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C’est arrivé un 13 décembre

Illustration : peinture de Jean-Paul Laurens sur l’Inquisition (Bernard Délicieux, frère franciscain, affronta un tribunal d’inquisition car il eut dénoncé les abus de cette institution ; il mourut au cachot après avoir été torturé).

K. fut perquisitionné un matin, sans avoir rien fait de mal.

  • « Qui êtes-vous ? », demanda K. « Qu’est ce que vous voulez au juste ? », demanda-t-il encore. Son regard naviguait entre les différents hommes au brassard, qui s’étaient engouffrés par l’embrasure. Par la fenêtre, deux berlines sombres reflétaient les couleurs chatoyantes et chaudes des illuminations.
  • « Vous êtes perquisitionné sur ordre !
  • Ça m’en a tout l’air », dit K., avant que de s’aventurer à demander : « Et par qui ?
  • La procédure est engagée...
  • Vous êtes pas au courant ! C’est l’état d’urgence ! », lança un autre dans un éclat de rire.

K. voulut s’asseoir, mais déjà les chaises étaient sens dessus dessous.

  • « Il est préférable que vous nous remettiez votre matériel, cela éviterait le chaos ».

K. ne prêta guère d’attention à ce discours, le droit de disposer de ses affaires qui, pour l’heure, lui appartenaient encore, ne valait plus grand chose à ses yeux, il était bien plus important de tirer sa situation au clair.

Quelles sortes d’hommes étaient-ils donc ?

De quoi parlaient-ils ?

À quelle administration appartenaient-ils ?

K. vivait dans un État de droit où la sûreté était un droit naturel et imprescriptible. Ce pays n’était-il pas celui de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ? Dès lors, qui oserait lui tomber dessus à cette heure-ci, à son domicile ? Il était toujours enclin à prendre les choses à la légère, de croire au pire que quand le pire était arrivé. Si c’était une comédie, il allait y jouer son rôle.

Pour l’instant, il était toujours libre. Il ouvrit à la hâte les tiroirs du bureau, où tout était soigneusement rangé, mais il était trop irrité pour retrouver les papiers d’identité qu’il cherchait. Il finit par leur mettre la main dessus.

  • « Voici mes papiers d’identité ! Montrez-moi le mandat de perquisition », dit K.
  • « Juste ciel ! », dit un homme au brassard. « Nous savons qui vous êtes ! Nous sommes de la DGSI.
  • Vous n’avez pas d’autres chats à fouetter ? », lança K.
  • « Nous ne faisons pas de recherche au hasard. L’erreur, chez nous, n’existe pas ! », répondit le rieur.
  • « Je vous conseille de nous remettre tout votre matériel informatique », conseilla un autre.
  • « Que me reproche-t-on ? », s’enquit K.
  • « Vous êtes perquisitionné dans le cadre d’une procédure de... de compromission du secret de la défense. Oui,... C’est cela. C’est écrit, là ! Je vous rappelle que tout ce que vous pourriez dire pourra être retenu contre vous. Vous avez le droit de rester silencieux...
  • Et patati et patata ! », grommela K.

K. avait beau se dire que cela ne pouvait qu’être que cauchemar ou bien que mauvaise farce, les frissons le gagnèrent. Il vit partir les agents avec tout ce qui pouvait rappeler sa vie privée. Ceux-ci semblaient joyeux, sûrement emplis de fierté, satisfaits du devoir accompli, de la grandeur de leur tâche.

K. était maintenant seul, bien seul au milieu de la pièce sans vie.

Les illuminations festives brillaient encore : qu’elles semblaient si futiles, bien trompeuses, qu’elles ne lui inspiraient plus que dégoût, ne semblaient plus qu’obscénité.

Malgré les couleurs vives qui venaient du dehors, l’obscurité semblait s’abattre à l’intérieur de cette pièce, pourtant familière qu’il ne reconnaissait déjà plus. L’intrusion avait été si rapide.

Un monde s’effondrait. Son monde s’effondrait. Un monde fait d’illusions et de mensonges.

Une chape de plomb tomba.

Recroquevillé sur lui-même, tout n’apparaissait plus qu’être frappé du sceau du secret : secret de la défense, secret d’état, secret nucléaire, secret des affaires.

Le Secret comme unique horizon, comme unique gouvernance.

Liberté, Égalité, Fraternité. Tout n’était qu’illusion, que sublime comédie.

Intérêt Général, République, Démocratie. Des mots vidés de leur sens, de leur substance.

Comme une évidence, c’était la République du Secret, ô splendide oxymore !

La porte était encore une béance : une clameur festive et absurde parvenait jusqu’à lui.

Si le Peuple se donnait la peine de savoir, ce que...

Kafka et « Personne »

Notes :

- certaines phrases sont celles de F. kafka, elles sont tirées du début du « Procès »,

- étymologie de « perquisition » : « action de rechercher » ; sens de « inquisition » : « 1°Vx. Enquête, recherche », « 3° Enquête ou recherche rigoureuse et vexatoire » (Le Robert).

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Ukraine : Histoires d’une guerre
Michel Segal
Préface Dès le premier regard, les premiers comptes-rendus, les premières photos, c’est ce qui frappe : la « guerre » en Ukraine est un gâchis ! Un incroyable et absurde gâchis. Morts inutiles, souffrances, cruauté, haine, vies brisées. Un ravage insensé, des destructions stériles, d’infrastructures, d’habitations, de matériels, de villes, de toute une région. Deuil et ruines, partout. Pour quoi tout cela ? Et d’abord, pourquoi s’intéresser à la guerre en Ukraine lorsque l’on n’est pas même ukrainien ? (...)
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