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Les Zindigné(e)s, n° 15

Ce numéro s’attaque au productivisme à tout crin « qui conduit d’abord les pauvres dans le mur ».

La zootechnicienne Jocelyne Porcher aborde la question animale. Il faut « changer notre rapport à la nature et notamment au monde animal », à l’animal d’élevage pensé comme machine depuis la révolution industrielle, dont il faut « maximiser le rendement ». L’élevage est devenu un système industriel. Avec la FNSEA d’aujourd’hui, on est dans la caricature, depuis qu’elle a élu à sa tête Xavier Beulin, président d’un groupe industriel dont le chiffre d’affaires est de 5,5 milliards d’euros. En 2011, Beulin a soutenu une proposition de loi sénatoriale transposant un règlement européen de 1994 sur la protection des obtentions végétales, qui a pour conséquence que les agriculteurs, s’ils veulent ressemer leur propre récolte, doivent verser une « rémunération aux titulaires des Certificat d’obtention végétale » que sont les semenciers. Or Beulin dirige le groupe Sofiprotéol qui détient des participations dans plusieurs grands groupes semenciers français. Pour les paysans (exploitants agricoles) productivistes, voter Le Pen, c’est bien sûr se tromper d’ami (et d’ennemi).

La même Jocelyne Porcher explique également qu’il va falloir réfléchir à la question considérable suivante : « Comment penser un monde dans lequel les animaux seraient presque totalement absents ? » On ne se pourra pas fonctionner éternellement face à la violence et au tragique des conditions de vie et de mort que nous infligeons aux animaux. « Nous ne libérerons pas les animaux sans nous libérer nous-mêmes », écrit-elle.

Lucile Daumas parle des 4 500 personnes qui se sont organisées dans l’Association de Protection Populaire pour le Développement Social et qui mènent une lutte dans la région de Ouarzazate contre des institutions de micro-crédit, pour abus de confiance et conditions de crédit insoutenables. Prévues pour financer des micro-projets et des micro-entreprises, les sommes ont souvent été utilisées comme crédit à la consommation ou pour pallier des services publics devenus payants et inaccessibles pour les couches les plus pauvres de la population (notamment pour des soins de santé).

Claire Tauty prône une souveraineté alimentaire locale : « Agissons ensemble pour une souveraineté alimentaire locale », telle a été le leitmotiv du MIRAMAP (Mouvement interrégional des AMAP) à l’occasion des 10 ans des AMAP à Aubagne en décembre 2011. La souveraineté alimentaire est un concept promu en 1996 par Via Campesina, et dont la définition de 2003 indique qu’elle « désigne le droit des populations, de leurs pays ou unions, à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis-à-vis des pays tiers ».

Aurélien Bernier s’affirme partisan de la démondialisation. L’Union européenne et la démocratie sont incompatibles, affirme Bernier. Si Le Pen continue sur sa lancée vers 2017, la gauche radicale portera, elle aussi, une part de responsabilité. Il faut donc restaurer, une fois pour toutes, la souveraineté nationale et populaire.

Thierry Brugvin explique pourquoi la répression profite aux banques : « Pour la classe des élites économique, industrielle ou bancaire, la répression et les guerres peuvent être très profitables pour les profits et les débouchés économiques ».

Élise Ayrault, secrétaire générale de l’association Résistance à l’agression publicitaire, invite à redévelopper le mouvement pour une rentrée sans marques, contre toute présence de la publicité à l’école : « La deuxième droite socialiste multiplie en effet les cadeaux aux grandes firmes et leur ouvre le marché éducatif. »

Laurent Paillard note que le conseil constitutionnel a inventé la déclaration des droits des patrons : « La censure de certains articles de la loi visant à reconquérir l’économie réelle, dite « loi Florange », obligeant un chef d’entreprise de plus de 1000 salariés voulant se débarrasser d’un site rentable à chercher un repreneur, illustre la conception néo-libérale de la propriété et révèle son extrême confusion. »

Marcel Cervera-Marzal veut rouvrir la question démocratique : « Face à la crise démocratique dont l’explosion du taux d’abstention à gauche n’est qu’un symptôme parmi d’autres, que faire ? Renoncer au pouvoir, désobéir pour dire Non mais aussi pour dire Oui en créant d’autres façons de vivre la politique. Avancer vers des formes autogestionnaires. Nous sommes aussi aux Zindigné(e)s des partageux en matière de pouvoir !

