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Les plans Etasuniens pour détruire le Hamas

Photo de famille : Elliot Abrams au centre (géographiquement parlant)

Le magazine US VANITY FAIR vient de publier, dans son édition datée d’Avril, un long article sur les plans et les actions du gouvernement US visant à imposer ses hommes à la tête de la Palestine. Son auteur est DAVID ROSE, journaliste britannique qui collabore régulièrement au magazine anglais THE OBSERVER. Il ne s’agit pas de menées de groupes ou de lobbies à l’intérieur de la machine politique et administrative étasunienne mais d’une action directement organisée par CONDOLEEZA RICE et le Département d’Etat et ELLIOTT ABRAMS conseiller à la Sécurité Nationale.

L’opération commence dès la mort de YASSER ARAFAT en Novembre 2004. Washington décide alors de tout mettre en oeuvre pour porter à la tête de l’Autorité Palestinienne un leader et une équipe dirigeante totalement soumise à Washington.

L’homme clé du dispositif est MUHAMMAD DAHLAN, homme fort du FATAH, conseiller national pour la sécurité de MAHMOUD ABBAS ; DAHLAN a des relations étroites avec la CIA et la FBI depuis les années 90 et BUSH le désigne, en public comme « un solide leader » , en privé comme « notre homme ».

Le plan consiste à organiser au plus vite les élections pour mettre le HAMAS sur la touche. ABBAS veut éviter la précipitation mais Washington insiste. Les élections ont donc lieu et le HAMAS les remporte, sa victoire traduisant un rejet par la population palestinienne de la corruption du FATAH et de ses liens trop étroits avec les Etats-Unis.

La victoire du HAMAS sème la consternation à Washington. D’après une des sources de l’article de VANITY FAIR, au cours d’une réunion qui se tient au Pentagone, les officiels s’interrogent pour savoir « Quel est l’enfoiré qui nous a proposé ce plan ? »

La Maison Blanche décide qu’il est exclu de reconnaître le gouvernement choisi par le peuple palestinien. Un officiel du département d’Etat précise : « Nous devons écraser ces types ».

Les mesures prises immédiatement sont connues :

- les Etats-Unis font adopter par le Quartet (USA- ONU - UE - RUSSIE) la décision de supprimer toute aide au nouveau gouvernement palestinien
- Israël boucle GAZA pour appauvrir encore les palestiniens et les retourner contre le HAMAS
- Israël arrête 64 responsables du HAMAS dont la moitié des députés élus (la plupart sont toujours en prison) et met ainsi le nouveau gouvernement dans l’incapacité de fonctionner.

Soucieux cependant d’éviter la guerre civile, le HAMAS essaie de mettre sur pied avec ABBAS un « gouvernement d’union nationale ». CONDOLEEZA RICE vient sur place en Octobre 2006 pour interdire à ABBAS de poursuivre ce genre de discussions et lui ordonne d’organiser de nouvelles élections.

ABBAS ne passant pas aux actes immédiatement, RICE lui fait remettre quinze jours plus tard par JAKE WALLES , consul général des Etats-Unis à Jérusalem un ultimatum : le HAMAS doit être mis en demeure d’accepter de nouvelles élections avant une date limite impérative. ABBAS tarde toujours à exécuter les ordres. Washington entame alors la marche à la guerre civile et DAHLAN, ancien officier de sécurité d’ARAFAT et ripoux notoire entre en jeu. Il est le « fils de pute » * que les Etats-Unis savent toujours découvrir et utiliser pour défendre leurs intérêts contre ceux d’un peuple étranger.

* (l’expression, d’usage courant dans les milieux dirigeants étasuniens, est attribuée à Franklin ROOSVELT qui, parlant du dictateur nicaraguayen SOMOZA, précisait « c’est un fils de pute mais c’est notre fils de pute »)

DAHLAN entame des actions violentes contre des militants du HAMAS, lequel riposte. L’engrenage est en route. Mais les moyens militaires et policiers de DAHLAN et du FATAH sont minces, l’armée israélienne les ayant presque anéantis en 2002 au moment de l’attaque du quartier général d’ARAFAT.

Il faut donc les reconstituer, mais il faut le faire clandestinement, car il n’est guère possible de demander officiellement au Congrès US d’armer une milice partisane pour renverser le gouvernement élu par les palestiniens. RICE va donc demander leur aide aux gouvernements arabes amis : EGYPTE, JORDANIE, ARABIE SAOUDITE, EMIRATS ARABES UNIS, pour qu’ils assurent la formation de la milice DAHLAN, son équipement et son financement.

