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Répression en Catalogne

Ce weekend, l’Espagne a montré un bien triste visage au monde entier, et au peuple catalan en particulier, en réprimant massivement le mouvement démocratique souhaitant participer au référendum sur l’autodétermination de la Catalogne. Des scènes qui ne sont pas sans rappelées les pires heures de la dictature franquiste qui a dirigé le pays d’une main de fer entre 1939 et 1975.

Les volontés d’autodétermination du peuple catalan ne datent pas d’hier, et la région a d’ailleurs un statut particulier. Outre la langue catalane, beaucoup plus parlée que l’espagnol, la Catalogne possède aussi ses propres institutions comme un Parlement, élu au suffrage universel.

Il ne sera pas, ici, question des modalités d’indépendance, ou d’autodétermination du peuple catalan, chacun ayant une opinion divergente sur le sujet, à l’image de la gauche espagnole qui oscille entre une volonté d’indépendance pour cette région, et un souhait d’une région plus autonome dans le cadre d’une République fédérale.

A titre d’exemple voici le communiqué de nos camarades des Jeunes communistes espagnols, traduit par le site l’Avant-Garde :

« DEVANT LA BRUTALE RÉPRESSION DU RÉGIME CONTRE LE PEUPLE CATALAN »

Devant la répression brutale déployée aujourd’hui par les forces de sécurité de l’État pour empêcher la tenue d’un référendum d’autodétermination en Catalogne, la Jeunesse communiste déclare :

Nous montrons tout notre soutien au peuple catalan qui est sorti aujourd’hui pour exercer le droit démocratique au vote et qui, de ce fait, a été sauvagement réprimé.

Nous réitérons l’engagement des communistes pour le droit à l’autodétermination et pour la célébration d’un référendum contraignant qui permette l’expression des Catalans.

Le régime a de nouveau montré qu’il ne peut offrir que répression et autoritarisme. Le déploiement policier d’aujourd’hui rappelle celui de l’époque décadente du franquisme, laissant pour le moment derrière lui plus de 700 blessés.

Il est nécessaire d’aborder l’ouverture d’un processus constituant, qui n’affronte pas uniquement la question catalane, mais qui change tout ce qui doit être changé et mette l’État au service de la majorité sociale. La classe travailleuse doit être protagoniste de ce processus.

Nous soutenons, comme il ne saurait en être autrement, les mobilisations qui surgissent actuellement en différents points de l’État. Le moyen de renverser le régime une bonne fois pour toute est la mobilisation massive.

¡No pasarán !

Une répression brutale

Face à ce mouvement populaire, et démocratique, la réponse du gouvernement de Madrid, dirigé par le chef de file de la droite espagnole, Mariano Rajoy, fut cinglante : une répression violente envers des personnes pacifistes. Arguant du prétexte que ce référendum n’avait pas été validé par la justice, le gouvernement espagnol a déployé toute la barbarie dont il est capable sur un peuple simplement désireux d’exercer l’un des droits les plus fondamentales dans une démocratie : le droit de vote.

Les images et vidéos ont tourné en boucle ce weekend, celles de femmes, d’hommes, de personnes âgées le visage ensanglanté, où celles de personnes évacuées de forces des bureaux de vote et brutalement matraquées, au total plusieurs centaines de blessés sont à répertorier.

Pourtant, étrangement, aucune trace du qualificatif de régime autoritaire ou de dictature, ce qui est scandaleux dans certains pays, ne l’est pas dans d’autres et la France, comme bon nombres d’autres pays européens n’a pas pris la peine de condamner fermement ces actes d’une violence inouïe.

Maintenant, imaginons les mêmes scènes dans des pays habituellement haïs par les médias dominants et les gouvernement européens. Imaginons la même répression en Russie, en Chine, à Cuba, où au Venezuela et tâchons de voir quelles réactions auraient eu toute ces élites bien-pensantes. A n’en pas douter elles auraient été bien différentes, des sanctions diplomatiques, voir économiques, des condamnations sur la scène internationale et surtout des mots qui reviendraient dans tous les journaux : dictature, régime autoritaire, voir totalitaire. Le président de la République bolivarienne du Venezuela, Nicolas Maduro, ne s’sest d’ailleurs pas trompé en dénonçant vivement le gouvernement espagnol (1). Un gouvernement qui n’avait pas hésité à qualifier le Venezuela de dictature suite à la convocation d’une Assemblée Constituante par le gouvernement bolivien pour que le peuple puisse s’exprimer par les urnes (Venezuela : poursuivre la Révolution).

