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Le Monde Diplomatique, juillet 2017

Pour Serge Halimi, nos démocraties sont friandes d’entourloupes démocratiques : « Auréolé d’une élection remportée avec trois millions de suffrages de moins que sa concurrente, le président Donald Trump a choisi l’Arabie saoudite pour y dénoncer l’absence de démocratie… en Iran. Puis, à Miami, devant des rescapés d’une équipée militaire ratée montée en avril 1961 par la Central Intelligence Agency (CIA) contre le gouvernement de Fidel Castro, il a prétexté la « liberté du peuple cubain » pour durcir les sanctions américaines contre la population de l’île. »

Fatiha Dazi-Héni évoque la drôle de guerre qui se poursuit dans le Golfe : « La traditionnelle rivalité géopolitique entre l’Arabie saoudite et l’Iran prend un tour belliqueux, sur fond d’affrontements indirects en Syrie et au Yémen. Confortés par les États-Unis, où ils disposent d’un influent groupe de pression, les Saoudiens entendent dicter leur ligne de conduite à leurs voisins arabes. Et gare à ceux, comme le Qatar, qui ne rentrent pas dans le rang. »

Pour Guillaume Pitron, « la Chine se présente en champion de la lutte contre le réchauffement climatique. Dans le pays le plus pollué de la planète, le pouvoir central voit d’un bon œil les initiatives des défenseurs de l’environnement… à condition de ne pas être lui-même remis en cause. »

Pierre Rimbert traque ceux qui sont au mieux malvoyants, au pire malfaisants : « En 2016, sondeurs et journalistes ont donné M. Donald Trump battu, prédit le « non » au Brexit, promis la victoire à M. Alain Juppé. Raté, raté, encore raté. Cette assiduité dans l’erreur s’explique-t-elle par une malchance insigne ou par la pesanteur des préjugés ? L’agenda politique du début de l’année 2017 offre une situation quasi expérimentale pour trancher cette alternative : le traitement médiatique comparé de deux dirigeants sociaux-démocrates, M. Martin Schulz outre-Rhin et M. Jeremy Corbyn au Royaume-Uni. »

Pierre Musso nous rappelle que l’industrie naquit dans les monastères : « Faire de l’entreprise le cœur des sociétés : ce projet, claironné par M. Emmanuel Macron, est d’ordinaire identifié au néolibéralisme contemporain. Il marque en réalité l’aboutissement d’une longue histoire. Celle de la rationalisation du travail et du temps, qui commence dans les monastères au XIIIe siècle. Celle aussi de l’édification d’une croyance commune dans le salut par le progrès industriel. »

Florence Beaugé est partie à la recherche du modèle écologique suédois : « Incapables de mettre en place une taxe carbone ou un plan sérieux d’efficacité énergétique dans les logements, les dirigeants français se permettent de donner des leçons aux États-Unis sur le réchauffement climatique. Pendant ce temps, les pays d’Europe du Nord avancent concrètement dans la transition écologique depuis un quart de siècle, comme on peut s’en rendre compte auprès de ceux qui la mettent en œuvre en Suède. »

Pour Gérard Prunier, cela va de mal en pis au Soudan : « Six ans après son indépendance, le Soudan du Sud est ravagé par la guerre civile. Les médiateurs se portent, en ordre dispersé, au chevet du petit pays pétrolier d’Afrique centrale. Mais aucune paix durable n’est envisageable sans écarter les simplifications médiatiques : le conflit n’est pas « ethnique » mais politique. Ses racines remontent à la colonisation britannique. »

Au Maroc, le Rif défie le roi, selon Aboubakr Jamaï : « La persistance de la contestation populaire dans le nord-est du Maroc et ses revendications de mieux-être social mettent en relief l’échec des programmes de développement économique et des projets d’infrastructure pilotés par la monarchie. Malgré la répression, l’ampleur des manifestations pose la question d’une nouvelle réforme constitutionnelle sur des bases plus ambitieuses qu’en 2011. »

Marie Kostrz croit en l’indéfectible creuset des élites libanaises : « Cet établissement prestigieux vieux d’un siècle et demi a su résister aux turbulences qui ébranlent de manière régulière le pays du Cèdre. Incubateur politique et lieu de débats, l’Université américaine de Beyrouth a longtemps offert une tribune à la cause palestinienne. La dégradation de la situation économique locale en fait désormais un viatique pour poursuivre ses études à l’étranger. »

Peut-on être arabe en Amérique latine (Lamia Oualalou) : « Le racisme existe en Amérique latine. Il touche le plus souvent les populations noires, ainsi que les migrants boliviens, péruviens ou colombiens. Les communautés arabes, en revanche, ne souffrent que rarement des stigmates qui leur sont associés en Europe. Expliquer le phénomène implique d’observer les modalités de l’arrivée de ces personnes dans la région et les positions sociales qu’elles occupent. »

Daniel Lazare évalue a redoutable influence de Riyad à Washington : « Tièdes durant la dernière présidence de M. Barack Obama, les relations entre l’Arabie saoudite et les États-Unis se sont réchauffées depuis l’entrée en fonctions de M. Donald Trump. Une amélioration surprenante quand on connaît la virulence des attaques de ce dernier contre la monarchie wahhabite avant son élection, mais qui doit beaucoup à l’efficacité du lobby américain prosaoudien. »

