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Troisième forum international sur le développement du Tibet

Bouddhisme, dalaï-lamisme et laïcité.

10/11 novembre 2011. Athènes. Hôtel Althenaeum Intercontinental.

Organisé par la chambre de commerce et d’industrie Gréco-chinoise d’Athènes, l’ambassade de Chine à Athènes, le bureau d’Information de la république Populaire de Chine (RPC).

Le forum réunissait 300 personnes : des industriels, hommes d’affaire, écrivains, journalistes, universitaires, hommes politiques grecs (représentants presque tous les partis politiques ) et chinois.

La séance du 10 était présidée par Constantine N.Yannadis, président de la chambre de commerce et d’industrie et celle du 11 par Gregory Prastacos, ancien recteur de l’Université d’Athènes.

A côté d’une forte délégation de Grecs, de Chinois du Tibet et de Pékin, les intervenants venaient de Grande-Bretagne, Népal, Allemagne, Inde, France.

On imagine que la tonalité générale fut l’éloge du Tibet d’aujourd’hui et la dénonciation de celui d’hier. Tonalité générale mais pas unanime puisque des intervenants ont exprimé des réserves et des critiques. Mais à dire vrai, la plupart des orateurs ont déploré la méconnaissance de la réalité tibétaine en occident et la fabrication d’une image déformée qui en résulte. En particulier, le Tibet d’hier est idéalisé ainsi que le dalaï-lama.

Le congressiste français, Maxime Vivas, administrateur du Grand Soir, invité en raison de la publication de son livre «  Pas si zen, le dalaï-lama », avait proposé de traiter de la question de la laïcité, qui fait d’ailleurs l’objet du dernier chapitre de son livre.

La laïcité «  à la française » est assez mal connue à l’étranger et n ’a pas d’équivalent dans les pays qui avaient des intervenants au forum d’Athènes.

Bafouée dans le Tibet d’hier au profit du bouddhisme, elle subit des entorses sévères dans celui d’aujourd’hui.

En détaillant avec insistance les règles, les aspects pratiques de la laïcité en France, l’orateur soulignait «  en creux » les différences avec d’autres pays dans les rapports de l’Etat et des religions.

Intervenant dans la matinée du premier jour du forum, il a tenu à s’écarter de son texte annoncé, en abordant, hors sujet, d’emblée la situation politique en Grèce.

On trouvera ci-dessous le texte complet de son intervention.

LGS


Mesdames, messieurs,

Je félicite les organisateurs de ce forum et je les remercie de m’avoir invité. C’est sans doute parce que j’ai écrit ce livre sur le dalaï-lama.

Je suis particulièrement heureux d’être en Grèce où j’étais déjà venu. C’était en 1973. En 1973, l’Europe était meurtrie par trois dictatures fascistes : l’Espagne du général Francisco Franco, le Portugal de Marcelo Caetano, la Grèce du colonel Géorgios Papadhopoulos.

Jeune homme, à l’époque, je faisais partie d’un réseau clandestin de solidarité active avec le peuple grec, chargé de faire sortir du pays des démocrates en danger de mort.

Le monde a beaucoup changé depuis.

Aujourd’hui, l’Europe est une union de pays qui se réclament de la démocratie. En quelques décennies, les techniques les sciences, la productivité du travail, ont fait des progrès fulgurants dans le monde entier.

Les peuples ont donc le droit de regarder l’avenir avec confiance.

Nous parlons, dans ce colloque, du développement du Tibet, arraché à la misère, à l’injuste répartition des richesses quand une minorité profitait de tout, tandis que la majorité souffrait dans la désespérance.

Je viens d’un pays où des médias, des hommes politiques et une partie de l’opinion publique s’inquiètent pour cette région chinoise.

Je suis de ceux qui voient des priorités ailleurs, et tout près.

La dictature des marchés rôde dans l’Union européenne. Des instances internationales animées par des comptables prétendent décider du destin d’un pays souverain dont le génie a ébloui le monde et ouvert des voies nouvelles à l’humanité.

Alors, quand un peuple descend dans la rue, ce n’est pas le désordre filmé par les caméras de télévisions qui le suit, c’est sa grandeur qui revient, c’est le grondement d’un volcan qui se réveille, salué par Mikis Theodorakis, qui dans une récente lettre ouverte aux peuples d’Europe, rappelle que «  la démocratie est née à Athènes quand Solon a annulé les dettes des pauvres envers les riches ».

