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Europe : Lettre ouverte de Léon Landini à Alexis Corbière

Dans une lettre ouverte à Alexis Corbière, secrétaire national du PG, Léon Landini, président du PRCF, résistant de toujours (FTP-MOI), toujours engagé dans la lutte pour un monde meilleur fait le point sur les enseignements à tirer de la situation grecque et européenne. Sur les perspectives politiques à construire pour mobiliser la résistance populaire et construire une alternative politique progressiste, démocratique, permettant aux travailleurs de faire primer les intérêts du monde du travail en brisant les chaines de l’Union Européenne du Capital, en sortant de cette prison des peuples qu’est l’Euro.

Bagneux le 11 août 2015

Cher Alexis,

J’ai 90 ans, c’est un âge où les aléas de la vie ne me permettent plus d’accomplir tout ce que je souhaiterais faire.

Pourtant, je veux que tu saches que je n’ai pas oublié l’invitation téléphonique que je t’avais adressée au début de l’année pour que nous puissions un jour déjeuner ensemble.

J’espère et souhaite que nous arriverons à nous libérer avant la fin de l’année et que je pourrai ainsi tenir mon engagement.

Entre mon état de santé défaillant et (même si j’en fais peu) les multiples tâches qui m’incombent comme président du PRCF, je n’ai que rarement la possibilité de me rendre libre.

Toutefois, ce qui m’a incité aujourd’hui à t’écrire, c’est parce que je viens de prendre connaissance par internet, de l’interview que tu as donné à Marianne.

Après sa lecture, je souhaite te donner mon opinion sur certaines de tes réponses qui m’ont désappointé.

Pour t’avoir vu et entendu plusieurs fois à la télé, j’avais l’impression que par nos analyses sur la situation nationale et internationale nous n’étions pas très loin l’un de l’autre, mais tes réponses à Marianne m’ont fait comprendre que nous n’étions pas tout à fait sur la même longueur d’onde.

Afin de dédouaner (de ce que j’appelle une trahison) ton ami Tsipras, tu réponds :

« IIs ont placé un révolver sur la tempe d’Alexis Tsipras ».

Tout d’abord, si Tsipras avait eu un peu de dignité, il aurait refusé toutes négociations sous la menace, car on ne négocie pas avec des individus qui vous posent « un révolver sur la tempe ».

Accepter de négocier dans ces conditions relève de la lâcheté et de la trahison et je n’arrive pas à comprendre que tu puisses encore essayer de défendre un individu qui ne m’inspire aucune confiance.

Et tu ajoutes :

« et ont surtout voulu infliger une punition au gouvernement Syriza qui avait eu l’audace de les défier ».

Penses-tu sérieusement que c’est au gouvernement Syriza que sera infligée cette punition ? Tu sais aussi bien que moi que la punition ce sera au peuple Grec qu’elle sera très durement infligée et cela avec l’assentiment de Tsipras.

Mais revenons au fond du problème.

L’Union européenne, souhaitait appliquer à la Grèce (pays de référence pour les règles d’austérités qu’elle souhaite imposer aux autres nations européennes) des règles de rigueur très dures.

Tsipras venait d’être élu à la tête d’un gouvernement. Pour être élu il lui avait fallu mener un combat contre l’austérité, combat correspondant à la volonté du peuple de son pays.

Une fois élu, il lui était alors difficile d’accepter de bon cœur, les nouvelles règles d’austérité que l’UE voulait lui imposer.

Pour de ne pas avoir de paraitre se renier, en acceptant sans rechigner l’austérité que l’Union européenne voulait appliquer au peuple Grec, il avait trouvé une solution, c’était d’effectuer un référendum pour ou contre l’austérité, en espérant que les résultats de ce référendum seraient équilibrés et que cela lui permettrait de chercher de faux fuyants. (Les sondages ne disaient-ils pas qu’ils étaient à 50 % contre 50 % ?)

Mais la victoire du NON avec 61% des voix, dépassant toutes les « espérances » aurait dû le contraindre à refuser toutes nouvelles règles, amenant son pays vers une plus grande misère encore.

La victoire du NON avait affolé Merkel, Hollande et compagnie, il n’y avait qu’à les voir se démener devant les médias, un peu comme si le ciel leur était tombé sur la tête, ils craignaient que si la Grèce arrivait à quitter l’euro, cela ne soit que le prélude de l’éclatement de cette Union Européenne que beaucoup de peuples contestent.

Cette Union Européenne qui nous a été imposé alors que nous l’avions rejeté lors du référendum de 2005.

Afin de rassurer les grands financiers internationaux, Tsipras a immédiatement déclaré devant les médias qu’il ne s’agissait en aucune façon de quitter l’euro, pas plus que l’Union Européenne. Cette déclaration allait à l’encontre de ce qu’espéraient 61 % de Grecs qui avaient voté NON à l’austérité.

Totalement rassurés, les équipiers de « l’euro-Merkel » pensèrent alors qu’infliger une forte punition à la Grèce, était pour eux une fabuleuse occasion d’effrayer les peuples qui aspiraient de reconquérir leur Indépendance.

En conséquence ils exigèrent de la Grèce une austérité beaucoup plus importante encore que celle réclamée avant le référendum.

