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Lettre à un ami étranger (Sinistra in Rete)

Moreno PASQUINELLI

Cher ami,

Tu me dis que, dans ton pays, il y a une campagne massive tendant à faire croire qu’ici le fascisme avance, que Salvini serait même le nouveau Mussolini. Tu m’écris que la plus grande partie des intellectuels de gauche et d’extrême-gauche en arrivent même, dans leur rejet de toute forme de nationalisme, à défendre cette Union Européenne, considérée comme un frein ou un katéchon [une digue] contre la barbarie souverainiste et "rouge-brune". Tu me demandes donc où en sont vraiment les choses en Italie.

Je vais essayer de te répondre, en espérant que ce que j’écris te sera utile.

Je veux être franc, et avant tout en ce qui concerne les intellectuels de gauche. Ici, chez nous, ils occupent déjà, pour une majorité d’entre eux, la première ligne du front ennemi. Ils n’attaquent pas seulement le nationalisme de caractère fascistoïde, mais avant tout la gauche patriotique, constitutionnelle et souverainiste. Il y a une parfaite harmonie dans les programmes entre la puissante élite ordo-libérale et ces intellectuels.

L’axiome, ou plutôt la première équation de l’élite (que ces intellectuels admettent), est plutôt simple : populisme = fascisme/gauche patriotique = rouge-brunisme. Le résultat de cette équation – étant donné que le populisme, en Italie, dans ses deux versions, est un mouvement de masse, et exerce même une hégémonie croissante, c’est donc que l’Italie serait en train de se fasciser, que les masses populaires se fascisent.

Quel mépris bourgeois dans ce jugement ! Quel éloignement de la réalité et des demandes des masses populaires ! Quel à-peu-près théorique ! Quelle malhonnêteté intellectuelle ! Quels préjugés anti-italiens !

Nous ne sommes pas naïf, nous suivons très attentivement la façon dont les grandes centrales de désinformation stratégique présentent à l’étranger le grand changement en cours en Italie, et qui, comme tout phénomène important, peut s’orienter vers des directions diverses.

L’assaut désordonné contre Salvini (maintenant, même les Nations Unies veulent faire passer en jugement l’Italie !) insinue la thèse que, au fond, l’Italie est génétiquement fasciste, qu’il faut donc condamner par avance, préventivement, tout ce qui sort du creuset italien. L’antifascisme de l’élite est le masque derrière lequel se cache le sourd et vieux préjugé contre notre pays. Une fois de plus, à bien y regarder, c’est l’intelligentsia française qui est le centre d’irradiation du préjugé anti-italien, manifestation d’un réel orgueil nationaliste et impérialiste , d’un complexe de supériorité plein de morgue et sans fondement. Il faut comprendre ce mépris : l’élite euriste, en particulier française, sait que l’Italie pourrait être le fossoyeur de cette Union Européenne, donc causer la dissolution du mariage d’intérêt entre Berlin et Paris (qui est le vrai pilier sur lequel s’appuie le château de cartes de l’UE). Crainte fondée, car l’Italie est aujourd’hui, encore une fois, le principal laboratoire politique européen.

Voilà donc le coeur du récit anti-souverainiste : l’UE, l’expérience la plus sophistiquée de despotisme oligarchique et impérialiste, après l’Empire yankee, considéré comme "la patrie des droits".

Cette hallucination a de nombreuses causes, sociales, politiques, psychologiques et théoriques, que je n’ai pas le loisir d’énumérer ici. Je me limiterai à en signaler deux. L’axiome sur lequel elles reposent, c’est que la forme de l’Etat national serait, non pas d’aujourd’hui, mais par nature, réactionnaire, et que donc tout dépassement supra-national de cette forme, de quelque façon qu’il se présente, est souhaitable et progressiste. D’où la condamnation de tout sentiment d’appartenance solidaire à une collectivité nationale, en tant que réactionnaire, rétrograde, vecteur de fascisme. On trouve donc ici, en second lieu, une conception des droits et de leur importance respective empruntée au libéralisme moderne : les droits civils avant les droits sociaux, les minorités sexuelles (les genres prolifèrent) hiérarchiquement supérieures aux classes et à leurs intérêts sociaux.

