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Le Monde Diplomatique, octobre 2015

La livraison d’octobre s’ouvre en bonne logique sur Jeremy Corbyn, l’homme à « abattre » pour les dirigeants de l’UE. Il n’est pas si fréquent qu’un homme de gauche prenne la tête d’un parti social-démocrate :

Après la victoire de M. David Cameron aux élections de mai 2015, les éditorialistes britanniques avaient tranché : son adversaire travailliste Edward Miliband avait erré trop à gauche. Les adhérents du Labour en ont jugé autrement en lui choisissant un successeur bien moins timoré. Incarnant l’aile la plus progressiste du parti, M. Jeremy Corbyn a bénéficié d’un mouvement de masse. Parlementaires et apparatchiks n’entendent toutefois pas lui faciliter la tâche.

Qui accueille vraiment les réfugiés, demande Hana Jaber :

Les gouvernements occidentaux font semblant de découvrir l’ampleur du chaos syrien avec l’afflux de réfugiés des dernières semaines. Mais seule une infime minorité des onze millions de Syriens fuyant la guerre civile arrive à atteindre l’Europe au terme d’un voyage périlleux. Pour l’essentiel, ils trouvent refuge dans une autre région de leur pays, en Turquie, au Liban et en Jordanie, où cette présence massive perturbe les équilibres socio-économiques et politiques.

Serge Halimi explique pourquoi il faut aussi « faire sauter le verrou médiatique » :

Les tentatives de rupture avec les politiques néolibérales se multiplient. Après l’espérance grecque, l’élection imprévue de M. Jeremy Corbyn au Royaume-Uni, demain peut-être le réveil de l’Espagne… Ces essais ne sont pas toujours transformés, on l’a mesuré à Athènes en juillet dernier. Mais quelques-uns des obstacles sont dorénavant bien identifiés : les marchés financiers, les entreprises multinationales, les agences de notation, l’Eurogroupe, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE), la politique monétariste allemande et ses caudataires sociaux-libéraux. La puissance de ces agents ainsi que la convergence de leurs préférences expliquent pour partie les prudences et les capitulations des uns, les souffrances et les hésitations des autres. Bien que pertinent, un tel diagnostic est incomplet. Car y manque un élément décisif, souvent analysé dans ces colonnes mais largement ignoré ailleurs, en particulier par les forces politiques qui devraient s’en soucier au premier chef.

A propos de la “ réconciliation colombienne ”, Olivier Bailly rappelle que même la guerre a ses lois :

Avant de rechercher le chemin de la paix à Cuba, la guérilla et le gouvernement colombiens se sont durement affrontés. Même dans les guerres civiles, un code subsiste pour protéger les populations : le droit international humanitaire. Bien que malmené par la « guerre contre le terrorisme », il empêche les parties d’agir totalement à leur guise face à un ennemi diabolisé.

Pour Emilie Frenkiel, l’actuel président chinois est le plus puissant depuis Mao :

Alors que la Chine cherche à faire face à la crise en valorisant la consommation et en ouvrant son secteur financier, l’agitation désordonnée du gouvernement a mis la finance internationale en émoi cet été. Il n’est pas sûr que les autorités parviennent à gérer un « atterrissage en douceur » de l’économie. Politiquement, le président Xi Jinping contrôle tous les rouages du pouvoir. Cela suffira-t-il à calmer le mécontentement ?

Un long article très documenté (qui m’a rajeuni de 27 ans) de Vladimir Cagnolari sur le nouveau paradoxe ivoirien : la Croissance sans réconciliation :

Alors qu’au Burkina Faso voisin les élections générales ont dû être repoussées en raison d’un coup d’Etat manqué, la Côte d’Ivoire prépare dans le calme le scrutin présidentiel du 25 octobre. Mais cette tranquillité pourrait n’être qu’apparente. Car la guerre civile de 2002-2007, puis l’affrontement sanglant qui a opposé le chef de l’Etat Laurent Gbagbo à son rival Alassane Ouattara en 2010-2011 ont laissé des traces.

Pour Bachir El-Khoury, la courses au gaz en Méditerranée est lancée :

Les récentes découvertes de gaz naturel dans les eaux territoriales de l’Egypte viennent confirmer l’importance des ressources de la Méditerranée orientale. Une telle manne pourrait bouleverser l’économie des pays riverains, longtemps dépendants de leurs importations. Mais l’absence de frontières maritimes claires représente une nouvelle source de conflit, notamment entre Israël et le Liban.

En Grèce comme ailleurs, selon Philippe Lamberts, la thérapie de choc exige l’opacité :

Les électeurs grecs viennent de redonner à M. Alexis Tsipras une majorité pour gouverner en lui faisant crédit de sa combativité. Mais l’imposition d’un troisième plan d’ajustement, le 13 juillet dernier, après l’étranglement des banques déconsidère le fonctionnement de la zone euro. Cette dérive antidémocratique inquiète jusqu’aux partisans les plus convaincus de la construction européenne aux rangs desquels figure le chef des écologistes au Parlement de Strasbourg.