Et voici que Tsipras, au lieu de refuser tout net l’inacceptable, accepta alors toutes les nouvelles conditions exigées. Celles-ci étant bien pires que celles proposées avant le référendum.

L’excuse, « d’un révolver sur la tempe » est une excuse minable cherchant à couvrir une trahison.

Et il n’est pas très honorable de votre part de vouloir faire croire aux français que son accord relève d’un acte de courage.

C’est d’ailleurs ce que fait, sans aucune vergogne, Pierre Laurent, dans un tract distribué dans les boites à lettres de Bagneux. Voici comment il change une trahison en un acte d’héroïsme : « GRECE. Si un accord est signé, c’est grâce au courage d’Alexis Tsipras ».

Le courage c’est de ne pas céder devant une menace quelle qu’elle soit et non pas de se déculotter.

Je te rappelle que 52 de mes compagnons FTP-MOI des bataillons Carmagnole-Liberté sont morts sous la torture, pas un seul, oui, je répète, pas un seul n’a parlé et j’ajouterai avec ou sans révolver sur la tempe.

C’est cela le courage, celui qui rend des hommes digne de respect !

S’ils ont pu supporter l’insupportable c’est parce qu’ils étaient convaincus que leurs sacrifices ne seraient pas vains, ils allaient mourir pour que la France redevienne une grande Nation : Libre, Forte, Indépendante, Démocratique et Souveraine.

Passons à présent à un autre sujet : Dans ton interview tu déclares :

« Nous sommes une nation souveraine qui doit se faire respecter ».

Et immédiatement après tu ajoutes :

« En dernier ressort, la France s’est honteusement alignée sur l’Allemagne ».

Excuse-moi, mais de quelle souveraineté veux-tu parler, si en dernier ressort nous devons, honteusement nous aligner sur l’Allemagne ?

En revanche une phrase a retenu toute mon attention mais elle m’a également intrigué en tenant compte de l’attitude de ton Parti, lorsque tu dis :

« Pour nous les traités qui fondent cette Union européenne sont illégitimes ».

Et alors si ces traités sont illégitimes, qu’attendons-nous pour nous débarrasser de ce carcan ? Car tu sais très bien qu’en 2005 prés de 16 millions de français avaient répondu NON à l’assujettissement de notre pays à l’Union Européenne.

Tu t’appuies également sur les déclarations d’Asensi.

Je te cite :

« François Asensi qui a déclaré au JDD : « Cette crise a changé ma perception de l’euro, c’est aujourd’hui un instrument des politiques d’austérité et de réduction des dépenses publiques. C’est un carcan qui s’oppose à toute politique sociale. Un carcan dont il faut peut être en sortir ».

Je suis stupéfait de la rapidité avec laquelle il en est arrivé à ce point de sa réflexion.....

Il y a 25 ans je m’opposais déjà publiquement dans la revue La Presse Nouvelle à cette Constitution européenne en préparation.

Conclusion, puisque devant les épreuves endurées par la Grèce et celles que l’on nous réserve, vous en êtes arrivés pratiquement aux mêmes conclusions que les nôtres, en disant « un carcan donc il faut peut être en sortir » Pourquoi peut être ? Faites donc ce dernier pas avant que cela ne devienne impossible, rejoignons-nous dans ce combat et ensemble débarrassons-nous de ce carcan.

En commun faisons en sorte que pour les Français nous soyons les vrais, les seuls défenseurs d’une Nation Libre, Indépendante, Démocratique et Souveraine et ne laissons pas ce terrain inoccupé, afin qu’il puisse être investi par la droite-extrême et par des lepénistes non repenti, car nous commettrions là, une erreur qui coûterait très cher au peuple de notre pays.

Rencontrons-nous officiellement et étudions ensemble le chemin à suivre pour rétablir une véritable République et non pas celle que nous prépare les « pseudos » républicains de l’UMP.

OUI ! Comme cela se disait il y a quelques années : Tous ensembles ! Tous ensembles ! J’ajouterai tous ensemble, mais en même temps.

En espérant que ce présent courrier permette de faire un pas vers l’union des forces populaires, antifascistes et anti-UE et que nous ne laissions pas des mots comme la défense de la Nation et des Libertés galvaudés par l’extrême-droite.

La République, le Drapeau Tricolore et la Marseillaise (en ce qui me concerne j’ajouterai l’Internationale) appartiennent au peuple révolutionnaire de France ne les laissons pas salir par des gens de droite ou par des pétainistes non repentis.

Avec mes cordiales et sincères salutations. Léon LANDINI.

Léon Landini préside le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF)

»» http://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/europe-let...
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La Chine sans œillères
Journaliste, écrivain, professeur d’université, médecin, essayiste, économiste, énarque, chercheur en philosophie, membre du CNRS, ancien ambassadeur, collaborateur de l’ONU, ex-responsable du département international de la CGT, ancien référent littéraire d’ATTAC, directeur adjoint d’un Institut de recherche sur le développement mondial, attaché à un ministère des Affaires étrangères, animateur d’une émission de radio, animateur d’une chaîne de télévision, ils sont dix-sept intellectuels, qui nous parlent (...)
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