Morale : certains intellectuels de gauche, et pas seulement les disciples de Toni Negri, fascinés par le déconstructionnisme derridien, saisis par ce que Hegel aurait défini comme une "fureur de disparition", ont fini, à force de "déconstruire", par démolir les fondements mêmes du marxisme.

La vérité, c’est que, si on parle de phénomène populiste, l’Italie, qui en compte deux (un de gauche et un de droite), est plus avancée que les autres pays et, en un sens, indique aux autres leur avenir proche. Ce qui a pris l’élite par surprise, et l’a déconcertée, c’est que, (exactement comme que nous l’avions prévu, il y a deux ans, à la suite du référendum constitutionnel *), les deux populismes ont fait bloc pour former un gouvernement (Aristote aurait parlé d’entéléchie). Il y a en fait une logique profonde dans ce bloc, qui est constitué de classes sociales, plus encore que de formations politiques : il s’agit de l’union des gens d’en bas (contre les gens d’en haut), une alliance nationale-populaire de salariés, petite bourgeoisie, jeunesse précaire, bourgeoisie massacrée par la globalisation et les politiques européennes d’austérité. Bloc inter-générationnel, il assure en outre la cohésion (ce qui est décisif en un temps où l’ordolibérialisme a dissous la nation), du Nord et de Sud du pays, uni par la résistance aux processus de destruction du tissu social entraînés par la globalisation néo-libérale, encore portés à l’extrême par l’Union Européenne.

Il y a certes aussi, dans ce magma protéiforme, des pulsions sécuritaires, autoritaires et xénophobes, que Matteo Salvini s’entend à exprimer et fomenter. Comme il y a, à l’opposé, des exigences profondément démocratiques, justicialistes et égalitaires, représentées, certes de façon insatisfaisante, par le Mouvement 5 Etoiles.

Mais j’en viens à Salvini et à sa nouvelle Ligue, utilisés, dans le rituel apotropaïque euriste, comme bouc émissaire pour exorciser la menace italienne.

La deuxième équation de la gauche transgénique est la suivante : sécuritarisme + xénophobie + nationalisme = fascisme.

Equation puérile et erronée. La bourgeoisie a inventé au cours des siècles des formes multiples de gouvernements autoritaires, jusqu’aux régimes dictatoriaux. Tout est-il du fascisme ? Et combien avons-nous vu de régimes nationalistes ou de mouvements xénophobes dans l’histoire moderne sous toutes les latitudes ! Tout est-il du fascisme ? Certes, la nuit, tous les chats sont gris, mais là, il ne fait pas nuit, et ceux qui ne voient pas de quelle couleur ils sont réellement sont aveugles ou font semblant de l’être.

Le fascisme a été bien autre chose. Ce fut, dans le contexte de la menace révolutionnaire et bolchevik, un mouvement de mobilisation violente et extra-parlementaire des masses, qui s’est mis à la disposition des fractions les plus fortes (monopolistes) du capitalisme, pour le compte duquel elle effectua cette destruction systématique du mouvement ouvrier qui ne pouvait se réaliser dans le cadre de l’Etat libéral. C’est bien autre chose que de l’autoritarisme et de la xénophobie ! Enfin, le fascisme fut génétiquement impérialiste, colonialiste et belliciste – le nationalisme n’étant alors que le masque des appétits impérialistes et expansionnistes du capitalisme monopolistique italien.

Le système du capitalisme globalisé devrait-il faire face aujourd’hui à un commencement de menace révolutionnaire socialiste ? Non ! Au contraire, jamais le mouvement révolutionnaire n’a été aussi faible qu’à notre sombre époque, et jamais les gauches n’ont été aussi organiquement asservies qu’aujourd’hui aux intérêts du grand capitalisme. Ainsi donc, il manque aujourd’hui la cause qui déclenche et fonde le péril fasciste. Certes, la gauche sorosienne, transgénique et cosmopolite se sent menacée par le salvinisme, mais cela ne concerne qu’elle. Jusqu’à preuve du contraire, le souverainisme salvinien ne menace ni le système libéral ni ce qui reste du mouvement ouvrier depuis qu’il a été mis en pièces par le libéralisme.

