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Il faut se demander pourquoi les « unions monétaires » sont assez rares dans le monde

Leçons de la crise grecque sur l’Euro

Le drame que vit la Grèce nous aura au moins appris deux choses : le lien qui existe aujourd’hui entre l’Euro et l’austérité et l’attachement d’une partie de la gauche à l’Euro, un attachement qui la conduit, maintenant de plus en plus rapidement, à sa perte. La première de ces choses permet de comprendre pourquoi les autorités de la zone Euro se sont montrées à ce point inflexibles. Le second nous explique pourquoi Alexis Tsipras s’est laissé poser la tête sur le billot et n’a pas choisi de rompre quand il le pouvait, c’est à dire dans la nuit du 5 au 6 juillet, après la victoire du « Non » au référendum.

L’Euro, c’est l’austérité

L’Euro est lié à l’austérité de par la logique même de la monnaie unique. Celle-ci met en concurrence des pays aux dotations en facteurs de production (que ces derniers soient matériels ou humains avec le niveau d’éducation) très différents. Pour rétablir leur compétitivité face à des pays mieux pourvus, les pays qui sont les moins bien pourvus doivent donc dégager une épargne supérieure (en pourcentage) à celle des pays les mieux pourvus. Ceci entraîne un déplacement de la consommation vers l’épargne. Comme, dans une monnaie unique, toute différence de taux d’inflation se traduit immédiatement par une perte de compétitivité, les pays les moins bien pourvus ne peuvent compter sur l’inflation comme instrument de financement de cette épargne. On perçoit alors la nature profondément austéritaire de l’Euro.

Cette nature est renforcée par le fait que le taux d’inflation d’un pays ne dépend pas que de sa politique monétaire mais est déterminé, aussi, par la structure de son économie. Un pays ayant ainsi une population dynamique aura naturellement un taux d’inflation supérieur à un pays avec une population stagnante ou décroissante. De même, le taux d’inflation a un impact important sur la création des entreprises : ces créations, et les innovations qu’elles peuvent entraîner, engendrent des mouvements de prix relatifs (le prix d’un bien ou d’un service exprimé en d’autres biens ou d’autres services) qui impliquent un certain taux d’inflation. Dès lors, l’imposition d’un taux d’inflation unifié sur des économies aux structures très différentes implique que pour certain pays la croissance sera largement inférieure à ce qu’elle pourrait être. C’est ce que l’on appelle dans la littérature économique le problème de l’output gap ou écart de production.

Enfin, politiquement, l’Euro introduit un très fort biais en faveur des politiques dites d’austérité car il conduit à la substitution d’un gouvernement où la décision est reine par un gouvernement déterminé par des règles comptables. Ces règles peuvent être internalisées par le personnel politique, ce qui est de plus en plus le cas en France, ou elles peuvent être imposées par la force comme c’est aujourd’hui le cas en Grèce.

Ainsi, il peut y avoir de l’austérité sans l’Euro mais l’Euro implique nécessairement l’austérité. C’est désormais clair pour une large majorité d’européens, qui vont être de plus en plus dégoûtés par la monnaie unique. Un article publié dans le Financial Times le 13 juillet soulignait cet aspect[1].

Les raisons d’un attachement irrationnel de la « gauche »

Mais, face à ce constat, on est alors confronté aux positions d’une partie de la « gauche » qui continue de défendre, envers et contre tous, l’Euro. On l’a vu en France où le P« S », y compris les soi-disant « frondeurs », a soutenu le diktat du 13 juillet, et où même le PCF, par la bouche de Pierre Laurent, à failli le soutenir avant que de changer d’avis et de finir de voter « non » au Parlement. Il y a, il faut le reconnaître, un attachement qui semble irrationnel à l’Euro, et qui a transformé une partie de la « gauche » en bras séculier pour l’application de l’austérité[2]. Ambrose Evans-Pritchard, qui se qualifie lui-même de « libéral dans la tradition de Burke » va ainsi jusqu’à écrire : « Par un retournement du sort, la Gauche est devenue ce qui met en œuvre une structure économique qui a conduit à des niveaux de chômage qui semblaient impensables pour un gouvernement démocratique d’après-guerre avec sa propre monnaie et ses instruments de souveraineté »[3]. La lettre de démission du SPD de Yascha Mounk, une universitaire allemande, publiée dans The Nation, illustre bien ce mouvement particulièrement puissant en Allemagne et le trouble qu’il engendre[4].

