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Pas le droit de parler des droits des Palestiniens ?

Ceux qui critiquent la politique d’Israël et qui défendent les droits des Palestiniens sont dans la ligne de mire de certaines associations pro-israéliennes. Avec toujours les mêmes méthodes d’intimidation : black-out médiatique, entrave à la liberté de réunion, accusations d’antisémitisme, menaces de suppression de subventions, tentatives de censurer les militants de la cause palestinienne en criminalisant leurs actions et pressions pour empêcher les débats, en particulier, en milieu universitaire.

Cela se passe aux Etats-Unis, et partout dans le monde, aussi. Ici, il s’agit d’une conférence qui a eu lieu les 24-25 mars à la Faculté de Droit Hastings, qui fait partie de l’université de Californie, et qui visait à mener une réflexion sur les solutions légales et non-violentes pour faire respecter les droits des Palestiniens aux Etats-Unis et dans le monde.

emcee

Source : Dissident Voice, Pressure on Law Conference Threatens Free Speech
Cecilie Surasky / April 23rd, 2011

Les pressions sur une conférence sur les droits des Palestiniens menacent la liberté d’expression

L’Anti-Defamation League http://fr.wikipedia.org/wiki/Anti-Defamation_League (ADL, "Ligue antidiffamation", l’American Jewish Committee http://fr.wikipedia.org/wiki/American_Jewish_Committee, et le Jewish Community Relations Council local (JCRC, Conseil des relations de la Communauté Juive) sont intervenus à propos d’une conférence qui a eu lieu le mois dernier, intitulée : "Faire valoir les droits de la Palestine : les tribunaux peuvent-ils garantir leurs droits aux Palestiniens ?" à l’école de droit Hastings de l’Université de Californie http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_de_droit_Hastings_de_l%27universit%C3%A9_de_Californie (University of California, Hastings College of the Law).

Ces organisations ont fait pression sur le conseil d’administration d’Hastings (dont aucun n’est enseignant, NDT) pour qu’il se réunisse d’urgence, et il a été décidé de "prendre toutes les mesures nécessaires pour retirer de la conférence toute mention du nom de l’école".

Frank Wu, doyen et président de la faculté, s’est vu interdire de prononcer le discours de bienvenue et une fondation importante a retiré à l’école sa participation financière à la conférence.

Les professeurs d’université détestent les intimidations visant leur liberté pédagogique et cette affaire ne fait pas exception à la règle. Pratiquement tous les professeurs titulaires ont signé une lettre disant que la capitulation du Conseil d’Administration face aux pressions extérieures concernant la liberté de l’enseignement risquait de "porter énormément de tort à la réputation d’Hastings".

Le conseil élu des étudiants, soutenu par 30 organisations d’étudiants, a accusé le CA de "porter atteinte à la liberté de l’enseignement" et d’entraver la liberté d’expression pour les conférences universitaires futures.

Ils ont raison, certes, mais il y a des questions bien plus importantes en jeu. Pourquoi un débat universitaire sur les démarches juridiques visant à garantir les droits et la liberté des Palestiniens dérangeait-il ces organisations juives traditionnelles ?

Peut-être est-ce parce que pour la première fois de l’histoire des Etats-Unis, il existe un fort mouvement de contestation contre un discours unilatéral qui couvre ou justifie la répression actuelle des Palestiniens par Israël et la culpabilité des Etats-Unis dans cette répression. Ce sont les universités qui sont au coeur de cette contestation, ce qui explique pourquoi ceux qui se posent traditionnellement en défenseurs inconditionnels de la politique d’Israël tentent de stigmatiser ou de réduire au silence ceux qui expriment un point de vue différent.

Ici, la conférence en question portait sur la défense des droits des Palestiniens (dans les tribunaux aux Etats-Unis et dans le monde, NDT). L’organisateur principal était George Bisharat, ancien avocat commis d’office à San Francisco et professeur de droit à la faculté d’Hastings.

De nombreux universitaires spécialistes de droit http://www.nlginternational.org/event/past.php?id=149 (venus d’autres importantes écoles de droit des US, NDT) et des défenseurs des droits de l’homme, parmi lesquels de nombreux Juifs des Etats-Unis et d’Israël, participaient à cette conférence. Or, cela n’a pas empêché le directeur du JCRC, Doug Kahn, de qualifier d’"anti-Israël" cette conférence qui concernait les stratégies légales non-violentes relatives au conflit israélo-palestinien.

Il a raison, toutefois, si on considère que la lutte de Thurgood Marshall (juriste noir américain qui a siégé à la Cour Suprême, NDT) pour les Droits civiques des Noirs était "anti-américaine".

Tammi Rossman-Benjamin, chargée de cours à la faculté de Santa Cruz (University of California), a écrit dans une lettre de protestation que l’université d’Hastings risquait de perdre les subventions fédérales si la conférence avait lieu quand même.

