14 commentaires

Quand Emmanuel Macron prend une averse

Dans les grandes banques d’affaires, comme celles des Rothschild, presque tout est rédigé en sabir anglo-américain, donc on pense en sabir anglo-américain.

Malgré de longues études dans un lycée de jésuites bien français, le surdoué Macron n’a pas échappé à la règle.

Invité dans une réunion de patrons (où l’on reconnaît Madame de Menthon, née Sophie-Marie-Clarisse-Anne-Bernadette Turpin), et même en tant que Secrétaire Général adjoint à la Présidence de la République, il ne peut s’empêcher de produire ce charabia de colonisé dans sa tête :

"Nous sommes une société mature mais averse au risque où l’entreprenariat est insuffisamment considéré et où règne l’anarcho-syndicalisme."

Je passe rapidement sur la référence à l’anarcho-syndicalisme qui témoigne soit d’une singulière bêtise politique, soit plutôt (car l’homme n’est pas bête) du désir de plaire à ses bons maîtres. D’autant qu’il vient de concéder que "les normes sociales et autres" (notez le mépris de "et autres" et l’utilisation de "normes" à la place de "lois"), "les Français y sont attachés et on ne peut pas spontanément tout faire basculer." En d’autres termes, il faudra un peu de vaseline pour imposer la dictature, pardon l’hégémonie totale, du CAC 40. J’ajouterai que, malgré une pratique syndicale de près de 50 ans, j’ai croisé un maximum de trois pelés et un tondu anarcho-syndicaliste dans notre pays.

Je ne sais pas trop ce qu’est une société "mature", mais je devine. En revanche, l’expression "une société averse au risque" me scandalise. Voilà un exécrable exemple d’anglais en français. L’expression "averse à" n’existe pas dans la langue des jésuites français. En revanche "to be averse to doing" signifie "répugner à faire". "I am not averse to an occasional drink" signifie "j’aime bien boire un petit coup de temps en temps".

Si je voulais pinailler, je terminerais en signalant que "l’entreprenariat est insuffisamment considéré" est un calque de l’anglais ("entrepreneurship is insufficiently considered"), avec l’utilisation de la voix passive, et aussi dans la mesure où les verbes "to consider" et "considérer" ne sont pas parfaitement superposables.

Alors comme ça, ce jeune homme a épousé sa prof de français et il est toujours aussi approximatif dans sa langue maternelle ! C’est bien triste. Mais quand on pense dans une langue autre que la sienne, on pense mal.

Bernard Gensane

Print Friendly and PDF

COMMENTAIRES  

31/08/2014 11:34 par ethologiehumaine

À force de violenter le sens des mots en les tournant contre les personnes (en tant que responsable politique) dont ce môssieur est censé assumer le devoir de servir, la violence brute risque, un jour ou l’autre de se retourner contre lui (eux). Et là, toutes les belles paroles lénifiantes qu’ils tenteront d’utiliser pour leur défense ne leur servira à rien. La cette violence brute les anéantira. C’est une simple question de thermodynamique, après tout. Les mois et années qui viennent scelleront le destin de l’Humanité tout entière.

31/08/2014 12:32 par Dwaabala

Ne prend-il pas plutôt une avoinée ?

31/08/2014 14:35 par JC

Qu’est-ce qu’il faudrait attendre d’autre des young leaders de toute façon ?

31/08/2014 14:51 par le pas fou d'ubu

@ ... " Il faudra un peu de vaseline pour imposer une dictature ... "

Certains camarades modestes et géniaux (!) de LGS en sont pourvus et fournissent gratos ... Eh ! Il n’y a plus personne pour dépanner Bernard ...

31/08/2014 15:13 par Jacques ASSEUR

On peut supposer que notre adepte de la novlangue, avec ses diplômes ronflants et sa bonne tête de winner, n’est pas bête, mais est-il vraiment intelligent ?
Personnellement j’en doute.

Pour ce qui est de l’aversion de nos banquiers et entrepreneurs pour le risque, la question ne se pose guère car ils s’arrangent pour ne prendre des risques qu’avec de l’argent qui ne leur appartient pas. (Le nôtre, en l’occurrence)

31/08/2014 15:32 par triaire

Ce jeune devrait avoir honte d’etre allé si longtemps chez les jésuites pour etre aussi nigaud !C’est un jeune loup, sans plus, il ne possède pas l’intelligence humaine mais celle des chiffres et de son compte en banque .Il faudra le démettre .

