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La Libye face à l’impérialisme humanitaire. Entretien avec Jean Bricmont (Investigaction)

Kosovo, Irak, Afghanistan : les partisans d’une intervention en Libye n’auraient-ils pas retenu la leçon ? Jean Bricmont, auteur d’un ouvrage sur l’impérialisme humanitaire, nous explique pourquoi le droit d’ingérence est incompatible avec la paix dans le monde et dessert les causes humanitaires. A moins bien-sûr, que ces causes ne soient que des prétexte

Interview : Grégoire Lalieu

Pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste l’impérialisme humanitaire ?

C’est une idéologie qui vise à légitimer l’ingérence militaire contre des pays souverains au nom de la démocratie et des droits de l’Homme. La motivation est toujours la même : une population est victime d’un dictateur, donc il faut agir. On nous sort alors les références à la Deuxième Guerre mondiale, à la guerre d’Espagne et j’en passe. Le but étant de faire accepter l’intervention. C’est ce qui s’est passé pour le Kosovo, l’Irak ou l’Afghanistan.

Et aujourd’hui, c’est le tour de la Libye ?

Il y a une différence car ici, une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies l’autorise. Mais cette résolution a été votée à l’encontre des principes-mêmes de la Charte des Nations Unies. En effet, je ne vois aucune menace extérieure dans le conflit libyen. On a évoqué la notion de la « responsabilité de protéger » les populations, mais en brûlant un peu les étapes. De plus, il n’y a pas de preuves que Kadhafi massacre la population dans le simple but de la massacrer. C’est un peu plus compliqué que cela : il s’agit plutôt d’une insurrection armée et je ne connais pas de gouvernement qui ne réprimerait pas ce type d’insurrection.

Evidemment, il y a des dommages collatéraux et des morts parmi les civils. Mais si les Etats-Unis savent comment éviter de tels dommages, qu’ils aillent l’expliquer aux Israéliens et qu’ils l’appliquent eux-mêmes en Irak et en Afghanistan. Nul doute également que les bombardements de la coalition vont aussi provoquer des pertes civiles.

Je pense donc que d’un point de vue strictement légal, la résolution du Conseil de Sécurité est discutable. Elle est en fait le résultat d’années de lobbying pour faire reconnaître le droit d’ingérence qui se trouve ici légitimé.

Pourtant, même dans la gauche, beaucoup pensent qu’il fallait intervenir en Libye pour arrêter le massacre. C’est une erreur de jugement selon vous ?

Oui et pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cette campagne établit le règne de l’arbitraire. En effet, le conflit libyen n’a rien d’exceptionnel. Il y en a beaucoup d’autres dans le monde, que ce soit à Gaza, à Bahreïn ou, il y a quelques années, au Congo. Dans ce dernier cas, nous étions dans le cadre d’une agression extérieure de la part du Rwanda et du Burundi. L’application du droit international aurait permis de sauver des millions de vie mais on ne l’a pas fait. Pourquoi ?

Ensuite, si on applique les principes de l’ingérence qui sous-tendent l’attaque contre la Libye, cela veut dire que tout le monde peut intervenir partout. Imaginons que les Russes interviennent à Bahreïn ou les Chinois au Yémen : ce serait la guerre généralisée et permanente. Une grande caractéristique du droit d’ingérence est donc le non-respect du droit international classique. Et si on devait modifier le droit international par de nouvelles règles légitimant le droit d’ingérence, cela déboucherait sur la guerre du tous contre tous. C’est un argument auquel les partisans du droit d’ingérence ne répondent jamais.

Enfin, ces ingérences renforcent ce que j’appelle l’ « effet barricade » : tous les pays qui sont dans la ligne de mire des Etats-Unis vont se sentir menacés et vont chercher à renforcer leur armement. On a vu ce qui s’est passé avec Saddam. Kadhafi avait d’ailleurs déclaré à la ligue arabe : « On vient de pendre un membre de cette ligue et vous n’avez rien dit. Mais ça peut vous arriver aussi car, si vous êtes tous des alliés des Etats-Unis, Saddam l’était aussi autrefois. ». Aujourd’hui, la même chose se reproduit avec Kadhafi et la menace qui pèse sur de nombreux Etats risque de relancer la course à l’armement. La Russie, qui n’est pourtant pas un pays désarmé, a déjà annoncé qu’elle allait renforcer ses troupes. Mais ça peut même aller plus loin : si la Libye avait l’arme nucléaire, elle n’aurait jamais été attaquée. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on n’attaque pas la Corée du Nord. La gauche qui soutient l’intervention en Libye devrait donc bien se rendre compte que la conséquence de l’ingérence humanitaire est de relancer la course à l’armement et de créer des logiques de guerre à long-terme.

