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Venezuela : Le vice-ministère du bonheur suprême, Coca-Cola et la « Happy Meal » de McDonald’s (Aporrea)

Pour les chavistes et pour les gens de gauche il est normal de se moquer du nom choisi pour le nouvel vice-ministère pour le bonheur suprême. Il est normal car nous sommes des vénézuéliens, nous sommes des déconneurs, nous critiquons beaucoup, et il était tout simplement inévitable qu’on se moque d’un nom si pittoresque. Maduro lui-même a dû choisir le nom et penser qu’il allait être charrié.

Comment obtenir un certificat que détermine si l’on est suprêmement heureux ? Faudra-t-il payer un gestionnaire ? Faudra-t-il corrompre quelqu’un ? Faudra-t-il regarder du Stand-Up Comedy pendant des heures ? Peut-être pas. J’ai beaucoup d’amis qui sont gagas avec leurs enfants qui viennent de naître ; j’imagine que leurs enfants sont en quelque sorte leurs gestionnaires de ce certificat. Ou encore la petite copine d’un jeune amoureux, ou la maman qui manque à quelqu’un qui ne l’a pas vu pendant des mois. Ou alors des petits gestes, comme aider une personne âgée ou voir que le travail que l’on a fait bénévolement a permis d’améliorer la vie de beaucoup de personnes. Nous sommes tous des « gestionnaires » de ce vice-ministère, dans la mesure où nous contribuons à améliorer cette société… autrement dit, [dans la mesure où nous contribuons] à que nous soyons plus heureux.

Mais vous savez ce qu’est vraiment triste ? Voir à un escualido [1] se moquer du nouvel vice-ministère, en disant que le gouvernement à l’air ridicule lorsqu’il emploi le mot « bonheur ».

Ceci peut nous servir d’argument, nous qui critiquons l’industrie publicitaire, motivés par les discours du professeur Roberto Malaver, qui explique qu’actuellement cette industrie ne se focalise sur la présentation des produits, mais plutôt sur la manipulation de nos émotions, pour nous faire croire que le seul moyen d’atteindre le bonheur c’est en achetant ces produits. Beaucoup de personnes, ne font pas cette analyse et au lieu de rejeter l’industrie publicitaire, se laissent manipuler par celle-ci.

Coca-Cola est connu non seulement comme une boisson gazeuse, mais aussi comme un symbole du capitalisme états-unien. Qu’est-ce que nous voyons dans n’importe quelle publicité de Coca-Cola ? Nous en avons un exemple avec le « Coca-Cola Happiness Machine » (ou la machine du bonheur Coca-Cola) : concrètement il s’agit d’un distributeur de [Coca-Cola] qui devient fou et commence à donner des bouteilles dans un restaurant universitaire. Ainsi, les jeunes « atteignent le bonheur » lorsqu’ils ont le plus de bouteilles de Coca.

En Amérique Latine, Coca-Cola a fait sa propre version avec le « Camion du bonheur Coca-Cola ». Nous avons tous regardé à la télé, les pubs où un enfant dit être très fier de son père qui travaille comme chauffeur d’un camion rouge de Coca-Cola qui amène des bouteilles dans le monde entier. Cette pub fini avec le message suivant « Mon père conduit un camion rouge, mais il distribue aussi du bonheur ».

Ces pubs s’adaptent à chaque région, ainsi le camion va dans chaque pays de l’Amérique Latine pour distribuer du « bonheur », ce que, venant de cette entreprise, pourrait se traduire par : la mondialisation, les caries, le diabète, l’obésité, la privatisation de l’eau, l’exploitation de nous ressources et l’assassinat des syndicalistes. Mais évidemment, nous ne verrons pas cela dans ces pubs, ni dans les médias qui sont sponsorisés par la transnationale.