Je sais que chacun me comprend et sans doute ceux qui n’ont pas oublié que les dettes des pauvres Tibétains, souvent transmises dans les familles par héritage négatif, ont été annulées peu après la fuite du dalaï-lama en Inde en 1959.

En préambule de mon intervention sur la laïcité, je voudrais dire quelques mots sur le prétendu retrait du dalaï-lama de la vie politique.

En mars 2011, il a déclaré urbi et orbi qu’il se retirait de la vie politique. C’est une ruse.

En effet, en juillet 2011, dans une interview à la revue états-unienne Rolling Stone, il dit qu’il ne compte pas se limiter à une fonction «  protocolaire » comme celle de «  la reine d’Angleterre ».

Mais cette reine a le pouvoir de convoquer et de dissoudre le Parlement. Sans son accord, les projets de loi votés par les deux chambres ne deviennent pas des lois applicables. Elle nomme formellement le Premier ministre et le gouvernement, les juges, les officiers généraux de l’armée, les gouverneurs, les diplomates, les archevêques, les évêques et le clergé supérieur de l’Église anglicane. Elle a le pouvoir, en tant que chef d’État, de déclarer la guerre, de conclure la paix, de ratifier les traités. Elle est consultée sur le travail du gouvernement, etc.

Dans la pratique, ces fonctions sont assurées sans friction avec le gouvernement. Mais supposons à présent qu’il entre en conflit avec elle. On mesurerait alors le poids des fonctions symboliques.

En août 2011, dans une interview au quotidien français Le Monde, le dalaï-lama a réitéré sa décision de retrait, mais en précisant bien qu’il restera une figure symbolique et non une «  marionnette » dont le premier ministre de son gouvernement tirerait les ficelles.

Et, après s’être précipité à la maison Blanche pour discuter avec le président Obama, il a donné son avis (négatif) sur la capacité de la Chine à se démocratiser et il a défini ce dont les Chinois ont besoin en matière d’information.

Le dalaï-lama conseillera le Cabinet (Kashag) et le Parlement sur les enjeux majeurs «  touchant le peuple tibétain : son bien" être général, la protection du patrimoine religieux et culturel et la résolution du problème du Tibet », de sa propre initiative chaque fois qu’il le jugera nécessaire, ou à l’inverse lorsque le Cabinet et le Parlement le solliciteront.

Il poursuivra les rencontres avec des dirigeants et des personnalités internationales.

Le dalaï-lama restera une autorité spirituelle (article 1er de la nouvelle charte Tibétaine : «  Sa Sainteté le Dalaï Lama est le «  Protecteur et le symbole du Tibet et du peuple tibétain » qu’il appelle «  Mon peuple ».

Imaginez que le pape qui vit au Vatican, à Rome parle des Italiens (et pourquoi des Français ?) en les appelant «  Mon peuple ».

Certes, avec l’entrée en vigueur de la nouvelle Charte constitutionnelle du «  gouvernement en exil », beaucoup de ses prérogatives ont été transférées aux représentants élus (élections non contrôlées), néanmoins la vérité est que le dalaï-lama, âgé et malade, s’est déchargé de tâches administratives sur un exécutif et qu’il continuera d’être le fer de lance d’une guérilla politico-médiatique aventureuse contre son pays : la Chine.

De par le miracle de la réincarnation, il est doté d’un pouvoir moral que n’aura jamais un gouvernement qu’il aura contribué à mettre en place. Même s’il est hasardeux de comparer en deux mots des pays et leur Constitution, on ne peut que penser à l’Iran la plus grande théocratie du monde ou le président Mahmoud Ahmadinejad est soumis à la puissance suprême de la Charia sur laquelle veille Ali Khamenei, ayatollah et Guide suprême de la Révolution islamique devant lequel le président élu doit s’incliner.

Le dalaï-lama demande à Pékin de le laisser rentrer au Tibet comme «  simple moine ». C’est une autre ruse. Il est le dalaï-lama, une âme réincarné, un demi-dieu vivant qui a passé sa vie à convaincre le monde qu’il est le chef spirituel et temporel du Tibet.

Bouddhisme, dalaï-lamisme et laïcité.