Cette intervention militaire contre Kadhafi ne serait-elle pas pourtant un moindre mal ?

Il faut réfléchir aux conséquences. Maintenant que les forces occidentales sont engagées, il est évident qu’elles vont devoir aller jusqu’au bout, renverser Kadhafi et installer les rebelles au pouvoir. Que va-t-il se passer alors ? La Libye semble divisée. S’il y a une résistance à Tripoli, l’Occident va-t-il occuper le pays et s’embarquer dans une guerre sans fin comme en Irak ou en Afghanistan ?

Imaginons quand-même que tout se passe bien : les coalisés se débarrassent de Kadhafi en quelques jours, les rebelles prennent le pouvoir et le peuple libyen est uni. Tout le monde est content et après ? Je ne pense pas que l’Occident va dire : « Voilà , on a fait ça parce qu’on est gentil et qu’on aime bien les droits de l’Homme. Maintenant, vous pouvez faire ce que vous voulez. ». Que se passera-t-il si le nouveau gouvernement libyen apparaît trop musulman ou ne limite pas correctement les flux migratoires ? Vous croyez qu’on va les laisser faire ? Il est évident qu’après cette intervention, le nouveau gouvernement libyen sera prisonnier des intérêts occidentaux.

Si l’intervention militaire n’est pas la solution, que faire ?

Il aurait déjà fallu essayer honnêtement toutes les solutions pacifiques. Ca n’aurait peut-être pas fonctionné mais là , il y a eu une volonté manifeste de rejeter ces solutions. C’est d’ailleurs une constante dans les guerres humanitaires. Pour le Kosovo, il y avait des propositions serbes très détaillées pour aboutir à une solution pacifique mais elles ont été refusées. L’Occident a même imposé des conditions qui rendaient toute négociation impossible comme l’occupation de la Serbie par les troupes de l’Otan. En Afghanistan, les Talibans ont proposé de faire juger Ben Laden par un tribunal international si on leur fournissait les preuves de son implication dans l’attentat du World Trade Center. Les Etats-Unis ont refusé et bombardé. En Irak, Saddam avait accepté le retour des inspecteurs de l’ONU ainsi que de nombreuses conditions extrêmement contraignantes. Mais ce n’était jamais assez. En Libye, Kadhafi a accepté un cessez-le-feu et proposé qu’on envoie des observateurs internationaux. Les observateurs n’ont pas été envoyés et on a dit que Kadhafi ne respectait pas le cessez-le-feu. L’Occident a aussi rejeté la proposition de médiation de Chavez, pourtant suivie par de nombreux pays latinos ainsi que l’Organisation de l’Unité Africaine.

A ce sujet, je suis furieux quand j’entends, en Europe, des gens de gauche dénoncer l’horrible Alliance Bolivarienne qui soutient le dictateur Kadhafi. Ces gens n’ont rien compris ! Les dirigeants latinos sont des personnes au pouvoir avec d’importantes responsabilités. Ce ne sont pas des petits gauchistes qui bavardent dans leur coin. Et le grand problème de ces dirigeants, c’est l’ingérence des Etats-Unis : moins les Etats-Unis pourront faire ce qu’ils veulent partout dans le monde, mieux ça vaudra pour tous ces pays qui tentent de s’émanciper de leur tutelle et pour le monde entier.

Le fait de rejeter systématiquement les solutions pacifiques signifie-t-il que l’ingérence humanitaire est un prétexte ?

Oui, mais si ça fonctionne bien auprès des intellectuels, j’ai plus de doute sur la réaction des peuples européens. Vont-ils soutenir leurs dirigeants dans l’attaque contre Kadhafi ? Au niveau des peuples, ce sont les guerres sécuritaires qui trouvent plus de légitimité : lorsqu’il y a, par exemple, une menace contre nos populations, nos modes de vie, etc. Mais ici et en France, avec tout le climat islamophobe (que je n’approuve pas, mais qui existe), allez expliquer qu’on va se battre en Cyrénaïque pour des insurgés qu’on voit crier « Allah U Akbar »… C’est contradictoire !

