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Le Monde Diplomatique, janvier 2016

Le Monde Diplomatique de janvier 2016 est bien sombre. Peut-on s’en étonner ?

Dans son éditorial Serge Halimi estime que le FN « verrouille l’ordre social » :

Tout profite à l’extrême droite française : une économie en panne, un chômage dont la courbe s’envole au lieu de s’inverser, la hantise du déclassement et de la précarité, une protection sociale et des services publics menacés, un « projet européen » aussi savoureux qu’une gorgée d’huile de ricin, une vague migratoire que gonfle le chaos de plusieurs Etats arabes, des attentats de masse dont les auteurs se réclament de l’islam… Sans oublier, depuis près de trente ans, un Parti socialiste qui partage avec la droite à la fois la responsabilité de politiques néolibérales désormais cadenassées par les traités européens et le projet de se maintenir indéfiniment au pouvoir (ou, pour la droite, d’y revenir) en se présentant, élection après élection, comme le barrage ultime contre le Front national (FN).

Benoît Bréville déplore le « haro sur Schengen » :

Plus d’un million de demandes d’asile ; des dizaines de bateaux accostant chaque jour sur les plages grecques ou maltaises ; un nombre record de morts en Méditerranée ; des pays qui envoient l’armée pour surveiller leurs frontières… D’une ampleur exceptionnelle, la vague migratoire de 2015 a sérieusement enrayé le fonctionnement de l’Union européenne. Entre les mois d’août et octobre derniers, l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie ont toutes rétabli des contrôles à leurs frontières pour bloquer l’arrivée de réfugiés.

Jean-Jacques Gandini redoute un « état d’exception permanent » :

Après plus d’un mois d’état d’urgence, le bilan apparaît bien maigre : une seule mise en examen pour terrorisme et aucune information judiciaire. Alors que les meilleurs connaisseurs réclamaient davantage de moyens techniques, humains et financiers pour la justice, le gouvernement français a donné tout pouvoir à une police sans boussole, au mépris de l’efficacité et des libertés fondamentales.

En Amérique latine, la gauche est « en panne » (Renaud Lambert) :

Défaite cinglante au Venezuela, virage à droite en Argentine, crise économique et politique au Brésil, manifestations de rue en Equateur : la gauche est à la peine en Amérique latine. Les manigances de Washington ne suffisent pas à expliquer un tel essoufflement. De la Caraïbe à la Terre de Feu, les forces progressistes se trouvent une nouvelle fois confrontées à leurs vieux démons.

Le même Renaud Lambert estime que le continent n’a jamais « résolu sa dépendance aux matières premières » :

Lorsque les Etats-Unis éternuent, l’Amérique latine s’enrhume », disait-on autrefois. Les miasmes ne descendent plus du nord : ils traversent le Pacifique. Mais la menace demeure. Dès les années 1950, l’économiste argentin Raúl Prebisch avait analysé les dangers de cette dépendance vis-à-vis des soubresauts d’économies étrangères — le Royaume-Uni, les Etats-Unis, puis la Chine.

Yoletty Bracho et Julien Rebotier réfléchissent à la révolution bolivarienne :

Au cours des seize années qui ont suivi l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chávez, en 1999, la révolution bolivarienne a créé les conditions de sa propre mise à l’épreuve, par le bas, à travers la promotion du « pouvoir populaire ». Cette mobilisation, l’Etat chaviste ne l’invente pas. Il lui reconnaît une place qui devient progressivement significative. Surgissent au premier plan de nouveaux citoyens : ils ont la peau mate, comme Chávez ; ils sont pauvres et vivent dans les quartiers populaires. Si le chavisme n’est pas parvenu à opérer les transformations structurelles nécessaires à un Etat rentier son legs historique pourrait être d’avoir élevé cette frange de la population au rang de catégorie centrale de la vie politique.