Rossman-Benjamin, qui cherche depuis longtemps à réduire au silence les conférenciers et les universitaires qui critiquent la politique d’Israël, et dont beaucoup d’entre eux sont juifs, voire israéliens, a récemment porté plainte pour, prétend-elle, l’antisémitisme du contenu des programmes universitaires relatifs à Israël et à la Palestine à l’Université de Santa Cruz.

Le Bureau des Droits Civiques du Département de l’Education des Etats-Unis, qui est la cible depuis des années d’une campagne dirigée par Zionist Organization of America destinée à criminaliser les étudiants qui luttent pour les droits des Palestiniens, a ouvert une enquête.

Ce qui est inquiétant, c’est que ces initiatives montrent que la critique légitime de la politique d’Israël est aujourd’hui assimilée à de l’antisémitisme.

Si on laisse faire, alors, les débats sérieux sur les violations israéliennes dans les territoires palestiniens seront interdits. C’est une menace qui pèse non seulement sur la liberté de l’enseignement, mais également sur la liberté d’expression aux Etats-Unis et sur notre contribution à la défense les droits de tous en Israël, en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.

Cecilie Surasky est directrice des communications de "Jewish Voice for Peace" dont le siège se trouve à Oakland

Autres infos relatives au contenu du billet :

Pour un compte-rendu plus complet, voir ici (en anglais)

Réponse de JVP aux accusations de l’Anti-defamation League (anglais)

Déclaration de Militants et d’Organisations de Juifs actifs dans la campagne BDS contre Israël

Apparemment, la Campagne BDS fait redoubler les tentatives d’intimidation et les pressions à l’encontre les défenseurs de la paix en Palestine.

Récemment, par exemple, en France, c’est une http://www.acrimed.org/article3522.html, portant sur la criminalisation du mouvement militant en faveur du boycott d’Israël, et à laquelle Stéphane Hessel devait participer, qui a brutalement été annulée.

En 2007, c’est l’archevêque Desmond Tutu, prix Nobel de la paix, défenseur des droits humains et architecte de la commission "Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud, qui était victime de la censure.

« "Desmond Tutu devait prendre la parole à St. Thomas University, à St. Paul, Minnesota, mais sa venue a été annulée, apparemment parce que Tutu avait émis de vives critiques à l’encontre du régime d’Israël et contre l’occupation des territoires palestiniens.

Les responsables de l’’université auraient expliqué que l’invitation avait été annulée parce qu’ils estimaient que les propos de Tutu pourraient froisser la communauté juive.
(…)
Desmond Tutu, de même que l’ancien président Jimmy Carter, a rejoint les innombrables défenseurs des droits humains qui comparent l’occupation des territoires palestiniens par Israël à la situation des non-blancs du temps de l’apartheid.

Qu’on soit d’accord ou pas avec la comparaison de Tutu avec l’apartheid, il y a une question plus fondamentale que nous devons aborder franchement aux Etats-Unis : le débat critique sur Israël, la politique d’Israël et l’occupation des territoires palestiniens sont-ils interdits ?

La réponse, du moins parmi les anti-Palestiniens, c’est "oui", apparemment, et donc, à moins de commencer par jurer fidélité à Israël pour toujours, on ne peut pas critiquer l’état d’Israël. De plus, cette critique de l’état d’Israël est qualifiée, ipso facto, d’antisémite.

A ma connaissance, il existe peu d’autres sujets qui soient tabous à ce point. Le lobby anti-Palestinien a bien réussi à intimider un grand nombre de personnes qui aimeraient pouvoir débattre de façon rationnelle du conflit israélo-palestinien et de la politique des Etats-Unis vis-à -vis du Moyen Orient.

Heureusement, les choses semblent évoluer et il y a de plus en plus de gens qui sont agacés par les panneaux d’interdiction qui semblent être accrochés partout chaque fois qu’il y a un débat sur Israël et l’occupation. C’est pour cette raison que les forces anti-Palestiniens deviennent moins rationnelles, plus passionnées et, en fait, très inquiètes.

Dans ce contexte, ceux qui souhaitent que s’instaure un débat rationnel sur le conflit israélo-palestinien ne doivent pas céder et être prêts à s’exprimer haut et fort. Il nous faut nous indigner de l’annulation du discours de Desmond Tutu, mais il faut également que nous nous indignions de l’annulation de la venue de Tutu.

En d’autres termes, grâce à des campagnes diffamatoires et des insinuations, tout est en place pour dénigrer la personnalité et marginaliser des individus comme Desmond Tutu, Jimmy Carter et Nelson Mandela, sans oublier les innombrables militants inconnus qui se risquent à réclamer la justice pour les Palestiniens.

Lire le billet entier ici (anglais).

(Silencing Bishop Tutu : Critical discussion off limits ?
Bill Fletcher Jr./The Black Commentator / 11 October 2007) »

Source : Des bassines et du zèle

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