De notre envoyé spécial à Les Souhesmes-Rampont (Meuse)
Nous avons appris vers deux heures du matin qu’une grosse berline roulant à très vive allure sur l’autoroute A4 venait d’être interceptée par une escouade citoyenne sur l’aire de repos de Rarecourt, près de Sainte Menehould.
Un chef de l’État en exercice a été reconnu dans la voiture à l’arrêt à l’aire de repos de Toulettes par un citoyen nommé Drouet, et c’est à la bifurcation vers l’aire suivante de Rarecourt que des hommes en gilet réfléchissant ont fait arrêter le véhicule pour vérification.
Il semble que l’homme intercepté fuyait l’ire des différentes catégories de citoyens touchées violemment par ses ordonnances. Est-ce le retour du destin ? Quelques kilomètres en amont, il était passé près du moulin de Valmy, symbole fort de la République Une et Indivisible. Il a été reconnu au niveau de Saint Menehould mais, à la différence de 1792, l’autoroute continue plein Est, au lieu de monter au nord-est vers Varennes en Argonne. Tentait-il de rejoindre la Kaiserin pour demander sa protection ?
L’escouade citoyenne formée dans l’urgence désire désormais être nommée Escadron République Française. Ses membres sont près de moi, je les interroge.
– Que pensez-vous de votre geste ?
– Il s’agissait de dire : cette fois, c’est assez.
– Qu’allez-vous faire maintenant ?
– Nous allons le ramener à Paris sous bonne escorte, car d’autres citoyens se sont joints à nous.
– Envisagez-vous de le juger ?
– Il sera jugé par le Peuple Français envers lequel il y a eu une Très Haute Trahison. Ses nombreux complices passés et présents seront arrêtés également. Non, pas de noms ici. La Très Haute Trahison est une notion nouvelle, qui sera incorporée dans le Droit. Les accusés auront pour une fois un jugement équitable.
Le soleil se lève sur l’Argonne en ce premier avril, non loin d’ici serpente la Voie Sacrée qui sauva Verdun en 1916. Ici, Les Souhelles-Rampont, à vous les studios.