En France, et dans d’autres pays européens, le 18ème siècle, le «  siècle des lumières » a semé des idées nouvelles sur le gouvernement des sociétés humaines. Le sort des pauvres en a été transformé.

Les savants, philosophes, écrivains, impliqués dans la production de ces idées instruisaient la critique de l’absolutisme, affirmaient qu’il fallait favoriser le progrès économique, diffuser partout l’enseignement, favoriser la généralisation des techniques, combattre tous les préjugés. Ils professaient le primat des talents sur les dogmes et sur les privilèges de la naissance, la subordination des intérêts privés au système d’un État censé représenter le bien public. Ils prétendaient donner un sens au monde et trouver les outils intellectuels pour le transformer. Ils affirmaient que la raison peut et doit récuser les coutumes et les lois qui portent atteinte à la justice.

I - Le principe de laïcité cher aux Français.

Même si le concept de laïcité trouve ses racines dans les écrits des philosophes grecs et romains, dans ceux des penseurs du siècle des Lumières, le néologisme «  laïcité » (Du grec laikos : peuple.) est assez récent. Il est apparu au xixe siècle.

Le concept désigne le caractère des institutions qui sont indépendantes du clergé et des Églises. l’État est sécularisé.

C’est un principe d’impartialité, de neutralité de l’État à l’égard des Églises. Les croyances sont égales entre elles. L’Etat les respecte toutes de manière égale, il n’en reconnaît aucune. La liberté de croyance et de pratique est entière dans les limites de «  l’ordre public ». L’État s’interdit d’intervenir dans les affaires religieuses, les religions n’ont pas le droit d’intervenir dans les affaires de l’Etat au nom d’un Dieu. L’Etat défend les droits de chaque citoyen contre des règles religieuses qui seraient en contradiction avec l’ordre public ou la loi civile.

En résumé, la laïcité suppose la stricte séparation de l’Eglise et de l’Etat et la suprématie de la loi civile sur les lois religieuses comme la charia musulmane, le dharma bouddhiste, etc.

La loi française du 9 décembre 1905 y veille avec ses principes de non-ingérence réciproque.

Chez nous, la mise en oeuvre de ce nouveau concept de coexistence entre le civil et le religieux n’a pu se faire sans remise en cause de prérogatives exorbitantes de l’Eglise, fruits de sa toute puissance passée, voire d’un totalitarisme politico-idéologique (autodafés, mises à l’Index, Inquisition, bûchers, massacre de la Saint-Barthélemy…). En d’autres termes, la naissance de la laïcité s’est accompagnée de la disparition de certains privilèges religieux.

Les dispositions de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, n’ont pas fait l’objet d’une négociation entre l’Église Catholique et le législateur. Ce fut un combat dans lequel la République a voulu voir un élargissement des libertés et l’Eglise une persécution. Elles ont été imposées comme une nécessité supérieure pour le respect de toutes les croyances et pour assurer la suprématie de l’Etat dont les représentants ne sont pas choisis par le Vatican, mais dans les bureaux de vote, par le suffrage universel, clé de la démocratie.

Qu’est-ce que la cohabitation harmonieuse des différentes croyances ?

En France nous avons, dans l’ordre de leur importance, les religions catholique, musulmane, protestante (branche séparée du catholicisme), juive, bouddhiste. Mais je devrais citer aussi un fort courant de pensée et qui s’appelle l’athéisme.

L’article 28 de la loi de 1905 dispose : «  Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépultures dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions  ». On ne détruit pas ce qui existait avant la loi de 1905, mais on ne construit plus rien de religieux dans l’espace public qui est ainsi rendu un peu plus neutre.

Il est également interdit d’occuper la rue pour des prières ou autres démonstrations religieuses.

L’an dernier, Martine Aubry, qui fut ministre et qui est la secrétaire du parti socialiste a interdit dans la ville dont elle est maire une procession qui s’y déroulait chaque année depuis l’an 1270.

Il est interdit également d’arborer des signes ostentatoires d’appartenance à une religion dans les administrations publiques.

Les élus de la nation ne doivent pas faire référence à leur croyance ou invoquer Dieu dans leurs activités.

Ainsi, aucun croyant français, quelle que soit sa confession ne se sent offensé, pas plus que ceux qui ne croient pas.

