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Quand l’opinion publique française, chauffée à blanc, hostile à « l’invasion », exhalait sa xénophobie contre les « migrants » espagnols.

Anciens et nouveaux « collabos ». Ils sont une offense à notre pays. Ils le déshonorent.

Des dizaines de milliers de descendants de Républicains espagnols, fils, filles, petits-fils (filles) du premier exode massif du 20 siècle, vivent avec douleur l’attitude de « la France officielle », macronisée, dans la « crise des migrants »... que nous sommes tous.

Cette France des classes dominantes, prêtes à tout, et d’abord aux « réponses sécuritaires », pour conserver pouvoir, privilèges, hégémonie, est celle des féodaux, des Versaillais, des émigrés de Coblentz, de la Cagoule, des Maîtres des Forges, des « Croix de Feu », des anti-Dreyfusards, de la « milice », des pétainistes, celle qui depuis le début des années 1930, fascinée par le « modèle allemand », prépara la fascisation de la démocratie et la liquidation de la République, cette « gueuse ».

Tout fut volontaire, organisé, délibéré... Le vernis démocratique vite jeté aux orties par intérêt de classe.

Lorsque nos parents, ces premiers antifascistes, vaincus, abandonnés par toutes les « démocraties », arrivèrent par milliers à la frontière catalane, la France officielle ne fut pas dépassée. Elle savait que la Catalogne tombée, la « Retirada » provoquerait un exode très nombreux. Face au drame annoncé, Elle, qui par la « non intervention » préféra Franco au « Frente-crapular », promut le « chaos », la xénophobie, parlant y compris « d’invasion »... au lieu de simple humanité. Les mêmes, toujours les mêmes !

La France des « élites » avait depuis longtemps, par « anti-bolchévisme », choisi la défaite, donc son camp : celui de Franco. Voilà pourquoi elle humilia nos parents et en parqua 275.000, sur près de 500.000, dans des camps dits à l’époque « de concentration », entourés de barbelés et surveillés par d’arrogants gendarmes et des forces militaires « coloniales » fanatisées. Ces camps : Argelès, Barcarès, Gurs, Collioure, le Vernet, Setfonds, Saint-Cyprien, Rieucros... Aujourd’hui , nous les « héritiers », portons encore en nous cette blessure originelle, et ce traumatisme fondateur.

Le gouvernement Daladier, « de gauche », « queue du Front populaire », à majorité radical-socialiste, investi le 10 avril 1938, menait à la fois une guerre anti-ouvrière (« Plan de redressement économique et financier », « assouplissement de la loi des 40 heures », tiens , tiens !), une répression ciblée, contre les communistes, et criminalisait les « étrangers », surtout « les mauvais étrangers », les « rouges ». Valls n’a rien inventé...

Dès le 12 avril 1938, (puis en novembre) des décrets répriment les « propagandes étrangères » et engagent la chasse à tous les « mauvais étrangers », aux « indésirables »... Plus tard, les décrets-lois des 12 et 19 avril 1939, renforcent cette traque aux « indésirables » : les antifascistes de la MOI, les militants de diverses nationalités réfugiés en France, traités comme des chiens, et qui seront les premiers à prendre les armes (en France, cette France qui foula aux pieds leur dignité), pour continuer un combat antifasciste sans frontière, porteurs d’une « patrie d’idéal ». Ces « envahisseurs » furent, par internationalisme, par antifascisme, plus « patriotes » que beaucoup de Français « de souche » !

Par haine de classe, le 12 novembre 1938, fut adopté un décret sur « l’internement des étrangers indésirables » dans des « centres (bien) spéciaux » (déjà !). La première réaction de cette France des « élites », de la « synarchie », des collabos, et de quelques brebis « de gauche » faussement égarées, fut de renvoyer ces « rouges dangereux » en Espagne, donc à la mort. A la fin 1939, les deux-tiers des réfugiés des « camps de la honte », avaient, le plus souvent sous la contrainte, repris le chemin du retour. Les autres furent contraints au travail forcé, dans des « Groupes de travailleurs étrangers » (GTE) militarisés, surveillés par les services français, les franquistes et les agents nazis.