Cet attachement concerne aussi une partie de ce que l’on appelle la « gauche radicale ». C’est cet attachement qui a conduit Alexis Tsipras à poser sa tête sur le billot. Le politologue Stathis Kouvelakis a cherché à analyser ce phénomène[5]. Sans vouloir engager un débat il est possible de voir plusieurs raisons dans cet attachement irrationnel et malsain à l’Euro.
• La raison la plus bénigne est une sous-estimation du rôle de la monnaie dans le fonctionnement d’une économie capitaliste moderne. Si la monnaie ne peut exister sans d’autres institutions, et en cela il est clair qu’elle n’est pas la seule institution de l’économie, la manière dont elle est gérée a une influence considérable sur les autres institutions. Cela s’appelle tout simplement la dialectique.
• Une vision dévoyée de « l’internationalisme » qui prétend qu’au nom d’intérêts communs (qui existent assurément) les peuples seraient [ Fin de phrase manquante. LGS]. Cette vision nie en réalité la notion d’internationalisme qui précise bien que le commun est entre les Nations mais ne se substitue pas à elles. Cette vision dévoyée prétend ainsi que le Libre-Echange est la forme actuelle de « l’internationalisme ». On comprend alors comment elle arrive à constituer l’Euro en fétiche, sans s’interroger sur le fait que les « unions monétaires » sont en réalité assez rares aujourd’hui dans le monde. Toute interrogation sur cette réalité forcerait ceux qui défendent l’Euro-fétiche de revenir sur terre et d’en envisager l’ensemble des coûts et pertes qu’il fait supporter aux économies de la zone.
• Une idéologie de remplacement pour cette « gauche » qui se dit réaliste, et que l’on appelle la « deuxième gauche ». L’Euro est venu se substituer à la perspective du changement de société qui avait été défendu en 1981.
Ayant abandonnée toute idée de changement social, ayant même substitué le « sociétal » au social, cette « gauche » dite réaliste s’est trouvé une idéologie de remplacement dans la construction européenne qu’elle a alors identifiée rapidement à l’Euro. C’est pourquoi toute remise en cause de l’Euro lui apparaît comme une remise en cause de cette dite construction européenne et doit être combattue avec la plus féroce énergie (et la plus grande mauvaise foi) et ce contre toutes les évidences. On a eu un exemple de ce type de comportement avec les déclarations faites par le Président de la république et par le Premier ministre depuis le 13 juillet.

Ces raisons n’épuisent pas le sujet. On dira, à juste titre, que nombre des économistes qui conseillent la « gauche » dite de gouvernement viennent des banques (ou des compagnies d’assurances) et sont donc directement intéressés au maintien de l’Euro. Mais, les raisons d’ordre symbolique et politique l’emportent largement. La conséquence de cela est que la question de l’Euro sera le grand débat des mois à venir. C’est autour de ce clivage que l’on verra se réunir la véritable gauche, celle qui entend rompre avec les logiques des politiques d’austérité et donc de l’Euro et ceux qui s’enfoncerons toujours plus dans une logique de soumission conduisant à l’acceptation totale de ces logiques austéritaires.
 
Jacques Sapir

[1] W. Munchau, « Greece’s brutal creditors have demolished the eurozone project », Financial Times, 13/07/2015.

[2] Ambrose Evans-Pritchard, « EMU brutality in Greece has destroyed the trust of Europe’s Left », The Telegraph, 15 juillet 2015, http://www.telegraph.co.uk/finance/comment/ambroseevans_pritchard/EMU-brutality-in-Greece-has-destroyed-the-trust-of-Europes-Left.html

[3] Ambrose Evans-Pritchard, « EMU brutality in Greece has destroyed the trust of Europe’s Left », op.cit., « By a twist of fate, the Left has let itself become the enforcer of an economic structure that has led to levels of unemployment once unthinkable for a post-war social democratic government with its own currency and sovereign instruments ».