Je sais que les choses sont vues différemment en Grèce dont la Constitution fait référence à la sainte-trinité, où le prosélytisme des religions autres que l’orthodoxie grecque est interdit, etc.

Mais ici ce n’est pas l’Eglise qui gouverne, aucun pape, gourou ou demi-dieu vivant ne prétend que le miracle de sa réincarnation le désigne comme chef spirituel et temporel du pays. En dépit de leurs différentes approches, ni la France, ni la Grèce ne sont des théocraties. Les Grecs élisent leurs représentants et vont même, me dit-on, jusqu’à penser parfois à organiser des référendums.

II- Le Tibet d’hier était une théocratie.

Qu’est-ce qu’une théocratie ? Un pays justement où les institutions sont dépendantes du clergé et d’une Église. Un pays où une religion régit la vie publique au nom de Dieu. La loi religieuse prévaut sur la loi civile. La gestion des affaires du pays est confiée aux religieux. Les libertés civiles, s’arrêtent où commence la loi de croyants.

L’Église dominante s’autorise à définir ce qui est religion et ce qui ne l’est pas. Dans les théocraties, il y a une religion officielle, hégémonique, qui exclue plus ou moins radicalement les autres et qui nie l’athéisme.

Ecoutons Alexandra David Néel, parler du Tibet des dalaï-lamas. A-D Néel était une grande exploratrice française, spécialiste du Tibet et amie du dalaï-lama : «  La souveraineté du clergé y est fortement établie. Le monarque absolu du pays en est le grand chef religieux, un pontife tenu pour supra-humain ». 

Le Tibet était une dictature des moines intouchables, quadrillant la population pour faire respecter le dharma.

Les moines étaient omniprésents au Tibet des dalaï-lamas : 100 000 à 125 000 moines jadis pour 1 million d’habitants. Plus de 46 000 aujourd’hui pour 2,8 millions d’habitants.

Pour 65 millions d’âmes, la France ne compte que 15 340 prêtres catholiques. Avec les diacres, laïcs impliqués et religieuses, on doit peut-être atteindre les 40 000.

Pour que la proportion soit la même en France qu’au Tibet, il faudrait que nous ayons plus d’un million de prêtres (ou de serviteurs de toutes les religions en vigueur chez nous). Une trentaine dans chaque village, nourris et vêtus par les villageois.

Le bouddhisme est globalement en recul dans le monde.

Il a cédé une part notable de ses positions à l’hindouisme en Inde, à l’islam au Pakistan. Des historiens affirment que ses effectifs stagnent depuis un siècle. Son instrumentalisation politique par une de ses branches tibétaines risque d’accélérer son inéluctable déclin.

Le dalaï-lama est-il converti à la laïcité ?

En 2003, Kelsang Gyaltsen, envoyé du 14ème dalaï-lama auprès de l’[Union européenne, affirma que le dalaï-lama était favorable à la séparation de l’Église et de l’État. Il a pris le temps de réfléchir.

En visite au Japon en novembre 2009, le dalaï-lama a prôné le respect de toutes les religions : «  Le tort de toutes les grandes religions est de croire qu’elles sont chacune supérieure aux autres ». «  Le monde se portera beaucoup mieux en embrassant le sécularisme qui signifie le respect de toutes les religions quelles qu’elles soient », a-t-il soutenu.

Mais les écoles ouvertes à Dharamsala en Inde, où il vit, sont bouddhistes (on voit des portraits du dalaï-lama, ont prie en classe).

Son gouvernement en exil comprend d’ailleurs un ministre de la Religion et de la Culture, un Département des Affaires religieuses, des députés représentent la religion bouddhiste.

A Dharamsala, le dalaï-lama fait actuellement la chasse à une branche du bouddhisme qui ne lui agréé plus, les adeptes de la déïté Shougden, vénérée dans la tradition bouddhiste un peu partout dans le monde, en Chine, en Inde, au Népal, en Mongolie, au Bhoutan, au Bengale et qui compte même des fidèles en Russie, en Europe, aux Etats-Unis.

