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L’écrasante responsabilité européenne dans la Naqba palestinienne

"Personne ne choisit d’être un réfugié"

« Le monde pense que Gaza est occupée par Israël. La vérité, c’est que le monde arabe est occupé par Israël… à l’exception de Gaza ! » - Abu Yazan, Gaza

Après tant d’années d’incessantes souffrances du peuple palestinien, tant d’hypocrisies de nos Etats dans les misérables réponses qu’ils y apportent, et une pression citoyenne qui s’intensifie, il faut dire l’écrasante responsabilité qu’a l’Europe dans cette tragédie. Afin de la contraindre à être enfin à la hauteur dans sa manière d’appréhender cette criante injustice, tant pour les antagonistes que pour la pacification des relations entre les citoyens des pays arabes et ceux de l’UE dont les destins sont de toute évidence, indissociables. Vu de la dislocation de toute la région après les interventions meurtrières des EU et de ses alliés de l’OTAN, ne pas avoir le courage nécessaire pour revoir complètement notre approche fait courir le risque d’un embrasement généralisé qui mènera à une déflagration dont personne ne peut prédire les conséquences.

Cette Europe si prompte à donner des leçons de « démocratie » partout où elle se sent forte, mais si pleutre dès qu’elle se sait en position de faiblesse – c’est dire, le courage et la probité de ses ténors – cette Europe si habile à se renier dans les faits face aux multiples textes de Droit qu’elle émet, cette Europe du double langage permanent doit avoir l’audace et la volonté de se désolidariser de l’attitude arrogante de l’Empire qui pense pouvoir redessiner la carte du monde au gré de ses seuls intérêts. En se rappelant, avant qu’il ne soit trop tard, que les EU ne resteront plus pour longtemps l’incontestable puissance à dicter ses priorités et qu’en outre, l’histoire a démontré leur capacité aux retournements instantanés dès que leurs intérêts sont menacés.

Il faut regarder en face l’incommensurable désolation qui dévaste l’Irak… la Libye… la Syrie… l’Afghanistan… la Palestine… et tous ces lieux où l’Occident est allé s’occuper de ce qui ne le concernait pas, sous couvert de « droit d’ingérence… démocratie… et blablabla… » ! Avant on colonisait au nom de la croix, maintenant que c’est passé de mode, on colonise sous label de « démocratie », alors qu’en vérité, nous n’intervenons que pour aller piller ce qui nous intéresse. Comment s’étonner après, que ces populations nous en voudront pour des décennies et qu’elles nous rejettent, nous et notre foutue « démocratie » !? Si l’on pouvait un instant, un seul instant, une seule minute se mettre à leur place et ressentir ce qu’elles ont traversé ces années durant…

Et je veux dénoncer, lourdement, cette bien-pensance européenne qui voudrait tellement se débarrasser de son passé si encombrant, mais dont je me demande au vu des faits actuels, s’il n’y a pas là un atavisme qu’il s’agit de questionner sérieusement, afin de l’expurger une fois pour toutes… Parce que quand même : combien étaient-ils ces Européens partis à la conquête des Amériques du Nord et du Sud pour y imposer leurs dictats par le fer, le feu et la croix et dont le manque d’informations de l’époque n’a pas permis de dénoncer le plus grand génocide de tous les temps à l’encontre des Indiens ; puis, combien étaient-ils ces Européens allés continuer leurs forfaits en Asie et en Afrique sur le dos de populations asservies qui des années durant ont versé des tombereaux de sang pour arracher et retrouver leur indépendance au point que l’on se demande si la terre rouge d’Afrique n’en est pas imprégnée à jamais ; et combien étaient-ils ces bons chrétiens qui savaient ce qui se passait dans les camps nazis pendant la dernière guerre, sans sourciller ; tout comme la Sainte Mémère l’Eglise bien muette pendant ces mêmes années de génocide des juifs, des homos et des Roms ; … je continue ?... Comme le dit très justement Fadwa Nassar, « la vraie histoire de l’Occident barbare reste encore à écrire et enseigner »…

