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L’opération « Sortie » se met en place, et la solidarité gronde peu.

Venezuela : Le crime se prépare

Le crime se prépare, comme en 1973 au Chili de l’Unité Populaire. La campagne de discrédit, de déstabilisation, contre Caracas, s’accélère avec le déchaînement, l’activisme, des vraies droites, des fausses gauches, et des médias « libres » internationaux.

Pour le chef d’orchestre, les Etats-Unis, il faut reprendre la main en Amérique latine, notamment afin de mettre en place les Zones de libre-échange transatlantique et transpacifique, vastes entreprises de recolonisation. Cela passe par le renversement, « électoral » et/ou insurrectionnel de la révolution vénézuélienne, pièce maîtresse du puzzle émancipateur continental, et dont la chute provoquerait, selon le gouvernement étatsunien, des « effets domino », des réactions en chaîne. Caracas est en effet l’architecte du système souverain d’intégration continentale, insupportable pour les intérêts géoéconomiques de Washington, dans une région qu’il dominait sans partage depuis le 19ième siécle et la « doctrine Monroe » (1823). « L’empire » voudrait en finir avec les « restes du chavisme » : Petrocaribe, l’Alba, l’Unasur, la Celac, les président(e)s Correa, Kichner, Dilma, Morales et Maduro, ces empêcheurs d’impérialiser en rond.

Le crime se prépare contre Caracas, la nouvelle opération « Sortie » se met en place, et la solidarité gronde peu. Rappelons qu’au Venezuela l’essentiel de l’économie est encore aux mains du secteur privé et 80% des médias à l’opposition, que la droite relaie toutes les ingérences extérieures ( le néo-franquiste parti Populaire espagnol a proposé que le prix Sakharov 2015 soit attribué à cette droite putschiste vénézuélienne...à défaut de Franco, déjà décédé).
Ingérences et provocations s’accélèrent à l’approche des législatives du 6 décembre, notamment en utilisant le différend territorial entre le Venezuela et la Guyana (ex Guyane britannique), au sujet de l’Esequibo. Le gouvernement de la Guyana et son nouveau président David Granger, manipulés, refusent de reconnaître l’accord de Genève de 1966, qui déclare « zone en litige » l’Esequibo.

La campagne d’intox est grassement et salement financée par le lobby pétrolier yankee, par la multinationale pétrolière Exxon Mobil, qui a obtenu de la Guyana des concessions juteuses (« Bloque Starbroke ») dans la zone en litige, et opère, exploite le brut, sans précautions et en toute illégalité.

Caracas s’en tient à une « attitude diplomatique de paix », soutenue par le Mercosur lors de sa récente réunion au Brésil, tout en revendiquant « ses droits historiques » ; mais l’occasion est trop belle pour Washington qui tente de transformer en conflit bilatéral le différend territorial. La sous-secrétaire américaine pour l’hémisphère sud, Roberta Jackson, jette de l’huile sur le feu. Le décret du président Obama considérant le Venezuela comme une « menace pour la sécurité des Etats-Unis », couvre tous les mauvais coups.

La guerre économique (pénuries, accaparement, stockage, détournements, corruption grandissante, spéculation sur la monnaie, inflation importante) se poursuit de plus belle et fatigue la population. Les groupes paramilitaires se préparent... Lorsque le gouvernement se défend, que la justice arrête et juge ceux qui confondent opposition et sédition, la révolution est accusée par les « troïkistes » de là-bas (et d’ici), de « totalitarisme », de « violation des droits de l’homme ». Les séditieux deviennent des « martyrs », des « dissidents », des « prisonniers politiques ». Henry Kissinger reçut le Nobel de la paix après le crime commis au Chili... Un grand classique. Pas de liberté hors du marché. Pas touche au capitalisme, indépassable et bienfaiteur de l’humanité. Les mêmes je vous dis, FMIisés, Merkélisés, qui n’aiment les peuples qu’enchaînés, soumis, bien saignants...

Si nous ne réagissons pas à la hauteur des enjeux, si nous cédons au pilonnage, j’ai peur que demain nous disions : « Qu’elle était belle cette révolution ».

