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Nouvelles énergies pour les élections européennes.

"Ce n’est que si la gauche change profondément elle-même, en coupant les ponts avec les praxis du passé, qu’elle arrivera à se présenter de façon crédible comme un sujet politique vraiment capable de changer profondément ce pays".

Il y a quelques jours Marco D’Eramo a écrit sur ce journal qu’Obama s’est adjugé les élections présidentielles quand il est arrivé à convaincre les électeurs que le changement, l’avenir, étaient de son côté. Sa candidature même était en soi le symbole du changement. Sur ces bases là , il est arrivé à constituer un mouvement fait de millions de personnes, qui se sont mobilisées, et en contribuant même financièrement à la campagne électorale.

Notre gauche par contre donne une idée de vieux, de répétitif, alors qu’un parti autoritaire comme Forza Italia n’a pas perdu l’attraction de la nouveauté. Pour parler de nouveau avec le pays, pour vaincre de nouveau, la gauche doit communiquer un signal fort de discontinuité avec les pratiques politiques du passé, et commencer à expérimenter une nouvelle façon de faire la politique, au-delà des divisions actuelles.

Les prochaines élections européennes sont une nécessité urgente de revanche et aussi une occasion unique ; mais pour la saisir la gauche doit se rénover, en attirant l’attention des Italiens, et avant même que sur ses programmes, sur sa façon de procéder. Elle doit faire quelque chose de jamais tenté en Italie, qui étonne, qui attire attention, sympathie et intérêt, qui suscite l’envie de participer même à tous ceux qui sont dégoûtés « par des rites congressuels, de notables, par les contages de carte, les quotas à la Cencelli par courants, sous-courants et groupes, et par toutes ces entraves de caste politique ». Ce n’est que si la gauche change profondément elle-même, en coupant les ponts avec les praxis du passé, qu’elle arrivera à se présenter de façon crédible comme un sujet politique vraiment capable de changer profondément ce pays.

Ces jours-ci a commencé le débat politique sur la présentation des listes aux élections européennes, et le thème qui attire le plus l’attention est la façon dont vont se regrouper les différents partis et mouvements qui constituent la gauche. Je pense que c’est un faux problème. Je suis persuadé que sera vouée à la défaite toute solution - avec un, deux, ou plus, regroupements- qui, après des tractations aux sommets, produira des listes ayant en positions dominantes des secrétaires de parti et ex-parlementaires … L’insertion de quelque nouveau visage ne changerait pas beaucoup le résultat final.

Si la gauche n’arrive pas à montrer aux électeurs que le changement est de son côté, elle a perdu. Le problème central du débat devrait être comment former des listes de la gauche les plus unitaires possible, en faisant naître un processus participatif, qui n’ait pas ce relent de charte électorale, de partition des sièges entre les partis, qui flottait autour de l’Arcobaleno (coalition de mouvements de gauche qui a fait un score catastrophique aux dernières élections italiennes, NdT).

Je voudrais contribuer au débat avec une proposition explicite pour la formation d’une liste, appuyée par les divers partis et mouvements de la gauche, fondée sur les points suivants :

1. Ne peuvent être candidats aux élections européennes tous ceux dont la principale source de revenus pendant ces dernières années provient d’activités politiques ou syndicales, par exemple députés et sénateurs, conseillers régionaux, départementaux ou de grandes municipalités, permanents de partis.

2. Ne peuvent pas être candidats aux élections européennes les membres des directions nationales des mouvements ou des partis de la gauche.

3. Ces exceptions étant faites, les candidatures sont ouvertes à tous ceux qui partagent le programme électoral, indépendamment du fait qu’ils soient inscrits ou non à des partis ou mouvements de la gauche. Les candidatures (accompagnées d’un curriculum d’activités politiques qui sera rendu public) seront examinées par un comité de garants, avec le seul objectif de vérifier la cohérence avec les idéaux du programme.

