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Pas de comité scientifique consultatif pour l’Université de Lyon

Quand on est colonisé dans sa tête par les Yankees, quand on baigne dans l’idéologie du capitalisme financier et qu’on en est un de ses agents les plus prestigieux, on ne s’exprime pas en français, on jaspine le jars globish. Donc pas de comité scientifique consultatif pour l’Université de Lyon mais un Scientific Advisory Board, international, cela va de soi.

Cet effacement du français par le globish n’est pas qu’une question de vocabulaire. Il implique des pratiques très nouvelles. Ce SAB comporte 15 personnalités, dont huit extérieures. Ces dernières grassement payées. Préside le SAB Sybille Reichert, de l’Université Erlangen-Nürnberg. Diplômée de Yale (forcément !), elle a exercé à l’Université de Zurich puis a été élue présidente de l’Université de Nuremberg. Entre temps, elle avait monté sa propre société de consultants (Reichert Consulting for Higher Education). Elle est devenue une pro de la consultation en Europe et promeut, entre deux avions, l’idéal d’une université globalisée, rentable, avec des contrats précaires pour les personnels et des étudiants endettés.

Le président de l’Université de Lyon, le professeur d’économie Khaled Bouabdallah, a décidé de lui allouer 10 000 euros pour 40 heures de présence par an (250 euros de l’heure). Les autres conseillers toucheront entre 2 500 et 4 000 euros. Les huit personnalités internes ne toucheront rien.

De mon temps, pas si éloigné que cela, ce type de Board n’existait pas. Les universitaires, qui ne se prenaient pas pour des super cadres du privé, ne couraient pas après les jetons de présence. Des prestations hors des universités de rattachement étaient toujours effectuées gratuitement.

Le but ultime de cette magouille institutionnelle est, dans la logique des politiques menées par Pécresse et Fioraso, de dépouiller les personnels universitaires (enseignants, étudiants, administratifs) de toute représentation et de tout pouvoir démocratique pour les confier à des « personnalités » extérieures, toutes plus éminentes les unes que les autres.

Bernard GENSANE

PS : l’université de Poitiers vient de lancer son flamboyant “ Career Center ” (orthographe zunienne). Comment dit-on “ Ben couillon ” en texan ?

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Viktor Dedaj

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