Jean Ortiz

L’Humanité, Chroniques Latines. 26 Juillet 2015.
Les chroniques Latines de Jean Ortiz portent un regard loin des clichés sur les luttes de libération du continent sud-américains... Toujours un oeil vif sur l’Espagne et les enjeux sous-jacents du quotidien...

 http://www.humanite.fr/auteurs/jean-ortiz-544965
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COMMENTAIRES  

26/07/2015 18:43 par Michel Rolland

Si nous ne réagissons pas à la hauteur des enjeux, si nous cédons au pilonnage, j’ai peur que demain nous disions : « Qu’elle était belle cette révolution  ».

Nous sommes au début du Moyen-Âge néolibéral. Les dernières démocraties de la planète, les pays bolivariens, en sont à être détruites par les oligarchies néolibérales qui contrôlent la pensée des populations. Observez, écoutez parler les gens autour de vous, vous verrez qu’ils sont réactionnaires ; abrutis par la dictature médiatique et, de plus en plus, par le système d’enseignement, ils deviennent des larbins, des zombies.

Mondo cane !

Michel

26/07/2015 22:33 par Feufollet

La citation du jour, à droite du texte, correspond malheureusement à la situation
Le dessin de l’entête est sinistre, mais correspond aussi bien
Quand à la photo de groupe des terroristes en cravates.......
Plein d’humanité sincère se reflète dans leurs regards fuyants et torves
Bon texte, à éviter de lire avant d’aller dormir.....
Surtout qu’en cas de cauchemars, je ne peux plus appeler ma mère
Qui est morte sans savoir dans quel monde elle m’a mis

27/07/2015 08:45 par Benzekri

Le meilleur moyen de soutenir là-bas et ailleurs, n’est-il pas de changer les choses ICI ?

La France va...
Lorsqu’une nation ou république perd ses valeurs et ce qui fait la richesse de son peuple : sa culture... La réflexion et la raison laissent place aux réflexes qui font de cette nation/république la risée du monde éclairé.
L’ancien président (que revoici, écoutez-le www.youtube.com/watch?v=wQAKZgIwnTE ) parlait de "méprisance" de la part des « socialistes » à son égard et le président « socialiste » trouve qu’un chinois et un japonais c’est kif-kif et un ministre nous fait découvrir un nouveau livre qu’il était encore en train de lire "Zadig et Voltaire" et cette députée qui ne comprend pas ce qui lui est arrivé pour confondre Montesquieu et le Pen à un détail près et enfin une justice qui mélange nationalité et nation arabe...
Avec tout ça et bien d’autres choses encore et quand la République a à sa tête des cerveaux pareils … peut-on se permettre de passer son temps à tuer le temps ?
Commenter les commentaires, interpréter les interprétations, philosopher sur les philosophes, critiquer les critiques et de dire aux peuples du monde comment changer leur monde…
Et qui s’occupe du changement ici ?
Sisyphe, lui, était obligé d’exécuter une sentence divine pour donner un sens à son mythe… Mais nous, dans notre réalité de femme ou d’homme né(e) libre, qui nous oblige à :
Subir le règne des marchands d’armes et du béton qui donnent vie à leur système criminel et liberticide sur un mode de fonctionnement bien rodé qui marche à la perfection : fabriquer/produire/construire, vendre, détruire pour fabriquer/produire/construire, vendre et à nouveau détruire…la vie ?
Laisser faire et laisser passer les spéculateurs, les fraudeurs et autres malfaiteurs en tout genre qui s’engraissent des crises successives planifiées et d’une dette/racket empêchant, de fait, toutes avancées sociales et démocratiques… Pire par cette dette/racket on nous oblige à payer annuellement ses intérêts et à accepter des reculs sur nos acquis sociaux tout en nous refusant le droit à un audit sur la dite dette dans le but de nous empêcher de savoir à qui profite le crime… ?
Accepter d’être menés par un roi ou un président impuissant, corrompu et souvent incompétent qu’on gâte, qu’on flatte, qu’on entoure d’une cour et d’une basse cour dressées à la lutte pour les places et faire croire à l’archaïsme de la lutte des classes… ?
Faire confiance à une oligarchie démocrates/républicains ou gauche/droite…qui pendant les périodes électorales nous abreuve de promesses et de beaux discours et une fois élue se met aux ordres des puissants pour ne s’intéresser qu’à la manière de s’accrocher au pouvoir afin de préserver ses avantages et privilèges. Pour cela, cette oligarchie n’a pas de limite et est prête à tout vendre à commencer par cette valeur inestimable qui fait l’Homme : sa DIGNITÉ… ?
Collaborer et entretenir des liaisons plus que douteuses avec des pouvoirs non démocratiques au nom du pragmatisme et du réalisme ; ouvrant la voie aux opportunistes et donnant surtout une certaine légitimité à un système assassin et une crédibilité à ses institutions (sous influence de mafias et lobbies) où toute forme de compromis mène in fine et inévitablement à la collaboration… ?
Croire (ou se laisser avoir par) des communicants qui se sont spécialisés dans la propagande et la manipulation des esprits… Communicants qui cherchent à nous paralyser par la peur, à nous « divertir » par des futilités, à nous fabriquer des ennemis virtuels, à escamoter les vrais problèmes et à diluer les responsabilités… ?
Qui nous oblige à passer notre temps à blablater au lieu d’agir ici et sans attendre l’arrivée d’un messie qui ne viendra jamais ? Même dieu n’y peut rien pour nous ! « Dieu ne change pas la destiné d’un peuple s’il ne la change pas lui-même » parole divine à méditer.