Il faut rappeler, encore et encore que, non seulement l’actuelle situation de la Palestine est un reliquat du passé colonialiste de pays européens, mais que cette même Europe après avoir massacré des juifs pendant des dizaines d’années, participe maintenant en soutenant Israël, au massacre des Palestiniens depuis des dizaines d’années. Edifiant tableau qu’offrent les ténors de cette Europe, qui aimeraient bien ne plus trop intervenir dans ce dossier, avec ce courage qui les caractérise tant. S’il en fallait encore une preuve, il n’est qu’à voir Tony Blair – celui-là même qui fut à la pointe de la guerre en Irak où les tragédies continuent chaque jour – nommé Représentant du Quartet (ONU, UE, EU, Russie) dans ce dossier. En d’autres mots, l’homme qu’il fallait pour que rien ne bouge dans le bon sens, trop occupé à s’enrichir par ses conférences ici-et-là…

Nos gouvernements ont colonisé pendant des siècles, ont dévasté sans vergogne des pays et leurs habitants, et non contents de ces crimes innombrables, continuent leurs forfaits en inversant les rôles dans le drame palestinien, répétant à l’unisson que l’agresseur a le droit de se défendre de celui qu’il agresse. Autrement dit, un assassin a le droit de se défendre contre sa victime ! Puis, ceux-là viendront l’air grave et l’index accusateur en direction de leur jeunesse basanée, marteler à chaque occasion qu’il ne faut pas importer le conflit, quand manifestement ce sont leurs discours et leurs attitudes de lâches qui l’importent un peu plus chaque jour !

Je pense d’ailleurs qu’à regarder cette position attentivement, elle révèle un fait plus grave encore : le racisme toujours bien ancré et non-résolu est transféré pour une grande part aujourd’hui de l’antisémitisme en islamophobie. Ce qui veut dire, dans son prolongement, que le soutien à Israël pour l’instant n’est qu’une façade, et il est clair que si le sujet n’est pas travaillé en profondeur, ce transfert reviendra tel un boomerang à son point d’origine, et l’antisémitisme ressurgira de plus belle. L’un comme l’autre ne sont que des déclinaisons d’un racisme ambiant. Et quand des farfelus clament dans les médias que la France est le pays le moins raciste du monde, c’est une expression imbécile et immature qui masque tout son contraire. C’est comme l’enfant pris en faute et qui s’écrie : c’est pas moi ! Mais sans que ceci ne justifie cela, que les Français ne se sentent pas visés, ils ne sont pas seuls. C’est l’ensemble de l’UE qui retombe lentement mais surement dans ses vieux démons. N’est qu’à voir la montée des partis xénophobes un peu partout. Et la manière décomplexée de certains de ne plus s’en cacher, voire même de le revendiquer, avec en sus, un audimat en hausse !

Ne nous y trompons pas : en ces moments tragiques pour nombre d’individus qui paient de leur sang, de leur vie cette abjecte loi du plus fort, si nos élus censés représenter les peuples ne s’indignent ni n’agissent de manière plus ferme vis-à-vis d’un Etat qui a ainsi carte blanche pour poursuivre ses crimes impunément, cela masque en réalité un racisme qui fleure à plein nez ! Toujours là, bien présent, rampant, puant, avec cette malignité qui le fait se travestir sous des formes les plus inattendues parfois, pour tenter de passer inaperçu… il rôde, et ses conséquences sont sans appel : hier, les Indiens, les Africains, l’Indochine, les juifs, aujourd’hui les Arabes, les musulmans, les Roms… L’Occident qui se prétend civilisé grâce à sa technologie, garde et perpétue son instinct dominateur, colonisateur et profondément barbare. Mais, pensant pouvoir s’exonérer de ses responsabilités, se drape dans des textes, des déclarations, des lois, des résolutions qui ne lui coûte pas grand-chose à vrai dire… d’autant qu’il ne les applique que dans ses intérêts ! Sans parler des chèques obscènes versés aux survivants des massacres qu’il organise lui-même ! Plus veule et hypocrite que ça…

