La CIA a aidé de manière clandestine la Colombie dans sa campagne contre les FARC

Kiergaard

Le Washington Post révèle, suite à une longue enquête, l’opération clandestine que la CIA a menée pour aider le gouvernement colombien à tuer plus d’une vingtaine de leaders des FARC.

L’enquête du Washington Post permet d’expliquer la récente perte d’influence des FARC en Colombie, alors qu’ils étaient considérés comme une des insurrections les mieux organisées et puissantes il y a quelques années.
À la demande du gouvernement colombien, la CIA et la NSA ont fourni à la Colombie les outils nécessaires pour frapper les FARC en plein cœur, en ciblant ses leaders et généraux. Cette aide a été fournie pour un budget de 2 milliards de dollars qui n’apparaît pas au budget public de la CIA pour l’aide à la Colombie, elle a donc été fournie à travers une opération couverte.

Celle ci a principalement pris la forme d’un partage d’informations, de données d’écoute recueillies par la NSA, et de méthodes GPS permettant de transformer les bombardements de l’armée colombienne en "bombes intelligentes" à même d’atteindre leur cible avec une précision diabolique.

Pour éviter que les bombes fournies soient mal utilisées, la CIA disposait seule des clés permettant d’activer le système GPS de pointe et les autorités colombiennes devaient demander l’autorisation à la CIA pour lancer les opérations.

Sources : U.S. State Department, Pais Libre, Colombian Defense Ministry and the Air Force. Research and data compiled by Elyssa Pachico. Graphic by Cristina Rivero. Map by Gene Thorp.

Un des gros coups a été l’assassinat de Raul Reyes (leader des FARC) en 2008 effectué sur le territoire de l’Équateur selon le même raisonnement que ce qui autorise le programme de drones au Pakistan et au Yémen. Pour prendre des précautions légales, l’avion et le pilote colombien ont largué la bombe dans l’espace colombien, puis la CIA a pris le relais pour guider sa bombe sur le territoire de l’Équateur. Cette opération a crée une grave crise diplomatique en Amérique Latine sans pour autant avoir de trop graves conséquences dans les relations entre États-Unis et Colombie.

L’opération a été autorisée par le gouvernement Bush et a été reconduite sous l’administration Obama. Les questions légales ont été rapidement évacuées en appliquant les mêmes principes qu’avec Al-Qaïda, un assassinat n’était pas illégal dans la mesure où il posait une menace à la sécurité nationale de la Colombie. L’implication des États-Unis était légale dans la mesure où les trafics de drogue menaçaient la sécurité nationale américaine (en substance), comme sous Reagan.

Actuellement, sous la présidence Santos (ancien ministre de la Défense d’Alvaro Uribe), les frappes sont de plus en plus intenses (plus uniquement sur les leaders). Les FARC sont sous constante pression, ne dorment jamais plus de deux jours au même endroit, le gouvernement colombien a récemment repoussé un cessez-le-feu de 30 jours. Certains craignent que ces assassinats et ces frappes ne soient pas accompagnées de mouvements de l’armée pour sécuriser les zones (en bref, qu’il y ait une certaine accoutumance à se contenter de bombarder facilement sans se soucier du moyen et du long terme).

Kiergaard, le 22 Décembre 2013 pour Points de vue alternatifs.

Covert action in Colombia

On the verge of collapse Today, a comparison between Colombia, with its vibrant economy and swanky Bogota social scene, and Afghanistan might seem absurd. But a little more than a decade ago ...http://www.washingtonpost.com/sf/investigative/2013/12/21/covert-action-in-colombia

Image : agrandir

 http://www.points-de-vue-alternatifs.com/2013/12/la-cia-a-aid%C3%A9-activement-la-colombie-%C3%A0-tuer-une-vingtaine-de-

COMMENTAIRES  

27/12/2013 17:01 par Eyrin

Merci pour la confirmation d’opération qui n’ont vraiment rien de nouvelles ni de surprenantes.
On commence malheureusement à connaitre la seule méthodologie des gouvernements US depuis plus de 50ans :
Ils commencent par ruiner les pays avec les dettes des assassins économiques puis si les peuples se soumettent pas ils font régner la terreur en faisant taire toutes oppositions par la corruption, les coups d’état et les meurtres.

