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Le Monde Diplomatique (mai 2013)

Dans son éditorial, Serge Halimi veut préparer la reconquête :
Nul ne croit plus que la raison l’emportera sur des politiques d’austérité insensées, ni que la morale préviendra les scandales mêlant argent et pouvoir. Désormais, l’espoir d’un changement de direction repose sur la mise en cause frontale des intérêts en jeu.
Certaines révélations renvoient à ce que nous savions déjà. Venons-nous d’apprendre que des responsables politiques aiment l’argent, fréquentent ceux qui en possèdent ? Qu’ensemble ils s’ébrouent parfois comme une caste au-dessus des lois ? Que la fiscalité dorlote les contribuables les plus fortunés ? Que la libre circulation des capitaux leur permet d’abriter leur magot dans des paradis fiscaux ?

Marc Perrenoud revient sur le décès d’un candidat de Koh-Lanta : “ Épopée culinaire et renaissance entrepreneuriale ” :
Le récent décès d’un candidat de « Koh-Lanta » (TF1) a révélé toute la brutalité de la télé-réalité. Cette violence peut aussi être purement morale, comme dans ces émissions culinaires qui donnent une vision à la fois martiale et lénifiante du travail.
Au cours de ces dernières années sont apparues en France des émissions de télé-réalité culinaire, comme « MasterChef » (TF1, 2010), « Top Chef » (M6, 2010) ou « Un dîner presque parfait » (M6, 2008). Toutes sont des jeux-concours à élimination rappelant des télé-crochets comme « Star Academy » (TF1) ou « A la recherche de la nouvelle star » (M6). Le vainqueur y gagne un droit d’entrée en or dans l’espace professionnel : en plus de bénéficier d’une exposition médiatique importante, quoique éphémère, il remporte une forte somme d’argent pour ouvrir un établissement, un stage dans une maison prestigieuse, ou, s’agissant des émissions musicales, la production d’un album et une campagne de promotion.

Isabelle Bruno et Emmanuel Didier expliqueznt pourquoi l’évaluation est une arme de destruction :
Parfois décrit comme une maladie de civilisation, le syndrome d’épuisement professionnel, ou burn-out, touche particulièrement les travailleurs les plus zélés. Peut-être parce que, en plus de générer une anxiété permanente, les exigences du management aboutissent à dénaturer l’activité et à en déposséder ceux qui l’exercent. Censé favoriser la « qualité », le « benchmarking » sévit aussi bien dans le public que dans le privé.
« Benchmarker, c’est la santé ! », claironnait en 2008 Mme Laurence Parisot, reprenant le slogan de la convention du Mouvement des entreprises de France (Medef) réunie cette année-là dans l’hémicycle du Parlement européen. Pour qui ignorait tout du benchmarking, son discours – qui en prônait l’application aux produits, aux services, aux idées, aux salariés, aux pays, etc. – avait de quoi désarçonner.

Pour Olivier Zajec , les ambitions de Pékin bousculent la donne spatiale et nucléaire :
Les analystes de défense américains s’inquiètent des progrès de la dissuasion nucléaire chinoise et des « bonds en avant » accomplis parallèlement dans le domaine spatial par l’Armée populaire de libération. En jouant sur la dualité de ces domaines connexes, Pékin améliore l’importance, la portée et l’efficacité de son arsenal, au risque de fragiliser les équilibres nucléaires qui prévalaient jusqu’ici.

Tandis que Philippe Pons se demande comment il faut “ parler à Pyongyang ” :
Développer l’économie et l’armée, tel est l’objectif officiel de M. Kim Jong-un, à la tête de la République populaire démocratique de Corée. Pour l’heure, il multiplie les provocations, tandis que les manœuvres militaires de Séoul et Washington à proximité des côtes nord-coréennes favorisent l’escalade.