Au niveau politique, la plupart des partis soutiennent l’intervention. Même à gauche, des trotskistes à Mélenchon, tous partent la fleur à fusil. Les plus modérés soutenaient juste l’application d’une zone d’interdiction aérienne mais si Kadhafi envoie ses tanks vers Benghazi, qu’est-ce qu’on fait ? Durant la Deuxième Guerre mondiale, les Allemands ont perdu le contrôle aérien assez rapidement mais ils ont tenu encore plusieurs années. Les modérés devaient bien se douter que, dans la mesure où l’objectif est de renverser Kadhafi, on irait plus loin que l’établissement d’une zone d’interdiction aérienne.

La gauche, incapable de soutenir de vraies positions alternatives, se trouve piégée par la logique de l’ingérence humanitaire et est obligée de soutenir Sarkozy. Si la guerre se passe vite et bien, le président français sera sans doute bien positionné pour 2012 et la gauche lui aura mis le pied à l’étrier. Cette gauche n’assumant pas un discours cohérent opposé aux guerres est obligée de se mettre à la remorque de la politique d’ingérence.

Et si la guerre se passe mal ?

C’est malheureux, mais le seul parti français à s’être opposé à l’intervention en Libye est le Front National. Il a notamment évoqué la menace des flux migratoires et en a profité pour se démarquer de l’UMP et du PS en disant qu’il n’avait jamais collaboré avec Kadhafi. Si la guerre en Libye ne se passe pas comme prévu, ça pourra bénéficier au Front National pour 2012.

Si l’ingérence humanitaire n’est qu’un prétexte, quel est l’objectif de cette guerre ?

Les révolutions arabes ont surpris les Occidentaux qui n’étaient pas assez bien informés sur ce qui se passait au Maghreb et au Moyen-Orient. Je ne conteste pas qu’il y a de bons spécialistes de la question mais souvent, ils ne sont pas assez écoutés à un certain niveau de pouvoir et s’en plaignent d’ailleurs. Donc maintenant, les nouveaux gouvernements égyptien et tunisien risquent de ne plus s’aligner sur les intérêts occidentaux et par conséquent, pourraient être hostiles à Israël.

Pour s’assurer le contrôle de la région et protéger Tel-Aviv, les Occidentaux veulent probablement se débarrasser des gouvernements déjà hostiles à Israël et aux Occidentaux. Les trois principaux sont l’Iran, la Syrie et la Libye. Cette dernière étant la plus faible, on l’attaque.

Ca peut fonctionner ?

L’Occident rêvait de dominer le monde mais on voit depuis 2003, avec le fiasco irakien, qu’il en est incapable. Avant, les Etats-Unis pouvaient se permettre de renverser des dirigeants qu’ils avaient eux-mêmes portés au pouvoir, comme Ngô Dinh Diêm au Sud-Viêtnam dans les années 60. Mais Washington n’a plus la possibilité de faire ça aujourd’hui. Au Kosovo, les Etats-Unis doivent composer avec un régime mafieux. En Afghanistan, tout le monde dit que Karzaï est corrompu mais ils n’ont pas d’alternative. En Irak, ils doivent aussi s’accommoder d’un gouvernement qui est loin de leur convenir totalement.

Le problème se posera certainement en Libye aussi. Un Irakien me disait un jour : « Dans cette partie du monde, il n’y a pas de libéraux au sens occidental du terme, hormis quelques intellectuels assez isolés. ». Comme l’Occident ne peut pas s’appuyer sur des dirigeants qui partagent ses idées et défendent totalement ses intérêts, il essaie d’imposer des dictateurs par la force. Mais ça crée évidemment un décalage avec les aspirations de la base populaire.

De plus, cette démarche se révèle être un échec et les gens ne devraient pas être dupes sur ce qui se passe. L’Occident, qui pensait pouvoir contrôler le monde arabe avec des marionnettes comme Ben Ali et Moubarak, se dirait soudainement : « On a eu tout faux, maintenant on va soutenir la démocratie en Tunisie, en Egypte et en Libye. » ? C’est d’autant plus absurde que l’une des grandes revendications des révolutions arabes est le droit à la souveraineté. Autrement dit, pas d’ingérence !