Selon Angelina Montoya, l’Argentine est en pointe en matière de transsexualité :

Il y a quelques années, M. Mauricio Macri, aujourd’hui président de l’Argentine, comparait l’homosexualité à une « maladie ». Son ton a changé : il sait que douze années (2003-2015) de gauche au pouvoir ont transformé le pays, notamment sur la question des identités civiles et sexuelles.

Alvaro Garcia Linera invite à ce propos la gauche à tirer « sept leçons » :
Les révolutions ressemblent moins à des Escalators sans fin qu’aux vagues qui déferlent sur le rivage. Elles se dressent, avancent, paraissent suspendues dans leur mouvement, puis retombent, avant de se lever à nouveau. Les étapes de ce mouvement continu dépendent de la vigueur des mobilisations populaires, qui détermineront l’avenir de notre continent. Or les forces progressistes se trouvent confrontées à diverses difficultés qu’il faudra dépasser.

Pour Gregory Wilpert, il y a « un avis de tempête au Venezuela » :

Après dix-neuf victoires sur les vingt scrutins organisés depuis l’élection d’Hugo Chávez, en 1998, le terme « défaite » avait presque disparu du vocabulaire de la gauche vénézuélienne. Sa déroute face à la droite lors des législatives de décembre 2015 la prive-t-elle du contrôle du pays ?

Pour Rachel Saada, et quoiqu’en pense la majorité des médias, le code du travail est garant de l’emploi :

Feu sur le droit et sur le code du travail, qui angoisseraient patrons et salariés et seraient responsables du chômage ! Ils doivent être réduits, ramenés à quelques grands principes, entend-on partout. Pourtant, avant de chercher à les déconstruire, il serait judicieux de voir comment ils se sont construits. Rien n’est là par hasard. Comme dans un écosystème, chaque élément est utile à certains, et le tout, utile à tous.

Martine Bulard se demande si la Corée sera un jour réunifiée :

Soixante-trois ans après la fin de la guerre qui a divisé la Corée en deux, aucun traité de paix n’a été signé pour normaliser les relations entre les deux pays. Au Sud, les dirigeants conservateurs imaginent une absorption du Nord sur le modèle de la réunification allemande. L’histoire coréenne ne présente pourtant que peu de points communs avec celle de l’Allemagne.

Tandis que Sung Ilkwon repère un « virage autoritaire à Séoul » :

Quelques 40 000 personnes ont manifesté sur l’immense place de la mairie de Séoul, le 5 décembre 2015, pour protester contre la répression menée par la présidente Park Geun-hye, au pouvoir depuis février 2013. Le 14 novembre, à l’appel de 118 organisations affiliées à la Confédération coréenne des syndicats (Korean Confederation of Trade Unions, KCTU), 130 000 Coréens s’étaient en effet rassemblés pour dénoncer la réforme du droit du travail, la reprise en main des manuels scolaires d’histoire et l’accord de libre-échange avec la Chine. La police avait utilisé des canons à eau, faisant une trentaine de blessés, dont un grave.

Laura-Maï gaveriaux nous parle de la « Tunisie abandonnée » :

Marginalisées de longue date, les régions intérieures de la Tunisie continuent d’être livrées à elles-mêmes et n’ont guère tiré profit de la révolte de 2011. Une situation qui alimente colère et désenchantement, dans un contexte marqué par les incertitudes politiques et la persistance de la violence.

Une Tunisie où Thierry Brésillon voit se profiler « une alliance conservatrice à l’ombre de la menace djihadiste » :

En dépit de la douceur exceptionnelle de ce début d’hiver, une humeur maussade flotte dans l’air de Tunis. La vie continue, mais la joie des semaines qui suivirent la chute du régime de M. Zine El-Abidine Ben Ali, en janvier 2011, s’est dissipée. La Tunisie a connu une année 2015 éprouvante, durant laquelle elle a subi trois attentats majeurs revendiqués par l’Organisation de l’Etat islamique (OEI) contre des cibles emblématiques du tourisme et de l’Etat. Conséquence : la saison touristique s’achève sur un bilan catastrophique. Les entrées de janvier à novembre ont diminué de 26 % et les recettes, de plus de 33 % par rapport à l’année précédente. La croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait être quasiment nulle. Et, pour l’année 2016, rien ne permet d’espérer que la conjoncture offrira des perspectives d’amélioration sociale à des Tunisiens épuisés par l’augmentation des prix et par la persistance d’un chômage massif.