Salvini et sa Ligue seraient-ils l’expression politique des secteurs du grand capital ? Seraient-ils au service des fractions dominantes, globalistes et euristes, qui dirigent la puissante bourgeoisie italienne et de leurs appétits impérialistes ? Non, ils sont au contraire l’expression de fractions marginalisées de la moyenne et petite bourgeoisie italienne, surtout dans la Padanie. En outre, le souverainisme de la Ligue, loin de ressembler au fascisme ("Tout dans l’Etat, rien en dehors de l’Etat, rien contre l’Etat"), reste encore pleinement dans le cadre idéologique libéral ("moins d’Etat, plus de marché") – voir sa proximité avec The Movement de Steve Bannon. C’est donc un souverainisme boiteux, contradictoire, qui peut évoluer dans des directions diverses, puisqu’il y a deux courants qui coexistent dans la Ligue.

Il y a le courant du nationalisme inaccompli et métamorphique de Salvini, et le courant, hégémonique dans l’Italie du Nord (surtout en Vénétie et Lombardie), de caractère fédéraliste, anti-méridional, anti-romain et anti-étatique. L’Histoire nous dira si, sous la pression des terribles événements qui s’annoncent, cette cohabitation tiendra bon. Il est clair que la tendance ouvertement libérale-fédéraliste a placé ses hommes, et des hommes de poids, au coeur même du gouvernement, ce sont même eux qui freinent le processus de décrochage de l’Union Européenne. Du fait que l’économie du Nord, dans le fonctionnement de l’euro-économie, est, dans bien des secteurs, subsidiaire et complémentaire de la puissante industrie allemande, cette tendance voit d’un bon œil un accord avec l’Allemagne. Ce sont les représentants de cette tendance qui assure le contact avec la grande bourgeoisie globaliste italienne, qui ont voulu dénaturer le "Décret Dignité" ** et qui s’opposent aux nationalisations proposées par les Cinq Etoiles.

Tout cela, sans compter que le gouvernement actuel n’est pas seulement une coalition à deux : il comprend un troisième parti, la "Cinquième Colonne" de l’eurocratie, qui occupe des positions déterminantes, le Ministère de l’Economie (Tria), et celui des Affaires Extérieures (Moavero), sous la direction toute-puissante du Président de la République Mattarella.

Cher ami, j’ai déjà été trop long et je termine ici. J’espère que tout ce que j’ai écrit t’aidera à mieux comprendre ce qui se passe vraiment en Italie. Mais je veux encore affirmer que la situation ici est ouverte. C’est si, et seulement si, l’élite réussit à abattre l’alliance des deux populismes, et au cas où ceux-ci échoueraient et trahiraient comme Tsipras, que serait possible ce que nous appelons une "mobilisation réactionnaire des masses" - ce qui sera un phénomène nouveau, de toute façon différent du fascisme.

Certes, on doit s’opposer à cette issue, mais comment ? En restant inertes devant le risque que l’élite, ayant balayé le gouvernement jaune-vert, fasse entrer la troïka en Italie ? Ou même en appuyant les diktats et les guet-apens eurocratiques ? Dans les deux cas, cela contribuerait à pousser les masses populaires dans les bras, pour le moment, de Salvini, et dans l’avenir du monstre qui pourrait venir après lui. Il faut défier les deux populismes sur leur propre terrain, en les pressant de donner suite aux bonnes choses promises aux Italiens et gravées dans leur programme de gouvernement.

Il faut se tenir dans le tourbillon de l’Histoire, sans se laisser emporter, et en défiant les deux populismes pour leur disputer l’hégémonie et la direction du territoire que Gramsci aurait appelé national-populaire.

Je sais bien que, vu nos très faibles forces, cela peut sembler un objectif fou. Mais tu sais bien que, sans "folie", on ne fait pas l’Histoire.

Moreno Pasquinelli

Notes de la Traductrice

* Référendum voulu par le chef de gouvernement d’alors, Matteo Renzi, en 2016, au sujet des modifications de la Constitution qui, sous couleur d’"accélérer le travail parlementaire" et de réduire l’instabilité politique, devaient affaiblir le Sénat et concentrer les pouvoirs entre les mains de l’exécutif (c’est le même type de réforme constitutionnelle que veut imposer Macron cet automne, le référendum en moins). Le NON l’emporta largement et Renzi démissionna.