27/07/2015 10:11 par Calame Julia

Ils nous prendraient presque pour des idiots ! Le tour de passe-passe se fait donc de la manière suivante : je libère
Cuba de l’embargo parce que j’ai un autre chat à fouetter. Mais qui peut encore croire les yankees ? Et leurs sous-
fifres ?

27/07/2015 14:09 par patrice

@ Benzekri,
Je fais un rêve...
Que le sable des déserts et les cailloux des montagnes aient valeur de monnaie d’échange,
utopie d’un doux rêveur quantique à l’atavisme Sisyphien !
Avec une nouvelle monnaie universelle,
le Sisyphe en poudre et en morceaux...
Cordialement,

27/07/2015 14:13 par Morane DURANTON

les soutenir OUI !!! DE TOUT NOTRE COEUR...mais comment ?? donnez nous des pistes...mis à part en parler : mais nous sommes devant effectivement, un peuple de zombies, lobotomisé par la propagande et surtout ne pas s’occuper de ce qui dérange...j’enrage littéralement chaque jour de lire toutes ces attaques par l’impérialisme US qui n’hésite pas à tuer sans vergogne des milliers d’humains pour leur domination...suis en lecture actuellement de "L’Occident Terroriste" de Noam Chomsky et André Vltchek : édifiant...et révoltant...

27/07/2015 16:07 par nuria

bonjour Jean
ton style aussi incisif mérite une attention particulière. De toutes parts et dans toutes les parties du monde le grand capital attaque sans relâche . La gauche comme d’habitude tergiverse , cherche des compromissions et ne répond pas par une solidarité que nous pourrions attendre... Je sais l’histoire ne se répète pas. Les fils de républicains espagnols nous savons ce que veut dire être abandonné par la gauche dite socialiste !!!....
les stratégies du libre échange sont d’une férocité et d’une cruauté sans limites
le pouvoir de l’argent rend fou.

27/07/2015 17:20 par Roger

Merci, Benzekri, de ce fort commentaire.
A la fois, sentiment de colère et même de rage devant mes concitoyens qui semblent préférer le FN au FDG, Marine Le Pen à JL Melenchon, et la soumission plus ou moins volontaire au moindre travail d’émancipation, et ceci entraînant cela, sentiment d’impuissance...
Merci à J.Ortiz qui nous rappelle, certes, que des peuples beaucoup moins bien lotis que nous ne désespèrent pas encore de changer leur monde, mais qu’il se pourrait bien qu’ils soient vaincus par l’incroyable énergie criminelle de l’empire et de ses collabos.
J’avoue que je ne sais pas quoi faire, sinon militer pour quelques "révolutions moléculaires" à ma portée, en espérant que leur essaimage ne se fasse pas trop lentement, et avant qu’il ne soit trop tard...