La France versaillaise, fébrilement « germanophile », nomma ambassadeur en Espagne franquiste (choix ô combien symbolique), un certain Philippe Pétain. Choix délibéré. La France reconnut le gouvernement putschiste de Burgos avant même la fin officielle de la Guerre (premier avril 1939). Un inédit dans les relations internationales ! Par les « accords Bérard-Jordana » (27 février 1939) , un « deuxième Munich », la France de « la bonne société » une nouvelle fois capitula délibérément, devança même la demande, et s’engagea à livrer à Franco les 50 tonnes d’or que les autorités espagnoles avaient déposé en 1931 à Mont-de-Marsan (annexe de la Banque de France), et qu’elle avait refusé aux gouvernements républicains (au nom de la « non intervention » !) lorsqu’ils en firent la demande. Ah, la farce de cette si interventionniste « non intervention » !!

Pétain ambassadeur allait « s’occuper » de ces antifascistes étrangers gênants, « subversifs », et travailler à ce que des milliers soient refoulés et livrés de force à l’ami, l’allié, Franco. Pétain alla jusqu’à vanter le régime franquiste. Début août 1939, il adressa un message officiel au « caudillo » « par la grâce de Dieu » et d’Hitler, louant l’architecture d’une Espagne « pacifiée et pacifique, une, grande, libre » (Voir le lumineux De Munich à Vichy, de Annie Lacroix-Riz, éditions Armand Colin, p. 121)

La « grande presse » française se déchaînait contre ces « hordes d’envahisseurs » espagnols. Le 9 février, la semaine même où des milliers de combattants de la liberté, de femmes, d’enfants, épuisés, affamés, bombardés en permanence, arrivaient à la frontière de ce qu’ils croyaient « le pays des droits de l’homme », l’éditorialiste du « Patriote des Pyrénées », quotidien à grand tirage, écrivait : « En un siècle où ne règne que la force, où la moindre faiblesse se paie par le sang, il est déjà bien que nous n’ayons pas refoulé la « horde wisigothique ». Pagès dénonçait « le danger de contagion morale et physique, sans compter les femmes, plus indésirables que leurs compagnons, qui vont rôder dans tout le sud-ouest ». La France vit les évènements d’Espagne par procuration. La guerre idéologique fait rage. L’opinion publique, chauffée à blanc, est majoritairement hostile à « l’invasion », avale la xénophobie officielle et l’austérité pour les « classes dangereuses ». Seules la CGT, beaucoup de mairies de gauche, le parti communiste, des militants d’autres partis de gauche, le Secours Rouge, des associations et organisations humanitaires, le Comité international pour l’aide à l’Espagne républicaine, des intellectuels comme Paul Langevin, le libertaire comité « Solidarité internationale antifasciste », etc. sauvent l’honneur de la France en organisant, par solidarité de classe, et/ou simple humanisme, un accueil solidaire.

Oui, disons-le et répétons-le, crions-le jusqu’à satiété, les mêmes, toujours les mêmes !

Jean ORTIZ

 http://www.humanite.fr/blogs/anciens-et-nouveaux-collabos-ils-sont-une-offense-notre-pays-ils-le-deshonorent-584942
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COMMENTAIRES  

27/09/2015 15:14 par Wyreless

Bonjour,
Belle piqure de rappel !
Fils et petit fils de républicains espagnols, je n’ai vécu ces souffrances qu’au travers de récits.
Concernant les forces armées et de gendarmeries de l’époque, certains de ceux qui de part leurs arrogances et méfaits, dans les camps rendait la vie difficile, ont eus quelques problèmes.
En clair à l’époque il n’aurait pas fallu creuser dans le sable longtemps pour trouver de ci de la un corps de certains salopards qui gardaient les camps...
Certes républicains espagnols en guenilles, mais pas totalement désarmés...
Les salopards d’aujourd’hui devraient y penser sérieusement...

Hasta siempre !

28/09/2015 09:49 par J.J.

J’ai le triste privilège d’habiter la ville d’où partit de France le 20 août 1940, le premier train en direction d’un camp de déportation en Allemagne.

C’était le "Convoi des 927", 927 Républicains Espagnols, 490 hommes et enfants de plus de treize ans, 437 femmes et jeunes enfants, qui furent ensuite renvoyés en Espagne, avec pour eux toutes les conséquences que l’on imagine.

