Le degré moins un de la Politique, la démocratie sondée, incontinente. Dépolitisée.

Soyons primaires !

Soyons primaires ! Le capital en raffole. Des citoyens primaires, des analphabètes politiques, caricaturaux, clonés, des gugusses manipulables à merci, à la merci des puissants : « primarisés » ! Le dernier must à la mode libérale.

Soyons primaires ! Les « primaires », c’est le degré moins un de la Politique, la démocratie sondée, incontinente. Dépolitisée. Les « primaires » : le summum de la démocratie médiatique (et de marché), à l’américaine. Que (la) le mec plus ultra l’emporte... Paillettes, flonflons (et consciences) payés par de généreux grands patrons. Aux États-Unis, on appelle cela : les « caucus ». Terrible aveu. Ah, les « gringos » !

Soyons primaires, et que le spectacle commence. Et vlan une petite phrase choc, « assassine », un dérapage intentionnel, calculé. Et pour ta poire : une insulte, un coup bas au niveau du slip, une donaldtrumperie... Pour tromper les dingos. C’est écrit.
Soyons primaires. « Approchez, venez voir... ». Le cirque, l’étalage, la mousse, l’écume, la vacuité, le paraître, les frasques, les instincts... primaires, pour racoler, racoler, et élire les « primo votants ». Et les autres ? Tiens, tiens, derrière la frime hypocrite, c’est vilain. Et désémantisé, comme ce qui le plus souvent nous vient des États-Unis... mais « modélique » : à singer !

Soyons primaires ! Désormais plus besoin de partis, de partis militants, mais des sondeurs, éprouvettes et stéthoscopes à la main, pour faire croire à plus de démocratie, alors que cela revient à la confisquer, à liquider la(les) « fonction(s) » du parti. Il devient un parti de supporters. Que la voilà la bonne démocratie ! Et marchande de surcroît. Plus besoin de programmes rébarbatifs, de projets papivores. Le renoncement au rôle, aux prérogatives des militants : au diable l’élaboration d’un projet, le choix des candidats, etc. Des écuries : les macronistes, les hollandistes, les vallsistes, les juppistes... Les militants convertis en suffragettes.
Cette « démocratie » relève de la course au frac, au fric, aux « parrainages », aux « sponsors » ; elle repose sur des médias si pluriellement démocratiques, sur TF1, 2, 3 , sur de la mise en scène frelatée, sur une personnalisation outrancière, sans limites, sur du « je t’amuse la galerie » pour te faire gober tout le reste, l’essentiel, sur des Instituts de sondage, tous bolchévisés comme chacun le sait, et poussant évidemment le cheval le plus contraire à leurs intérêts, le(la) plus anti-système, le(la) plus radical. Cela va de soi ! Le consensus ! Primaire.

A ta santé ! Pas à la mienne.

Jean Ortiz

Photo L’Humanité/AFP.

 http://www.humanite.fr/blogs/soyons-primaires-597542

COMMENTAIRES  

01/02/2016 16:38 par Esteban

Notre camarade Jean s’énerve une fois de plus, mais...

...des gugusses manipulables à merci...

je ne crois pas que [Ces gugusses] soient manipulables, car depuis des décennies -et pour le moindre mal- qu’on leur permet de rester accroché(e)s à la branche, ils connaissent bien les rouages de l’État et sont bien conscients de leur rôle dans leur propre intérêt. Et donc en réfléchissant bien, en l’occurrence, les gugusses manipulables ce serait plutôt "nous".

02/02/2016 08:05 par "Personne"

Extrait de « La République » par Platon

« Socrate. - Maintenant, repris-je, représente-toi notre nature, selon qu’elle est ou qu’elle n’est pas éclairée par l’éducation, d’après le tableau que voici. Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine en forme de caverne, dont l’entrée, ouverte à la lumière, s’étend sur toute la longueur ; ils sont là depuis l’enfance, les jambes, les cous pris dans les chaînes, en sorte qu’ils ne peuvent bouger de place, ni voir ailleurs que devant eux, car les liens les empêchent de tourner la tête ; la lumière d’un feu allumé au loin sur une hauteur brille derrière eux ; entre le feu et les prisonniers il y a une route élevée ; le long de cette route figure-toi un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent entre eux et le public et au-dessus desquelles ils font voir leurs prestiges.
Glaucon. - Je vois cela.
S. - Figure-toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des ustensiles de toute sorte, qui dépassent la hauteur du mur, et des figures d’hommes et d’animaux, en pierre, en bois, de toutes sortes de formes ; et naturellement parmi ces porteurs qui défilent, les uns parlent, les autres ne disent rien.
G. - Voilà un étrange tableau et d’étranges prisonniers.
S. - Ils nous ressemblent. Et d’abord penses-tu que dans cette situation ils aient vu d’eux-mêmes et de leurs voisins autre chose que les ombres projetées par le feu sur la partie de la caverne qui leur fait face ?
G. - Peut-il en être autrement s’ils sont contraints toute leur vie de rester la tête immobile ?
S. - Et des objets qui défilent, n’en est-il pas de même ?
G. - Sans contredit.
S. - Dès lors, s’ils pouvaient s’entretenir entre eux, ne penses-tu pas qu’ils croiraient nommer les objets réels eux-mêmes, en nommant les ombres qu’ils verraient ?
G. - Nécessairement.
S. - Et s’il y avait un écho qui renvoyât les sons du fond de la prison, toutes les fois qu’un passant viendrait à parler, ne crois-tu pas qu’ils ne prendraient pas sa voix pour celle de l’ombre qui défilerait ? […] »

On a beau connaître cette allégorie, ces mots conservent une résonance certaine.

Texte complet sur
http://gallica.bnf.fr/
taper : république platon (je ne peux donner le lien direct car la prévisualisation de mon commentaire introduit une erreur)

choisir la première proposition (livre septième ) ; texte à partir de la page 117.

03/02/2016 09:42 par keg

Les politicards ne passent jamais en classe supérieure. Pourquoi ?

Et si nous avions la même image, vieillie de 5 ans en 2017..... Primaire dirait Holmes à Watson

http://wp.me/p4Im0Q-We

05/02/2016 18:44 par GARDES

Je partage le coup de colère de Jean Ortiz contre ce qui se dessine.
Et contre ce qui ne semble pas de dessiner, pour l’heure, ne conviendrait-il pas d’agir, aussi ?
Ce qui ne semble pas se dessiner, pour l’heure, c’est l’élaboration d’un programme commun "gauche-de-gauche", mobilisateur, enthousiasmant, porté par un candidat, UN seul candidat, au nom de toutes ces gauches de gauche, offrant une perspective, et non pas le spectacle d’une nouvelle division de premier tour à la gauche du PS...

(Commentaires désactivés)