Patrice Brun, ancien président de l’Université Bordeaux-Montaigne, a, après un mandat, renoncé volontairement au pouvoir. Dingue. Il s’est souvenu de la phrase d’Aristote : « La véritable démocratie réside dans la succession du commandement et de l’obéissance. »

Le mensuel donne la parole à Claude Carrey et lui demande « Comment pratiquer concrètement l’autogestion ? »

Florent Bussy revient sur la gratuité en se demandant si elle est une utopie. « Les Zindigné(e)s (et auparavant Le Sarkophage) valorisent la gratuité des biens communs (eau, énergie) et des services permettant de garantir à chacun des droits fondamentaux (santé, transports, revenu universel etc.), contre leur marchandisation et le gaspillage lié à la recherche du profit. La gratuité est au cœur d’un combat politique de rupture avec le capitalisme. Déjà William Morris avait imaginé, dans ses Nouvelles de nulle part, une société fondée sur une gratuité totale. »

Jean-Pierre Garnier analyse l’irrésistible ascension de la petite bourgeoisie intellectuelle : « la reproduction des rapports de production capitalistes ne peut s’effectuer, lorsque ceux-ci ont atteint un certain stade de développement, qu’avec le concours structurel d’une classe intermédiaire scolairement dotée et préposée aux tâches de médiation assurant le relais entre direction et exécution, soit entre « le haut » et « le bas » de la société. Ces tâches peuvent se subdiviser, en se combinant parfois, selon quatre fonctions : conception, organisation, contrôle, inculcation. Pour les accomplir, on trouve aussi bien les cadres, les ingénieurs et les techniciens, que les enseignants et les chercheurs, les technocrates de la planification, de la programmation ou de la gestion aux niveaux national et local, que le personnel qualifié des établissement médicaux et socio-éducatifs, sans oublier évidemment les professionnels de l’« info-com » (publicité et propagande) et les « créateurs » et « créatifs » en tout genre (architectes, artistes, écrivains, éditeurs…), ni les agents des échelons supérieurs et intermédiaires de l’appareil répressif d’État. Soit, pour l’ensemble, un bon quart de la population active. »

Garnier poursuit sa réflexion dans “ Du « social » au sociétal » ” : « De par sa position médiane et sa fonction médiatrice, la PBI (Petite Bourgeoisie Intellectuelle) ne peut qu’être traversée par les contradictions sociales qu’elle a pour vocation structurelle de gérer. Or, vivre ainsi le c... entre deux chaises c’est-à-dire cerveau entre deux classes n’est pas chose aisée. D’où un malaise à la fois idéologique et psychologique qui incite les néo-petits bourgeois à se réfugier la plupart du temps dans le déni et la mauvaise foi. »

Nous avons besoin de philo pour enfants », affirme Lilian Noiret : « L’éducation est un point central de la philosophie. Nous pensons aux Zindigné(e)s avec Lilian Noiret que les enfants peuvent être de grands philosophes à leur manière. L’expansion de la philosophie pour enfants en l’exemple même. Il devient possible d’en faire dès la maternelle. »

Un article très intéressant de politique française par Yann Fiévet (déjà publié par Le Grand Soir) : “ La politique hors sol ” : « L’on connaissait l’agriculture hors-sol qui engraisse ses animaux enfermés loin des prairies à l’herbe grasse ou du regard doux des enfants et fait pousser des légumes en suspension dans l’air. Le productivisme mâtiné de technocratie arrogante en fut la cause voilà cinquante ans. L’on apprit à connaître, de plus fraîche date, l’industrie déterritorialisée où les lieux de la production se déplacent au gré de l’aubaine des salaires les plus bas et de l’hyper-concurrence des travailleurs du monde entier. Avec cette « internationale capitaliste » issue de la libéralisation débridée de l’économie planétaire nous pensions peut-être que la déshumanisation de nos sociétés touchait presque à son comble ? Oui, elle « était presque à son comble. Il ne lui manquait plus que la confiscation des lieux où s’ancrent l’histoire et la sociologie des populations humaines. Eh bien, en France les départements vont disparaître, les régions – conséquence relative des ancestrales provinces – vont voir leur nombre fondre comme peau de chagrin. C’est ainsi qu’à l’heure de la finance totalitaire le territoire n’a lui-même plus lieu d’être !

Productivisme/Antiproductivisme : le débat est enfin ouvert !

Les Zindigné(e)s ont publié en mars Une lettre ouverte à Amar Bellal responsable communiste de la revue « Progressistes », symptôme, disions nous, d’une gauche toujours productiviste sinon scientiste. Nous publions ci- dessous la réponse d’ Amar Bellal.

Que nous apprend Babeuf aujourd’hui ?, par Benoît Schneckenburger : « La pauvreté apparaît de plus en plus comme une forme de fatalité. Raison de plus pour s’intéresser à ceux qui l’ont toujours combattue. Tel a été le cas de Gracchus Babeuf, au cœur de la Révolution française. »

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