[4] http://www.thenation.com/article/germanys-social-democrats-are-colluding-in-greeces-destruction-and-im-leaving-the-party/

[5] Sebastian Budgen et Stathis Kouvelakis, « Greece : The Struggle Continues », 15 juillet 2015, https://www.jacobinmag.com/2015/07/tsipras-varoufakis-kouvelakis-syriza-euro-debt/

 http://russeurope.hypotheses.org/4118#_ftnref3
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COMMENTAIRES  

20/07/2015 08:25 par zébulon

"Un pays ayant ainsi une population dynamique aura naturellement un taux d’inflation supérieur à un pays avec une population stagnante ou décroissante"

Quelqu’un pourrait m’expliquer pourquoi ou me renvoyer vers un lien ?

Merci

20/07/2015 10:20 par caro

Bonjour,
Le point cité ne me parait pas trop difficile à admettre : une population jeune a des besoins plus important qu’une pop de seniors : acheter leur logement, s’équiper, élever des enfants, bref s’endetter et consommer ce qui fait monter la demande donc les pris (je sais que inflation pas tout à fait équivalent à hausse générale des rpis mais je ne me souviens plus la différence).
En revanche, je ne comprends pas le passage "Pour rétablir leur compétitivité face à des pays mieux pourvus, les pays qui sont les moins bien pourvus doivent donc dégager une épargne supérieure (en pourcentage) à celle des pays les mieux pourvus. Ceci entraîne un déplacement de la consommation vers l’épargne. Comme, dans une monnaie unique, toute différence de taux d’inflation se traduit immédiatement par une perte de compétitivité, les pays les moins bien pourvus ne peuvent compter sur l’inflation comme instrument de financement de cette épargne. "

Comment une augmentation de l’épargne en %age entraine t elle une amélioration de la compétitivité ?

parce qu’elle permet d’investir sans emprunter ? Mais en finance ouverte déréglementée, si les taux rémunèrent mieux ailleurs, cette épargne y sera placée non ? et puis encore faut il vouloir investir, c’est à dire s’attendre à des retour sur investissement à moyen long terme, ce qui selon certains économistes n’est plus le cas (en gros les entreprises préfèrent diminuer la masse salariale par licenciement ou baisse des salaires plutôt que d’investir).

Si qq’un à une réponse...
Bonne journée à tous,

20/07/2015 13:23 par Arthurin

@ zébulon

Inflation sur le site La Toupie

(Inflation sur le site Challenges)

Cela a certainement à voir avec l’augmentation de la démographie qui entraine mécaniquement une plus grande masse monétaire, la justification paraît un peu courte puisque cela n’engendre pas à mon sens une consommation moyenne par tête supérieure même si la consommation totale augmente.

On peut arguer que cela entraîne une plus forte demande sur les matières premières et une augmentation de la masse salariale, ce qui à mon sens devrait s’équilibrer par la hausse globale de la consommation ; il y a forcément quelque chose qui m’échappe, surement cette notion "d’érosion naturelle de la monnaie" dont la seule justification semble être l’inflation, on tourne en rond. Je laisse la main aux économistes. (si au final il n’y a rien à comprendre, que c’est lié aux perceptions subjectives du marché et des agents économiques, je n’en serais pas surpris)

20/07/2015 13:30 par Micmac

Parce que, en schématisant :

Un pays à faible démographie (comme, au hasard, l’Allemagne) a une grande proportion de retraités, qui ont tendance à épargner plutôt qu’à dépenser. C’est déflationniste.
Un pays a démographie plus forte doit dépenser plus pour l’éducation, et ce n’est pas rien, de la maternelle à l’université. Il a une plus grande proportion de jeunes ménages qui ont tendance à emprunter pour s’installer. Tout ça est nettement inflationniste.

De façon générale, toujours schématiquement, mais je pense correctement, les dépenses augmentent la masse monétaire en circulation, ce qui crée de l’inflation, alors que l’épargne est déflationniste.

L’inflation modérée provoquée par une population qui à des besoins à satisfaire, n’est pas un problème. Voir la prospérité croissante des années 60-70 avec une inflation atteignant 10% par an. Ce n’est grave que pour la population vieillissante d’épargnants qui voit son bas de laine fondre...