Il y a quelques jours, après la destruction d’une école de l’ONU à Gaza, les plus hautes instances internationales ont condamné ce nouveau crime de l’armée israélienne. La belle affaire… l’encre à peine sèche, les EU présidé par le rayonnant Prix Nobel de la Paix, Obama – voyez la farce de nos « démocraties » ! – se sont empressés de livrer des stocks d’armes et de munitions à Israël afin de poursuivre dans l’horreur et l’innommable. Estimation : 1 milliard de dollars ! Et une nouvelle école de l’ONU vient d’être bombardée. Dans la foulée, les EU ont intimé à l’occupé qu’il cesse de se défendre et dépose les armes. Ben oui, abruti : pose donc ta nuque de bicot sur le billot ! Le lendemain, le Congrès américain a autorisé un versement de plus de 200 millions de dollars pour parfaire le système de défense et soutenir encore plus Israël. Vive le business le plus juteux de la planète qui se fait sur les cadavres d’innocents, dont de nombreux enfants arabes. Ce week-end, après une trêve annoncée de 3 jours, le falot Ban Ki Moon, larbin de Washington, a exigé – rien de moins ! – de la résistance palestinienne qu’elle libère « immédiatement et de façon inconditionnelle » un soldat soi-disant enlevé pendant le cessez-le-feu, dont le Hamas depuis le début nie le rapt. Mais ceux-là n’ont pas besoin de preuves, le coupable est désigné d’avance ! Et il y a quelques heures, Israël a reconnu avoir bombardé une nouvelle école de l’ONU, ce qui a quand même (non, mais…) provoqué la « consternation » des EU. Ah, ouf… Cherchez l’erreur : on encourage une armée et on la finance pour qu’elle continue à perpétrer ses crimes contre des civils, et on sanctionne une population exsangue parce qu’elle ose se défendre de cette barbarie occidentale ! A se demander si ces gens-là ont encore une once de moralité, et s’ils ont bien pris la mesure de ce qui est en train de se passer un peu partout dans le monde…

Le seul continent à sauver la mise est l’Amérique latine d’où partent aujourd’hui les condamnations les plus claires et les plus fermes vis-à-vis de la politique coloniale d’Israël. Ces pays que l’on regarde encore d’ici avec tant d’arrogance et de mépris parce qu’ils osent nous défier, nous Occidentaux ! L’hypocrite UE préfère quant à elle s’aligner sur les EU et condamner imprudemment la Russie dans le soutien insensé à tenter de lui arracher son influence en Ukraine pour l’épingler comme fleuron supplémentaire de l’OTAN, plutôt qu’Israël où les crimes et les massacres sont quotidiens malgré des cessez-le-feu tout aussi improbables que violés aussitôt, puisque la diplomatie américaine décrète dans le même temps le droit d’Israël de continuer à se défendre !

Cette responsabilité de l’Occident et de l’UE en particulier dans le conflit israélo-palestinien est donc ÉCRASANTE, à TOUS niveaux ! C’est par cette complicité assassine que l’Occident partisan, injuste et profondément raciste fait que la Naqba palestinienne se prolonge depuis plus de 65 ans !

Et à la longue, après tant et tant d’injustices accumulées dans certaines régions du monde, comment oser accuser la jeunesse d’origine immigrée d’importer le conflit en nos frontières !? Je la trouve au contraire, particulièrement responsable et m’étonne même qu’elle ne se révolte pas plus. Dans tous les cas, et même si c’est terrible à dire, je suis obligé de constater que c’est l’attitude de nos irresponsables politiques qui risque de favoriser bien d’autres 11 septembre…

Certains Européens qui ne sont plus dupes de ces manigances et refusent de se laisser entraîner dans ces veuleries exigent que justice soit rendue au peuple martyrisé de Palestine qui chaque jour continue à payer nos sales ardoises ! Et il faut que les ténors politiques et médiatiques l’entendent de façon bien claire pour qu’ils ne s’imaginent pas que, comme les fois précédentes, leurs déclarations verbales vont suffire, et que la mobilisation citoyenne retombera au cours des prochaines semaines ou dès la rentrée de septembre. L’exemple des résistants palestiniens irréductibles est tel, qu’il va au contraire nous servir de leçon pour empêcher de nous taire devant les injonctions iniques de nos gouvernements, quand ceux-ci voudraient tant nous voir abandonner cette culture de la résistance !