Fin Décembre 2006, quatre camions égyptiens franchissent les check points israéliens et pénètrent à GAZA. Contenu : 2000 pistolets mitrailleurs, 2 millions de balles.

Evidemment complice mais craignant qu’un jour ces armes ne se retournent contre lui Israël n’a pas accepté plus et refuse de laisser rentrer des armes lourdes. DAHLAN conduit une première action contre l’Université de Gaza en Janvier 2007. Une ultime tentative pour éviter la guerre entre palestiniens a lieu le 8 février 2007 à La Mecque mais le HAMAS, s’il admet le gouvernement d’union, refuse toujours de reconnaître ISRAEL.

C’est l’impasse. Le plan B est lancé et c’est désormais ABBAS qui doit conduire l’opération, DAHLAN en étant l’exécutant. Ce plan est décrit dans un document intitulé : « Plan d’action pour la Présidence Palestinienne ». Il vise à porter les forces de la Présidence palestinienne à environ 20000 hommes dont 4700 correspondant à des forces d’élite nouvelles entraînées en Jordanie et en Egypte et à garantir un financement de l’ordre d’un milliard de dollars étalé sur 5 ans. Elaboré su place par l’équipe du lieutenant général US DAYTON, il est validé par ABBAS qui se trouve donc directement engagé dans l’élimination « manu militari » du HAMAS et de son gouvernement.

Fin Avril, le plan B est dévoilé par un quotidien jordanien. Peu après, arrivent d’Egypte les 500 premiers nouveaux « policiers » du FATAH. Ils sont supérieurement équipés et passent à l’action .Les batailles rangées avec les militants du HAMAS commencent mais les miliciens du FATAH ont des niveaux de motivation divers et les combats, bien que sanglants, ne leur donnent pas l’avantage. Il est donc décidé de renforcer leur armement et, à partir du 7 Juin, Israël laisse rentrer à GAZA des véhicules blindés, des lance grenades, des roquettes et de grandes quantités de munitions. Les affrontements sont violents. Le HAMAS en sort vainqueur et tout l’armement égyptien tombe entre ses mains. L’action souterraine contre le HAMAS est un flop magistral.

On connaît hélas la suite....

Des roquettes d’origine égyptiennes et payées par les saoudiens qui se trouvent maintenant à GAZA sont tirées sur des colonies juives. Israël riposte à sa façon, a la main plus lourde que jamais et les habitants de GAZA se font massacrer.

Au point qu’on peut se demander, ce que ne fait pas l’article de VANITY FAIR, si ISRAEL, à qui rien de ce scénario minable n’a échappé, n’a pas laissé les Etats-Unis organiser cet épouvantable gâchis qui lui a donné une occasion nouvelle de rétablir l’ordre dans le sang avec des moyens militaires lourds et une effrayante satisfaction de soi confortée qu’elle est par une impunité internationale toujours aussi inadmissible.

Cette question en induit une autre. Il existe, on le sait, un débat permanent pour savoir si le lobby sioniste maîtrise totalement la politique extérieure des Etats-Unis au Moyen-Orient - ce dont ARIEL SHARON par exemple s’est vanté publiquement - ou s’il n’est qu’un des facteurs de cette politique, la « superpuissance » restant, in fine, maître du jeu. Les événements décrits par DAVID ROSE permettent d’avancer dans le débat. La « superpuissance » surtout, mais pas seulement, quand elle un sot à sa tête, est une machine très lourde, traversée de contradictions et qui ne s’unifie que dans le paroxysme démentiel de l’assaut extérieur, dans l’orgasme du bombardement Elle peut donc commettre d’énormes bévues. Le nain sioniste au contraire est une petite unité de pouvoir, très resserrée, très belliqueuse, en état de siège depuis 60 ans qui est à la fois beaucoup plus réactive et toute entière sous l’empire de la fièvre obsidionale. Donc, dans cette relation morbide entre le nain et le géant, le plus monomaniaque domine souvent.

Outre les cafouillages de la « superpuissance » qui sont, hélas, cautionnés par les trois autres membres du quartet, l’article de VANITY FAIR montre une fois encore l’épaisseur du mensonge et l’insondable hypocrisie qui caractérisent la politique impériale des Etats-Unis. Il a évidemment fait beaucoup de bruit à Washington.

Mais un mensonge chasse l’autre et RICE affirme maintenant que les armes du HAMAS lui ont été fournies par l’Iran. Comme on dit, plus c’est gros ......

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