L’Occident doit se résigner : le monde arabe, tout comme l’Afrique et les Caraïbes, ne lui appartient pas. En fait, les régions où l’Occident s’ingère le plus sont les moins développées. Si on respecte leur souveraineté, ces régions pourront se développer, tout comme l’Asie l’a fait et l’Amérique latine le fera sans doute. La politique d’ingérence est un échec pour tout le monde.

Quelle alternative alors ?

Tout d’abord, il faut savoir que la politique d’ingérence nécessite un budget militaire important. Sans le soutien des Etats-Unis et leur budget militaire délirant, la France et la Grande-Bretagne ne se seraient pas engagées. La Belgique encore moins. Mais tous ces moyens mis à disposition ne tombent pas du ciel. Ce budget est basé sur des emprunts à la Chine qui entraînent des déficits US et toutes sortes de problèmes économiques. On y pense rarement.

De plus, on nous répète tout le temps qu’il n’y a pas d’argent pour l’éducation, la recherche, les pensions, etc. Et subitement, il y a une grosse somme qui tombe pour faire la guerre en Libye. C’est une somme illimitée car on ne sait pas combien de temps cette guerre va durer ! On dépense par ailleurs déjà de l’argent en pure perte en Afghanistan.

Il faut donc avoir une autre vision politique et la Suisse est, selon moi, un bon exemple. Ce pays consacre son budget militaire uniquement à la protection de son territoire. Les Suisses ont une politique de non-intervention cohérente car leur armée ne peut pas, par principe, quitter le territoire. On peut dire que la Suisse laisse Kadhafi massacrer les insurgés mais premièrement, elle n’a jamais commis de génocide ou d’autres massacres, même si on peut critiquer sa politique sur d’autres plans (banques ou immigration). Et deuxièmement, si tout le monde faisait comme la Suisse, pour les raisons que j’ai expliquées précédemment, le monde irait beaucoup mieux.

Les guerres et les embargos ont toujours des conséquences désastreuses. Selon moi, la meilleure alternative est la coopération avec les différents pays, quels que soient leurs régimes. A travers le commerce, mais pas celui des armes évidemment, les idées circulent et les choses peuvent évoluer, sans guerre. On peut bien-sûr discuter des modalités : commerce équitable, écologique, etc. Mais le commerce est une alternative beaucoup moins sanglante aux sanctions et aux embargos qui sont la version soft des guerres humanitaires.

SOURCE : http://www.michelcollon.info/La-Libye-face-a-l-imperialisme.html

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COMMENTAIRES  

24/03/2011 15:23 par Anonyme

Ce qui est en jeu, c’est surtout l’accès au pétrole, car pour assurer sa
suprématie politique et économique, l’armée américaine consomme 200 millions
de barils de pétrole par an ! Pour soutenir ses multinationales, l’armée américaine
se déploie dans plus de 1000 bases dans près de 150 pays. L’hégémonie de la
culture et du modèle américain coûte très cher à la planète et aux populations.
Lire cet article :
http://2ccr.unblog.fr/2010/11/11/yankees-go-home/

24/03/2011 15:59 par Didi

Qu’on me pardonne de la ramener, une nouvelle fois. C’est aussi une part du respect que je dois à ce forum que d’apporter une contradiction..Nous sommes après tout et jusqu’à preuve du contraire, dans un média libre, l’un des derniers qui nous restent dans ce pays de liberté qu’est la France...

Je n’ai pas la moindre prétention de détenir la vérité, juste le désir d’émettre quelques commentaires. Je cite M. Bricmont :

"je suis furieux quand j’entends, en Europe, des gens de gauche dénoncer l’horrible Alliance Bolivarienne qui soutient le dictateur Kadhafi"

 Je suis totalement de votre avis sur ce point précis, et dans ce contexte précis, je mets l’anti-chavisme sur le compte d’un réflexe très "serial-conservatisme". En l’occurence : là où y en a pour Khaddafi, y en a pour Chavez aussi... tant qu’on y est.. d’ailleurs, y aurait-il pas une petite place pour Castro aussi ?... ça doit être un effet de l’économie d’échelle, cette merveille de la "pensée" capitaliste...