Ceux qui ne comprennent pas encore que la roue de l’Histoire ne s’arrête pas de tourner deviennent dangereux à présider au destin des peuples. Et s’ils se montrent incompétents pour changer de cap comme l’urgence l’exige en Palestine, préférant faire diversion, sonner le tocsin et déposer des fleurs en commémoration d’une guerre d’il y a 100 ans et où cela ne les engage en rien, qu’ils commencent à se méfier que la rue ne les traque jusque chez eux, pour leur faire sentir sa détermination ! Sans parler de poursuites qui pourraient bien leur être intentées pour non-assistance à peuple en danger et collusion avec l’agresseur américano-sioniste dans leur lent génocide du peuple palestinien. Parce qu’il est clair, évident, éclatant qu’Israël et ses alliés surarmés sont allés « un pont trop loin » et sont en train de perdre leurs sales guerres. Hier contre le Liban, aujourd’hui contre la Syrie, la Palestine, et de façon plus large, contre tous ceux qui ont choisi de résister à leurs dictats profondément injustes. De toute évidence, les deux plateaux de la balance sont occupés à s’inverser…

Si les responsables politiques de nos gouvernements et de l’UE de plus en plus frappés d’autisme n’y prennent garde, ils risquent de se réveiller un jour avec une révolte populaire autrement plus complexe à gérer que les pires émeutes que l’on a connues dans nos pays, et avec des partis extrémistes au pouvoir, ce qui augure de réveils encore plus douloureux que ceux que l’on connaît aujourd’hui et qui ne seront pas sans rappeler de sombres souvenirs.

Et j’en finis par cette phrase remarquable de détermination quand on sait ce que la population de Palestine endure depuis tant d’années, d’Abu Yazan, Gazaoui lucide et courageux qui nous déclare : « Le monde pense que Gaza est occupée par Israël. La vérité, c’est que le monde arabe est occupé par Israël… à l’exception de Gaza ! »

Daniel Vanhove

04.08.14
Observateur civil
Auteur

Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes – 2004 – Ed. M. Pietteur

La Démocratie Mensonge – 2008 – Ed. M. Pietteur

 http://www.info-palestine.eu/spip.php?article14828
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02/09/2014 01:38 par Colas BREUGNON

Et POURTANT, ELLE TOURNE !

En
 ce
 4

juillet
 2011,
 anniversaire
 de 
l’avènement 
de 
la
 « 
démocratie
 en 
Amérique
 », 
rien
 ne
 semble 
avoir
 changé
 sous 
le 
soleil 

de 
la 
Méditerranée
 depuis 
le 
célèbre 
procès 
de 
Galilée. 

A 
l’époque
, 
c’était 
l’Église
 catholique
 qui
 imposait
 aux
 scientifiques
 de
 « 
revoir
 leur
 façon
 de
 penser
 le
 système
 solaire
 ».
 Aujourd’hui, 
c’est
 au 
nom 
de 
la 
Torah 
que 
le 
CRIJF 
impose 
à 
Hachette 
la 
révision
 d’un 
manuel 
d’histoire.


Sous peine d’être qualifié d’« antisémite », Pascal Zachary, coordinateur du nouveau manuel d’histoire contemporaine d’Hachette destiné aux premières S, ES et L, dans le cadre des nouveaux programmes scolaires, vient d’être sommé de modifier le contenu de cet ouvrage scolaire.

Sur son site, le BNVCA [officine sponsorisée par l’Union des Patrons Juifs de France], reproche aux auteurs « d’interpréter les faits historiques », de « tronquer la vérité » et de « prendre parti ». Il a été immédiatement relayé par Richard Pasquier, président du CRIJF, qui impute également à ces mêmes auteurs « une interprétation du conflit israélo-palestinien tout à fait scandaleuse », et demande au ministre de l’Éducation nationale le retrait de ce livre « bourré d’erreurs et de mensonges »

« Un tel manuel est de nature à formater tous les adolescents français à une sorte de palestinisme, qui incite de façon insidieuse à cette haine d’Israël qui depuis 11 ans pousse à l’acte antijuif » .

Le mot « Nakba » [traduit par « catastrophe »] et qui désigne dans le monde arabe l’exode qui a suivi a création de l’État d’Israël en 1948 devra être remplacé par le « mot plus neutre » d’ « exode ». « Il n’y a pas eu que des expulsions mais également de départs volontaires, des gens qui on fuit la guerre ».