Marina Da Silva montre à l’envi que l’art est têtu à Bagdad : « Malgré la violence, le manque de moyens et d’infrastructures, la capitale irakienne foisonne de projets culturels. Théâtre, danse et même cinéma refusent avec opiniâtreté toute résignation et entendent défendre une vision progressiste de leur société. Des ponts sont construits avec la France pour mieux faire connaître les œuvres et contribuer à assurer la formation des jeunes comédiens. »

N’en soyons pas surpris, les sociaux-démocrates allemands sont sans boussole (William Irigoyen) : « Les élections législatives allemandes du 24 septembre prochain ne s’annoncent pas sous les meilleurs auspices pour le Parti social-démocrate. Au-delà de ses déboires électoraux lors des derniers scrutins régionaux et de ses alliances acrobatiques, le noyau même de son idéologie paraît désintégré. Dans les municipalités, les militants déconcertés cherchent en vain une ligne claire. »

Rachel Knaebel démontre comment l’extrême droite mène la bataille des idées : « Imposer ses thèmes dans le débat public, mener la bataille culturelle parallèlement au combat politique : en Allemagne comme ailleurs, les formations national-conservatrices veillent à remplir cette double tâche. Cela passe par la création de revues, de maisons d’édition ou de journaux. Exemple avec un hebdomadaire allemand qui a connu un essor fulgurant ces dernières années. »

Un fait de langue rare : la langue sans nom des Balkans (Jean-Arnault Dérens & Simon Rico) : « L’éclatement de la Yougoslavie et l’exacerbation des différences nationales ont eu des conséquences linguistiques : il convenait de parler le bosnien à Sarajevo, le croate à Zagreb, le serbe à Belgrade ou le monténégrin à Podgorica. Tout en identifiant des variantes régionales, les linguistes reconnaissent pourtant à ces peuples une même langue, que certains souhaitent retrouver en partage. »

Dieter Grimm met en garde contre le pouvoir des juges en Europe (Quand le juge dissout l’électeur) : « La justice de l’Union européenne est devenue un terrain d’affrontement insoupçonné pour les entreprises et les gouvernements, sur fond de construction du Marché commun. Au fil du temps s’est ainsi élaborée en dehors de tout contrôle une jurisprudence qui contribue à délégitimer l’Union. Dès les années 1970, la Cour constitutionnelle allemande avait détecté ce déficit démocratique. »

Danièle Linhart imaginer un salariat sans subordination : « Espérant amadouer les opposants à sa réforme du code du travail, le gouvernement a planifié pas moins de quarante-huit réunions avec les syndicats d’ici à septembre. Mais consulter n’est pas négocier et encore moins coécrire la loi. Le temps n’est-il pas venu de prendre un autre chemin pour en finir avec les rapports de subordination propres au contrat de travail, tout en renforçant les droits sociaux ? »

Bernard Dujon prévient que nous sommes tous des mutants : « Faut-il modifier le vivant en changeant l’information que les organismes se transmettent d’une génération à l’autre : leur patrimoine génétique ? On dispose désormais d’outils permettant d’intervenir sur les génomes d’une manière dirigée et précise, ce que la nature fait de manière aléatoire. Plutôt que l’extase ou l’effroi, cette perspective appelle une réflexion rationnelle : pour qui et pour quoi faire ? »

Jacques Testart lance un sombre avertissement : Dernier pas vers la sélection humaine : « Le terme « eugénisme » a été inventé à la fin du XIXe siècle par Francis Galton, un anthropologue cousin de Charles Darwin, pour définir la « science de l’amélioration des races ». L’infanticide, la gestion des mariages, la stérilisation, l’extermination ou l’avortement risquent bientôt d’apparaître comme de bien piètres moyens pour améliorer la qualité humaine au regard des apports de la génétique moléculaire, alliée à l’informatique et à la biologie cellulaire. »

Catherine Dufour se demande si la science-fiction est dépassée : « Déplier les possibilités incluses dans le présent et rêver l’avenir qui le travaille obscurément sont des tâches majeures de la science-fiction. Longtemps considérée comme un foyer d’élucubrations juvéniles, elle est aujourd’hui saluée pour sa valeur prospective. Mais que va-t-elle pouvoir anticiper, quand la science et la technologie semblent l’avoir rattrapée ? »

Pour Raphaël Kempf, tous les Français sont désormais suspects : « Au soir du premier tour des élections législatives, le 11 juin dernier, le premier ministre Édouard Philippe interprétait la victoire de son parti d’adoption. Les Français, expliquait-il, auraient manifesté « sans ambiguïté » leur soutien à « l’adaptation de notre droit aux nouvelles exigences de sécurité liées au risque terroriste ». La formule faisait référence au projet de loi « renforçant la lutte contre le terrorisme et la sécurité intérieure » présenté le 7 juin au conseil de défense par le gouvernement. Ce texte ambitionne de transférer dans le droit commun des mesures d’exception rendues possibles par la déclaration de l’état d’urgence au soir des attentats du 13 novembre 2015 : sur la base d’un simple soupçon, le préfet et le ministre de l’intérieur peuvent ordonner assignations à résidence, perquisitions administratives, placements sous bracelet électronique… »

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