"Mais ici et en France, avec tout le climat islamophobe (que je n’approuve pas, mais qui existe), allez expliquer qu’on va se battre en Cyrénaïque pour des insurgés qu’on voit crier « Allah U Akbar »… C’est contradictoire !"

Voilà qui est déjà plus compliqué !
Comment expliquer à un non arabophone, toute la diversité que peut recouvrir un terme aussi générique, aussi simple qu’Allah u akbar ?
Faisons simple autant que possible !! Et disons que dans le contexte arabe, neuf cas sur dix (9 cas sur 10 !) Allah Akbar réfère à des situations NON religieuses ! ça peut vouloir dire, dans le désordre, "super !", Non, c’est pas vrai", ça peut vouloir signifier aussi.."putain !".. si si.. Un putain familial, qu’on peut prononcer devant les enfants )
ça peut vouloir dire aussi, et c’est certainement le cas des insurgés libyens : "MERDE" !
Les insurgés libyens, chers amis, se sont battus contre les jihadistes, la dernière chose qu’ils souhaitent aujourd’hui est l’instauration d’un régime islamiste. Et s’il leur arrive de crier Allah u Akbar, n’allez pas les ...prendre au mot )) Ils sont vraiment loin d’éprouver ce que vous pouvez leur attribuer.. Ils sont jeunes, et ils aspirent à une seule chose : ETRE LIBRES, et être citoyens. Vous seriez surpris de découvrir à quel point leurs rêves sont basiques, jusqu’à la caricature, parfois...
L’épouvantail de l’islamisme est un mythe créé par les pouvoirs totalitaires en place en Afrique du nord. En octobre 2009, Khaddafi lui même, dans un accès de sincerité, confiait à CNN qu’Alqaeda au Maghreb était un phantasme sécuritaire. Aujourd’hui il accuse ses propres insurgés d’agir au nom d’Alqaeda...

"En Libye, Kadhafi a accepté un cessez-le-feu et proposé qu’on envoie des observateurs internationaux. Les observateurs n’ont pas été envoyés et on a dit que Kadhafi ne respectait pas le cessez-le-feu."

Il n’a effectivement pas respecté le cessez-le feu, et ce n’est pas un média occidental qui l’affirme..des mission humanitaires nord-africaine ont été empêché de joindre Mosserata à partir de Rass Jedir, (frontière tunisienne) pour des raisons liées aux bombardements (je n’ai pas assez d’élément pour me prononcer avec davantage de détails sur ce point précis) D’autre part, les victimes (morts et blessés) étaient du côté de la Tripolitaine (contrôlée par Khaddadi) et non du côté de la Cyrénaïque, contrôlée par les insurgés.
D’autre part, si la situation est aussi limpide, à savoir, Khaddadi serait victime d’une campagne de désinformation (!) que n’autorise t-il les médias à venir couvrir les évènements sur place ? Et en fait de média, le pouvoir libyen a autorisé un certain nombre à venir. C’est le vice ministre de l’information (Ahmad Koaem) qui gère les accréditations (sur consignes de Seif El islam, fils de Khaddafi) Et le fait notable est que Koaem a toujours refusé d’accréditer les MEDIAS ARABES en Libye. Précisons que les médias invités en Libye sont encadrés par les milices de Seif, et n’ont aucune possibilité d’interviewer les autochtones..

"Enfin, ces ingérences renforcent ce que j’appelle l’ « effet barricade » : tous les pays qui sont dans la ligne de mire des Etats-Unis vont se sentir menacés et vont chercher à renforcer leur armement. On a vu ce qui s’est passé avec Saddam"

Bien avant l’intervention des forces alliées en Libye, des analystes arabes (notamment Azmi Beshara, ancien député palestinien du Kneset) avaient prédit que Khaddafi FERAIT TOUT POUR INTERNATIONALISER LA CRISE. Car il sait qu’une intervention mililtaire occcidentale réveillerait le sentiment national des Libyens dont il pense toujours être le garant..
Il a tout fait pour provoquer cette intervention militaire occidentale.
En tire t il des bénéfices ? sur la scène libyenne et arabe, NON. Car la majorité voyait clair dans son jeu. A l’extérieur, peut-être.. Il n’y a qu’à lire toutes ces analyses, souvent bien intentionnées, de nos amis de gauche, et alternatifs.