On retrouve ici l’art consommé de la subtilité verbale qu’un célèbre nazaréen dénonçait chez certains de ses contemporains, sous le générique de « scribes et pharisiens ».

Ainsi, l’éditeur se voit contraint, sous peine de perdre son marché, de remplacer le « conflit entre deux Nations », par une « expression plus nuancée » dans laquelle « nations » devient « peuples ». On comprend aisément à quel point les mots sont importants à l’heure où de si nombreuses voix s’élèvent, et non des moindres, en Israël même, et en France, pour l’application de la Résolution de l’ONU de 1947 et la reconnaissance de l’État nation palestinien.

Dans le manuel incriminé, les lycéens « risquaient » de devoir se pencher sur la « conquête » ayant « entraîné l’exode ». Après les modifications imposée par la censure, la « conquête » prendra la forme d’ « opération militaire ». Cela vous paraît–il plus « supportable » ?

« On » neutralise, « on » édulcore, pour mieux maintenir les enfants de France dans une « saine ignorance » de la réalité concentrationnaire vécue par le peuple Palestinien.

Cette « domestication des esprits par le langage » illustre à merveille le propos développé en 1947 par Victor Klemperer dans « LTI » [Lingua tertii imperii] et actualisé en 2006 par Éric Hazan dans son « LQR » [Lingua quintae respublicae]

Certains d’entre nous ont encore en mémoire la « saine ignorance » dans laquelle nos instituteurs étaient tenus d’entretenir les « enfants du Maréchal », sous peine de révocation.

C’était l’époque où régnaient en maîtres, sur la presse et la radio [Radio Paris ment, Radio Paris est Allemand …] les censeurs de la « Propagandastaffel » - modèle 1940. Souvenirs de mon enfance, je n’ai pas non plus oublié les « nuances » que les généraux putschistes d’Alger, et leurs « censeurs délégués » en « métropole » imposaient dans les journaux et sur les ondes :

• « guerre coloniale » était remplacé par « opérations de maintien de l’ordre »,

• « torture » par « interrogatoire musclé »,

• « résistant algérien » par « terroriste » ou « fellagha » [« bandit » en arabe (péjoratif) ]…

A l’époque – comme aujourd’hui en Israël – des voix courageuses s’élevèrent, dans toutes les « communautés » vivant alors sur le sol algérien.

« On » fit taire les Alleg, Audin, Eliette Lou, Laban, Maillot, Yveton par la « corvée de bois, le couperet de la guillotine, la baignoire ou les pinces « croco » de la grosse gégène ».

« On », à l’époque, pouvait être ministre de l’intérieur sous Mendès-France, garde des sceaux sous Guy Mollet, garde des sceaux ou premier ministre sous De Gaulle, peu importe : la « Propagandastaffel » - modèle 1950 - assurait la continuité … Et le peuple « Pieds-Noirs » dans sa majorité, se laissa « endormir » par les sirènes de la propagande colonialiste et des factieux de l’OAS …

Il en paya le prix fort en 1962, obligé de choisir entre « la valise ou le cercueil ». Laissant derrière lui ses tombes et la terre de ses ancêtres.

Je souhaite profondément que les citoyens Israéliens, dans leur majorité, retiennent cette leçon de l’histoire et trouvent, tant qu’il en est encore temps, les ressources nécessaires pour faire taire leurs « faucons »

Comme le rappelle fort justement Pascal Zachary, ce professeur d’histoire Nancéen, obligé – à l’instar de Galileo Galilei – de se soumettre aux exigences des délégués français de la censure militaire israélienne, « ces sujets [sont] sensibles car ils touchent la mémoire collective, il faut toujours se rappeler que l’enseignement est un enjeu. »

Souvenons nous de Jaurès, au printemps 1905, dans les Arènes de Béziers, présentant la guerre comme « suprême diversion à la révolution sociale » … moins de dix ans avant l’hécatombe de la première guerre mondiale.

Le prix payé – en millions de victimes – par « les peuples de toutes les nations », dégagea un excellent retour sur investissement pour les marchands de canons, et autres « cent familles », synarchie … etc. , tous ancêtres de l’oligarchie financière qui continue, aujourd’hui, de mettre la planète à feu et à sang.