Je ne nie pas qu’il puisse y avoir des individus dangereux comme des terroristes près à tuer des civils MAIS l’assassinat n’est pas une méthode.
On les arrête en respectant le droit international (que les USA tordent déjà suffisamment...) puis on les juge devant des cours civiles indépendantes sans les torturer avant... et pas avec des "procès" à la Nuremberg qui n’est que le pendant des "procès" soviétiques.

Mais un jour l’empire ploutocratique US s’effondrera inévitablement comme tout les autres empires.
Ce jour là j’espère que tout les fonctionnaires/militaires US qui n’ont rien à envier à ceux de Vichy devront rendre des comptes internationalement pour leurs kidnappings, guerres, assassinats, génocide, soutien de dictatures et annexion de territoires (les états volés au Mexique).
Enfin vu les chiffres des suicides avec un peu de chance ils s’élimineront tout seul d’ici là.

28/12/2013 09:58 par Dominique

Eyrin, si tu suis le lien et que tu lis l’article du Washington Post, tu te rends compte que c’est encore pire que ça. Vichy, c’est les gouvernements des pays soumis, pas celui des USA. L’article du W.P. est beaucoup plus long que celui-ci. On y apprend par exemple qu’avant la guerre en Afghanistan, l’ambassade US de Bogota était la plus grande ambassade du monde, et qu’en plus il y avait 40 agences américaines et 4500 personnes qui travaillaient en Colombie en dehors de cette ambassade pour ces agences et leurs sous-traitants. L’article, malgré sa longueur, ne parle que des crimes des Farcs et ne dit pas un seul mot de ceux du régime colombien et de ses milices. C’est article manque donc totalement d’objectivité et du début à la fin, il est d’un cynisme total, ce qui en fait une véritable apologie des méthodes criminelles du gouvernement US et de ses sbires.

Ce qui me fait penser qu’un tel article est un coup politique destiné aux Farcs et à l’Amérique latine, un message qui consiste à leur dire soit vous signer ce que le régime colombien vous demande de signer, soit on continue à vous exterminer. Surtout qu’il s’agit bien d’extermination. Sous prétexte de tuer une personne sans la juger, ils tuent tous ceux qui sont avec elle. Et vu la puissance des bombes utilisées, ils ne peuvent sans doute même pas savoir combien ils ont tué de personnes car tout ce qui reste est "un pied dans une botte". De plus ils s’en fichent, ils sont comme les nazis, persuadés d’avoir raison et que tous ceux qui ne sont pas d’accord de se laisser abattre sans résistance ne sont que des terroristes.

Et le pire c’est que si tous les ricains ne sont pas comme ça et de loin, beaucoup le sont. Déjà en Europe la pluralité des médias est très critiquable car ils appartiennent tous à quelques grands groupes de presse, ce qui fait que la plupart de ceux qui vont voter ne savent même pas pour qui ils votent vraiment, mais aux USA c’est encore pire. Tu prends n’importe quel télé-réseau, non seulement toutes les chaînes appartiennent à quelques grands groupe de presse, mais en plus il n’y a pas une seule chaîne étrangère, même pas celles dans une autre langue que l’anglais. Tu vas acheter un journal c’est pareil, tu trouves pas un journal étranger. Donc le son de cloche dominant est encore plus uniforme que chez nous.

De plus les ricains, même les plus cools, en cas de problème, ils réfléchissent pas, ils tapent d’abord. La loi du plus fort, c’est le seul truc qu’ils comprennent. On leur inculque ça dés la naissance. Et c’est sur que quand leur empire va se casser la gueule, ils vont tomber de haut et qu’il ne fera pas bon être aux States à ce moment là car ils vont se régler leurs comptes entre eux. Et avec toutes leurs armes de tous genres, ça va chier grave. Des gens comme Bush l’ont très bien compris, autrement ils n’auraient pas gaspillé leur fric avec des bunkers sous-terrains dans lesquels ils peuvent vivre en autarcie pendant 2 siècles et espérer ainsi pouvoir passer un hiver nucléaire au chaud.

De plus cette politique ne remonte pas à 50 ans. Les USA se sont bâtis sur un crime énorme, l’extermination de millions d’indiens sur l’ensemble du territoire de ce qui est aujourd’hui les USA. Les quelques pour cent qui survécurent à cette extermination furent parqués dans ce qui fut appelé des réserves indiennes et qui en fait étaient des véritables camps de la mort dans lesquels les maladies et la faim remplaçaient les chambres à gaz. La Palestine, mais avec les dimensions d’un continent et sans les œuvres de charité comme la croix-rouge et l’ONU. Aucun gouvernement ne s’est jamais excusé pour ces crimes, ni les gouvernements européens qui continuent à bramer qu’ils ont "découvert" l’Amérique au lieu de reconnaître qu’ils l’ont envahie avec la force la plus brutale, ni aucun gouvernement US qui a reprit les mêmes méthodes déjà avant son indépendance.