Il est vrai que la démographie des pays du Sud de l’Europe n’est pas florissante, et c’est une objection que l’on pourrait opposée à l’auteur... mais la différence de ces pays avec l’Allemagne, c’est qu’ils comptent peu de retraités ou de classes moyennes très à l’aise. Au contraire même, la crise en Espagne montre que les besoins pour la population vieillissante de ce constituer un capital (qu’elle n’a pas) a créer une bulle spéculative. Je pense que c’est aussi ce que sous-entend Sapir, qui ne parle pas de démographie explicitement.

A mon humble avis, l’auteur à globalement raison sur ce point : l’Allemagne se bat bec et ongle pour limiter l’inflation, puisque sa population de retraité de plus en plus nombreuse et sa classe moyenne vieillissante n’en veut pas, alors que les pays du sud ont besoin de dépenses et d’investissement, donc d’inflation. Le drame, c’est que tous ces pays partagent la même monnaie.

Ce n’est pas la seule raison des problèmes actuels de l’Euro, mais ça en fait incontestablement partie.

20/07/2015 18:35 par André

L’intérêt de cet article en est seconde partie sur l’attachement de la gauche française (parlementaire) à la défense, envers et contre tous, de l’Euro, de l’union européenne de Bruxelles, qui en est venu se substituer à la perspective du changement de société. Mais comment font ces politiques pour ne pas voir la réalité ? Inflation, baisse des salaires, destruction de tout ce qui fait notre société.

L’intérêt commun des peuples est à la sortie de l’euro.

20/07/2015 20:53 par Dwaabala

Ce ne sont pas les retraités allemands qui sont les grandes firmes, les grandes banques, les grands capitaux financiers allemands ; bref les grands intérêts allemands..
Ce n’est pas la sortie de l ’euro ni de l’UE qui effaceront l’hégémonie des capitaux allemands auxquels s’acoquinent (de manière plus ou moins conflictuelle mais subordonnée) les intérêts de grandes firmes, des banques et des capitaux financiers français ; bref, les grands intérêts français.
Alors on peut s’amuser longtemps sur la question de ces sorties puisqu’elles n’auront lieu que si les susnommés y trouvent un plus grand intérêt que leur maintient.

20/07/2015 23:31 par Dwaabala

L’Euro est venu se substituer à la perspective du changement de société qui avait été défendu en 1981 .

Il est piquant de constater que la même chose en plus fort peut être dite au sujet de la sortie de l’Euro.

21/07/2015 00:30 par totor

Mr Sapir, vous attendez un sursaut de la vraie gauche à la fin de votre article, hélas il n’y a pas de vraie gauche en France. Elle s’est effacée avec le changement du PCF qui est devenu maintenant un groupuscule comme les trotskistes , mais social démocrate.Reste à espérer que les commentateurs du GS, jusque là bien manipulés par les media sur le sujet comprendront enfin que "PODEMOS" qui a affirmé son attachement à l’Euro n’es pas de gauche, ce que pauvre anonyme sans pouvoir médiatique je m’évertue à diffuser depuis leur création grâce aux informations que j’ai parmi mes cmarades républicains d’Espagne.

21/07/2015 05:08 par depassage

J’aime bien Jacques Sapir, je lui fais confiance et je peux lui confier mon troupeau de moutons sans hésiter si j’en avais un. Il est un super technicien, un expert, si l’on veut, en économie et ses observations ne manquent d’aucune rigueur et le verbe est superbe et dépasse sur de nombreux points celles des clercs et autres aumôniers servant les idéologies dites économiques. Mais voilà, la technique a ses limites et ne s’exerce que sur des systèmes ordonnés ou cohérents sans être parfaits, existants déjà ou que l’on crée. Une donne qui nous (nous les humains) est propre est cette faculté à distinguer la partie du tout, à ne pas les (la partie et le tout) confondre et par là, faire la part de choses entre ce qui nous convient et nous profite et ce qui peut nous nuire et nous envoyer ad pâtres.
Distinguer la partie du tout n’est pas chose évidente pour beaucoup de choses, d’où notre recours à la connaissance et la science qui, elles-mêmes, s’entremêlent et s’entrechoquent dans le fourré de convoitises souvent tues, ou ne disent pas leurs noms. Pour ceux pour qui cela pourrait être difficile à comprendre, il suffit de savoir que le discours et ce qui fait vivre son porteur, se contamine mutuellement au point où il devient impossible de distinguer ce qui relève de la connaissance de ce qui relève des ruses de la survie en tant qu’individu, groupe ou institution.
Avec ce tralala comme introduction, mon but est de relever l’erreur que fait Sapir en disant que « L’Euro, c’est l’austérité » en nous faisant oublier qu’un instrument ne mesure pas par lui-même, on mesure avec. Qui mesure avec et quoi mesure-t-il est la question et non pas la réponse. L’Euro est le produit d’une politique et non pas l’initiateur d’une politique.

