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Violence filmée, violence invisible : et si on ré-inventait la lutte des classes ?

Les scènes vues récemment à Air France ont mis en lumière des personnages situés dans l’entourage des directions, dont on parle bien peu habituellement, les DRH et autres managers chargés de com’, etc.

Et si la violence n’était pas là où on nous dit qu’elle se trouve ? Et si la lutte des classes existait toujours ?…

Coup de zoom sur des acteurs, des stratégies dont on parle trop peu…

À quoi servent les « consultants » intervenants dans les grandes entreprises et administrations publiques ?

Réponse d’un directeur d’un grand cabinet de consultants : « à faire bouger la France ! ». Comment ? En adaptant le système de production (= les grandes entreprises) et l’administration (= les ministères et institutions publiques) aux exigences du marché, des grandes institutions financières et de la globalisation économique, en définitive aux exigences du capitalisme néolibéral, décrypte Vincent de Gaulejac, professeur émérite à l’université Paris 7-Denis Diderot, aussi président du Réseau international de sociologie clinique, dans son livre Le capitalisme paradoxant paru aux éditions du Seuil en avril 2015.

Et le chercheur de poursuivre : « ces outils » (projets, progiciels, architectures, systèmes d’information et de communication, concepts, référentiels, plans marketing, matrices stratégiques…) ont pour (seuls) objectifs d’améliorer la productivité pour réduire les coûts et d’augmenter la rentabilité financière en réduisant les effectifs… ».

Et que se passe-t-il lorsque ces outils atteignent leur but en détruisant toute expression, toute manifestation de conflictualité ?

Réponse de V. de Gaulejac : « Lorsque les contradictions présentes au cœur de la société, de l’économie et des institutions sont niées, elles se manifestent de façon déplacée. Plus on cherche à les occulter, plus elles sont exacerbées... »

(Le livre est paru quelques mois avant les scènes filmées qui ont fait le tour du monde…).

Des DRH à l’œuvre, dans l’ombre, dans le giron des grandes entreprises ?...
Le magazine Science et Avenir, à priori peu suspect de sympathie de gauche ou pro-ouvrière, nous rafraîchissait la mémoire dans son numéro d’octobre 2001. Dans un article consacré à la « science du harcèlement », il revenait abondamment sur un rapport intitulé « Organisation « politique » du travail et psycho-pathologie », accablant sur les méthodes de gestion du personnel des usines de l’Aérospatiale !…

Extraits de cet article :

« Dans les séminaires, nous apprenions essentiellement à être anti syndicalistes. » Gérard Desseigne, ancien DRH de Sud Aviation.

« Les cadres suivaient des stages de mise en condition où on leur expliquait, entre autre, la morpho-psychologie (!) ». André Dousset.

« Des cadres m’ont raconté qu’ils avaient appris, non pas à faire du management, mais à harceler. En huit jours, ils connaissaient les techniques de brimades. Des pratiques perverses très au point et basées sur les ressorts de la cruauté élémentaire... ».

Marie Grenier-Pezé, psychanalyste.

Pourquoi, dans quel but, ces stages, ce conditionnement ?

« La mise en place d’un tel système a coûté cher, mais l’Aérospatiale n’a pas été vraiment perdante : pas de journées de grève, pas de revendications… Lorsque je suis arrivé à Marignane, il venait d’y avoir huit mois de grève, avec occupation, désordres et manifestations. J’ai été envoyé pour arranger tout ça (sic). La CGT était maîtresse des lieux. À l’époque, il y avait 66 % de voix pour elle. Lorsque je suis parti, elle était à 33 %…

Pendant près de 14 ans, nous n’avons pas eu une seule grève, y compris au plan national. Personne n’empêchait les ouvriers de débrayer. Ils n’en avaient pas envie, c’est tout... ».

Fernand Carayon, ancien responsable du service de formation des agents de maîtrise.

Et le résultat…

Depuis lors, l’Aérospatiale a cessé d’exister. Privatisée en majeure partie, elle est devenue EADS en 1999, avec de multiples filiales et un organigramme aujourd’hui extrêmement complexe...

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