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Guerre froide, le retour ?

Le Pentagone a-t-il ouvert la boîte de Pandore ? Tout le laisse croire si l’on excipe des réactions indignées de la Russie et de la Chine, notamment. Ainsi, le rapport du Pentagone sur la nouvelle « Posture nucléaire » des Etats-Unis a jeté un pavé dans la mare ravivant les tensions sur un vecteur sensible, celui de l’armement atomique.

Les auteurs du rapport qui citent nommément la Russie, indiquent que cette expertise serait, selon eux, une « réponse à l’expansion des capacités (nucléaires) de la Russie », comme des « menaces » qui « émaneraient » de la Chine, de la Corée du Nord et de l’Iran. Il est facile, lorsque l’on se met dans la situation de décider pour tout et pour tous, d’attribuer les bonnes et mauvaises notes, de dire qui peut faire quoi [un pays comme Israël, le rare Etat du monde à ne pas adhérer au TNP (Traité de non-prolifération nucléaire) ni parapher le Ctbt (interdiction des essais nucléaires) a le droit d’entretenir l’ambiguïté sur son arsenal nucléaire, ou refuser d’être inspecté par l’Aiea (agence onusienne de l’énergie atomique)] et qui ne peut rien faire sans y être autorisée et contrôlée (c’est le cas de l’Iran et de la Corée du Nord).

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et en particulier suite à l’effondrement du bloc communiste, les Etats-Unis se sont comportés en maîtres du monde et usé de leur puissance militaire, notamment nucléaire, pour contraindre des pays tiers à la soumission. Or, depuis quelques années, les Etats-Unis se sont engagés dans une vaste restructuration de leur arsenal nucléaire singulièrement en modernisant et en le miniaturisant. Ainsi, les Etats-Unis usent de la force et de la peur comme vecteur de dissuasion. De fait, le porte-parole du Pentagone, Greg Weaver, l’explicite parfaitement, lors de la présentation à la presse de la nouvelle « Posture nucléaire » des Etats-Unis, lorsqu’il souligne : « Nous avons conclu que notre stratégie et nos capacités actuelles étaient clairement perçues par les Russes comme potentiellement insuffisantes pour les dissuader ». D’autant plus que ce qui inquiète Washington, c’est le « retour déterminé de Moscou à la concurrence entre grandes puissances ». Nous y voilà. Sans le dire textuellement, les Etats-Unis veulent demeurer l’unique puissance nucléaire opérationnelle dans le monde, en interdisant aux autres pays – surtout ceux qui n’ont pas le profil adéquat ou ne comptent pas parmi leurs amis – soit de développer leur propre force de dissuasion (comme la Corée du Nord) ou de renouveler un armement obsolète. Ce que les Etats-Unis eux-mêmes mènent depuis des années, cela sans nous appesantir sur le développement des armes spatiales sur lesquelles ils sont les seuls à travailler. Or, les Etats-Unis, nonobstant leur puissance militaire selon toute probabilité écrasante, ont-ils pour autant autorité pour décider de leur propre chef qui peut et qui ne peut pas se hasarder dans des secteurs déclarés – par qui ? – interdits ? Le problème de fait, dans ce vecteur aujourd’hui controversé du nucléaire est qu’il n’existe pas de force indépendante capable d’arbitrer et effectivement de contrôler et, si nécessaire, sanctionner. L’ONU a largement montré son incapacité à jouer ce rôle. Lorsque les Etats-Unis et l’ex-Union soviétique ont signé les accords de réduction de leurs arsenaux nucléaires, les vérifications de leur application n’a pas été confiée à l’agence de l’ONU, l’Aiea, mais à des experts étasuniens et russes. Depuis la chute de l’ex-URSS, le monde a changé et la Russie a repris sa place de puissance mondiale, avec laquelle, d’une manière ou d’une autre, il faudra de nouveau compter.

Le danger potentiel d’une guerre qui risque d’être nucléaire est bien du fait des Etats-Unis qui activent dans un secteur qu’ils prétendent interdire à d’aucuns, comme le confirme le rapport sur la nouvelle « posture nucléaire » rendu public vendredi. Le président des Etats-Unis, Donald Trump, n’avait-il pas menacé en septembre dernier, du haut de la tribune des Nations unies, de réduire en cendres la Corée du Nord et que toutes les options, y compris nucléaire, étaient sur la table ? Quand un pays – surtout lorsqu’il est considéré comme la première puissance mondiale – use de l’intimidation et brandit l’arme atomique contre les récalcitrants, il y a alors danger en la demeure. Il est patent que l’on ne défend pas les causes dites justes – si défense il y a – en imposant d’abord un rapport de force mu par le chantage et la peur. Or, cette façon de faire conforte la Corée du Nord dans sa volonté d’acquérir la puissance nucléaire pour se prémunir de toute attaque. D’autres pays peuvent suivre l’exemple de Pyongyang. Avec cette nouvelle donne, la course à l’armement, ce qui est probable est que le monde risque de revenir à l’équilibre de la terreur – un modus vivendi entre Russes et Etasuniens – marquant la guerre froide durant près d’un demi-siècle entre les Etats-Unis et l’URSS. Dès lors, un pays aussi puissant soit-il a-t-il tous les droits comme celui de mettre la sécurité de la planète en danger ? Telle est la question !

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