La répression organisée par le gouvernement espagnol pose de nouvelles questions quant aux institutions espagnoles. Corruption généralisée, droits sociaux bafoués, système électoral qui favorise le pouvoir en place, peuvent sans doute expliquer la montée des volontés indépendantistes et des partis de gauche, tel que Podemos,qui revendiquent, à raison, une nouvelle Espagne. A l’instar de nos camarades communistes espagnols, nous pensons que le futur de l’Espagne passera par l’abolition de la Monarchie et la proclamation de la République.

(1) : « Qui est le dictateur ? » : Nicolas Maduro torpille Mariano Rajoy pour la répression en Catalogne.

 https://republiquesocialeblog.wordpress.com/2017/10/04/repression-en-catalogne/
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COMMENTAIRES  

06/10/2017 04:06 par T 34

On aurait tous préféré un lutte dans toute l’Espagne pour un changement de système avec des drapeaux rouges mais ce ne fut pas le cas, les grosses mobilisation de 2011 se sont essoufflé et ont été canalisées vers Podemos, il y a moins de grande manifestations, les gens préférant voter ce qui dans le cadre du régime n’apporte pas grand chose, en plus Podemos a édulcoré son programme. Il a même refréner la mobilisation spontané pour la république lors de l’abdication de Franco 2 (alias Juan Carlos).

Par contre le mécontentement a été canalisé vers l’indépendantisme en Catalogne, certes certains des indépendantistes sont des bourgeois, mais pas tous (la CUP par exemple) et c’est ce mouvement indépendantiste qui met le régime le plus en difficulté, d’abord en s’attaquant à l’unité de l’Espagne (le régime actuel refuse le droit à l’autodétermination), puis en remettant en cause la monarchie (plus qu’elle ne l’était déjà). Dans son message au sujet de la Catalogne, le roi Franco 3 (alias Felipe 6) n’a pas eu un mot pour le dialogue et pire pas un mot sur les 893 blessés. Il a aussi parlé de démocratie (qui l’a élu chef d’état déjà ?). Autre bon point c’est que grâce à la bêtise de Rajoy qui a préféré la répression sur de pacifiques votants au lieu de se contenter de ne simplement pas reconnaitre les résultats a montré la véritable nature dictatoriale du régime espagnol à ceux qui l’ignoraient encore.

Des manifestations de solidarité envers les catalans ont eu lieu en dehors de Catalogne dans toute l’Espagne. L’indépendance de la Catalogne mettra aussi le régime de Madrid en grande difficulté financière (20% du PIB en moins), sans compter que les autres indépendantistes (basques, galiciens, andalous, etc) vont de réveiller. Si la Catalogne est indépendante la bourgeoisie catalane ne pourra plus accuser Madrid de tout les maux (ce n’est même pas sur qu’ils puissent rentrer dans l’UE car il y aura le véto de Madrid). Cela peut aussi légitimer aux yeux du peuple la désobéissance civile.

PS : l’indépendance de Catalogne compte un nouveau partisan de poids, qui s’est fait traité de dictateur par Rajoy (malgré que lui a laissé faire un référendum illagal sans agresser les votants) pendant des années et qui se fait plaisir en critiquant Rajoy.

06/10/2017 10:27 par Toff de Aix

Il faut arrêter de nommer "démocratie" ou de dire "expression démocratique" pour quelque chose qui n’existe pas. Les mots ont un sens, nous ne sommes pas, en UE, dans des démocraties et nous ne l’avons jamais été. Du coup, comment s’étonner d’une telle répression, à l’image de ce qui s’est passé en Grèce, où en France l’année dernière, et de ce qui se passe partout en UE et dans le monde, dès qu’un peu trop de gens osent relever la tête en même temps.

Combien de vraies démocraties dans le monde ? A part le Venezuela, justement (et très ironiquement), je n’en vois pas des masses...

16/10/2017 23:24 par Aris-Caen

Le séparatisme accouche magiquement pour une région de l’Union Européenne, du communiste et de la dictature du prolétariat.
C’est un fait pour la "vrai gauche" !
Ces régionalismes sont, de fait et forcement, nobles, altruistes et généreux.
Je vous interdis d’en douter
Ne me dite pas le contraire sinon je vous traîne devant un tribunal européen !!!
Na !

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