Pour Céline Raffalli , Haïti a été “ dépecé par ses bienfaiteurs ” :
Le 12 janvier 2010, un séisme de magnitude 7 ravageait Haïti, faisant plus de deux cent trente mille morts. Trois ans plus tard, en dépit des promesses, l’aide humanitaire s’est surtout soldée par l’importation d’un vibrion cholérique et par l’installation d’entreprises peu soucieuses de droit du travail.
Le soir tombe sur les ruines de Port-au-Prince, bientôt plongée dans l’obscurité. On ne distingue plus, au loin, qu’un feu rouge qui se balance au-dessus d’un carrefour. Partout où l’œil se pose, les décombres envahissent l’espace. Les chiens ont pris possession de la nuit. De temps à autre, leurs cris rompent le silence.

James Cohen revient sur l’ambiguïté du référendum à Porto Rico : “ un « oui » pour un « non » ” :
Rejetée à trois reprises (en 1967, 1993 et 1998), l’intégration de Porto Rico aux Etats-Unis a finalement été approuvée par les habitants de l’île, au terme d’un référendum dont la formulation jette le doute sur les intentions réelles des votants.

Selon Aurélien Bernier, “ L’acheminement de l’électricité verte est un alibi de la privatisation ” :
En Europe, la transition vers des sources d’électricité renouvelables se heurte à un obstacle de taille : le réseau de lignes à haute tension, mal adapté aux flux intermittents issus des parcs éolien et solaire. Sa modernisation et son aspect technique masquent un choix politique : l’énergie est-elle un bien commun nécessitant des infrastructures d’intérêt public ou une marchandise devant circuler dans toute l’Union ?
Produire soi-même, grâce au vent ou au soleil, l’énergie que l’on consomme : ce rêve d’autonomie et de durabilité, plusieurs générations d’écologistes l’ont fait, un peu partout sur la planète. Mais il aura fallu attendre les négociations internationales sur le climat, à la fin des années 1990, et — surtout — l’augmentation du prix des combustibles fossiles, au cours de la décennie suivante, pour que les énergies solaire et éolienne se développent fortement.

Jean-Claude Sergeant évoque “ Les rodomontades antieuropéennes de David Cameron ” :
Hostile à la réforme bancaire européenne, le premier ministre britannique ranime la rhétorique du repli insulaire. « Evoquer la sortie de l’Union européenne est devenu respectable ! » Ce 23 janvier, M. Nigel Farage feignait la jubilation. Prompt à se dépeindre en victime du penchant européiste de l’« élite » britannique, le dirigeant du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (United Kingdom Independence Party, UKIP) se félicitait du discours prononcé le matin même par M. David Cameron. Le premier ministre conservateur entendait « clarifier » la position de son pays au sein de l’Union, et suggérait qu’il n’excluait plus de rompre avec Bruxelles. Pour M. Farage, c’était un tournant politique majeur.

Dorothée Thiénot pense que l’armée malienne a le blues :
Par un vote solennel, le 22 avril 2013, l’Assemblée nationale a confirmé qu’une « force d’appui » d’un millier de soldats français resterait au Mali de façon « permanente ». A Kidal, dans le nord du pays, la mission internationale de soutien devrait prendre le relais des troupes tchadiennes. Mais qu’est-il arrivé à l’armée malienne ?

L’annonce de négociations entre Ankara et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a créé la surprise et est une chance historique pour les Kurdes (Vicken Cheterian). Elle confirme la place nouvelle prise par la « question kurde » pour tous les acteurs régionaux, place confirmée par l’insurrection en Syrie. Ayant échappé au contrôle de Bagdad depuis 1991, le Kurdistan irakien espère catalyser et concrétiser les revendications nationales d’un peuple oublié de l’histoire.

Olivia Dehez nous parle des “ damnés de Las Palmas ”
Sur les côtes des îles Canaries, au large du Sahara occidental, des marins des pays de l’Est et d’Afrique sont abandonnés sans salaire après des mois en mer, escroqués par des armateurs insolvables ou mafieux. Loin des regards, sur cet archipel à la croisée des continents, l’entraide s’organise.