Quelle est cette politique qui a fait l’Euro et pourquoi ? À cette question, une partie est dans l’histoire de l’Europe et est le résultat d’un cheminement et non pas d’une volonté consciente, une autre est liée aux mimétismes humains et autres. La troisième et dernière est intimement liée à la première qu’elle n’est à relever qu’en tant que constat. Ce constat consiste à déterminer où en est le capitalisme moderne initié par les révolutions industrielles. Il est à son apogée peut-on dire avec réserve, grosso modo, il est passé de la banque au service de l’industrie et des services, à l’industrie et les services au service de la banque. D’où l’Euro.
Il y a beaucoup à dire, mais résumons. Le capitalisme résout ses contradictions par son expansion, après les expansions coloniales, il n’a pas trouvé mieux que de changer de territoire et aller se répondre sur celui apparemment élastique à l’infini du virtuel, ou plus exactement du concept ou de l’irréel, mais un irréel bien réel qui ne peut exister qu’en pompant le jus du réel. De là à ce que l’Occident s’érige en l’avant-garde de l’humanité, il n’y a qu’un pas à faire et il la fait. Un peu grisé par ses conquêtes technologiques et son savoir-faire, il s’est érigé en une noblesse mondiale avec ses armées de serviteurs en tous les domaines, et se sert du reste du monde comme manufactures, bassins de mains d’œuvres au rabais, lieux de diversement de ses excès, etc. Et l’Euro est pour cela, mais sous la tutelle du Dollar qu’il dépasse toujours d’une tête dont on ne sait pour quelle raison. Peut-être pour se donner des airs de grandeur.

21/07/2015 09:24 par Autrement

Merkel et Cie veulent rester élus et au pouvoir, donc ils soignent leurs retraités, donc ils veulent un euro fort, d’autant qu’en Allemagne, ils ont la retraite par capitalisation (fonds de pension eux-mêmes rentables).
Je crois moi aussi que l’euro est un moyen et non une cause de la politique d’austérité, et que plus importante est la question de la dette, puisque c’est en contrôlant les "déficits" budgétaires que promoteurs et défenseurs des traités "européens" imposent restrictions et privatisations. Je ne sais pas si on s’en tirerait mieux avec une monnaie nationale, il faudrait qu’on nous explique la chose en prospective et en détails, je pencherais (intuitivement) pour le système à double monnaie de Lordon.
Mais il me semble que l’ennemi principal à dénoncer, c’est dans l’immédiat l’organisation bureaucratique qui fait fonctionner ces traités, elle-même formatée et mise en place par les "grands groupes", qui exercent ainsi leur racket avec une apparence de légalité.
Cette question des "institutions" qui permettent la prédominance des puissances financières, tirant les ficelles du personnel politique, est devenue primordiale. Les institutions sont le paravent qui cache l’exploitation capitaliste la plus directe et la plus éhontée (avec le secours des médias qui renforcent la croyance que ces gangs organisés, et les "partis" qui les relayent", sont des "institutions" respectables). La Grèce en est l’exemple frappant. Il semble que nos "classes ouvrières" n’aient pas compris partout qu’il n’y a pas de changement de société possible sans s’attaquer à ces "institutions" et sans les dénoncer en permanence comme truquées ou carrément illégitimes.
Les lieux de la lutte des classes sont multiples mais d’efficacité différentes. En France, le changement de constitution est une des conditions sine qua non du développement possible des luttes, comme l’est à l’échelle européenne la lutte contre les traités frauduleusement imposés, qui prétendent gérer les "dettes", lesquelles sont en dernier ressort celles des banques qui ont trafiqué, et non celles des peuples. Pour cela, il faut un combat politique unifié, et la "classe ouvrière" française dans l’état (l’Etat !) où elle est, est bien incapable de le mener toute seule. La stratégie de défense de l’implantation du PCF dans les institutions est compréhensible, mais comme elle se fait sans principe et au détriment du combat principal (le PS ayant été l’ardent promoteur des dites "institutions", en trahissant le résultat du referendum), c’est peine perdue et autant de durée supplémentaire pour la déchéance générale.
Il faut évidemment aussi un combat politique coordonné à l’échelle européenne, car les autres peuples (dont on semble oublier l’existence, y compris en Allemagne) sont eux aussi victimes de ce nouvel "esclavage pour dette". La France étant une puissance économique et fondatrice a un rôle important à jouer contre les prétendus "traités". Bon exemple d’histoire et d’analyse de la dette grecque ici (site de Syriza).