"On a évoqué la notion de la « responsabilité de protéger » les populations, mais en brûlant un peu les étapes. De plus, il n’y a pas de preuves que Kadhafi massacre la population dans le simple but de la massacrer. C’est un peu plus compliqué que cela : il s’agit plutôt d’une insurrection armée et je ne connais pas de gouvernement qui ne réprimerait pas ce type d’insurrection.

Il n’y a pas de preuves. Vu d’Europe, peut-être. Quand on se prévaut d’une expertise sur un sujet donné, ou un pays donné, on se doit de développer un minimum de réseau d’information à même de vous fournir les moyens d’une opinion crédible.Mais ceci reviendrait à demander aux Français d’agir en anglo-saxon, or, et c’est bien connu, à l’impossible nul n’est tenu...Je suis quant à moi dans une position que je qualifie de confortable : je ne vends pas des informations (je ne crois pas un seul instant en l’indépendance des médias français) Et je n’ai pas de position politique à défendre. Mon souhait le plus cher est de contribuer à mettre en lumière tout ce qui reste à découvrir de ces sociétés "exotiques" si proches, tellement proches que bien souvent on croit les connaître, sans jamais se rendre compte de l’effort qu’il reste à fournir, pour vraiment les connaître.
Et ce constat vaut SURTOUT pour ceux qui se considèrent spécialistes.
Paix sur vous !
et sur eux aussi, si c’est possible !

24/03/2011 22:13 par emcee

@Didi :

Bon, si on vous suit bien, c’est Kadhafi, qui aurait fomenté tout ça. Des pays occidentaux, eux, vous n’en parlez pas. Des médias occidentaux qui passent leur temps à désinformer et à mentir pour le compte de marchands d’armes qui les emploient, non plus.

Et si j’ai bien compris, vous n’êtes pas non plus en Libye, et donc les informations que vous donnez ne relèvent pas non plus d’"une opinion crédible". Et même si vous y étiez, vous n’auriez qu’une vision subjective des événements, comme tout le monde, à moins d’avoir les moyens de véritablement recouper les informations, ce que personne n’a réellement.

Quant à la presse anglo-saxonne, elle ne dit pas mieux que ce qui est dit ici, en France, surtout que, vous le dites vous-mêmes, elle n’a pas la possibilité d’enquêter librement sur place.

Je vous cite : "Il n’y a pas de preuves [que Kadhafi massacre la population dans le simple but de la massacrer]. Vu d’Europe, peut-être".

Eh bien, si vous avez des informations, il serait peut-être intéressant des les donner. Sinon, c’est affirmer sans preuves aussi, tout en se réfugiant derrière le statut de "non-spécialiste" mais tout en revendiquant aussi de donner un avis éclairé.

La presse a parlé de milliers de morts : confirmez-vous ces chiffres ?
Depuis samedi, la coalition des chevaliers blancs occidentaux, décimée, bombarde à tout va.

Auriez-vous des informations de première main pour nous indiquer s’il y a eu des victimes (civiles et militaires) ? Parce qu’ici, en Europe, c’est le blackout.

Quant à ce que dit M Bricmont, je suis largement d’accord.
Quelle que soit la personnalité de Kadhafi, celui-ci a encore beaucoup à apprendre (s’il sort vivant de là ) avant d’atteindre la fourberie et l’hypocrisie de la "communauté internationale".

La résolution est complètement illégale : et si on étudie la Charte des Nations-Unis, on constate cela clairement.

Les états membres de l’ONU ne PEUVENT pas attaquer un état étranger s’il ne menace pas la paix et la sécurité internationales. Et, ce n’est pas le cas de la Libye.

La résolution indique que la CI doit utiliser "tous les moyens nécessaires" pour résoudre le conflit. Or, la charte précise, qu’en cas de différend, la première chose à faire, c’est d’entamer des négociations pour chercher à résoudre le conflit de manière pacifique.

Ce qui n’a pas été fait, et a même été rejeté par les va-t-en-guerre occidentaux, que cela n’arrangeait visiblement pas.

Quant à Obama, il a décidé de son propre chef d’engager les US dans le conflit, ce qui est aussi illégal, puisque seul le Congrès peut déclarer la guerre. Mais il aurait fallu attendre encore un mois la fin des débats, et qui sait ce qu’auraient fait les deux pitres franco-britanniques, pendant ce temps-là ?

