RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

La vie n’est pas une partie de Scrabble.

Libération a publié son analyse de mes prises de position sur l’actualité des violences policières et racistes en France. Cette analyse intègre des éléments de réponses que j’avais faites à l’occasion d’une courte interview. Je vous propose ici la publication des questions et des réponses initiales en intégrale car cet entretien m’a paru utile et stimulant. Il m’a permis de mettre en mots mes convictions sur le sujet.

Depuis vos débuts en politique, vous avez toujours fait la bagarre contre le racisme, aujourd’hui j’ai le sentiment que vous allez encore plus loin dans les mots, notamment lors de votre discours à Strasbourg durant la présidentielle, estimez-vous que votre regard a changé sur le racisme et les violences policières ?

Les crimes se sont additionnés. Comme tout le monde je préférais croire qu’il s’agissait d’actes isolés et que notre indignation publique serait dissuasive. La mort d’Adama Traoré a été pour moi un moment clef. J’ai compris que je participerai a un déni dangereux si je me tenais dans la circonspection habituelle en faisant confiance par principe. Cette confiance a été abusée trop de fois. Elle a permis d’étouffer la critique, d’abaisser la vigilance et de faciliter l’impunité au détriment de l’exigence républicaine. Puis les comportements des autorités dans les perquisitions qui m’ont été infligées, la répression sanglante des gilets jaunes et des manif retraites ne m’ont plus laissé le choix. La circonspection balancée est bien un déni criminogène. Avec deux groupes Facebook de 8000 policiers chacun, faisant du racisme, du sexisme et de l’homophobie un lien d’appartenance collective, nous voyons bien qu’il est déjà très tard pour reprendre le contrôle de la situation. La situation est grave. C’est l’unité de notre peuple qui est mise en cause par les contrôles au faciès, les propos ou comportement racistes et le déni de justice des violences policières impunies.

Les luttes sociales, contre le racisme et le féminisme (certains ajoutent l’écologie) sont-elles liées ?

Les situations de discrimination ont chacune leurs caractéristiques et leur aire mais elles se superposent aussi souvent. Alors se révèle le caractère fondamentalement antihumaniste de la société capitaliste. Une femme noire pauvre subit tous les outrages sexistes et sociaux et elle est mise en danger écologique plus que les autres. Son humanité est niée avec la négation de son droit à l’égalité.

Est-ce qu’il y a un racisme structurel dans les institutions et la société française ?

Non. Les institutions ont bien des défauts mais elles n’ont pas cette tare. Mais la faillite morale des encadrant est avérée. Ils ont laissé faire, puni les justes et amnistié les malfaisants. Dans la société, ceux qui bénéficient de l’ordre établi préfère souvent croire que l’inégalité sociale est un fait de nature. La couleur de peau ou la religion leur fournissent d’utiles préjugés. Mais la mauvaise conscience issue des guerres coloniales joue aussi un rôle considérable pour banaliser les assignations racistes. Enfin, l’action des Le Pen et les délires sécuritaires des macronistes ont banalisé les pires mauvais penchants dans la société.

Si oui, comment votre mouvement peut-il contribuer à faire reconnaître cette réalité et à la combattre ?

D’abord regarder en face la réalité déplaisante : un racisme décomplexé est désormais répandu dans tous les corps d’autorité. Ensuite opposer une résistance morale sans faille. Et par-dessus tout mener le combat contre les inégalités. Pour moi le lien est direct entre l’acceptation des inégalités et le racisme. Le moment venu, une fois au pouvoir, il nous faudra rétablir la République partout.

Il y a un combat aussi sur les mots, hier « islamophobie » ou aujourd’hui « racisé », quelle est votre position, faut-il prendre les mots employés par les citoyens concernés ?

Les mots sont la pensée quand elle entre en relation aux autres. Certes, il faut avoir le gout de la précision. Mais pas au point de créer des fétiches verbaux. « Islamophobie » a en effet plusieurs sens possibles. Mais ce qu’il désigne pour ceux qui l’emploient dans la vie courante est clair : « la haine des musulmans ». Ceux qui combattent la haine des musulmans ont raison quel que soit le mot pour le faire. Ceux qui focalisent sur le mot fabriquent une diversion favorable aux seuls haineux. « Racisé » ne reconnait pas l’existence des races, mais l’assignation d’une personne à une supposée race et à tous les préjugés qui vont avec. Il y a 25 mots pour décrire l’état de la neige en Laponie. Chacun a intérêt à les connaitre et à les utiliser à propos s’il veut survivre. La vie n’est pas une partie de Scrabble mais une lutte contre l’entropie et la mort. Le racisme c’est la mort de l’idée d’humanité unique et cela au moment où la crise écologique nous montre que notre espèce disparaitra si les uns pensent s’en sortir sans les autres.

»» https://melenchon.fr/2020/06/11/la-vie-nest-pas-une-partie-de-scrabble...
URL de cet article 36222
  

Même Thème
Histoire du fascisme aux États-Unis
Larry Lee Portis
Deux tendances contradictoires se côtoient dans l’évolution politique du pays : la préservation des “ libertés fondamentales” et la tentative de bafouer celles-ci dès que la “ nation” semble menacée. Entre mythe et réalité, les États-Unis se désignent comme les champions de la « démocratie » alors que la conformité et la répression dominent la culture politique. Depuis la création des États-Unis et son idéologie nationaliste jusqu’à George W. Bush et la droite chrétienne, en passant par les milices privées, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Le Prix Nobel de la Paix, la journaliste Maria Ressa, a déclaré que ce que faisaient Julian Assange et Wikileaks n’était pas du vrai journalisme. Ce qui me fait dire que le Prix Nobel est à la paix et au journalisme ce que le Concours de l’Eurovision est à la musique. »

Viktor Dedaj

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.