Amélie Canonne et Johan Tyszler décrivent les résistances au Grand marché transatlantique :

Avalisées par le Parlement de Strasbourg le 8 mai 2015, les tractations secrètes en vue d’établir un grand marché transatlantique (GMT) se poursuivent entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Mais, face aux dangers de ce traité de libre-échange, une résistance s’organise des deux côtés de l’Atlantique, jusqu’au cœur des collectivités territoriales.

Pour Elizabeth Rush, en Louisianne, l’avenir est au ras de l’eau :

Lors d’une visite en Alaska début septembre 2015, M. Barack Obama a souligné la nécessité de lutter contre le changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Le cas de la Louisiane, dont le quotidien des habitants se trouve profondément affecté par la disparition des bayous, montre pourtant que cette solution ne suffira pas : pour limiter la montée des eaux, c’est l’ensemble du modèle américain de développement qu’il faut revoir.

Christophe Ventura nous emmène en Uruguay, le pays des conquêtes syndicale :

Il existe mille et une façons d’améliorer les conditions de vie des salariés. Souvent délaissée par les pouvoirs politiques (y compris progressistes), l’une d’entre elles consiste à leur permettre de se défendre eux-mêmes, à travers leurs syndicats. C’est la voie qu’a choisie un petit pays latino-américain, l’Uruguay. Avec un succès qui rayonne désormais bien au-delà des lieux de travail.

Au Chili (Leila Miñano & Julia Pascual ), l’avortement n’est toujours pas dépénalisé :

Le droit à l’interruption de grossesse résulte d’une lutte âpre et de l’engagement d’une avant-garde éclairée, comme en témoigne le parcours de Sylvie Rosenberg-Reiner en France. Au Chili, la présidente socialiste Michelle Bachelet s’apprête à dépénaliser l’avortement pour certaines situations dramatiques (viol, malformation, etc.). Mais la loi en préparation renvoie toujours à la clandestinité des dizaines de milliers de femmes.

Toujours à propos d’avortement, à lire un souvenir de Sylvie Rosenberg-Reiner :

Ce que je vais vous exposer est une expérience militante que j’ai vécue avec un engagement très fort, et donc avec toute ma subjectivité. On entend souvent dire que la libéralisation de la contraception puis de l’avortement allait dans le sens de l’histoire. Mais parler d’une victoire quasi certaine de nos idées occulte la violence des luttes idéologiques qui ont opposé les partisans de la contraception et de l’avortement libre et gratuit à leurs adversaires. On ne rappellera jamais assez l’attitude inqualifiable de nombre de médecins hospitaliers : à leur arrivée à l’hôpital, les femmes qui avaient tenté de mettre fin à une grossesse étaient insultées, humiliées ; des curetages étaient pratiqués sans anesthésie…

Un document exceptionnel : les carnets d’Ivan Maïsky, ambassadeur soviétique à Londres de 1932 à 1943 :

On imagine l’allégresse de l’historien Gabriel Gorodetsky quand il eut accès aux 1 500 pages de notes manuscrites rédigées par Ivan Maïsky, ambassadeur d’Union soviétique à Londres de 1932 à 1943. Tout concourait à rendre un tel document exceptionnel : l’importance de la mission diplomatique de Maïsky, entamée alors que la probable accession de Hitler au pouvoir annonçait la guerre en Europe ; le contexte soviétique marqué par des purges qui décimeraient le corps des officiers et des diplomates ; le personnage de l’ambassadeur, enfin : homme de culture et de caractère, ce militant révolutionnaire n’hésitait pas à prendre du temps pour rédiger une pièce en vers.

Les saltimbanques sont-ils des fauteurs de trouble (Evelyne Pieillier) ? :

Jadis, on reprochait aux comédiens de témoigner de bien peu de moralité. Ils appartenaient majoritairement à la marge, à la bohème, sinon à la canaille. Aujourd’hui, on les appelle intermittents, ce qui les associe à un aimable dilettantisme. Jouer, ce ne serait pas travailler. Ils se sont quand même progressivement définis comme des citoyens, avec un rôle social et des droits.

Il y a cinquante ans, Mehdi Ben Barka était assassiné sur le sol français (Omar Benjelloun) :

Idéologue prolifique, travailleur acharné, rassembleur charismatique, Mehdi Ben Barka ne pouvait pas disparaître si facilement. En tout cas pas dans les consciences de générations de militants. La mort de l’opposant marocain ne pouvait pas effacer la vie d’une figure de proue, et sans tache, du mouvement anti-impérialiste, victime de l’un des crimes politiques les plus marquants du XXe siècle.

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