Et enfin, la clause de "Responsabilité de protéger" ne s’applique pas ici, puisque les insurgés sont armés et, qui plus est, encadrés par des militaires et autres stratèges.

La CI ferait bien de regarder du côté de Bahreïn, et d’autres, où la population se fait tirer dessus alors qu’elle manifeste pacifiquement.

Quant à tous ces défenseurs des peuples opprimés, ils feraient bien de cesser de piller leur propre population pour aller livrer des guerres et massacrer des gens sous des prétextes qui ne tiennent pas la route.

25/03/2011 03:32 par eric

Trés bon article que je ferai partager. Mais je n’aime pas la fin :

"Les guerres et les embargos ont toujours des conséquences désastreuses. Selon moi, la meilleure alternative est la coopération avec les différents pays, quels que soient leurs régimes. A travers le commerce, mais pas celui des armes évidemment, les idées circulent et les choses peuvent évoluer, sans guerre. On peut bien-sûr discuter des modalités : commerce équitable, écologique, etc. Mais le commerce est une alternative beaucoup moins sanglante aux sanctions et aux embargos qui sont la version soft des guerres humanitaires."

"A travers le commerce"....Comme si toutes ces infamies relevaient d’une partie d’échec...le commerce une main invisible et bienveillante pour notre espèce ?

"la coopération avec les différents pays, quels que soient leurs régimes."

ou...quelque soit leurs richesses...

Les guerres se font-elles pour des raisons ideologiques ???? MAis, c’est ce qu’on dit aux petits enfants ça !!

"discuter des modalités : commerce équitable, ECOLOGIE...ah bon ? l’écologie est encore une "modalité" ?

on en reparle dans 20 ans....

25/03/2011 10:52 par rouge de honte

Merci emcee. Quand à didi, si des pouvoirs (et de la haine) m’étaient donnés et que je devais défendre une injuste guerre comme celle-ci j’engagerais quelqu’un comme vous pour faire de la propagande surtout sur un média comme celui-ci... Je partage l’analyse de M.Jean Bricmont.

25/03/2011 11:28 par Didi

@ emcee
Loin de moi l’idée de mettre la presse anglo-saxone sur un piédestal.
Car, faire mieux que la presse française est vraiment à la portée de tout le monde aujourd’hui.. tellement les médias français se sont empêtrés dans la servitude, la soumission et le beni-oui-ouisme..
Je note tout juste que des médias tels que BBC ou Aljazeera ont la chance d’officier hors de France. Et ce n’est pas un avantage négligeable..
Pour ce qui est des "massacres de populations civiles en Libye, emcee, je n’ai pas d’info fiable à 100% hormis quelques fragments d’info que je reçois par téléphone (je suis en liaison quotidienne avec des amis en Libye et en Tunisie) Les échos que je reçois me permettent d’affirmer que les milices de Khaddafi ont tué et continuent de tuer des civils.
Le massacre d’Abou selim (prison centrale de Tripoli) est bien réel, 1065 victimes passées par les armes..les autorités libyennes elle même ont reconnu les fais..
En me basant sur l’historique du frère Moammar, je peux aussi affirmer que la vie humaine est vraiment peu de chose pour lui, à moins que cette vie soit celle d’un Occidental.. C’est contradictoire ? Pas le moins du monde. Demandez aux Libyens, ma main à couper qu’ils vous diront que Khaddafi admire et respecte l’occident dans les mêmes proportions qu’il méprise sa propre population...JAMAIS au grand jamais Khaddafi n’a traité les Libyens comme un peuple...Pour lui, les insurgés sont des "drogués", des agents d’Alqaeda, il aurait pu les traiter d’agents au service d’Israël..si le poste était vacant...
Khaddafi, pour bien des Libyens, est le meilleur serviteur des intérêts occidentaux en Afrique du nord. C’est drôle : à l’extérieur, Khaddafi passe pour..le contraire de ce qu’il est pour les Libyens.
Finalement, le frère Moamar s’est trompé de peuple. Son règne sur la Libye est un simple malentendu. On a mis 42 ans pour s’en rendre compte.
Permettez enfin que je le répète :
1-l’intervention militaire occidentale est une PETITE tragédie qui permettra peut-être d’en éviter une grande..
2-l’intervention militaire a été demandée par les Libyens eux-même, et la préférence des Libyens était pour des armées arabes, précisément Egyptienne.. la Ligue arabe n’a pas donné suite.
3-C’est bien Seif el islam Khaddafi qui a refusé la médiation de Chavez...
Même Khaddafi père l’avait accepté..

