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Pour Marie-Sophie Lacarrau, Américains good, Iraniens bad

Le journal télévisé de 13 h de France 2 du 21 juin 2019 faisait état, dans son troisième sujet, de "la situation qui se crispe entre Washington et Téhéran" (selon les propos de Marie-Sophie Lacarrau, la présentatrice). A la suite de la destruction d’un drone étasunien par les Iraniens, Donald Trump aurait ordonné des frappes contre l’Iran, avant des annuler au dernier moment, alors que les avions étaient déjà en vol. Puis Marie-Sophie Lacarrau passe la parole à Maryse Burgot.

M. Burgot : "Voici donc le missile qui aurait abattu le drone américain"... [Noté en gras  : le conditionnel]. Images fournies par les Iraniens, musique martiale et cris de victoires [Noté également en gras : l’insistance lourde sur la propagande iranienne]. Cette boule de feu est censée illustrer la destruction de l’appareil [Noté en gras : l’insistance sur la propagande iranienne et le doute sur la véracité des faits qu’elle rapporte].... Plus tard, les Iraniens exhibent devant la presse les supposés débris du drone [Noté en gras : l’insistance sur la propagande iranienne et le peu de crédit que lui accorde France 2].

Puis, plus loin : "Dans l’immédiat, une question demeure : le drone américain a-t-il oui ou non survolé l’espace iranien avant d’être détruit ? [...]. Tout se joue donc sur cette ligne illustrant la limite des eaux territoriales iraniennes. Téhéran situe l’impact à l’intérieur de cette limite, Washington à l’extérieur...

Remarque 1 : on voit, sur la carte fournie par France 2, la limite des eaux territoriales passer très près des côtes iraniennes. Bien en deçà, en tout cas, de la moitié de la largeur du détroit d’Ormuz, large de 40 km, soit, à moins de 20 km des côtes iraniennes, soit entre 11 et 12 milles marins. Le drone Global Hawk, aéronef de surveillance, vole entre 575 et 635 km/h. Pour franchir 20 km, il met dans les 2 minutes. Même s’il volait à l’extérieur des eaux territoriales, en une demi-minute, il pouvait être au-dessus de ces mêmes eaux territoriales. Et pour bien espionner, il avait intérêt à s’approcher de plus près.

Remarque 2 : on peut fortement douter de la véracité des démentis de Washington, lorsqu’on connaît leurs "exploits" passés au-dessus de pratiquement tous les pays de la planète. Qu’on se rappelle l’avion-espion U2 de Gary Powers abattu le 1er mai 1960 au-dessus de l’Oural. Ou des vols au-dessus de Cuba, du Nicaragua, ou de tous les pays considérés par les États-Unis comme "hostiles" (voire des pays censés être "alliés...). Ou de l’avion Lockheed SR-71, développé postérieurement à l’U2, qui volait à 3530 km/h à un plafond de près de 26 000 mètres et qui ne fut jamais abattu.

Remarque 3 : les journalistes de France 2 renvoient benoîtement dos à dos les États-Unis et l’Iran, en ayant l’air de considérer comme normal que les Étasuniens puissent, sur toutes les mers du globe, envoyer leurs flottes de guerre, à portée de fusil des côtes iraniennes, nord-coréennes, vénézuéliennes, cubaines, syriennes, etc., soit pour les espionner, soit même pour les menacer. Que diraient ces journalistes si des navires russes, chinois, iraniens croisaient tous les jours à 30 km des côtes des EU ? Si des avions cubains, nord-coréens, iraniens, syriens "testaient" sans cesse les défenses aériennes étasuniennes en pénétrant à moins de 22 milles marins desdites côtes ?

Remarque 4 : les journalistes de France 2 se souviennent-ils que, le 18 avril 2009, Washington obligea un avion d’Air France qui allait à Mexico, à se détourner sur la Martinique parce qu’il se trouvait, parmi ses passagers, le journaliste Hernando Calvo Ospina, collaborateur du Monde diplomatique, qui avait le tort d’être opposant au régime colombien, allié de Washington ? De ce simple fait, il était considéré comme terroriste potentiel par Washington, bien que, selon ses propres dires, il n’ait jamais su se servir d’un fusil. Ce détournement entraîna des frais énormes pour Air France et les passagers [qui ne furent bien entendu jamais remboursés par les Étasuniens] et un interrogatoire d’Hernando Calvo Ospina par la police. Comment les journalistes peuvent-ils considérer tacitement comme normal que les Étasuniens violent sans cesse la souveraineté territoriale des autres, alors que (comme on le voit avec l’exemple d’Ospina), ces mêmes Étasuniens n’admettent pas un millième de la réciproque ?

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