RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Au lieu d’attaquer Wikileaks, il faut corriger ce que l’organisation a révélé (Stars and Stripes)

Note du traducteur : Cet article présente deux intérêts. 1) Il a été publié par le magazine de l’armée US. 2) Il date de 2011.

L’ancien ministre de la Défense Robert Gates avait raison lorsqu’il a dit que les révélations de Wikileaks étaient "embarrassantes" et "gênantes". Une telle évaluation – comme pour tant d’autres représentants du gouvernement – résulte de l’ampleur du non-dit.

Car ces révélations ne sont pas seulement embarrassantes. Elles contiennent aussi des preuves d’actions et de politiques gouvernementales qui constituent un abus de pouvoir et qui violent les normes internationales en matière de droits de la personne auxquelles nous, Américains, sommes attachés.

Par exemple, grâce aux informations provenant des documents de WikiLeaks, le public est maintenant au courant de "FRAGO 242" - un ordre officiel de ne pas signaler les preuves d’abus de prisonniers par les forces de sécurité irakiennes. Cette politique viole la Convention des Nations Unies contre la torture, ratifiée par le Congrès en 1994. Le traité exige explicitement que les allégations de traitements cruels ou inhumains fassent l’objet d’une enquête et d’actions pour les faire cesser.

Ces derniers jours, WikiLeaks a publié des câbles qui montrent que des responsables gouvernementaux ont aidé à dissimuler l’exécution odieuse de membres de la famille de combattants présumés en Irak. Le lieu des meurtres - dont l’exécution de deux enfants et de trois nourrissons - fut pulvérisé plus tard par une attaque aérienne de la coalition.

Pris dans leur ensemble, les documents montrent une tendance à dissimuler les abus commis tant par les forces US que par les forces de la coalition. L’information révélée par WikiLeaks est donc un outil d’une importance cruciale pour ceux qui cherchent à faire respecter les normes fondamentales des droits de l’homme et la conduite professionnelle des forces militaires US.

Ces révélations remettent également en cause notre système de classification. Bien que le soldat Bradley Manning n’ait pas encore été traduit en justice, le président Barack Obama a déclaré publiquement que l’ancien analyste du renseignement de l’armée américaine avait "enfreint la loi" en envoyant ces informations confidentielles à WikiLeaks.

De nombreux civils - et un nombre surprenant de militaires - ignorent que ce système de classification n’est fondé sur aucune loi adoptée par le Congrès. En fait, tout l’édifice qui permet l’utilisation de la classification repose uniquement sur des décrets qui ont été renouvelés et modifiés par différents présidents. La capacité de restreindre l’accès du public à l’information est essentiellement une affirmation du pouvoir exécutif qui n’est pas soumise à un contrôle.

Cependant, selon la politique de classification des documents gouvernementaux de M. Obama (décret 13526), il existe plusieurs situations dans lesquelles l’information gouvernementale ne doit jamais être classifiée. Le gouvernement ne peut pas utiliser les procédures de classification "pour dissimuler des violations de la loi, des inefficacités ou des erreurs administratives ; pour éviter d’embarrasser une personne, une organisation ou un organisme... ou pour empêcher ou retarder la divulgation de renseignements qui ne nécessitent pas une protection dans l’intérêt de la sécurité nationale".

Les responsables de l’administration n’ont fourni aucune preuve que ces révélations de WikiLeaks ont porté atteinte à notre sécurité nationale. Ils ont toutefois reconnu que certains documents sont personnellement et professionnellement embarrassants.

Mais ils continuent d’agir comme s’il n’existait aucune preuve d’un comportement illégal ou contraire à l’éthique.

Si les conversations en ligne attribuées à Manning sont exactes, il semble que le "tournant" qu’il a lui-même décrit est survenu lorsque son propre commandant a refusé de reconnaître clairement la preuve d’un abus de pouvoir. D’après ces conversations, Manning dit qu’on lui a demandé d’enquêter sur 15 universitaires irakiens qui avaient été interrogés par les forces de sécurité irakiennes, pour le crime d’avoir prétendument imprimé de la "littérature anti-irakienne".

Après avoir fait traduire les documents, Manning s’est rendu compte qu’il s’agissait en fait d’un article intitulé "Où est passé l’argent ?" qui dénonçait la corruption au sein du cabinet du Premier ministre Nouri al-Maliki. Le commandant de Manning aurait dit à Manning de "la fermer" et de trouver comment faire entrer plus de prisonniers. Le message était clair : il ne pouvait pas se fier à la chaîne de commandement pour traiter les preuves d’actes répréhensibles.

Cet incident serait cohérent avec d’autres révélations qui ont depuis émergé des câbles diplomatiques de WikiLeaks. Plusieurs câbles diplomatiques s’inquiètent de la politisation des forces de sécurité d’al-Maliki, qu’il utilise pour réprimer ses opposants politiques.

En juillet, la Croix-Rouge et un groupe de parlementaires irakiens ont demandé qu’une enquête soit ouverte sur un présumé centre de torture dirigé par l’une des unités d’élite d’al-Maliki dans la zone verte de Bagdad. Le même mois, l’Inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Iraq a publié un rapport dans lequel il signalait la disparition de plus de 17 milliards de dollars de fonds.

L’habitude d’ignorer ou de dissimuler des preuves évidentes d’abus est devenue si courante que, pour beaucoup, cela semble maintenant normal. Mais prétendre que les problèmes n’existent pas ne les fera pas disparaître.

Un récent rapport du Conseil de l’Europe, qui réunit la Commission européenne des droits de l’homme, a déclaré que le " manque de transparence " actuel des institutions occidentales de sécurité et de renseignement ne laisse d’autre choix au public que de compter sur les lanceurs d’alerte pour tenir les gouvernements responsables.

Au lieu de punir et de faire taire des lanceurs d’alerte présumés comme Manning pour avoir révélé des vérités qui dérangent, nous devrions saluer leur courage pour défendre ce qui est juste.

C’est tout ce qu’on devrait demander à n’importe quel Américain.

Ann Wright

Ann Wright a pris sa retraite en tant que colonel de réserve de l’armée américaine après 29 ans de service et a ensuite servi en tant que diplomate US dans neuf pays et ambassadeur adjoint dans quatre ambassades des États-Unis. Elle est membre du conseil consultatif du Bradley Manning Support Network. En 2003 elle a démissionné du Département d’Etat des Etats-Unis par opposition à la guerre en Irak

Traduction "ne tirez pas sur le messager" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

»» https://www.stripes.com/instead-of-...
URL de cet article 34965
   
Même Thème
In Defense of Julian Assange
"This book shows why the Julian Assange case is one of the most important press freedom cases of this century or any other century."—James C. Goodale, former Vice Chairman and General Counsel of The New York Times. “I think the prosecution of him [Assange] would be a very, very bad precedent for publishers … from everything I know, he’s sort of in a classic publisher’s position and I think the law would have a very hard time drawing a distinction between The New York Times and WikiLeaks.” (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.