25/03/2011 11:45 par Didi

@ rouge de honte

"si je devais défendre une injuste guerre comme celle-ci j’engagerais quelqu’un comme vous pour faire de la propagande surtout sur un média comme celui-ci..."

Commencez déjà par défendre le droit à la vie..
D’autre part, parler de guerre injuste laisse supposer l’existence d’une guerre juste..
Vous défendez une position qui est trop facile et trop confortable. J’aurai été de votre côté, s’il s’agissait de l’Irak, et non de Libye. Et s’il s’agissait d’un autre dictateur que le frère Moammar..
Bref, j’aurai agi comme vous, si j’avais une simple connaissance théorique du sujet. Ce n’est pas le cas, pour moi les Libyens ont un nom, des figures, et des voix...
Khaddafi ne vous a pas attendu pour tuer 1065 personnes à la prison d’Abou selim en 1996.
Vous découvrez la Libye aujourd’hui. Et vous venez me faire la leçon..! avant de lancer des offres d’emploi..commencez par vous informer,

25/03/2011 11:56 par legrandsoir

J’aurai été de votre côté, s’il s’agissait de l’Irak, et non de Libye.

Parce que Saddam était meilleur que Kadhafi ?

Bref : on avait raison "a posteriori" sur le passé. Peut-être que sur le présent on a raison "a priori".

25/03/2011 13:45 par rouge de honte

"Commencez déjà par défendre le droit à la vie.."
Nous ne nous connaissons pas.
"D’autre part, parler de guerre injuste laisse supposer l’existence d’une guerre juste.."
La guerre intestine entre la raison et les passions est une guerre juste.
"Vous défendez une position qui est trop facile et trop confortable."
Je souffre de toutes les guerres depuis 1976, à chacun sa notion de confort.
"J’aurai été de votre côté, s’il s’agissait de l’Irak, et non de Libye. Et s’il s’agissait d’un autre dictateur que le frère Moammar.. Bref, j’aurai agi comme vous, si j’avais une simple connaissance théorique du sujet. Ce n’est pas le cas, pour moi les Libyens ont un nom, des figures, et des voix..."
Pour moi que ce soit en pratique ou en théorie le coeur des hommes qu’ils soient de n’importe où sur terre est le même.
" Khaddafi ne vous a pas attendu pour tuer 1065 personnes à la prison d’Abou selim en 1996."
Une enquête est en cours. AMNESTY INTERNATIONAL écrit 33 personnes et écrit homicides non pas massacres. Si Amnesty avait pu écrire 1096 et massacre…

"Vous découvrez la Libye aujourd’hui. Et vous venez me faire la leçon.. !
Je découvre le monde chaque jour avec ses peines et ses joies. Je n’ai pas la prétention de vous faire la leçon, juste l’espoir que les vas-en-guerre se ravisent. Surtout s’ils sont payé.

25/03/2011 14:19 par Didi

Il ne s’agit pas de comparer Saddam et Khaddafi mais plutôt l’Irak et la Libye..Khaddafi liquide son propre peuple. Ses menaces contre les Libyens ne sont une invention des médias. Il est très facile de dénoncer l’intervention militaire quand on n’est pas soit même menacé de mort.
Et je continue à répéter que cette intervention était une alternative au massacre. Et Khaddafi a tout fait pour la provoquer...

25/03/2011 14:52 par legrandsoir

cette intervention était une alternative au massacre. Et Khaddafi a tout fait pour la provoquer...

Je vous ai toujours soupçonné d’être un Troll.

25/03/2011 18:15 par yellow

M’ouais... un troll a la sémantique courtoise et obséquieuse qui chute sur l’atlantisme.

27/03/2011 18:23 par annie

ben ,1. à travers ma petite lorgnette, et dans ma grande naïveté, force m’est quand même de constater que si la Côte d’Ivoire était 1er producteur mondial de pétrole au lieu d’être 1er producteur mondial de cacao elle intéresserait davantage les Etats-Unis ;

2. C’est qui la gauche ? le PS ?

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