**Le Décret Dignité, entré en vigueur le 14 juillet dernier, a pour but but de lutter contre le travail précaire et sanctionner les entreprises qui délocalisent. C’est un anti-Jobs Act (équivalent, dû à Renzi, de la réforme du Code du Travail réalisée par Macron).

 https://www.sinistrainrete.info/politica-italiana/13241-moreno-pasquinelli-lettera-ad-un-amico-straniero.html
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COMMENTAIRES  

20/09/2018 08:10 par Danael

Vous m’avez convaincue, je retire donc mon commentaire du précédent article. Merci pour cette excellente mise au point.

20/09/2018 19:58 par AF30

Non. Franchement c’est du grand n’importe quoi. L’auteur en vient par des détours baroques à justifier un parti de droite extrême et l’alliance entre celui ci et un autre parti prétendument de gauche. Il démontre ce que nous savons tous, à savoir qu’à partir de prémisses objectives il est possible d’ accoucher d’une idée erronée. Nous constaterons que la politique économique mise en œuvre sera peu ou prou fondamentalement libérale avec une bonne cuillerée de populisme à la sauce anti-immigrés et une pincée de discours sécuritaire.
Accessoirement il est à craindre que l’affirmation qu’il y a un préjugé anti-italien ne soit lui- même un préjugé.
Enfin contrairement à ce qui est affirmé, l’opposition entre cette coalition et les élites est artificielle. Il s’agit, de neutraliser le vote de ceux qui ont intérêt à un vrai changement en le détournant sur des partis Canada-dry qui ont de plus l’avantage d’avoir une image fun.
Pour terminer je crains que ce genre de discours au lieu de tendre vers la clarification ajoute de la confusion à la confusion.

20/09/2018 20:36 par Danael

@ AF30
Il a raison de dire que le populisme de droite italien dont on n’aime pas les agissements à l’endroit des immigrants n’est pas pour autant à caractériser comme fasciste. Il dénonce le fait que les intellectuels de gauche ne comprennent pas assez ce qui pousse les marginalisés de ce système économique financiarisé à aller vers des mouvements nationalistes de droite quand cette même gauche se refuse à toute souveraineté elle-même par crainte d’insulter sa tradition internationaliste et donc se refuse d’associer dans son programme souveraineté nationale et internationalisme laissant le populisme de droite prendre de l’ampleur. Bien sûr qu’ il faut refuser l’alliance perfide gauche extrême droite comme le suggérait Sapir. Lordon a bien souligné cette faiblesse chez les intellectuels de gauche
https://blog.mondediplo.net/2015-07-18-La-gauche-et-l-euro-liquider-reconstruire

20/09/2018 21:15 par Yannis

Merci Moreno Pasquinelli pour apporter un peu plus de nuances dans un débat politique qui, en France, se résume désormais à... bien peu, des oppositions tellement simplifiées qu’elle n’ont plus aucun sens ni reflet réel dans la population. Dans la novlangue bien acquise, nous avons donc les Progressistes (pro-UE, pro-OTAN, Macron, le PS, les Verts, les groupes sociaux-culturels encore avantagés par la mondialisation, vivant principalement dans les métropoles fortes économiquement) versus Populistes (terme qui permet de mettre dans le même sac feu le FN et LFI de Mélenchon, plus quelques candidats indépendants osant la question de la sortie négociée ou autoritaire de l’UE, des attardés vivant en zone périurbaines et dans les régions déclassées et ne méritant que le mépris du premier groupe "éclairé" par les medias mainstream et leurs écrans à buzz).

Une schématisation évidemment ridicule, qui permet notamment d’attaquer sans varier les représentants des Insoumis sous l’angle de la conspiration avec les néofachos type Orban, ou les "dictateurs" comme Chavez. D’horribles nationalistes qui pensent (bien ou mal, c’est un autre débat) principalement aux intérêts de leurs concitoyens. Tandis ce grand refrain de la mondialisation et de l’ouverture des frontières est battu en brêche par ses primcipaux artisans, les USA et la GB devenant protectionnistes et exclusifs par tous les moyens qu’ils ont à disposition, justice "internationale", chantage... La France jouant le rôle du bouffon dans ce jeu de dupes !