21/07/2015 13:00 par Pierre M. Boriliens

@Dwaabala
Désolé de vous le dire comme ça, mais vous racontez n’importe quoi.

C’est une vision totalement étriquée de voir l’UE comme une sorte d’entité uniquement géographique, centrée sur l’Allemagne qui serait aux commandes. Si la Grèce sortait de l’Union Européenne, elle se retrouverait, après une période de transition difficile, - ça c’est clair (mais ce qui l’est moins, c’est que cette période serait plus difficile que ce que la Grèce va vivre dans un avenir proche) -, dans la même situation que n’importe quel pays du globe qui ne fait pas partie de l’Union Européenne. Ça peut créer toutes sortes de possibilités nouvelles.

Bien sûr, il faut voir ça en détail, mais exclure ce genre d’idées a priori, en plus quand ça vient d’un « communiste », me paraît complètement surréaliste.

Alors je sais bien, le Parti Communiste a abandonné le Manifeste du Parti Communiste au profit du Credo (Néo ou Ordo) Libéral ! Il a gardé l’étiquette pour se doter d’un genre (comme les lasagnes pur boeuf). Soit ! Mais il semble aujourd’hui lui-même hanté par le spectre qui hante l’Europe, le spectre du communisme... Un comble !

22/07/2015 00:16 par totor

@Pierre M “Boriliens”,je suis d’accord avec ce que vous venez d’écrire et j’ajoute:que faire(un certain chto dielat en russe) ?quand pour le communiste anonyme il n’y a plus rien dans le paysage politique sinon d’un côé l’ex P"C"F qui ne l’est plus et de l’autre tous les groupuscules gauchistes,plus l’ennemi néo-libéral.

22/07/2015 15:14 par Geb

il n’y a plus rien dans le paysage politique sinon d’un côté l’ex P"C"F qui ne l’est plus et de l’autre tous les groupuscules gauchistes,plus l’ennemi néo-libéral.

Vison manichéenne bien typique de la vulgate implantée par les médias ;

Soit, "tout ce qui n’est pas répertorié officiellement , n’existe pas".

Voir ce qui existe à travers les "partis" existants officiellement, c’est prendre en compte le volume de l’iceberg à travers sa partie émergée.

Un simple ratio entre les électeurs inscrits, (Par charité je ne citerai pas les citoyens français en âge de voter et non-inscrits), et les votants réellement comptabilisés, (Hors nuls et blancs), démontre que la "majorité" ce ne sont plus "les partis" . Ceux-ci, (Tous en fait), ne sont plus que les faire-valoir et les cache-sexes d’une dictature rampante sur la Majorité.

Le vrai challenge est pour la structure à venir, constituée ou pas, admise ou pas par le pouvoir en place, quel qu’il soit, qui donc saura les mobiliser sur une idée forte de la préservation et le rétablissement de leurs vrais intérêts, et de l’avenir commun de l’entité autour de laquelle est formée la Nation républicaine française.

Et ça ça ne sera ni la fausse gauche, ni la vraie droite, extrêmes ou pas, qui peuvent le réaliser.

Quand ces citoyens trouveront un point de jonction, (Un seul point suffira à mon avis pourvu qu’il soit assez fort), la seule différence qui sera alors entre le fait qu’ils seront "reconnus" ou "marginalisés" ça sera que le "changement" sera "pacifique", ou plus ou moins "violent".

