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Terrorisme et radicalisation

On a beau retourner le problème dans tous les sens pour essayer de comprendre, voire d’expliquer le terrorisme, il n’y a que deux solutions : soit il existe un gène du terrorisme qui pousse des gens à commettre l’irréparable, soit ce crime de masse ne peut-être dissocier du contexte socio-politique. Si le premier cas était vrai, on serait nombreux à exiger la mise hors état de nuire de ces criminels. Mais hormis Sarkozy (qui avait décelé le gène de la pédophilie) et quelques illuminés, on est obligé de reconnaître que ce n’est pas dans cette direction qu’il nous faut creuser.

Il est surprenant de voir que des jeunes de 20 à 30 ans s’adonnent à cette pulsion de mort plutôt que s’adonner à des loisirs plus conforme à cette tranche d’âge (faire la fête, draguer des filles, faire du sport). Ces jeunes qui ont une image systématiquement dévalorisée d’eux-même, ne voit pas de perspectives. L’adoption de cet islam radical, leur permet donc de donner un sens à leur vie et de la maîtriser mais aussi de ressentir une certaine reconnaissance des autres. Mais il y a aussi pour ceux qui vont plus loin, la jouissance d’être un martyr et de pouvoir affronter la mort. D’autre part, certains sont d’anciens délinquants qui aspirent à laver leur culpabilité pour devenir respectables, car leurs atrocités sont justifiées par une loi supérieure, qui leur sert en quelque sorte de légitimation.

Naturellement il est impossible de déconnecter cette radicalisation du contexte géopolitique international. Sans remonter aux calendes grecques, on peut comprendre que le monde musulman rencontre depuis un siècle une conjoncture particulière : colonialisme, modernité, occupation ou guerre. Pour affronter ceci, deux styles de résistance se sont formées : autour des religieux et autour des laïcs. Il est essentiel de préciser que la montée organisée de l’islamisme n’avait eu dans les années 1970 d’autres ambitions que celle de détourner toute une frange de la population du marxisme qui pouvait s’en imprégner. En Iran, et en Afghanistan, les occidentaux ont choyé les extrémistes musulmans (« combattant de la liberté ») qui enfermaient les femmes et coupaient les mains aux voleurs, plutôt que laisser une chance aux marxistes par peur de contagion. Le phénomène de radicalisation s’est accentué, au cours des années 1990, où l’on a assisté à plusieurs guerres (Bosnie, Tchétchénie, Palestine) où les musulmans qui étaient instrumentalisés par l’occident se comptaient quasi exclusivement du côté des victimes. Ces événements sont à l’origine de la montée du terrorisme. Malheureusement cette tactique mortifère se poursuit. Dans les pays du golfe, inutile de préciser la connivence entre l’occident et ces chantres de la démocratie qui lapident des femmes adultères ou leur interdisent de conduire. En Syrie l’objectif était de faire tomber Bachar al Assad, coûte que coûte y compris en fournissant des armes aux combattants de la liberté. Complot ??? Non, il suffit se souvenir ce que disait Fabius (ex-ministre) en décembre 2012 : « al-Nostra (al-Quaïda syrien) fait du bon boulot. » à Nice c’était du bon boulot ??? ah bon ???

Tant que ce terrorisme se contentait de tuer d’autres musulmans, on se préoccupait peu de l’analyser et l’islam ne servait pas de clé d’explication des motivations supposées des groupements terroristes. C’est lorsque ceux-ci s’en prennent à des occidentaux, que les médias se déchaînent sur le thème du choc des civilisations de Huntington et de l’antagonisme supposé entre un Occident judéo-chrétien et un Orient arabo-musulman. Mais ce choc des civilisations n’était pas plus opérant quand un fou chrétien nommé Breivik tuaient 80 jeunes en Norvège. Aucun chrétien du monde n’était responsable de cette folie et d’ailleurs aucun diacre, pape ou évangéliste n’a senti le besoin de s’excuser, et ils ont d’ailleurs bien fait. N’est-il pas juste d’avoir la même attitude envers le monde musulman ?

Dans une société où le seul étalon qui vaille est l’argent, dont les jeunes sont dépourvus, on comprend beaucoup mieux qu’il soit difficile de les empêcher de commettre l’irréparable. Si, à l’inverse du ministre Macron qui incitait les jeunes à devenir milliardaires, on mettait en avant d’autres valeurs, cette pulsion de mort et de terreur en serait amoindrie. Bien évidemment rien de tout cela justifie ces drames, mais se refuser de comprendre, c’est s’exposer à la récidive.

»» http://les-tribulations-de-l-ecocolo-ecoconome.over-blog.com/
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Mikhaïl Bakounine

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