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Le pétrole de Doha à Washington

Fausse alerte. L’absence d’accord à Doha, dimanche dernier, entre les producteurs de pétrole n’aura pas plus d’incidence sur le prix du baril qu’avant cette réunion.

Après une légère baisse, lundi dernier, due à l’effet d’annonce, le baril est remonté hier à près de 44 dollars pour le Brent. Au-delà des raisons qui divisent l’Arabie saoudite et l’Iran qui sont, comme chacun le sait, d’ordre politique, d’autres paramètres, strictement mécaniques ceux-là, interviennent dans le cours des hydrocarbures. La plupart des médias évoquent les conséquences de l’effondrement des prix sur l’économie de pays qui n’ont pas de grandes réserves financières comme le Venezuela mais ils oublient de citer le cas des Etats-Unis qui reçoivent de plein fouet cette chute des prix.

Pour la première fois de leur histoire, les Etats-Unis avaient, en 2011, réussi à atteindre l’indépendance énergétique grâce à l’exploitation du pétrole et du gaz de schiste. Sauf que l’exploitation des schistes a un coût. A moins de 70-80 dollars le baril, sur le marché, l’exploitation de ces schistes n’est pas rentable. C’est sur quoi a misé l’Arabie saoudite en refusant de baisser sa production. Ce qui n’a d’ailleurs pas tardé à se révéler exact. Le nombre d’entreprises étasuniennes dans ce type d’exploitation et qui font faillite s’accélère. La production de pétrole étasunien a, de ce fait, baissé de près d’un million de barils/jour en un an à la fin du mois de mars. Et ce n’est pas fini. Sachant que c’est le principe de l’offre et de la demande qui fixe le prix du baril, les surplus ont tendance à fondre.

Comme l’a si bien expliqué Chakib Khelil, grand expert dans ce domaine, la demande mondiale évolue, naturellement, chaque année d’environ 1,5 million de barils/jour. D’autre part, les prix bas et une croissance économique mondiale toujours plus forte incitent à une plus grande consommation de pétrole. Deux facteurs qui influent forcément sur la hausse de la demande alors que le désinvestissement dû à l’affaissement du prix du baril agit a contrario sur l’offre. L’agence internationale de l’énergie confirme cette analyse et prévoit des surplus de 200.000 barils/jour pour la fin 2016 alors qu’ils étaient estimés à 2 millions de barils/jour à la fin de 2015. Ce qui revient à dire que même avec le retour de l’Iran, la hausse du prix du baril est inévitable après une période de transition autour de 50-60 dollars dès le second semestre de cette année. Ceci s’explique évidemment par le recul du schiste américain.

A noter que les Etats-Unis reviennent militairement en Irak. A noter également que le président Obama sera à Riyadh (Arabie saoudite) demain jeudi. Officiellement c’est pour participer au sommet du Conseil de coopération du Golfe. En réalité, ces deux événements interviennent à un moment où l’indépendance énergétique américaine est menacée. Gageons qu’un équilibre du marché pétrolier sera vite retrouvé !

20 Avril 2016

»» http://www.lexpressiondz.com/edito/239949-le-petrole-de-doha-a-washington.html
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