À lire un grand dossier sur le revenu garanti, une utopie à portée de main (Mona Chollet) :
Assurer à chacun, sans conditions, de la naissance à la mort, une somme mensuelle suffisante pour vivre ? Impossible de balayer la proposition en arguant de son infaisabilité économique : il serait tout à fait envisageable de la mettre en œuvre, même si cela nécessite une réflexion politique approfondie..
Inventer une autre vie, d’autres rapports sociaux, peut sembler hors de propos en période de crise. L’exercice n’a pourtant jamais été aussi nécessaire. En Europe, en Amérique latine, en Asie, l’idée d’un droit au revenu inconditionnel fait son chemin.
On travaille, et, grâce à ce travail, on perçoit de l’argent. Une telle logique est si bien ancrée dans les esprits que la perspective d’instaurer un revenu inconditionnel, c’est-à-dire de verser à chacun une somme mensuelle suffisante pour lui permettre de vivre, indépendamment de son activité rémunérée, apparaît comme une aberration. Nous sommes encore persuadés de devoir arracher à une nature aride et ingrate les moyens de notre subsistance individuelle ; or la réalité est bien différente.

En Inde, selon Benjamin Fernandez, l’expérience revitalise les villages :
Dans l’État indien du Madhya Pradesh, un syndicat de femmes a lancé en 2011 une expérience-pilote de revenu inconditionnel. La somme versée ne suffit pas pour se passer d’emploi, mais favorise les initiatives individuelles ou collectives, et permet de mieux vivre.

Baptiste Mylondo explique comment financer l’allocation universelle :
« Mais ce serait impossible à financer ! » Voilà, d’ordinaire, la première objection faite aux promoteurs d’un revenu universel déconnecté de l’emploi. La première, mais sans doute aussi la plus faible.
Si l’on se fie à son produit intérieur brut (PIB), la France est aujourd’hui le cinquième pays le plus riche du monde. En 2010, le revenu disponible (après versement des prestations sociales et prélèvement des impôts directs) s’y élevait à 1 276 euros par mois et par personne, adultes et enfants confondus. Nous disposons donc de ressources suffisantes pour garantir à chaque individu 1 276 euros si l’on décidait d’opérer un partage strictement égalitaire. C’est nettement plus que le seuil de pauvreté actuel, fixé en France à 60 % du revenu médian (1), soit 960 euros par adulte. Qui peut le plus pouvant le moins, la France a donc sans nul doute les moyens d’assurer à tous ses résidents un revenu au moins égal au seuil de pauvreté.

Pour Stéphane Thévenet, les séries télévisées mondialisent la culture sud-coréenne :
Le succès mondial du chanteur Psy — son clip « Gangnam Style » a été vu deux milliards de fois sur YouTube — a attiré l’attention sur la vitalité de la culture pop sud-coréenne. Son rayonnement passe largement par les séries télévisées. Lancés il y a vingt ans, ces « drama » captivent les publics de toute l’Asie, mais aussi du Proche-Orient ou d’Europe de l’Est, charriant derrière eux chanteurs-vedettes et habitudes de consommation.

Pour Razmig Keucheyan et Pierre Rimbert l’affaire Cahuzac fut le “ carnaval de l’investigation ” :
En avouant le 2 avril dernier détenir un compte occulte en Suisse, conformément aux conclusions d’une enquête publiée par Mediapart, l’ex-ministre français du budget Jérôme Cahuzac a élevé le site d’information au rang de justicier public. Hier sceptiques ou attentistes, ses confrères célèbrent ses vertus. Débordées ou confortées, des personnalités politiques lui rendent hommage. Hors des cercles du pouvoir, l’« affaire Cahuzac » suscite un mélange d’indignation et de jubilation, de colère contre la corruption et d’impuissance politique. Quand s’enchaînent les suppressions d’emplois et les exhortations à l’« effort » pour ceux-là mêmes qui les subissent, qui ne se sentirait pas un peu vengé par la chute du ministre et par l’obstination de Mediapart à exposer ses turpitudes ?

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