Et ceux-ci, quelle que soit leur « communauté d’origine », qu’ils jouent à la City, à Wall Street ou à Tel Aviv Stock Exchange [fondée dès 1935 par la Anglo-Palestine Bank], savent fort bien laisser de côté les leurres idéologiques, religieux ou publicitaires qu’ils réservent à « la grande foule » et instillent, dès le plus jeune âge, dans nos « cerveaux disponibles ».
Serait-ce là « l’enjeu » ?

Dans mon dernier « papier », dédié à Jean-Marie Darmian, maire de Créon, en Gironde, je constatais la résurgence du sentiment patriotique en réaction à l’effacement des cultures nationales qu’impose la mondialisation.

Nous avons d’abord assisté, pendant la première moitié du XX° siècle, à l’éradication du domaine yiddish de notre patrimoine culturel européen. Cette perte sèche, les peuples d’Europe la doivent à l’action conjointe :

• des promoteurs de « la solution finale » : la synarchie instigatrice du III° Reich

• et de ceux du « foyer national juif en Palestine » : l’oligarchie, instrumentalisant l’empire anglo-américain et la « déclaration Balfour »

[ Lettre ouverte adressée par Lord Balfour, ministre des affaires étrangères de sa gracieuse majesté, à Lord Lionel Walter Rothschild, banquier, publiée le 2 novembre 1917.

Parmi les raisons évoquées par les historiens pour justifier la décision de Lord Balfour, citons notamment :

• Créer un prétexte altruiste pour préempter la Palestine face à la France

• Protéger les routes commerciales de l’Empire britannique

• Favoriser le recrutement des Juifs de Russie pour la guerre mondiale, plutôt que pour la révolution bolchévique.

• Créer un « état tampon » entre Suez et le Liban français, afin d’avoir un « état ami » dans le monde Arabe, en cas de troubles postérieurs.

• Sauvegarder le canal de Suez …

En 1945, la violence du « traitement » qu’avaient eu à subir les juifs d’Europe, jeta un bon nombre d’entre les survivants dans les bras de ce projet colonialiste mis au point par l’impérialisme anglo-
américain ]

Trente ans ont suffi ensuite, pour transformer la partie ouest de l’Allemagne, en vitrine de Ford, de Général Motors, de Coca-Cola et de Mac Do.

Puis est venu le tour de « l’effacement des traces » en RDA, en Tchécoslovaquie, et en Yougoslavie.

[ Ces deux derniers états–nations avaient été constitués en 1918 et s’étaient alliés à la France de 1925 à 1938, date à laquelle ils furent « sacrifiés » à Munich par Chamberlain et Daladier. ]

Le mouvement s’est accéléré récemment avec l’attaque frontale contre les pays constitutifs du berceau des civilisations euro–méditerranéennes : Grèce et Portugal, d’abord, les Italiens et les Espagnols prenant conscience que leur tour est venu.

Comment ne pas percevoir la convergence entre :

• La violence de l’accaparement des ressources économiques, humaines et culturelles par l’oligarchie nazie dans l’Europe occupée par le III° Reich ...

• La mise en coupe réglée du patrimoine économique, immobilier, et humain de la RDA par la Treuhandanstalt

• La situation actuelle de la Grèce, sommée de brader ses entreprises publiques, son patrimoine historique et foncier, et de réduire de 50% le revenu disponible de ses habitants, sous prétexte de rembourser la « dette budgétaire ».

En imposant sa loi des marchés, l’oligarchie de la finance efface l’Histoire dans laquelle les peuples avaient « pris la forme sujet » ...

Le processus de réécriture est lancé, déjà leurs chiens de garde ne nous concèdent plus que quelques pièces momifiées dans les vitrines des collectionneurs, magnats du luxe ou du pétrole ... Avec le projet de « Maison de l’Histoire de France » et son OPA sur l’hôtel de Soubise, le « Sharkoland » n’est pas en reste.

Car il s’agit bien d’un vrai projet de « [contre]révolution culturelle », les maoïstes diabolisés du 22 mars 1968 ayant été, depuis, recyclés par la classe dominante.

La maîtrise de la langue est stratégique de ce point de vue. La langue maternelle toujours potentiellement porteuse d’un héritage émotionnel et donc de la mémoire collective, ne doit plus être le lieu de la transmission intergénérationnelle.