Dans une émission du 9 août 2008, la chaîne de télévision France 24, qui diffuse des informations internationales, et qui se veut une «  CNN à la française », a diffusé un reportage où dalaï-lama après avoir, dit-il, «  mûrement médité » (tout seul) prononçait «  un discours d’une rare violence dans une université du sud de l’Inde » où il enjoignait à ses fidèles en exil avec lui de ne pas parler avec leurs frères et soeurs, adeptes de Shougdèn. France 24 nous apprend que : «  Les moines Shougdèn ne peuvent […] plus entrer dans les commerces, les lieux publics et même dans les hôpitaux. Dans les rues, on peut voir les portraits de leurs leaders placardés sur les murs, comme des hors-la-loi ».

Doit-on, par anticipation, imaginer le sort qui serait réservé aux Shougdèn dans un Tibet dont le dalaï-lama et les siens seraient les maîtres ? Peut-on anticiper sur le tollé mondial que provoqueraient de telles mesures prises au Tibet par le gouvernement de Pékin contre la branche du bouddhisme dont le dalaï-lama est le chef ?

Le ralliement, si tardif, du dalaï-lama à la démocratie, à la laïcité est contredit par les faits, qui démontrent que les méthodes de gouvernement en vigueur au Tibet sous son règne et celui de ses prédécesseurs continuent à guider son inconscient méditatif en Inde.

Nous voyons là un exemple de double-discours. Dans le cadre de son voyage en août 2011 dans le sud de la France, à Toulouse où je vis, le dalaï-lama a fait éditer un document d’information où, dans le paragraphe intitulé : «  La promotion de l’harmonie entre les religions », nous lisons ces excellentes choses : «  En tant que moine bouddhiste, et religieux pratiquant, le Dalaï-Lama a également comme objectif de promouvoir l’harmonie entre toutes les traditions religieuses. Toutes les religions du monde sont fondées sur des valeurs éthiques de compassion, d’amour et de tolérance. Parce que les êtres humains ont des aspirations et des dispositions diverses, il est important et nécessaire d’avoir différentes religions dans notre monde. A la base d’une relation harmonieuse entre les différentes traditions, il doit y avoir un respect, une compréhension et une estime mutuelle ».

C’est dit. Il reste au dalaï-lama à se conformer à son discours.

De l’inconvénient à mêler foi religieuse et combat politique.

En France, des adeptes du bouddhisme ne font pas la différence entre le dalaï-lama et le bouddhisme, entre le bouddhisme et le Tibet.

Nos médias et, par suite, une partie de la population et de la classe politique croient défendre la liberté et la liberté religieuse en soutenant le combat pour l’indépendance du Tibet.

L’histoire de toutes les religions nous montre que la libre pratique de la foi est incompatible avec des combats politiques (exemple : la religion musulmane, suspecte partout, surveillée en France jusque dans les mosquées).

D’aucuns, dont je suis, se positionnent pour le droit des bouddhistes à pratiquer un culte qui, en ne se transformant pas en cheval de Troie d’une ambition politique, ne se mettrait pas en situation d’être combattu. Je lis dans un Rapport de groupe interparlementaire d’amitié du Sénat français daté du 17 octobre 2007 : «  La religion tibétaine, soupçonnée - non sans raison - d’avoir un lien avec la dissidence politique et le «  séparatisme », demeure sous haute surveillance » (au Tibet).

Le renoncement par les religions à mener des combats politiques ouverts et leur engagement à respecter les Institutions favorisent la liberté du culte (les prêches dans les églises catholiques ne font l’objet d’aucune surveillance en France).

Jadis, l’arrogante puissance de l’Eglise s’opposant à l’évolution de la société en soutenant les privilèges du roi, des nobles et les siens propres, a conduit à sa persécution pendant la révolution de 1789.

Dès l’instant où l’Eglise catholique a accepté le principe de laïcité en France, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, elle a accédé à une vie paisible, elle a bénéficié de la neutralité de l’Etat, lequel la protège contre d’éventuels actes anticléricaux.

On voit bien que, se démarquer du dalaï-lama, ce n’est pas s’attaquer au bouddhisme, c’est au contraire le protéger.

Le renversement de la tendance du bouddhisme à décliner, à supposer que cela soit possible à notre époque, ne peut passer par des combats politiques d’arrière-garde, par des revendications territoriales, par le refus de respecter les autres croyances, par des chasses aux croyants déviants, par un enseignement bouddhiste exclusif des autres croyances ou des non-croyances et par des ruses médiatiques qui ne résistent pas à l’examen et que le temps va dévoiler.

Je vous remercie.

Maxime VIVAS

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