RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Arlacchi : La Cour Internationale de Justice : soupçon de génocide à Gaza

Pino Arlacchi a été une figure importante de l'ONU, dont il était sous-secrétaire et directeur du bureau des Nations unies pour le contrôle des drogues et la prévention des crimes (UNODC).

En ce qui concerne l’arrêt historique de la Cour internationale de justice sur Gaza-Israël, il est en effet regrettable que presque personne ne lise le document original, s’en remettant aux reconstructions simplifiées des journaux et des parties intéressées.

Le document n’a été lu qu’en termes minimalistes, déplorant ou appréciant - selon le côté - l’absence d’injonction à Israël de suspendre sa campagne militaire vicieuse contre les Palestiniens de Gaza.

Cet arrêt a toutefois porté un coup dévastateur au mythe fondateur d’Israël. Un pays qui se présente comme éternellement persécuté a été accusé par le plus haut organe de justice mondial de commettre un génocide présumé contre les Palestiniens de Gaza. Ce sont les victimes, et non les auteurs, du "crime suprême". Un peuple qui est victime d’un génocide est maintenant susceptible de le commettre.

L’arrêt de la Cour remet en cause l’impunité dont jouit Israël depuis sa création il y a 75 ans.

Lisez ce document. Il s’agit de 29 pages rédigées dans un anglais clair détaillant les infamies perpétrées à Gaza contre les civils palestiniens et vibrant d’indignation face à l’impunité des responsables.

Le sens de la phrase est sans équivoque. Des crimes de toutes sortes sont commis à Gaza. La compétence de la Cour est limitée au génocide, et la première et seule chose à déterminer - pour l’instant - est de savoir s’il est "plausible" que des actes relevant de sa compétence aient lieu.

La réponse de la Cour est qu’un possible génocide a lieu à Gaza de la part d’Israël. La plainte de l’Afrique du Sud est recevable parce qu’elle est corroborée par des sources crédibles, en grande partie issues du système des Nations unies auquel la Cour elle-même appartient.

Six des huit recommandations formulées par l’Afrique du Sud sont donc acceptées et adoptées. Voilà pour tous du double jeux. La Cour a ordonné à Israël de "prendre toutes les mesures en son pouvoir" pour prévenir les crimes assimilables à un génocide, tels que "tuer, causer des dommages physiques et mentaux graves, infliger au groupe des conditions de vie calculées pour entraîner sa destruction physique totale ou partielle, et imposer des mesures visant à empêcher les naissances au sein du groupe". Ce dernier point fait clairement référence au devoir d’Israël de protéger les 50 000 naissances qui assurent la reproduction physique des 2,3 millions d’êtres humains vivant à Gaza. Israël doit également fournir une assistance humanitaire adéquate à la population palestinienne et doit prévenir et punir tous les actes d’incitation au génocide, tels que ceux lancés par les membres du gouvernement Netanyahou.

La Cour est tellement convaincue qu’elle a affaire à un génocide potentiel qu’elle soupçonne la disparition d’éléments de preuve à charge et ordonne à Israël de prendre "des mesures efficaces pour empêcher la destruction et assurer la préservation des éléments de preuve relatifs aux allégations d’actes relevant des articles II et III de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide à l’encontre des membres du groupe palestinien dans la bande de Gaza".

Il a été ordonné à Israël de faire rapport dans un délai d’un mois pour expliquer ce qu’il a fait pour mettre en œuvre les mesures provisoires.

Il est clair que ces mesures préventives sont impossibles à mettre en œuvre si Israël poursuit sa guerre d’anéantissement de Gaza et de ses habitants. D’où la critique la plus courante de l’arrêt. Mais je ne crois pas que la Cour aurait pu aller plus loin en ordonnant à Israël un cessez-le-feu immédiat. Cela aurait constitué une anticipation du verdict final, qui n’interviendra que dans quelques années.

Mais c’est Tel-Aviv qui anticipera le jugement, car il est peu probable qu’il mette un terme à sa mauvaise conduite après l’avertissement de La Haye et avant d’avoir exterminé des dizaines de milliers d’innocents palestiniens supplémentaires. Et il n’y a aucun espoir d’une nouvelle intervention de l’ONU. L’administration Biden opposera sans aucun doute son veto à une résolution du Conseil de sécurité demandant à Israël de mettre en œuvre les mesures provisoires exigées par la Cour internationale. L’Assemblée générale, si le Conseil de sécurité n’approuve pas les mesures, peut voter à nouveau une résolution appelant à un cessez-le-feu, mais n’a pas le pouvoir de le faire respecter.

»» https://italienpcf.blogspot.com/2024/01/arlacchi-la-cour-internationale-de.html
URL de cet article 39318
  

Même Thème
Si vous détruisez nos maisons vous ne détruirez pas nos âmes
Daniel VANHOVE
D. Vanhove de formation en psycho-pédagogie, a été bénévole à l’ABP (Association Belgo-Palestinienne) de Bruxelles, où il a participé à la formation et à la coordination des candidats aux Missions Civiles d’Observation en Palestine. Il a encadré une soixantaine de Missions et en a accompagné huit sur le terrain, entre Novembre 2001 et Avril 2004. Auteur de plusieurs livres : co-auteur de « Retour de Palestine », 2002 – Ed. Vista ; « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes », 2004 (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Toute manifestation à Cuba (ou à Miami, d’ailleurs) qui ne commence pas par "Abajo el bloqueo" (quoi qu’on dise ensuite) est une escroquerie ou une croisade de fous. Et brandir un drapeau états-unien à Cuba, c’est comme brandir un drapeau israélien à Gaza.

Viktor Dedaj

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.