Seuls 73 déportés sont revenus de Mauthausen.

La population dans l’ensemble avait réservé un accueil plutôt favorable aux réfugiés, mais ceux-ci furent parqués dans le sinistre camp des Alliés, qui après leur départ servit à enfermer les tziganes.....

Le 19 janvier 2008, la ville d’Angoulême a inauguré une stèle en mémoire de ce tragique événement.

"No los olvidemos" peut on lire en bas de la stèle.

Une autre stèle dans le "camp des Alliés "rappelle ces tristes moments et ces tragiques destins.

01/10/2015 18:04 par macno

Je suis d’accord avec le fond historique de cet article, n’ayant été qu’indirectement concerné peut-être, mais très sensibilisé par une ex belle famille d’anarchistes espagnols, notamment sur les camps de concentration qui ont effectivement existé dans le sud-ouest. Je suis moi-même issu d’un migrant de l’est de l’Europe de cette période. Je suis donc très sensible sur le sujet de la migration qui est toujours vécue comme une blessure qui ne peut jamais se refermer, mais je ne vois pas le rapport avec ce qui se passe actuellement au niveau des "migrants".
« les mêmes, toujours les mêmes ! »
Hélas oui, ce sont d’une certaine manière "toujours les mêmes" je le redis, mais c’est une grave erreur que d’accepter ce que "on" voudrait nous faire accepter sous le seul aspect humanitaire, car non, il faut ouvrir les yeux, ce ne sont pas fondamentalement "toujours les mêmes".
C’est dur à dire mais à la limite on n’a pas le droit de se cantonner au seul aspect "humanitaire", car toute la différence est dans le "on", mais là c’est une toute autre et très longue histoire qui rejoint une effrayante géopolitique...

02/10/2015 21:12 par VIDAL

Ecrits très poignants, un rappel qu’il était nécessaire de faire.
Et comme vous le dites ...Oui, disons-le et répétons-le, crions-le jusqu’à satiété, les mêmes, toujours les mêmes !
Les mêmes....http://combatcontreinjustice.over-blog.comMARIE.MED

04/10/2015 17:15 par Xerri

Sont-ils vraiment les mêmes, et par là je pense aux migrants et non aux passeurs, aux fabricants de guerre.
D’après ce que j’ai lu il semblerait que toutes ces personnes qui viennent se réfugier en France ne faisaient pas partie des syriens communs. Le prix des passeurs, leurs anciennes situation en Syrie, leurs diplômes, me font plutôt penser à des personnes qui vivaient bien en Syrie. Combien de ces immigrants on étaient menacés par ce régime totalitaire ? J’ai plus souvent entendu qu’ils n’avaient plus aucun projet, aucun avenir là-bas. Je comprends fort bien.
Ceux qui avaient rejoint Londres n’ont pas fait le voyage que pour combattre mieux le nazisme. D’autres plus patriotes, plus courageux ont rejoint le maquis, la résistance jusqu’aux tortures, jusqu’à la mort.
Ces syriens et autres ne pensent pas revenir en Syrie et ils ont bien raison car ils seraient considérés comme des "fuyants" face aux dangers des fous de dieu, des fous de Hassad. Il n’en demeure pas moins qu’ils n’ont pas pris les armes pour résister contre ces criminels, ils n’ont pas pris le chemin de la résistance pour défendre leurs libertés !
Je ne porte aucun autre jugement qui pourrait être un argument supplémentaire pour nos xénophobes qui préféreraient que ces personnes soient européennes, chrétiennes, et blanche de peau. Hier ils en voulaient aux Italiens, appelés spaghettis, aux Belges et à tous ces travailleurs pauvres qui venaient manger le pain des français. La haine de l’autre pour ceux venant du sud et du nord, aujourd’hui le rejet de celles et de ceux, enfants compris avec ou sans photographie, venant du levant et d’Afrique. Les années passent, leur humanité reste bien la même, vin rouge, béret et casse-croûte au saucisson de porc et bêtement chauvins.

24/11/2015 11:52 par MEMOIR

C’est vrai que MARTY et ses sbires d’ALBACETE donnaient une excellence vision de démocratie . la memoire est un peu courte . j’ai du sauter quelques episodes

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