31/08/2014 16:36 par Feufollet

C’est bien dit !
J’aime bien les entendus et les sous-entendus du texte
Sur la photo, ils ont plutôt l’air des deux nigauds
Mais des nigauds, genre, premier de classe, les plus forts, quoi !
Le regard vide, niais et fuyant ; en plus de la dégaine !
C’est pas la clâââsse ce couple infernal ?
Mais qu’elle- qu’il sont coquets, ces deux jolis perroquets
Ce sont les dignes représentants des hauts relais du système
Les nouveaux singes de l’histoire.

31/08/2014 21:48 par mordor

Merci de publier ces pépites... en effet avec des boulets pareille on n’est pas sortis de l’auberge... Pour "averse au risque", malheureusement il n’y a pas à ma connaissance de traduction en français, alors on utiliser "risk averse"... Pour ce qui est de la société mature, cela se rapporte au cycle de vie d’un produit. Il y a la phase de démarrage, l’accélération, la phase de maturité et le déclin... Ex : la voiture, démarrage début de siècle dernier, accélération, après la seconde guerre mondiale... maturité dans les années 80, où le marché c’est consolidé, euphémisme pour dire que les plus gros ou ceux qui avait accès aux politiciens pour avoir des lois sur mesure ont viré les autres et installé des monopole... et aujourd’hui... il y a de nombreuse entreprise matures, voir totalement pourries de l’intérieur, sans autre avenir que de pressuriser les salaires pour payer les actionnaire... et les emplois du future, c’est l’informatique (le renouvelable ne crée pas d’emplois pour le moment) et dans les deux ils ne sont pas en France....
Maintenant pour ce qui est de l’anarcho-syndicalisme, là franchement, c’est Neuilly qui c’est égaré à gauche...

01/09/2014 14:45 par pierre

google translate n’est pas son ami !!

plus sérieusement, que peut on faire pour les empêcher de nuire ?????

au secours !!!!

01/09/2014 17:33 par Antoine

Très intéressant. Dommage pour la conclusion.

quand on pense dans une langue autre que la sienne, on pense mal

C’est un peu réac´ sur les bords, ou bien mal exprimé. Peut-être fallait-il dire : "On ne peut bien penser dans une langue qu’en s’exprimant dans celle-ci". Et inviter notre ami Macron à faire ses valises pour rejoindre ses maitres anglo-saxons...

01/09/2014 20:28 par Paul

En toute humilité, l’aversion au risque est une notion économique précise, qui ne peut être remplacée par une autre terminologie. C’est simplement du vocabulaire spécialisé.

On peut regretter que les économistes aient choisi un terme de mauvais français pour désigner leur concept, mais on ne peut peut plus rien y faire.

02/09/2014 07:21 par Bernard Gensane

Toujours dans l’humilité : le français n’a pas attendu les économistes pour utiliser le mot aversion qui date du XVIIe siècle dans son sens moderne. Mais "être averse à" n’existe pas, même dans les manuels d’économie rédigés en bon français.

03/09/2014 22:28 par Feufollet

En plus, on peut dire que ce genre de technocrates de la finance
Arrive au pouvoir, sans subir l’épreuve des urnes
Ils s’installent parmi leur compères des hautes sphères
Sans même se présenter à l’approbation publique
C’est une conséquence de la démocratie représentative à la française
Celle qui jadis, nous a servi à évoluer
Mais qui régresse grave, sans en avoir l’air
C’est le déni de démocratie dans sa plus pure expression
Par des technocrates qui, par nature, ne s’intéressent pas à la démocratie
Ils ne s’intéressent qu’à la technique de pouvoir
Quitte à en être de purs idiots asservis
Mais qui veut bien se libérer de l’esclavagisme intellectuel ?
Quand celui-ci vous propulse aux nues

04/09/2014 08:28 par Calame Julia

Naturliche !
Mais comme il paraît que peu de Français sont bilingues... !
Vous avez entendu parler d’ une pub qui vante un déodorant pour "car" traduction voiture.
Car wash, car déo : tout un monde d’évasion !
Et merci pour la traduction du discours du novlinguiste E. Macron.

(Commentaires désactivés)
 Twitter        
 Contact |   Faire un don
logo
« Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »
© CopyLeft :
Diffusion du contenu autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.