Mais j’applaudis particulièrement cette incise concernant les "intellos de gauche" qui se sont complètement fourvoyés dans une pensée molle et hors sol, par faillite intellectuelle, par goût de la renommée, du fric et des promotions sociales. Une excuse encore pour Derrida, Deleuze. dont la reflexion s’est diluée dans la fascination du Nouveau Monde et des technologies du numérique, de l’Homme libéré (par son smartphone, on voit le résultat). Aucune circonstance atténuante pour les BHL, Edgard Morin, comme pour les ex trotskystes qui sévissent par exemple sur Médiapart.

A la théorie du rhizome s’oppose la métaphore de l’arbre : https://lapartmanquante.com/2018/09/15/hetre-ou-ne-pas-etre-metaphore-de-larbre/

Bonne lecture et encore merci pour ce texte qui enfin prend racine dans le réel de nos voisins et amis italiens.

21/09/2018 09:14 par AF30

En réponse à certains commentaires :
Nous avons compris, j’ai compris grâce aux articles de Sapir la notion de souveraineté, sa nécessité et son contenu progressiste, le cadre sans lequel il ne peut avoir de liberté. Une liberté qui ne définit non pas contre les autres mais qui s’oppose à ces grands machins, genre Europe telle qu’ils nous la font, qui rend impossible toute intervention des peuples en déléguant a des structures techniques mais orientées le vrai pouvoir. De même Régis Débray dans son " éloge des frontières " ( http://zone-critique.com/2012/12/16/la-frontiere-cest-la-vie/ ) explique la nécessité des frontières qui ne sont pas " les murs projetés par Marine Le Pen défenseure de l’immigration zéro, et ceux construits dans l’Etat d’Arizona. « Le mur interdit le passage, la frontière le régule. »"
Donc l’affirmation de la nation ne se fait pas contre "des autres". Pour ces raisons le discours ne peut pas être ambigu et doit tracer une ligne de démarcation entre la nation républicaine des révolutionnaires de 1789 et la forme pervertie et excluante des partis d’extrême droite. Et là pour le coup on ne peut pas être d’accord avec Sapir qui voit dans une alliance de circonstance entre des partis opposés idéologiquement un moyen de faire tomber le système. C’est ce genre d’idées qui non seulement nuit à la clarté du débat car il y a une opposition radicale entre ces valeurs mais permet à la logique actuelle de se perpétuer. En tout cas c’est ainsi que j’ai ressenti cet article.

21/09/2018 11:53 par act

Invoquer Gramsci en conclusion d’une telle confusion historique et intellectuelle est à la mesure de la contorsion.
Les prétendus ennemis de nos ennemis ne sont pas toujours nos amis, le capital n’a pas besoin d’une menace socialiste pour envisager une forme de fascisme.
La tromperie commence en situant à "gauche" des individus et des partis qui ne le sont pas ou plus, elle se poursuit en tentant de démontrer qu’un salvini ou un orban ne seraient pas nos ennemis ?

Symptômes attristant de la déroute, ces articles et le fait qu’ils soient relayés ici. Déroute et confusion, les camarades avertis ne se laisseront pas duper mais ceux moins informés à qui je ne manquais pas de recommander LGS, pour s’informer précisément, pourraient se fourvoyer, dommage, vraiment dommage et inquiétant. Demain est toujours plus sombre.