Comme diraient des amis corses : On ne peut pas "ad vitaem aeternam" maintenir une bouteille de gaz sur le feu allumé sans qu’elle explose tôt ou tard.

Ou on supprime le foyer, ou on l’arrose sans discontinuer pour la refroidir, (C’est le cas qui nous concerne aujourd’hui), ou elle explose.

Ou on éteint le feu avant ;.. Mais il ne reste pas beaucoup de temps.

En réalité la majorité des hommes politiques de gauche, je parle ici de ceux qui sont supposés sincères, s’ils ne renversent pas la table comme ils devraient le faire, ça n’est pas par peur de perdre leurs indemnités. Ou qu’ils ont peur d’être à l’index des forces bien pensantes.

Mais plutôt par peur d’être les premiers à induire un mouvement dont ils sentent qu’il va les dépasser en induisant une catastrophe majeure pour les institutions bourgeoises mais aussi pour tous les protagonistes de l’action. Ou même ont peur des interventions extérieures ou des "révolutions colorées" dont ils ne veulent pas supporter personnellement les conséquences.

Le syndrome "Allende" est passé par là et n’est pas Chavez ou Castro qui veut.

Comme Tsipras en Grèce ils ne sont tout simplement pas prêts à jouer le rôle jusqu’au bout car ils sont conscients de la férocité de l’ennemi et ont peur du rouleau compresseur impérial et du non soutien de la Population. Et aussi lls sont réellement "justes" au niveau économique et politique*). (Varoufakis c’est autre chose, et si ça pète et s’il reste en vie jusque là on en entendra reparler).

ET franchement vous iriez, vous, au casse-pipe virtuel ou matériel, sous la direction d’un Laurent ou d’un Mélenchon ????

Ben les autres non plus. Sauf s’ils sont collés au mur et n’ont plus aucun choix. Et dans ce dernier cas il compteront plutôt sur eux-mêmes que sur un éventuel chef de troupe.

C’est ce qui fait la différence entre un "Che" Guevara, un Chavez, un Mélenchon, ou un Laurent.

La capacité des exploités à comprendre que les premier ont tout laissé pour eux, (Ils était au moins autant de la "Bourgeoisie" ou de l’establishment, qu’un Mélenchon), et y ont laissé leurs vies, quand le second s’est retiré tranquillou et s’est mis en retrait peinard sur son blog malgré tous ses beaux discours et analyses révolutionnaires sur Chavez et l’Amérique latine, explique beaucoup de choses.

Laurent, lui, c’est carrément un traître arriviste. On ne me fera pas croire, ainsi qu"aux camarades de ma génération, que son papa Paul ne lui a rien expliqué avant de mourir. Quand on "sait" on n’amène pas ceux qu’on prétend défendre à l’abattoir. Même si on prône l’anesthésie avant le merlin.

On va planter ses choux ailleurs et on laisse les autres se démerder.

* Quand tu entend Hollande déclarer que "Israël n’a pas l’arme nucléaire", (Et je pense qu’il le dit de bonne foi en plus - Il sort de l’ENA le mec), tu comprends que même Bush ou Obama sont battus dans la connerie et l’inculture.

En dessous, en bas du podium y a plus que Poroshenko.

23/07/2015 14:57 par Totor

Cher Geb, je pense que vous êtes un doux rêveur, à moins que vous ne soyez comme un de mes amis trotskiste, courageux combattant avec la classe ouvrière qui prend ses désirs pour des réalités.Bien que Karl Marx ait parlé de déterminisme historique, la révolution ne se fait pas avec des espérances et des désirs. De l’autre côté, Warren Buffet affirme que la lutte des classes existe et que c’est eux qui l’ont gagnée.Il est facile de critiquer Laurent et Mélenchon en disant de l’un qu’il est dans le confort, de l’autre que c’est un traître(et là je reconnais un certain langage d’une certaine idéologie). Je les ai moi-même critiqués(Mélenchon pour sa participation à la manif de "Podemos" à Madrid, Laurent pour sa déclaration sur la Grèce dans le grand soir).Nous indiquer le Che,Chavez , Castro etc... comme modèles es intéressant certes, mais nous n’en serions pas où nous en sommes si certains"révolutionnaires"n’avaient aidé à effacer le bloc socialiste pour lequel ils avaient plus de haine que pour l’impérialisme américain.D’ailleurs pourquoi même les communistes ne voulaient-ils pas de l’or de Moscou ? Grossière et tragique erreur !les partis de droite se sont ils jamais gênés pour être sponsorisés ?Il y avait à l’ouest une immense cinquième colonne qui ne demandait qu’à être financée et même armée.

