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Vénézuéla : Le festin du savoir.


Caracas, le 15 mai 2005.


Un soleil radieux illumine le quartier "23 de Enero", les vendeurs de rue interpellent les passant à la criée leur proposant fruits et légumes, cachapas et arepas, odeur et couleur...

Le 23 de enero est un quartier populaire de Caracas ou d’immenses barres d’immeubles décrépitées paraissant s’étendre à l’infinie jouxtent les maisons posées anarchiquement sur les collines.

Ici, on est en terre chaviste. Avant d’avoir la confirmation par la voix de ceux qui y résident, les murs du « veintitrés » parlent pour eux. On y voit des portraits de Bolivar, de Zamora bien sur... mais aussi de Karl Marx ou Manuelita Sanz. Les écrits y sont sans appel : Viva Chavez ! Vota NO ! Con Chávez manda el pueblo !

Ce vendredi, dans la bibliothèque de La Cañada au coeur de ce quartier, c’est la remise des diplômes de la mission Robinson I.

La mission Robinson est un programme gouvernemental d’alphabétisation. Composé en trois niveaux, il donne l’équivalent du niveau primaire à toutes les personnes qui furent oubliés des programmes d’ éducation par les gouvernements précédents.

En 8 mois, la mission Robinson a alphabétisé 1.381.749 personnes à travers tous le Venezuela, faisant passer le taux d’analphabétisme de 8.4% de la population à 0.4%, c est à dire en dessous du seuil d’analphabétisme reconnu par l’UNESCO.

Dans une des salles de la bibliothèque, une vingtaine de personnes attendent la remise du sésame. Pour la plupart, ce sont des personnes âgées. On lit la joie et la fierté au creux de leurs rides. Il y a trois mois ils ne savaient ni lire ni écrire, et aujourd’ hui, ils accèdent officiellement au statut d’ alphabetes.

«  Je vais enfin pouvoir aider mes petits neveux maintenant » me confie Ramon. Partager le savoir, partager ce trésor trop important pour être conservé jalousement.

Que ce savoir soit important, tous les participants de la « mission Robinson » le savent, eux, qui pour la plupart, ont mit tellement longtemps avant de le posséder.

La coordinatrice de la mission Robinson pour le 23 de enero, Yaritza Mota, les avertit en guise d’introduction à la cérémonie : « Ils ne faut pas vous arrêtiez de lire, sinon vous allez perdre tout ce que vous avez appris, il faut vous inscrire à la mission Robinson II pour continuer et approfondir vos connaissances »

La simple évocation de cette perte possible ôte le sourire des personnes présentes. Dans les faits, 95% des 798 participants à la mission Robinson dans cette partie du quartier ont décidé d’approfondir leurs connaissance et de suivre l’enseignement de second degrés.

Enfin, c’est le moment tant attendu. A l’appel successif de son nom, on se lève, sous les applaudissements, pour aller chercher le diplôme du ministère de l’éducation. Le diplôme et la « bibliothèque familiale »...

Cette bibliothèque familiale est une caisse de trente livres qui est remise à chaque participants. Comme elle est imprimée à Cuba, l’opposition vénézuélienne a hurlé à la propagande castriste, à l’endoctrinement d’une partie de la population vénézuélienne.

Cette réaction de l’opposition nous aide à mesurer le fossé de connaissance entre les plus pauvres et ceux qui les critiquent.

Maria, diplôme en main, est en train de parcourir les ouvrages qu’on vient de lui offrir. Comme Maria vient juste d’apprendre à lire, elle ne sait pas encore que Le petit Prince est un ouvrage de propagande castriste ou encore qu’Honore de Balzac fut un des précurseurs idéologique de la Révolution de 1959 !!

« Les livres ne sont peut être pas très beau, affirme Yaritza Mota aux élèves mais vous savez, l’important d’un livre, ce n’est ni sa forme ni sa beauté, l’important c’est ce qu’il dit... »

Le sourire de Celsa en dit long sur la joie qu’elle ressent aujourd’hui.« Je n’ai jamais pu aller à l’école, moi et ma famille nous étions pauvres et j’ai du travailler très tôt avec ma mère pour gagner de quoi vivre » Celsa, qui pourrait être ma grand mère me glisse tendrement : « Jeune homme, tu sais... aujourd’hui, je dit merci de tout mon coeur à ce monsieur... merci à mon président Hugo Chavez qui m’a permit d’apprendre à lire. »

Si Chavez et son gouvernement ont en effet ouvert la brèche pour cette possibilité, c’est le peuple entier des barrios qui a permit sa réalisation pratique. Les organisations de base ont assuré la promotion de la Mission d’alphabétisation, contacté les gens en faisant du porte à porte, trouvé un lieu ou les cours puissent se dérouler, les instituteurs ont bénévolement donné de leur temps libre pour enseigner.

La méthode d’alphabétisation Yo, sà­ puedo, méthode cubaine reconnue par l’UNESCO pour son efficacité, utilise l’image comme support. Il a donc fallu trouver des télévisions et des magnétoscopes pour pouvoir commencer.

Si aujourd’hui, tant de personnes ont réalisé leur rêve, c’est tout autant grâce au gouvernement, qu’à l’effervescence des organisations populaires qui ont su se saisir et s’approprier cette chance institutionnelle. En ce sens, nous déclare Yaritza « nous ne sommes pas uniquement des professeurs mais de véritables travailleurs sociaux ».

Apres avoir porté un toast final pour clôturer cette journée, une femme s’approche de moi... « Jeune homme pouvez vous m’écrire votre nom ? » Je m’exécute volontiers et une deuxième me demande la même chose, puis une troisième et une quatrième ! Je me rends compte alors de la soif de lire qui habite désormais ces personnes. Ces quelques signes qui compose mon nom ne sont plus devenus une suite de dessins étranges mais font désormais sens. Les nouveaux diplômés de la mission Robinson ont en commun cette passion de désormais tout déchiffrer jusqu’à la moindre lettre comme pour rattraper tout ce temps où ils furent oubliés dans leur analphabétisme.

Avec Ramon et Luis nous faisons un échange, mon nom contre le leur. D’une main fébrile mais d’un esprit résolu et déterminé, ils s’exécutent et réalisent ce geste auquel ils ne pouvaient prétendre il y a tout juste 3 mois.

Romain MIGUS

- Source : Cercle Bolivarien de Paris
cbparis@ml.free.fr.


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- Photo : RNV


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