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Tandis qu’à La Rochelle, les Solfériniens se déguisent en socialistes modernes...

Etats d’âme d’un Frontiste-frondeur de gauche

Le révolutionnaire a-t-il droit au désespoir ? Au découragement passager : oui. Mais il doit vite se ressaisir...

Le Front de gauche n’a pas décollé, mais tout le monde continue à « faire comme si », sans trop d’illusion, mais en feignant d’en avoir.

Nous sommes des centaines de milliers à y avoir cru, à y croire encore. Beaucoup, démoralisés, restent sur le bas côté du chemin. Quel gâchis ! Quelle autre alternative pourtant que de rassembler le peuple pour en finir à terme avec le capitalisme prédateur ?

Comment soulever la chape de plomb du bipartisme, empêcher qu’elle ne devienne définitive ? Le bipartisme est plus qu’un mécanisme institutionnel. C’est l’un des outils qui permet aux classes dominantes d’exercer leur domination.

Voilà pourquoi ils se sont tous déchaînés, les uns de droite, les autres de gauche-alibi transgénique, contre le Front de gauche. Il ne faut surtout pas qu’émerge en France une force qui mette en cause les fondements d’un système verrouillé par eux. Existe-t-il un « plan B » alternatif au Front de gauche ? Je ne le crois pas. Alors, nous sommes donc en quelque sorte, ensemble, condamnés (positivement) à faire vivre, enraciner, élargir, réorienter s’il le faut, un Front de gauche qui soit une multiplication populaire et non un cartel d’appareils.

Cela suppose de construire, de la base au sommet, partout, des espaces de convergence autonomes, sans arrière-pensées politiciennes, électoralistes, sans calculs boutiquiers d’hégémonie, d’instrumentalisation, sans méfiance réciproque, sans « je t’aime moi non plus », sans se « marquer à la culotte », sans préventions mutuelles, sans se laisser pourrir la vie par « le rapport au parti socialiste ». L’inversion du rapport des forces politique est à ce prix.

S’agit-il pour chacun de renoncer à être lui-même ? Ce serait fort dommageable. Est-ce trop demander, face à l’extrême profondeur et au danger de la crise que nous vivons, que d’accélérer cette construction unitaire sur des contenus « de rupture » ?

Ne pas le faire serait criminel. Notre réponse actuelle m’apparaît trop « petit bras » ; elle manque d’horizon d’alternative, de souffle, d’audace ; elle n’est pas à la hauteur, contre les lourds nuages noirs qui s’amoncèlent.

La cacophonie, les bisbilles personnelles et de pré-carrés, font que nous avons un persistant déficit de lisibilité, de crédibilité, d’audibilité, de dynamique populaire ; nous sommes globalement assimilés « aux autres », au système.

Quant aux querelles autour « des égos », des « leaders charismatiques », elles m’apparaissent sur-jouées, empreintes de petites jalousies. Le charisme ne se décrète pas. Quant à l’égo (à ne pas confondre avec l’égotisme, le culte du soi), il aide à avoir confiance en soi-même et dans la possibilité de gagner lorsque l’on mène des combats aussi difficiles que les nôtres. Vive donc l’égo et surtout l’égo de masse !

Ces fausses querelles d’écume, médiocres, empêchent de prendre toute la mesure de la profondeur des eaux. En ce qui me concerne, communiste bien dans mes baskets, je n’ai jamais eu peur de Mélenchon. Je ne lui ai jamais parlé, je ne m’en suis jamais servi. Ce que je sais, c’est qu’il aura du mal à m’avaler parce que j’essaie d’être un communiste d’aujourd’hui, de militer sur des positions « de classe », internationalistes, etc. Je ne suis donc pas soluble dans Mélenchon. Mais j’ai le faible de le considérer comme un atout et non comme un danger.

Nous sommes dans la pire crise (systémique, civilisationnelle) depuis celle de 1930 ; elle s’accélère vertigineusement et nous ne capitalisons pas (ou peu) la colère populaire ; nous n’offrons pas de débouché qui apparaisse crédible, alors que « sur le papier » nous aurions un boulevard devant nous. Demain, une explosion sociale pourrait revêtir des aspects de jacquerie, un scénario catastrophe, se faire essentiellement hors de nous, voire sans nous.

Si la crise est bien « systémique », alors notre réponse doit se situer à ce niveau et être radicale (au sens premier du terme), claire, explicitée, nommée : la révolution, le socialisme, l’écosocialisme... Que chacun ajoute les adjectifs de braise qu’il voudra. Nommer « l’horizon d’époque » aide au déploiement des luttes. La victoire (momentanée ?) d’une classe sociale, a perverti les mots. La bataille des mots est donc une composante essentielle de la reconquête politique. Réapproprions-nous le langage de la révolution. Il traduit et caresse des rêves possibles, nécessaires. Habitons les mots de sens, de messianisme, de désir, de passion ; d’utopie partagée...

Quant à mon parti, le PCF, son existence, son renforcement, son rayonnement militant, culturel, idéologique, ses valeurs, son histoire (je suis du pays de Jaurès), me paraissent plus que jamais nécessaires à l’énergie commune afin de remettre notre pays à l’endroit.

Jean ORTIZ

Universitaire communiste

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