Ça ne s’arrange pas au Bénin, qui « carbure à la contrebande » (Sabine Cessou) :

Pionnier de la démocratie en Afrique, le Bénin est en campagne pour l’élection présidentielle de février prochain. Mais, si l’alternance est une tradition dans ce petit pays frontalier du Nigeria, l’économie s’affranchit des règles et repose sur un trafic d’essence à grande échelle. Symptôme d’un Etat fragilisé.

Pour Frédéric Lemaire et Dominique Plihon, Bruxelles « rallume la mèche » en matière de finance :

Selon ses promoteurs, la mise en place d’une union des marchés de capitaux d’ici à 2019 devrait améliorer le financement des entreprises et stimuler l’investissement dans l’Union européenne. Mais ce projet, défendu par le lobby bancaire et élevé au rang de priorité par la nouvelle Commission européenne, fait craindre le retour de la crise financière.

Anne-Cécile Robert décrit le parcours sans fin de la directive maternité à Bruxelles :

Un certain mystère entoure l’enlisement, depuis sept ans, de la directive harmonisant le congé maternité dans l’Union européenne. Pour une fois, la Commission n’est pas en cause : ce sont les gouvernements des Etats membres qui, au sein d’une instance méconnue – le Comité des représentants permanents , ont enterré le projet, au risque de susciter une crise institutionnelle.

La meilleure de l’année, peut-être : un socialiste, Bernie Sanders, se lance à l’assaut de la Maison blanche (Bhaskar Sunkara) :

Les primaires pour l’élection présidentielle américaine de novembre 2016 débuteront le 1er février. Côté démocrate, Mme Hillary Clinton est donnée favorite, mais son adversaire socialiste Bernie Sanders a réalisé une percée remarquée au cours des derniers mois. S’il suscite l’opposition des médias et de l’establishment de Washington, ses idées ont su catalyser une part du mécontentement populaire.

Gilles Bouvais explique comment s’est créé en Allemagne un syndicat de détenus :

Certes, bagnes et travaux forcés appartiennent au passé. Pour autant, le travail n’a pas disparu de l’univers carcéral. On le présente désormais comme un outil de réinsertion. Mais un détenu est-il un travailleur comme un autre ? Quels sont ses droits, et qui les défend ? En Allemagne, ces questions ont franchi les murs des maisons d’arrêt depuis la création d’un syndicat de prisonniers.

A lire, de Guy Scarpetta, un article sur la « fulgurance » de Tadeusz Kantor :

Négligé par les célébrations officielles, le metteur en scène polonais Tadeusz Kantor n’en demeure pas moins une référence mythique dans le théâtre d’aujourd’hui. Mais quelle mémoire pouvons-nous garder d’un art qui a disparu en même temps que son créateur ?

Gérard Mordillat analyse la financiarisation du cinéma (« Le sujet ! le sujet ! le sujet ! ») :

Une nécessité absolue de l’œuvre littéraire ou cinématographique s’est perdue. Chaque année, des centaines de livres, de films, de téléfilms sont écrits, produits et réalisés ; mais à quel besoin impérieux cette profusion répond-elle ? Une nécessité profondément politique, au sens de « qui concerne la cité » ? Une nécessité intime, où la vie même des auteurs serait en jeu ? Une nécessité intellectuelle de porter le fer dans la plaie ? Non. Désormais, une seule et unique nécessité domine la création : la nécessité financière. La presse publie régulièrement le classement des meilleures ventes, des meilleures entrées, comme un palmarès où l’excellence se mesure sur l’échelle du profit.

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