Le licenciement durant plusieurs fois concernera 500 000 travailleurs (à terme, ce sera un total d’un million), et non 500 000 fonctionnaires. La mesure touche l’ensemble de l’activité économique, et non les employés de l’administration publique. Je rappelle qu’à Cuba, l’énorme majorité de l’activité économique est aux mains de l’État.
Cet énorme quantité de travailleurs excédentaires est tout simplement le fruit aussi bien des bienfaits que des méfaits d’un socialisme cubain qui s’est toujours voulu et continue de se vouloir à la mesure de l’homme et non de l’économie, de la parfaite utopie qui voulait, dans un pays pauvre (et victime d’un blocus ; voir plus bas), en faire plus que ne pouvaient les conditions matérielles , de vouloir forcer le destin au point de convertir « l’étude en une forme d’emploi » (ce qui sera aussi supprimé, ainsi que d’autres formes de subventions). Bref, qui continue de croire dans un monde qui n’y croit plus (guère : il reste encore quelques îlots) qu’un autre monde est possible.
Curieusement, des gens comme cet Henri (que je hais cette utilisation de pseudos qui permet de dire n’importe quoi sous couvert d’anonymat !), mouillés jusqu’au cou dans l’impensée unique, qui voient rouge dès qu’on parle de quelque chose qui ressemble à une vie différente (ou du moins la tentative ou l’aventure de créer autre chose) et qui sont de toute évidence de leur sort et de leur société, semblent avoir le coeur chaviré devant cette restructuration de l’économie… Pourtant, c’est bien ce qu’on a toujours demandé à Cuba (ça apparaît même comme une des justifications de la Position commune européenne) : ouvrir les portes à l’ « initiative privée ». Comme quoi, comme dit le proverbe espagnol : « Des coups pour ramer, et des coups aussi pour ne pas ramer »…
M. Henri, s.v.p., lisez la déclaration de la CTC attentivement, et vous constaterez dans quel esprit se fait cette restructuration… Mais, de toute évidence, ça ne vous intéresse pas : ce qui vous intéresse, c’est dire de vraiment grosses bêtises sur un pays et une révolution que vous connaissez visiblement pas, car ce que vous nous livrez là ce sont purement et simplement des clichés.
Je me demande, Viktor, Maxime et les autres : faut-il perdre son temps à vouloir convaincre des Henri qui accolent, pour analyser Cuba, les filtres d’intelligibilité qu’ils appliquent à leur société française… ? Et dont les arguments sont parfois risible, voire, à la limité, tout bonnement idiots : mettre sur la balance les huit enfants soignés en Israël (je me réjouis pour eux, bien entendu) et les millions de pauvres soignés gratuitement et rendus à la vue (et à la vie) et les centaines de milliers d’handicapés visités à domicile (et traités ensuite) dans le cadre des programmes sanitaires de l’ALBA dont le moteur est Cuba), c’est comparer des choses qui ne sont pas comparables. Bien entendu, cet Henri n’a jamais entendu parler des enfants de Tchernobyl… Sur ce point précis, voilà le revers de la médaille (je me demande : faut-il que Cuba les envoie en Israël pour se faire soigner….)
Extraits du dernier rapport de Cuba à l’ONU sur le blocus étasunien (présenté voilà deux jours) :
« Les enfants cubains restent victimes innocentes de la politique de blocus étasunienne.
"¢ Le Centre cardiologique pédiatrique William Soler a été inclus en 2007 par le département du Trésor étasunien dans la catégorie d’ « hôpital dénié », ce qui implique qu’on lui impose des conditions quand il veut acheter des produits et quand on le lui refuse s’il ne se plie à ces exigences. Ceci a entraîné de nombreux préjudices au dépense de différentes techniques chirurgicales, faute de pouvoir acheter sur le marché étasunien du matériel approprié pour enfants, comme des cathéters vésicaux et trachéaux de meilleure qualité, des sondes et de stents, entre autres.
"¢ Les enfants cubains n’ont pas droit au dispositif étasunien Amplatzer, fabriqué à partir de matériaux spéciaux pour éviter le rejet organique, qui sert à la fermeture percutanée de la communication interauriculaire (fermeture de l’ouverture défectueuse entre les artères aorte et pulmonaire, connue comme cathétérisme interventionniste), et évite donc la chirurgie à coeur ouvert qui, non contente d’être risquée, exige des soins intensifs et trois semaines de rétablissement.
A la liste des années précédentes, s’ajoutent quatre nouveaux cas d’enfants dans l’attente d’une opération :
1. Maràa Fernanda Vidal, 5 ans, La Havane, HC 680347.
2. Cyntia Soto Aponte, 3 ans, La Havane, HC 668739.
3. Mayuli Pérez Ulboa, 8 ans, Ciego de Avila, HC 691064
4. Lianet D. Alvarez, 5 ans, Camagüey, HC 04110975335
"¢ La société étasunienne ABBOT n’a pas le droit de vendre à Cuba le Sevoflurane, son agent anesthésique général inhalateur, à induction rapide, ce qui le rend idéal chez les enfants, et excellent agent de production de myocarde devant des épisodes d’ischémie chez des patients anesthésiés en vue de revascularisation ; pas plus que d’autres médicaments génériques de moindre qualité et ayant des effets contraires sur le patient, tel son Levosimendan. »
Sur les dommages économiques
« Les dommages économiques directs infligés au peuple cubain par le blocus économique, commercial et financier des USA se sont chiffrés, au bas mot, jusqu’à décembre 2009, à prix courants, à plus de 100 154 000 000 de dollars.
« Ce montant s’élèverait de 239 533 000 000 de dollars si les calculs étaient faits en prenant pour base l’inflation des prix de détail aux USA, selon le CPI Calculator de l’U.S. Department of Labor, Bureau of Labor Statistics (http://www.bls.gov).
« Compte tenu du fait que la valeur du dollar, calculée à partir de la cotisation de l’or sur le marché financier international, a diminué de plus de trente fois de 1961, quand le cours de ce métal était fixé à 35 dollars l’once, à la fin 2009 où il a dépassé les mille dollars, le préjudice total infligé à l’économie cubaine se monterait à 751 363 000 000 de dollars. » (Note sur ce dernier chiffre : « Pour calculer ce chiffre, on a utilisé la série des montants des préjudices causés par le blocus depuis 1961 et on a déterminé les montants annuels en dollars de chaque année. On a utilisé les cours de l’or en vigueur sur le marché mondial à la fin de chaque année, tirés de la série statistique publiée sur le site Web USA Gold (http://www.unagold.com). Pour déterminer toutes les fois où le dollar a perdu de sa valeur face à l’or, on a divisé le cours de l’or à la fin de l’année 2009 avec les cours de chaque année, ce qui a permis de constater que le dollar s’était déprécié de 31,1 fois entre 1971 et 2009.)