Plein écran
commentaires

Marrakech : à qui profite le crime ?

Si par le plus grand des hasards, vous faites encore partie de ces ultimes ermites citadins qui ne seraient pas encore au courant - improbable vu votre présence sur ce site - sachez que ce midi, le Royaume du Maroc a été frappé par un attentat à la bombe en plein coeur, une violente explosion au premier étage du café Argana situé sur la célèbre place Jamaa El Fna à Marrakech, tuant une quinzaine de victimes, touristes et marocains, sans compter les nombreux blessés.

Lorsque j’ai appris la nouvelle, je vous avoue froidement que je n’ai pas été surpris, le premier sentiment qui m’a envahi était mêlé de colère et d’écoeurement. Vous aurez sûrement compris que si vous vous attentiez à un étalage de larmes ou de ’vade retro satanas’, vous vous êtes trompé d’adresse. Car bien qu’étonné pendant quelques secondes et puis, tragiquement blasé peut-être, je ne sais pas trop, le fait est que je me suis tout de suite dis que cette annonce avait un drôle de goût. Elle m’est apparue pâteuse, comme peut l’être l’intérieur d’une bouche après y avoir enfilé un paquet de cigarettes. A ma charge, on pourrait réquisitionner que la dernière particule d’humanité qui veillait encore en moi s’est éteinte. Mais à ma décharge, permettez-moi de plaider que si tel était le cas, aurais-je ressenti ce besoin viscéral d’ouvrir cette page blanche en l’honneur des victimes ?

Je ne suis pas de ceux qui courent après le temps. Il y a déjà suffisamment de sprinters qui s’évertuent à suivre le lièvre de l’instantanéité. Ce que vous lisez n’est pas un article publié par un chercheur, un journaliste ou un philosophe, ni une tentative de développer une quelconque idéologie ou théorie complotiste, mais plutôt, l’expression d’un besoin de faire part d’un sentiment bizarre, presque malsain ou plutôt devrais-je utiliser le mot malaise. En définitive, ma démarche n’a pas d’autres prétentions que d’ouvrir le débat. Ce qui me pousse à m’interroger, à m’intéresser à cette désagréable sensation pour essayer de mieux la comprendre, peut-être même de la dompter. Voilà pourquoi je m’interroge, utilisant l’écriture comme une manière de structurer mes idées. Voilà pourquoi je vous interroge, convaincu que je suis que le seul moyen de se rapprocher de la vérité passe par le partage des vérités. D’ailleurs, nul besoin d’en écrire d’avantage, puisque les débats sont ouverts...

Badi Baltazar
http://www.lebuvardbavard.com

Print Friendly and PDF

COMMENTAIRES  

29/04/2011 09:02 par yellow

La crainte...voilà un bon moyen de tuer les mouvements populaire pour les réformes dont il sont privé depuis longtemps.
A qui profite le crime ?
Toujours aux même...ceux qui veulent que rien ne change.
Le remède...un cocktail de terreur et pouvoir autoritaire"corrompu bien sur" !

29/04/2011 13:46 par B. Cotroux

Je crois comprendre ce sentiment, le partager en partie ou plus. L’information n’est souvent plus de l’information mais une quête d’auditeurs, de spectateurs, de lecteurs. La mauvaise télévision a imposé les règles à pratiquement toute la presse - fascination pour l’image, processus d’élaboration masqué, superficialité, émotion immédiate, urgence, absence d’analyse, consensualité, absence de débat (au sens de discussion d’idées) ... Au-delà , nous tombons dans le piège d’un hameçonnage par Internet, la fascination nous gagne et nous sommes pris au piège à consommateurs d’"information". Notre humanité devient ouatée, engourdie. A quel degré sommes-nous encore des humains, pris de compassion, d’empathie, ce qui est une caractéristique fondamentale de l’humain, lorsque nous voyons la souffrance de l’autre ? Je ’n’ai pas la télévision et m’abstiens de lire trop souvent les quotidiens. Je suis parfois happé par une accroche sur Yahoo. Mais l’information est rare aujourd’hui. Dans chaque quotidien sérieux, on en trouve, ne jouons pas les critiques à tout va ; dans le Monde diplo du samedi, dans le Courrier International, sans doute. Mais ne sommes-nous pas devenus face à l"l’info", comme ces ados que nous critiquions il y a peu, insensibilisés par la fréquentation de certains jeux vidéo ou en ligne, qui banalisaient la violence, le meurtre et la souffrance ?

Drogués - d’où, peut-être l’impression de bouche pâteuse -, anesthésiés. Alors, à quoi bon ne pas être d’accord ? Que les politiques fassent comme ils l’entendent. Que la finance fasse comme elle l’entend. Nous, nous jouons à l’info. Même plus mal.

Ou alors, entrons dans le jeu démocratique et mettons-nous à écrire, engageons-nous pour des causes morales, histoire de faire passer ce mauvais goût que nous avons lorsque nous nous (dé)goûtons nous mêmes. On peut aussi vivre en ermite ou dans une tour d’ivoire, "Belle âme" kantienne qui ne se salit pas les mains. Le supporterions-nous ?

Alors, la vue du sang, encore. Et, oui, le durillon qui se forme sur notre compassion. Et un message pour passer la râpe.

03/05/2011 01:03 par JA

Je partage le sentiment de l’auteur.

Ici un documentaire en anglais (sous-titré en espagnol) sur les FALSE-FLAG OPERATIONS (opérations consistant à agresser son propre camps en se faisant passer pour l’ennemi) ; je précise que la majorité des faits cités ont été admis et reconnus (déclassifiés).

documentaire

(Commentaires désactivés)
 Twitter        
 Contact |   Faire un don
logo
« Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »
© CopyLeft :
Diffusion du contenu autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.