Dans cette version de la publicité nommée « Le Camion du Bonheur Coca-Cola : Caracas » les spécialistes marketing, font que le camion se déplace dans la capitale vénézuélienne pour offrir des sodas. « L’Avila [ou Guaraira Repano, est le nom de la montagne qui entoure la vallée de Caracas, ndlt] a été témoin de l’arrivée d’un camion plein de bonheur », et devinez ce qu’on voit dans la vidéo : des gens qui font la queue pour qu’on leur offre un soda.

Lorsque les gens font la queue dans un MERCAL [est le nom d’une mission sociale crée par Hugo Chavez pour distribution d’aliments, dans des marchés ambulants constitués en réseaux, qui vendent des produits à des prix très bas, grâce à la subvention de l’Etat, ndlt] ou dans un point de la Misión Identidad [Mission sociale crée afin de faciliter les démarches pour l’obtention de leur carte d’identité et pour réduire le nombre de vénézuéliens qui n’ont pas de papiers, ndlt ], ils [l’opposition] parlent de quelque chose d’ « irréprochable, d’absurde et propre des régimes communistes », mais lorsque les gens font la queue pour avoir un soda, ils le font « pour être heureux ». Vraiment Coca-Cola, vous êtes sérieux ?

Un ami sur twitter m’avait donné un autre exemple beaucoup plus grave et plus dangereux : le happy meal de McDonald’s. Un produit qui est fait pour que les enfants en bas âge deviennent accros à la mal bouffe, en faisant le chantage avec un petit jouet fabriqué dans des terribles conditions d’exploitation, dans le sud-est asiatique.

Ils [McDonald’s] séduisent les enfants, avec des pubs marrantes, avec des dessins animés en forme de petites boites, avec les balles de couleur, avec le clown jaune, le symbole de la franchise, pour donner de l’obésité à nos enfants, mais ils appellent cela « le bonheur ».

Il y a bien d’autres exemples comme les pubs pour Belmont, une marque de cigarettes vénézuéliennes très connue, appartenant au groupe Bigott. [Dans ces pubs] il y avait des belles jeunes filles, et des jeunes gens heureux, en train de profiter de la plage. Généralement, personne ne montrait de cigarette, mais tout le monde était « heureux ». La pub te fait comprendre que si tu fumes des Belmont, tu seras aussi « heureux » qu’eux. Peu importe si quelques années plus tard tu développes un cancer du poumon.

On peut passer des heures à voir des publicités de Coca-Cola sur Youtube et on verra la même chose : on essaye de te convaincre que si t’achètes beaucoup de Coca-Cola, tu seras heureux. Est-ce que tout cela a du sens ? Non. C’est une vulgaire manipulation de nos émotions. Mais je n’ai jamais vu quelqu’un de droite se moquer des pubs de Coca-Cola, qu’essayent de nous convaincre que nous serons heureux si nous consommons en abondance cette boisson bourrée de sucre et d’eau gazéifiée.

Le vice-ministère au nom rigolo, aura pour rôle de superviser et d’améliorer les plans sociaux crées par le gouvernement d’Hugo Chavez, et qu’il a nommé « les Missions ». Ces plans ont appris à lire à des millions de personnes, ont amené des centaines de milliers de cubains pour l’attention sanitaire primaire et gratuite, se sont occupé de distribuer de centaines de milliers de tonnes de nourriture tous les mois, ils opèrent a des milliers de personnes de maladies liées à la vue comme la cataracte.

Nous pouvons discuter sur la pertinence du nom du vice-ministère, nous pouvons même en rire. Mais nous devons reconnaitre quelque chose : ce gouvernement a fait beaucoup plus pour le bonheur des millions de personnes que ces entreprises de gazeuses dont les publicités pleines de bonheur sont rarement questionnées.

Luigino Bracci

Mardi, 29/10/2013

Traduit par Victoria Valdez pour Le Grand Soir.

»» http://www.aporrea.org/actualidad/a175980.html

[1la définition correcte du mot est une personne maigre, cependant ce mot est employé par les chavistes au Venezuela pour désigner les personnes de l’opposition, ndlt


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