23/07/2015 15:21 par Totor

Geb, j’allais oublier, quand je vois ce que vous avez écrit sur Hollande

* Quand tu entend Hollande déclarer que "Israël n’a pas l’arme nucléaire", (Et je pense qu’il le dit de bonne foi en plus - Il sort de l’ENA le mec)

je pense qu’en plus d’un doux rêveur , vous êtes un grand naïf.Justement parce qu’il sort de l’ENA,de plus il est président et tous les services de la nation sont à ses ordres, bien que je ne l’apprécie pas je ne le prends pas pour un imbécile et tout ce qu’il fait ou ne fait pas est bien pesé et bien pensé. Il connaît peut-être même le nombre de têtes nucléaires que possède Israël, encore que les services secrets français ne sont pas des aigles.

24/07/2015 17:58 par Geb.

@ Totor,

Et moi je pense que vous ne saisissez pas trop le deuxième degré ; ((- :

Ou vous vous imaginez que je pense que c’est Hollande qu détermine "sa" politique ou qui écrit ses discours ???

Pour ce qui est des "têtes nucléaires", d’Israël, de la Planète, et des autres pays du Bloc BAO faites un sondage discret autour de vous.

En réponse, des gens "biens", "intellectuels", lecteurs de la presse qualifiée sur le sujet, et autres, vous répondront : Iran, Corée du Nord, Russie, Chine, peut-être Inde ou Pakistan, (Mais pour ces deux derniers le virage à l’Est est encore trop frais pour qu’on les ait suffisamment stigmatisé).

Personne autour de vous ne répondra : France , UK, USA. Pour ces individus, ces derniers n’ont pas de "têtes nucléaires" mais des armes de dissuasion contre les "états voyous". Normal puisque nous "sommes en démocratie" et que "c’est nous qui élisons nos dirigeants pour nous défendre des terroristes"

Et là je parle de personnes suffisamment informées ou qui croient l’être.

Les "autres", ceux qui peinent pour savoir ce qu’ils mangeront demain, ou où ils dormiront , eux vous diront qu’il s’en foutent ou que c’est Ghadaffi ou Saadam qui les ont et qu’il n’y a qu’à leur envoyer quatre ou cinq missiles pour régler le problème.

30/07/2015 18:18 par Dwaabala

J. Sapir devrait mieux écouter John Milios, membre du Comité central de Syriza, professeur d’économie politique à l’Université technique d’Athènes.

Si une stratégie menée par un mouvement politique de masse qui met un terme à de telles politiques passe par une sortie de l’euro, je ne vois alors pas en quoi cela serait un problème.

Le problème auquel fait face la classe laborieuse grecque n’est, toutefois, pas un problème technique qui peut être résolu par une simple réorganisation de la politique monétaire du pays, telle que le choix de la monnaie.
Je peux facilement imaginer une situation où une Grèce qui sort de l’euro ne peut trouver les ressources nécessaires pour soutenir les taux de change de sa nouvelle monnaie et recourt à des prêts de la zone euro ou d’ailleurs. Mais tout prêt, dans la phase présente du capitalisme, signifie des mémorandums d’austérité. Qui va donc financer le pays afin de soutenir les taux de change de la nouvelle monnaie ?

Enfin, la dévaluation de la nouvelle monnaie favoriserait probablement les exportateurs. Mais la classe laborieuse ne fait pas partie des exportateurs.

06/08/2015 01:18 par alain harrison

Bonjour.

« « celle qui entend rompre avec les logiques des politiques d’austérité et donc de l’Euro et ceux qui s’enfoncerons toujours plus dans une logique de soumission conduisant à l’acceptation totale de ces logiques austéritaires. » »

Ça dépend du projet de " société " que le peuple n’envisage pas.

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