21/09/2018 14:46 par Autrement

Je crois qu’il y a beaucoup d’incompréhension sur cet article. L’auteur ne dit nullement que l’alliance Salvini-Grillo est souhaitable et encore moins représentative de l’avenir ! Il dit seulement que faute d’offre politique claire, réellement populaire et cohérente, la population (toujours plus ou moins droguée aux médias) se tourne vers ce qu’elle a sous la main, - ou plutôt sur l’écran -, les uns vers Salvini, les autres vers Grillo.
Ce qu’il trouve de positif là dedans, ce n’est pas l’alliance politicienne "d’en haut", c’est que la masse des uns et des autre "d’en bas", au lieu de s’en remettre aux vieux partis immobilistes qui occupaient le devant de la scène, refuse le statu quo social et économique, et cherche (à l’aveuglette mais avec avidité) une issue politique vers un changement radical.
Pour comparer avec la France, on peut dire aussi que la majorité des électeurs du FN-SN ne sont pas des vrais "faschos" : le danger est... qu’ils le deviennent, la blogosphère aidant, si une perspective nouvelle tarde trop longtemps à s’ouvrir ! Ce sont de simples gens qui ne supportent plus d’être écrasés, et votent contre leurs intérêts, tout en cherchant eux aussi autre chose. C’est aussi le cas de la mase des abstentionnistes qui n’ont plus confiance dans la politique en général.
Ceci dit, l’évolution des situations est toujours difficilement prévisible...

21/09/2018 14:46 par Yannis

@atc Demain sera toujours plus sombre si vous fermez les yeux sur la réalité, et celle de plus en plus confuse qui se présente en France. Des faussaires/manipulateurs de valeurs de gauche, Mitterrand et Rocard, pire Attalli, en ont donné un aspect assez éloquent depuis 1983 avec la "deuxième gauche", qui a fait avaler le traité de Maastrict, Jospin se vantait de ne pas avoir un programme socialiste et on a un peu tard compris que ce PS (ou deuxième droite) a permis de concrétiser des avancées néolibérales que la droite dure n’aurait pas pu appliquer sans générer d’énormes réactions sociales, par réflexe de classe. En son temps, l’héritage d’un G. d’Estaing était probablement plus à gauche que celui que laissera E. Macron.

Aujourd’hui nous avons finalement le transpolitisme avec l’ultracentre de LREM. Et le PCF a accompagné cette dérive, comme les Verts ou EELV pour des postes ministériels, pour exister au niveau parlementaire, francais et européen. Nous avons également des militants du NPA, qui aveuglé de belles valeurs humanistes veulent refaire le monde, à défaut de pouvoir agir réellement sur la société francaise. Ceux-la défendent bec et ongle sur les forums, contre de méchants dictateurs et pour la LIBERTÉ, les gentils rebelles intégristes/takfiristes (les frères de sang de ceux ayant commis le massacre du Bataclan) qui ont servi et servent encore de mercenaires pour démanteler les frontières d’États d’Afrique ou du Moyen Orient (Soudan, Irak, Libye, Mali, Syrie, Yemen) avec la bénédiction de l’Occident. Le hic, c’est la Syrie, depuis que la Russie et la Chine ont dit "STOP" et sont intervenus directement.

Alors oui, la question de la souveraineté et du territoire (comprenant le droit d’exploiter TOUTES les richesses naturelles sous couvert de démocratie néocoloniale ou d’assistance humanitaire) revient au centre des discours politiques et économiques. Certains s’en emparent sous la forme FN, d’autres LFI ou d’autres comme Asselinau, Sapir, créant parfois une perméabilité génante entre extrême droite et gauche progressiste. Mais tant que le badaud de gauche restera émerveillé par l’internationalisme mal digéré à la sauce mondialisation, pas d’avancée effective dans les luttes réelles de pouvoir dans ce monde. La World Company des Guignols résumait d’une manière assez drôle cette situation, l’émission a d’ailleurs fini par être supprimée du PAF.

21/09/2018 15:07 par Yannis

Un article intéressant sur la réalité des forces politiques à gauche, Ce qu’il reste du PS, avec Hamon et son Génération en étant naturellement exclu, la ligne de partage se fait sur la question de l’attachement à UE, clairement : https://blogs.mediapart.fr/lonesome-cowboy/blog/190918/hamon-nous-eclaire-sur-france-inter

21/09/2018 16:41 par Danael

Pour ma part je ne vois pas très bien le contenu progressiste dans un rapprochement avec l’extrême droite nationaliste tel que préconisé par Sapir . Étonnant de l’apprendre de ceux qui se prétendent être plus éclairés que l’auteur de l’article.
Il y aurait sans doute une définition plus précise du fascisme à opposer ici. Reste cependant l’essentiel : mettre l’étiquette de fasciste un peu partout et de manière abusive seulement pour faciliter la désignation d’un seul fautif ou ennemi et ne pas regarder sa part de responsabilité politique dans la situation actuelle est simpliste et suicidaire. Je remercie au contraire LGS d’avoir mis cet article comme déclencheur pour un débat important.