Deux ans après leur indépendance, il y a eu une quasi guerre entre les USA et la France révolutionnaire dans les Antilles. L’année d’après c’était la guerre de Tripoli qui opposait les USA avec Tripoli et ses alliés algériens et tunisiens. Et depuis ils n’ont pas arrêté de foutre la merde partout, tout comme les européens avant eux et encore aujourd’hui quand ils en ont l’occasion. Les USA, c’est l’élève qui a dépassé le maître, ou comme le disait ma grand-mère, ce sont les plus vils des européens, toutes tendances confondues, qui sont partis en Amérique. Il ne faut pas généraliser, il y a aussi beaucoup de pauvres gens qui sont partis en Amérique et bien des salauds sont restés ici, mais si je compare avec l’histoire, je suis bien obligé de reconnaître qu’il y a beaucoup de vrai dans ce que ma grand-mère me disait et que l’image que donnent les USA aujourd’hui est très loin de l’image poétique des films de Chaplin. S’il devait tourner le dictateur aujourd’hui, entre Bush, Obama et Hollande, sans compter les autres qui se bousculent au portillon pour leur piquer leurs places au centre des projecteurs et des flashs, il n’aurait que l’embarras du choix.

28/12/2013 10:23 par Anne Wolff

Il y a peu de littérature francophone qui décrit l’état de guerre latente ou avérée auquel est soumise en permanence l’Amérique Latine que les Corporations Marchandes souhaitent transformer une fois pour toute en une sorte de « magasin » à leur usage, à leur profit, en terres de vacances de rêves dont on été expulsés les habitants légitimes, en sources de matières premières pour leur industries, en terres disponibles pour leurs monocultures polluantes et pathogènes, comme le disait Lawrence Summer

« La mesure du coût de la pollution altérant la santé dépend des gains prévus, de l’augmentation de la morbidité et de la mortalité… De ce point de vue une quantité donnée de pollution affectant la santé doit être faite dans le pays ayant les coûts les plus faibles, qui sera le pays dont les salaires sont les plus bas.
Je pense que la logique économique derrière le déchargement de déchets toxiques dans le pays aux salaires les plus bas est irréprochable et nous devons la regarder en face. »

C’est bien de cette logique irréprochable dont il est question dans la militarisation de l’Amérique Latine, la Colombie qui la subit en permanence depuis plus d’un demi-siècle en est à la fois le modèle et un terrain d’expérimentation, avec ces plus de 5 millions de personnes déplacées…. Vous avez dit « intervention humanitaire ? Non… vous n’avez rien dit, il me semblait bien » Ici, ceux qui torturent et assassinent, n’oublions pas ce sont « LES BONS ».

Mais il est un autre acteur de terrain qui n’est pas souvent évoqué, le Mossad, ces spécialistes des nouvelles formes d’apartheid, qui fournissent des emplois aux constructeurs de murs qui toujours plus nombreux s’élèvent pour séparer la nouvelles aristocratie de la populace, et apportent sans compter leur contribution à l’éradication de la dissidence latino (entre autres) et dont Percy Alvaro Godoy retrace 40 ans d’ingérences en AL dans ce texte
http://hablahonduras.com/articles/5127-no-es-casual-la-presencia-del-mossad-en-honduras
dont voici un extrait :

Une autre compagnie israélienne qui sert de façade au Mossad est Global SCT propriété du Général Isrel B. Ziv, qui ravitaille en armes et en moyens de guerre la Colombie, le Pérou et le gouvernement de fait de Roberto Micheletti.

L’appui reçu par les Autodéfenses Unies de Colombie fut tel, que son défunt leader Carlos Castaña avoua que l’idée de créer des forces paramilitaires lui vint des Israéliens. Global CST a conclu un contrat avec le ministère de la Défense de Colombie pour un montant de 10 millions de dollars, lequel inclue non seulement les fournitures d’armes et de logistique de guerre, mais également le conseil en contre-insurrection et les travaux de renseignement. Il existe actuellement de forts soupçons qui implique Global CST dans l’opération contre les FARC colombiens en territoire équatoriens qui causa la mort des plusieurs guérilleros, parmi eux le chef en second de cette organisation, Raul Reyes.

