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Avis aux journalistes : Cuba n’est pas une histoire de famille mais de résistance

Illustration : tableau de José Luis Hernández Castillo

Vu dans la presse : "Cuba : après 62 ans à la tête de l’État, la famille Castro quitte le pouvoir" (France24)

Non, pas la "famille" Castro, mais le leader de la révolution cubaine et son second, qui se trouve être un de ses frères. Raul n’était pas n’importe quel "membre de la famille". Raul était présent à l’assaut de la Moncada. Raul était en exil au Mexique. Raul était à bord du Granma. Raul a combattu dans la Sierra Maestra. Si Fidel avait la moindre légitimité, Raul en avait autant.

Mais ces journalistes, qui parlent de "famille Castro", seraient en mal de nommer d’autres membres de la "famille Castro" (eh oui, il y a d’autres - frères et soeurs) qui auraient occupé l’espace politique cubain. Tiens, après avoir passé 30 ans à étudier et/ou suivre Cuba, je suis incapable de vous dire qui était l’épouse de Fidel. Ce n’était pas un secret, c’est juste que... ben... on s’en fiche, quoi. Pas de "First Lady" à la noix, si vous voyez ce que je veux dire.

Mais "famille Castro", ça claque, et ça donne un petit côté "népotisme". Mais c’est comme cette expression Lider Maximo qu’ils balançaient sans cesse en parlant de Fidel. Pour se donner un genre "initié". Genre qui sait de quoi il parle. Mais voilà, cette expression n’est, n’était, jamais utilisée sur l’île. (Elle aurait été inventée par la CIA, pour te dire.) Mais qu’est-ce que tu veux, ça aussi ça claque. En réalité, Lider Maximo ne servait qu’à une seule chose : révéler toute l’ignorance – ou malveillance calculée – du journalisme mainstream. C’était un peu le sceau officiel du "n’importe-quoi-tisme". Il y a en d’autres, beaucoup d’autres.

Un article récent du Figaro prétendait raconter les difficultés économiques à Cuba. Pour sûr, le journaliste a fait le finaud, en lâchant le mot cola (en français : file d’attente). Clin d’œil au lecteur, message subliminal : j’suis branché sur la réalité cubaine.

Mais il y a un autre mot, assez facile à apprendre pour peu qu’on y mette du sien : " bloqueo". Celui-là, ils ne le prononcent jamais. Un mot pourtant omniprésent, de trois syllabes, une de plus que cola, deux de moins que Lider Maximo. C’est pas un truc enfoui dans les archives d’Etat. Le bloqueo est là, omniprésent, partout, dans tout. Dans les colas, notamment.

Comptez le nombre d’articles qui mentionnent bloqueo (sous une forme ou une autre). Maintenant, comptez le nombre d’articles qui expliquent de quoi il s’agit. Oui, je sais : zéro. Le plus long blocus de l’histoire fait l’objet de la plus petite couverture possible : zéro.

Si informer était réellement le métier de ces "journalistes", c’est ça le premier mot qu’ils apprendraient. Ne pas en parler constitue une décontextualisation telle que tout article sur Cuba qui fait l’impasse (c’est-à-dire, en gros, tous les articles) est de facto un mensonge. Pour ne pas voir le bloqueo, il faut être aveugle (ou franchement con). Le voir et ne pas en parler, c’est être complice d’un crime humanitaire.

Mais il y a un autre mot espagnol de trois syllabes qu’ils pourraient apprendre, que j’aime beaucoup et que je leur dédie : "payaso" (*) .

Viktor Dedaj
ou l’art de tomber de Charybde en Syllabe

(*) pitre, clown

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