Les mass media, toujours mieux « contrôlés », sont prioritaires dans ce rôle, sous réserve que le service public de l’enseignement s’effondre. C’est donc cette mission qui est aujourd’hui dévolue aux divers ministres qui se succèdent rue de Grenelle et rue Descartes. Elle permet, a posteriori, d’en comprendre le choix :

Luc Chatel : né aux États-Unis, dans une famille d’industriels, scolarisé dans l’enseignement privé [Jésuites]. Il fait ses débuts professionnels chez L’Oréal, parrainé en politique par Gérard Longuet, ancien du mouvement Occident – mouvement d’extrême droite - avec Devedjian, Madelin et Novelli.

Valérie Pécresse : Scolarisée dans des institutions privées de l’enseignement catholique, à Neuilly et Versailles, elle est la fille d’un cadre dirigeant du groupe Bolloré.

En totale convergence avec Ernest A. Sellière, un autre Neuilléen, elle s’est illustrée récemment dans une défense et illustration du « globish », cette novlangue héritée du « Wall street engliche », et appelée à se généraliser dans toutes les « zones » colonisées par l’empire financier mondial.

L’entreprise de déstabilisation de l’Éducation Nationale, de l’Université et de la Recherche, est à la fois, violente et globale. L’aspect budgétaire, pour en être l’outil fondamental, deviendrait presque un prétexte, tant la soumission de l’intelligence collective au pouvoir des marchés financiers s’impose comme essentielle au « détricotage » de ces institutions.

Aux yeux des « maîtres du monde », l’enseignement constitue un triple enjeu :

• Limiter la transmission des savoirs scientifiques à leur seule vocation d’être « capitalisés par les systèmes de connaissance » propriétés de l’oligarchie.

• Mettre la mémoire collective sous contrôle, c’est-à-dire, pour reprendre les termes utilisés par le CRIJF et le BNVCA, « interpréter les faits historiques », « tronquer la vérité » et « prendre parti ».

• Restreindre l’enseignement des lettres françaises, classiques et modernes, puisque celles-ci n’ont guère plus d’intérêt que « La Princesse de Clèves » … Vue de l’Élysée, la langue de Molière n’a pas d’autre statut que celui de langue vernaculaire !

N.B. : D’après mon vieux « Gaffiot » de 1934, édité – déjà – par Hachette. « vernaculus, a, um : 1 relatif aux esclaves nés dans la maison, … 2 qui est du pays, indigène, national … »

On ne s’étonnera donc pas de voir Luc Chatel, petit doigt sur la couture du pantalon, soumettre l’ensemble de nos manuels scolaires à la « vigilance » des délégués français de la censure militaire israélienne ; jouant sa part, dans le concert de l’abandon de la souveraineté nationale. Parmi toutes les organisations du syndicalisme enseignant, y en aura-t-il une qui – éventuellement – s’en « indignera » ?

Pour faire bonne mesure, le ministre serait bien inspiré de soumettre la révision des manuels traitant de la seconde guerre mondiale, aux héritiers de Louis Renault et François Lehideux …

Et de faire vérifier les chapitres relatifs aux « évènements d’Algérie » par une commission « ad hoc » réunissant le général Aussaresses, Jean Marie Le Pen, quelques anciens d’ « Occident », et les héritiers spirituels de Guy Mollet et François Mitterrand !

La lutte pour la survie de l’humanité passe ici, entre autres, par la défense de la francophonie et de la diversité linguistique et culturelle. N’hésitez pas à jeter un œil à l’excellent manifeste de l’association « COURRIEL » pour la défense de la langue française.

De même la défense de l’École de la République et de l’Université n’est pas qu’un problème corporatiste. Elles sont constitutives de l’identité de la France, au sens où l’entend Fernand Braudel. L’historien lorrain censuré nous a prévenus : nous devons toujours garder à l’esprit que « l’enseignement est un enjeu ».

A défaut d’une réaction à la hauteur de cet enjeu, nous pourrions bien, dans quelques mois, sous une présidence « de gôche »… ou pas, nous retrouver à la Bastille, et entonner, avec Riccardo Muti : « O, mia scuola, bella e perduta ! »

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