28/12/2013 10:35 par pseudo

Je suis tout à fait d’accord pour dire que cet article du Washington Post sonne davantage comme une tentative d’intimidation, graphiques détaillés et images volumineuses à l’appui, plutôt que comme une révélation. Il permettra peut-être d’ouvrir les yeux à ceux qui ignore encore le rôle de la CIA en Colombie.

28/12/2013 11:06 par BP

Et pour ceux qui croiraient encore à l’impartialité de la presse...

" Nous sommes reconnaissants au Washington Post, au New York Times, au magazine Time, et aux autres grandes publications dont les directeurs ont assisté à nos réunions et respecté leurs promesses de discrétion depuis presque quarante ans. Il aurait été pour nous impossible de développer notre projet pour le monde si nous avions été exposés aux lumières de la publicité durant ces années. Mais le monde est aujourd’hui plus sophistiqué et préparé à l’entrée dans un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est assurément préférable à l’autodétermination nationale des siècles passés. "

David Rockefeller, Commission Trilatérale, 1991

29/12/2013 13:50 par Dominique

Sur l’implication du Mossad en Amérique latine, il faut comprendre que la communauté juive n’échappe pas à la lutte des classes. Dans ce contexte, le sionisme n’est rien d’autre que l’idéologie de la classe dominante juive. Historiquement, le communisme est né chez les juifs. Marx était juif, et beaucoup des révolutionnaires d’Octobre 1917 étaient juifs ou issus de familles juives. Le sionisme à cette époque a tout fait pour combattre les soviets, y compris en s’alliant avec les contre-révolutionnaires lors de la guerre civile russe. De plus dés sa naissance, le sionisme s’est doté de toute une série d’organisations pour asseoir son pouvoir sur la classe dominée juives. Ces organisations ont toujours pratiqué des activités multiples comme le renseignement, la propagande, le lobbying et le terrorisme.

N’ayant pas accepté leur défaite en Russie, combattre le communisme est devenu une obsession pour les sionistes. Ils ont collaborés avec les nazis, puis avec toutes les formes d’anticommunisme de l’empire comme le maccarthysme. Pendant toutes ses années, leurs liens avec des agences comme la CIA n’ont fait que se renforcer. De même, la pénétration de leur idéologie, le sionisme, n’a fait que se renforcer dans la classe dominante de l’empire. Tout cela est remarquablement bien expliqué dans L’anticommunisme, profession des sionistes, un bouquin de N. Bolchakov publié par Novosti en 1972. Il est introuvable mais une édition numérique peut être téléchargé ici.

40 ans plus tard, l’URSS n’est plus, mais l’empire et le Mossad sont toujours là, et il est évident que dés qu’il s’agit de combattre la gauche, le Mossad est dans tous les sales coups. On nous parle de la Trilatérale, du groupe Bilbenberg et d’autres, mais le fond du problème est le sionisme. Cette idéologie est celle de la classe dominante juive et elle est devenue aujourd’hui celle de la classe dominante de l’empire. Cette idéologie est utilisée pour diviser la gauche et quand on voit qu’aujourd’hui, le PS est le plus sioniste de tous les partis politiques, nous ne pouvons que constater qu’elle y réussit fort bien. Il n’est donc pas étonnant que le succès de la révolution bolivarienne est possible grâce non seulement au rejet de la droite, mais également par celui de la sociale-démocratie.

Chez nous, la situation de la gauche est encore plus grave car non seulement les socialistes sont sionistes mais également tous les marxistes qui refusent de soutenir les luttes locales sous le prétexte que les peuples n’existent pas (sic !) ou qu’ils ne sont pas là pour ça (sic !) mais pour abattre le capitalisme. En Amérique latine, ils ont compris que la classe exploitée et le peuple ne font qu’un. Chez nous, ce n’est pas encore le cas, et certains marxistes persistent à vouloir diviser le peuple et, comme lors des révolutions en Russie et en Chine, à vouloir précipiter une classe, celle des travailleurs des villes ici, celle des travailleurs des champs là, contre toutes les autres. Dans une révolution, il n’y a que deux classes sociales, celle des exploités et celle des exploiteurs. Les exploités ne peuvent gagner que s’ils sont capables de s’unir malgré leurs contradictions et surtout malgré toutes les tentatives des exploiteurs pour les diviser et les jeter les uns contre les autres. Et c’est bien contre cela que le sionisme a toujours lutté.

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