27/07/2015 17:26 par Palestino

"Rappelons qu’au Venezuela l’essentiel de l’économie est encore aux mains du secteur privé et 80% des médias à l’opposition.."

Après plus de 10 ans de pouvoir bolivarien ? après moi le socialisme.

27/07/2015 20:02 par Palestino

"La guerre économique (pénuries, accaparement, stockage, détournements, corruption grandissante, spéculation sur la monnaie, inflation importante) se poursuit de plus belle et fatigue la population. "
ET en face moins de préparation aux actions concrètes et plus de débats doctrinaux, pour creuser encore plus le décalage entre le pouvoir et ses réalisations .

27/07/2015 20:49 par depassage

@) Nuria,
Vous, vous n’avez certainement pas bu la lie jusqu’au fond. J’en ai vu de nombreux pays tomber dans le drame et l’effusion de sang et toujours selon le même scénario. Agitations et pénuries bien orchestrées et de toutes sortes, propagande tous azimuts menée souvent par des citoyens ordinaires soudoyés pour renforcer ou créer un climat d’insécurité et de confusion tout en vantant les choix qu’on aurait dû faire pour être comme les Japonais, les Coréens ou les Allemands… Les fausses informations en pleuvent et les esprits les plus lucides perdent leur latin. Tout cela n’est rien, si cela ne tourne pas en guerre civile.
Quant aux socialistes comme une bonne partie des socialistes français et d’autres pays, ils avaient une mission historique à remplir et l’ont remplie, il est normal qu’ils retournent à ce qu’ils ont toujours été. Tant qu’il y avait une force à leur gauche qui risquait de faire bouger sérieusement les choses, ils se présentaient comme la gauche pour faire tympan entre la gauche à leur gauche et la droite à leur droite. La petite bourgeoisie est issue des rangs des contremaitres ou des intermédiaires des couches et classes sociales et elle n’a jamais dérogé à sa nature. Elle suit celui qui détient le vrai pouvoir, c’est-à-dire le pouvoir économique, le seul, l’unique qui compte. La manière dont ce pouvoir est usurpé au peuple est toujours la même : dresser la conscience collective pour la faire obéir aux doigts et à l’œil et mettre la force de son côté.
Les exploits de la classe moyenne ne s’arrêtent pas là. Elle peut se mettre à gauche de toutes les gauches et à droites de toutes les droites.

27/07/2015 23:42 par Totor

Quand j’étais étudiant,il y a au moins 40 ans,on nous avait conseillé un livre à la fac :"les 20 Amériques latines "de Marcel Niedergang, journaliste au"Monde".Sur le Vénézuela il était écrit qu’il avait le même PNB que la France(alors 3eme puissance économique mondiale.Mais le niveau de vie de la majorité de la population était misérable. Si l’on considère la situation actuelle, quelle différence ! et c’est le chavisme qui a fait progresser.
Heureusement Hugo Chavez a mis l’armée de son côté et les choses ne peuvent se passer comme au Chili en 1973.De plus les cubains sont politiquement très proches et leurs services secrets sont autre chose que la DGSE.Il faut savoir que c’est Fidel castro en personne qui a organisé la déroute des putschistes en 2002(lisez ses mémoires par Ramonet).Quelqu’un sur cette page a dit que pouvons nous faire ?mais rien, car nous n’avons pas de media de masse.Et eux ont bien compris la doctrine de Goebbels.J’ai entendu hier une interview d’un jeune syrien rigolard(certainement pauvre réfugié ayant payé un visa 4OOO dollars et un billet d’avion pour arriver à Marseille)qui vantait notre"démocratie" et l’espoir que lui ont donné les révolutions de Tunisie, d’Egypte et de Lybie.Pour un esprit lucide , sachant ce que sont devenus ces pays, c’est la marche arrière qu’il apprécie.

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