4. Les candidats seront ensuite choisis par l’intermédiaire de primaires (en incluant des quotas réservés pour chaque sexe) et seront mis en liste par ordre alphabétique. Evidemment si le vote préférentiel était aboli, l’ordre ne serait pas alphabétique mais déduit des primaires.

5. Le programme doit être très synthétique et fondé sur des propositions concrètes et des valeurs partagées (par exemple avoir une législation européenne en accord avec les principes de notre -belle- Constitution). On peut se centrer sur quelques points clé comme l’intervention publique pour garantir un revenu minimum à ceux qui perdraient leur emploi à cause de la crise, ou le développement des énergies renouvelables (recherche et nouvelles technologies). Les primaires même peuvent aussi être utilisées pour déterminer les priorités des points clé.

Je voudrais être clair. Je pense que les politiciens de profession sont une grande ressource pour la gauche, mais pas la seule. Je trouve dégoûtantes, et signe de décadence, les attaques qui ont eu lieu récemment à la télévision contre Vendola (président de la Région Pouilles, NdT), à qui va toute ma solidarité. J’ai une grande estime pour les personnes que j’ai ici proposé d’exclure des listes (auxquelles j’appartiens moi-même) : leur contribution est cruciale et nous ne pouvons pas imaginer nous passer de leur expérience même technique.

Cependant, dans ces élections, se trouve en jeu la capacité de la gauche de montrer qu’elle est en mesure d’en finir avec les pratiques de partition pesées des postes de pouvoir, et de ramener le choix des candidats dans les mains du peuple de gauche. Il faut faire parvenir à tous les Italiens le message qu’on est en train de construire dès ces premières élections après la catastrophe. Les primaires seules ne suffisent pas : un dirigeant politique partirait trop avantagé par rapport à celui qui fait de la politique en dehors des partis.

Pour sortir d’une grave crise de représentation, la gauche doit donner maintenant un signal clair. Dans des élections successives on pourra faire des listes différemment, avec une combinaison pondérée de politiciens de profession et de ceux qui font de la politique dans la société. Mais le premier rendez-vous national après la défaite des politiques doit témoigner de la capacité de la gauche de faire la politique de façon nouvelle, pour récupérer tous ceux qui lui ont tourné le dos aux élections précédentes. De cette manière, on obtiendrait aussi l’avantage non négligeable de balayer toutes les discussions et tractations en cours sur l’organisation des listes pour les européennes, discussions qui risquent d’empoisonner le climat politique et - même si ça se terminait par une liste unitaire- laisseraient un goût amer en bouche. La méthode que je propose, si on la faisait bien connaître, aurait une résonance forte : les candidatures ouvertes, les primaires avec résultat non préconstitué, la participation de toute la société, les discussions politiques à large spectre, tous ces facteurs attireraient l’attention sur la gauche, qui pourrait à juste titre et avec orgueil montrer qu’elle est substantiellement différente des autres partis. Nombre de gens voteraient pour elle, même avec le seul objectif d’encourager la politique italienne à agir avec de nouvelles modalités. Ce serait une campagne électorale qui pourrait mobiliser un grand nombre de personnes ; je ne sais pas si se serait le point de départ pour de nouveaux regroupements politiques, mais ce serait au moins le commencement d’une nouvelle façon de faire la politique. A un moment où les partis de la gauche réfléchissent sur leur avenir, il faut que tout le monde s’arrête et fasse entrer dans l’arène de la politique nationale des énergies politiques neuves. Récemment le mouvement des étudiants a montré comment la richesse de changements de méthode continue à être forte et comme il est possible de s’organiser avec grand succès sans re-parcourir pas à pas les traces des prédécesseurs ; la gauche devrait s’inspirer de leur exemple.

Giorgio Parisi est physicien et enseignant de renommée internationale ; il enseigne actuellement la physique quantique à l’université de Roma Tor Vargata.

Edition de samedi 22 novembre 2008 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/22-Novembre-2008/art46.html
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

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