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Marx et le capital fictif

Imaginons de nombreux capitalistes qui construisent des lotissements, des logements par milliers. Ils investissent des capitaux importants, dans l’espoir d’en retirer un bénéfice. S’ils ne trouvent pas en face d’eux autant d’acheteurs solvables, ils ne vendent pas leurs maisons et vont droit à la faillite. Le capital qui aurait pu, une fois les ventes réalisées, être réinvesti dans de nouveaux chantiers de construction, est au contraire immobilisé sous la forme de maisons invendables, et les ouvriers du bâtiment sont licenciés.

L’une des implications de ce cycle de circulation du capital, c’est que celui-ci existe alternativement sous deux formes, l’argent ou la marchandise. Cela signifie qu’il existe toujours une accumulation de marchandises et une accumulation d’argent, qui passent périodiquement d’une forme à l’autre.

Au fur et à mesure que le chantier avance, le capitaliste paye ses ouvriers, les matières premières, …etc. Il dépense son capital, mais ne le fait pas d’un seul coup. Il reste donc, jusqu’au dernier payement, une partie de ce capital qui n’est pas encore employée.

Déposée dans une banque, cet argent peut fonctionner comme capital pour d’autres capitalistes, sous la forme du crédit. Peu importe à notre fabricant de maisons, que l’argent qu’il retire lorsqu’il en a besoin ne soit pas celui qu’il a déposé, puisque la somme est la même. Or, ce crédit offre de nombreuses applications intéressantes pour le système capitaliste.

Une banque pourrait prêter de l’argent à des acheteurs potentiels, pour leur permettre d’acheter ces maisons qui viennent d’être construites. Pour nos capitalistes, la question est résolue : si les acheteurs ne peuvent plus rembourser leurs traites, c’est devenu l’affaire de la banque et plus la leur.

Puisque les acheteurs remboursent régulièrement et qu’ils rembourseront, à terme, plus d’argent qu’ils n’en ont emprunté, la reconnaissance de dette devient un papier qui rapporte de l’argent à celui qui la détient. Mais elle contient aussi le risque de ne pas être remboursée, si l’emprunteur se révélait insolvable. Alors, pour la banque, il existe une solution : revendre ce papier, qui contient à la fois un argent potentiel et un risque potentiel, en le jetant sur le marché.

Pour l’acheteur, ce papier ne représente plus une maison, un ensemble de maisons, des marchandises, mais seulement de l’argent déconnecté de la marchandise. On peut l’acheter, le vendre, spéculer dessus. On est alors dans la fiction de l’argent qui engendrerait de l’argent. C’est l’une des composantes que Marx appelle le capital fictif, dans la mesure où il ne représente pas de l’argent réel, mais seulement la possibilité, l’espoir de gagner de l’argent.

La dette publique n’est pas une question nouvelle, même si elle est sous le feu de l’actualité. Elle constitue un élément structurel de la politique économique des États. Aujourd’hui, presque tous émettent des bons du trésor, tout en remboursant des dettes antérieures. Tant que les rentrées, fiscales pour l’essentiel, permettent d’entretenir ce cycle, cela ne pose pas de problème aux prêteurs, qui voient dans les bons d’État des valeurs fiables.

C’est l’un des effets de la croissance du capital fictif, pour lequel l’argent semble se valoriser directement en argent : tout titre, qu’il soit action ou bon d’État, est évalué en fonction du risque qu’il contient par rapport au profit potentiel qu’il engendre.

Une partie croissante du budget de l’État est donc constitué de ce capital fictif, ce qui le rend vulnérable aux crises financières qui s’y déroulent. Or, de la même manière que l’on peut assurer une maison ou une voiture, il est aujourd’hui possible d’assurer un risque financier sur le marché : c’est le rôle des CDS (crédit default swap). Ces titres font eux-mêmes l’objet d’un marché, qui est la logique même du capital fictif puisqu’ils contiennent un profit potentiel, de l’argent se valorisant en argent.

Dés lors, il devient possible de spéculer sur les risques de banqueroute d’un État : c’est ce qui s’est passé avec la crise grecque, portugaise, Espagnole, Italienne et maintenant Française. De ce point de vue, l’État est exactement dans la situation d’une entreprise qui restructure pour restaurer ses profits : réduction massive des salaires des fonctionnaires, blocage des recrutements et non-remplacement des départs en retraite, et amélioration de la « productivité » par des mesures fiscales.

Autrement dit, l’État est, dans le capitalisme actuel, un moyen de valorisation du capital comme un autre, la manière dont il s’y prend pour fournir cette valeur ajoutée n’ayant d’importance que lorsqu’il risque de ne plus y parvenir.

Par A.K d’après Karl MARX pour Conscience Citoyenne Responsable

http://2ccr.unblog.fr/2012/03/23/marx-et-le-capital-fictif/

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