21/09/2018 17:51 par Yannis

Danael, qui prône ou espère un rapprochement des sensibilités de gauche avec celles de l’extrême droite ?? Si c’est ce que vous avez lu dans ma participation au débat (mais comme votre réponse reste générale, il peut y avoir équivoque) vous avez mal lu. Je fais un constat que ce qu’on nomme populisme actuellement, englobe le populisme de gauche type FI et le populisme d’extrême droite, Et il se trouve que sur certains points, comme le souverainisme, il y a convergence, cet aspect primordial au sein de l’UE étant mis en silence par la plupart des formations politiques qui ne voient nul avenir hormis l’européanisme de l’UE, une attitude irresponsable qui coupe tout débat sérieux. Pour autant le FN reste un parti xénophobe, ce que n’est pas la FI. Un amalgage que ne se gênent pas de faire les médias chien de garde. Ce qui ne veut pas dire que je souscris à cette confusion des genres et des objectifs, bien au contraire.

21/09/2018 18:09 par Autrement

Merci Yannis pour le lien, c’est frappant !

21/09/2018 19:34 par Danael

@Yannis
Je pensais écrire à la suite du deuxième commentaire de AF30. Mon commentaire ne s’adressait pas à vous.

21/09/2018 20:10 par legrandsoir

D’où l’intérêt de toujours indiquer le destinataire, le cas échéant...

21/09/2018 21:07 par Danael

@ LGS
Oui et en cas d’un manque de logique, le cas échéant...

22/09/2018 00:59 par act

Mais tant que le badaud de gauche restera émerveillé par l’internationalisme mal digéré à la sauce mondialisation

L’internationalisme c’est les médecins Cubains à travers le monde, le militaires Cubains en Angola bottant le cul aux Afrikaners, le boycott international du même apartheid, les grèves des employés de ryanair, les mobilisations des années 80’ contre les missiles nucléaires en Europe, etc, bref à l’exact opposé de la mondialisation, l’internationalisme en est la cure, la réponse.
"Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! "
salvini n’est pas un souverainiste mais un opportuniste réactionnaire qui aime citer mussolini, casapound et autres fascistes assumés ne s’y sont pas trompés.
dans tous les pays européens ou ce type d’individu sévissent, les violences racistes ou envers la véritable gauche* se multiplient.
suite à la neutralisation d’un dangereuse "transmigrante" de deux ans assise sur le genoux de sa maman, d’une balle perdue dans la tête, courageusement tirée par la police, le gouvernement belge n’a même pas tremblé
ce n’est pas une raison pour sombrer dans la confusion, au contraire
LREM n’est pas le centre** mais une droite forte, situer le PS français à gauche c’est ignorer ce qu’est le socialisme

*c’est par ailleurs un bon indice pour la reconnaitre
**"le centre n’est ni de gauche, ni de gauche", pour une fois que mitterand disait qqch de vrai...

22/09/2018 09:36 par Danael

On pourrait dire même qu’il n’y a guère de culture internationaliste, de souverainisme et encore moins de culture vraiment anticapitaliste et anti-impérialiste chez la plupart de nos intellectuels de gauche. Pour ne citer que quelques exemples : silence complet ou pauvre analyse sur la Syrie et gobage de ce que la médiacratie dit sur le Venezuela, l’Iran, la Russie et j’en passe . Tout le contraire des Cubains justement qui ont vécu dans leur chair l’impérialisme américain et savent être sensibles à toutes les luttes de libération, en reconnaître les efforts et voir clairement le moindre acte vil et criminel des impérialistes. Cuba c’est bien plus que des médecins et des soldats, c’est une manière de penser socialiste et d’agir en conséquence. Ne pas oublier son appel :"Patria o muerte venceremos" qui dit tout.

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