RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Ces milliards de dollars qui obligent au silence sur un crime d’Etat

Deux déclarations suscitées par l’affaire de la séquestration et le probable assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à l’instigation des autorités de Ryad méritent d’être soulignées car révélatrices de la ligne de conduite à laquelle les puissances occidentales vont se tenir à l’égard de l’Arabie saoudite dont aucune ne veut se fâcher ou mettre un terme au silence qu’elles observent à l’égard de la question des droits de l’homme dans ce royaume moyenâgeux.

La première a émané de l’inénarrable président étasunien Donald Trump qui tout en affirmant avoir « demandé » des explications sur cette affaire au plus haut niveau de la monarchie wahhabite a crûment fait comprendre qu’il exclut toute décision ou sanction à l’encontre de ses commanditaires car, a-t-il cyniquement précisé, « les Saoudiens dépensent 110 milliards de dollars en équipements militaires et sur des choses qui créent des emplois dans ce pays (les EU évidemment). Je n’aime pas l’idée de mettre fin à un investissement de 110 milliards de dollars aux Etats-Unis ». L’autre a été le fait de la directrice du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde qui tout en s’étant dite « horrifiée » par l’affaire Khashoggi a néanmoins confirmé son intention de participer au sommet économique « Davos du désert », un forum organisé à Ryad par l’homme fort de la monarchie saoudienne pour inciter les investisseurs étrangers et occidentaux en premier lieu à contribuer aux ambitieux projets de développement économique de son plan « Vision 2030 » censé sortir l’Arabie saoudite de sa dépendance aux hydrocarbures.

Dans les deux cas, le signal a été donné que l’assassinat d’un journaliste ne doit pas se mettre en travers des relations des « démocraties » occidentales avec le partenaire clef qu’est pour elles l’Arabie saoudite sur tous les plans – stratégique, militaire, commercial. Ce cadrage suggéré par le président Trump et la directrice du plus puissant organisme financier de la planète de ce que doit être l’attitude occidentale, même si la culpabilité des autorités de Ryad ne fait plus grand doute tant se sont accumulés les indices qui confortent sa probabilité, il en est tenu compte par les chancelleries occidentales. En effet si elles ont toutes exprimé, qui son « horreur », qui son « indignation » au sort subi par le journaliste et opposant saoudien, aucune n’a expressément pointé du doigt Ryad et son homme fort le prince hériter Mohamed Ben Salman sur lequel convergent un faisceau de présomptions dont ils n’ont pu démontrer la fausseté.

En direction de leurs opinions révoltées par la tiédeur des réactions officielles à l’ignoble séquestration et assassinat du journaliste, elles ont fait sous-entendre qu’elles ne ménageront pas la pétromonarchie si les preuves venaient à l’accabler. Elles font en réalité profil bas dans l’indignation internationale que vaut ce crime ignominieux à la pétromonarchie arabe avec l’espoir et le calcul que le temps va l’estomper sans que Ryad trouve à redire sur leur réaction et à en prendre prétexte pour exercer des représailles à leur encontre qui leur feraient perdre leurs juteux partenariats avec elle.

URL de cet article 33941
  

Même Thème
L’horreur impériale. Les États-Unis et l’hégémonie mondiale
Michael PARENTI
Enfin traduit en français. Notes de lecture, par Patrick Gillard. La critique de l’impérialisme made in USA La critique de l’impérialisme américain a le vent en poupe, notamment en Europe. Pour preuve, il suffit d’ouvrir Le Monde diplomatique de novembre 2004. Sans même évoquer les résultats des élections américaines, dont les analyses paraîtront en décembre, le mensuel de référence francophone en matière d’actualité internationale ne consacre pas moins de deux articles à cette question. Signé Claude (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Il y a une idée sur laquelle chacun semble d’accord. « Vaincre Daesh », comme l’a exprimé le secrétaire d’Etat Tillerson. Laissez-moi poser juste une question : Pourquoi ? Il est temps pour Trump d’être Trump : extrêmement cynique et imprévisible. Il lui faut vaincre Daesh en Irak. Mais pourquoi en Syrie ? En Syrie, il devrait laisser Daesh être le cauchemar d’Assad, de l’Iran, de la Russie et du Hezbollah. Exactement comme nous avons encouragé les moudjahidines à saigner la Russie en Afghanistan. »

Thomas Friedman, « In Defense of ISIS », New York Times, 14 avril 2017.

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.