dans ce contexte, certains analystes considèrent que la pression exercée sur le gouvernement mexicain pourrait contraindre le président Lopez Obrador à revoir à moyen terme son programme énergétique nationaliste. Depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2018, le dirigeant mexicain s’efforce en effet de redonner à l’Etat un rôle central dans le secteur énergétique en s’appuyant notamment sur l’entreprise pétrolière Pemex, vouée à devenir le moteur du développement du pays.

Une politique énergétique qui préoccupe plusieurs gouvernements occidentaux, comme l’a prouvé la singulière réunion tenue dans les locaux de l’ambassade des Etats-Unis le 6 mars dernier. Les détails rapportés par l’agence Reuters font état des inquiétudes communes exprimées par les diplomates américains, canadiens ainsi que de 6 pays européens face à la rupture opérée par le président Obrador vis-à-vis de l’orientation libérale suivie par son prédécesseur.

Ainsi, avec des prix du pétrole au plus bas, les secousses provoquées par la pandémie du Covid-19 pourraient ébranler fortement Pemex, déjà considérée comme l’entreprise pétrolière la plus vulnérable d’Amérique latine. L’agence Fitch a déjà dégradé sa note en catégorie spéculative en juin dernier. Moody’s pourrait prochainement en faire de même.

Les projets du président mexicain pourraient bientôt se retrouver à la merci des prochaines évolutions du marché.

Luis Alberto Reygada pour Le Grand Soir
@la_reygada

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