RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Les États-Unis sont confrontés à une défaite dans la guerre géopolitique à Gaza

Cent ans après la révolte arabe (1916-1918) contre les Turcs ottomans au pouvoir, dans le contexte de la défaite imminente de l’Allemagne et de la Triple Alliance lors de la Première Guerre mondiale, un nouveau soulèvement armé des Arabes a éclaté, cette fois contre l’occupation israélienne, dans le contexte de la défaite imminente des États-Unis et de l’OTAN lors de la guerre d’Ukraine, offrant le spectacle palpitant d’une histoire qui se répète sans interruption.

L’Empire ottoman s’est désintégré à la suite de la révolte arabe. Israël devra lui aussi quitter les territoires qu’il occupe et faire place à un État palestinien, ce qui, bien entendu, constituera une défaite cuisante pour les États-Unis et marquera la fin de leur domination mondiale, rappelant la bataille de Cambrai, dans le nord de la France (1918), où les Allemands, encerclés, épuisés et dont le moral s’effritait en raison de la détérioration de la situation intérieure, ont dû faire face à la certitude que la guerre était perdue, et se sont rendus.

Le flot torrentiel d’événements de la semaine dernière est à couper le souffle, à commencer par un appel téléphonique du président iranien Sayyid Ebrahim Raisi au prince héritier saoudien Mohammed bin Salman mercredi pour discuter d’une stratégie commune face à la situation qui a suivi l’attaque dévastatrice du Mouvement de résistance islamique, le Hamas, contre Israël le 7 octobre.

Plus tôt dans la journée de mardi, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, avait souligné dans une déclaration forte que "du point de vue militaire et du renseignement, cette défaite (du Hamas) est irréparable. C’est un tremblement de terre dévastateur. Il est peu probable que le régime usurpateur (israélien) puisse utiliser l’aide de l’Occident pour réparer les profonds impacts que cet incident a laissés sur ses structures dirigeantes".

Un haut fonctionnaire iranien a déclaré à Reuters que l’appel de M. Raisi au prince héritier visait à "soutenir la Palestine et à empêcher la propagation de la guerre dans la région. L’appel était bon et prometteur". Après avoir forgé une large entente avec l’Arabie saoudite, le ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, s’est entretenu avec son homologue émirati, le cheikh Abdullah bin Zayed, au cours duquel il a appelé les pays islamiques et arabes à apporter leur soutien au peuple palestinien, en insistant sur l’urgence de la situation.

Jeudi, M. Amir-Abdollahian a entamé une tournée régionale en Irak, au Liban, en Syrie et au Qatar jusqu’à samedi, afin de se concerter avec les différents groupes de résistance. Il a notamment rencontré le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à Beyrouth, et le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, à Doha. M. Amir-Abdollahian a déclaré aux médias que si Israël ne cessait pas ses frappes aériennes barbares sur Gaza, une escalade de la Résistance était inévitable et Israël pourrait subir un "énorme tremblement de terre", le Hezbollah étant prêt à intervenir.

Axios a rapporté samedi, en citant deux sources diplomatiques, que Téhéran avait envoyé un message fort à Tel-Aviv via l’ONU, indiquant qu’il devrait intervenir si l’agression israélienne contre Gaza se poursuivait. En clair, Téhéran ne se laissera pas décourager par le déploiement de deux porte-avions américains et de plusieurs navires de guerre et avions de chasse au large des côtes israéliennes. Dimanche, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a reconnu que les États-Unis ne pouvaient exclure que l’Iran intervienne dans le conflit.

Pendant que l’Iran se coordonnait avec les groupes de résistance sur le front militaire, la Chine et l’Arabie saoudite passaient à la vitesse supérieure sur le plan diplomatique. Jeudi, alors même que le secrétaire d’État Antony Blinken se rendait dans les capitales arabes après des entretiens à Tel-Aviv, à la recherche d’une aide pour obtenir la libération des otages par le Hamas, l’envoyé spécial de la Chine au Moyen-Orient Zhai Jun a contacté le vice-ministre des affaires politiques du ministère saoudien des affaires étrangères, Saud M. Al-Sati, au sujet de la situation israélo-palestinienne, en mettant l’accent sur la question palestinienne et la crise humanitaire qui se déroule à Gaza, en particulier. Le contraste ne pourrait être plus net.

Le même jour, un événement extraordinaire s’est produit au ministère chinois des affaires étrangères lorsque les envoyés arabes à Pékin ont demandé une réunion de groupe avec l’envoyé spécial Zhai pour souligner leur position collective selon laquelle une crise humanitaire "très grave" est apparue à la suite de l’attaque d’Israël sur Gaza et "la communauté internationale a la responsabilité de prendre des mesures immédiates pour apaiser les tensions, promouvoir la reprise des pourparlers de paix et sauvegarder les droits nationaux légitimes du peuple palestinien".

Les ambassadeurs arabes ont remercié la Chine "d’avoir défendu une position juste sur la question palestinienne et ont exprimé l’espoir que la Chine continue à jouer un rôle positif et constructif". M. Zhai a indiqué qu’il comprenait parfaitement que "la priorité absolue est de garder le calme et de faire preuve de retenue, de protéger les civils et de fournir les conditions nécessaires pour soulager la crise humanitaire".

Après cette réunion extraordinaire, le ministère chinois des affaires étrangères a publié sur son site web, à minuit, une déclaration détaillée de Wang Yi, membre du bureau politique du comité central du PCC et ministre des affaires étrangères, intitulée "La Chine se range du côté de la paix et de la conscience humaine sur la question de la Palestine". Cette déclaration aurait incité le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, à appeler Wang Yi.

Il est intéressant de noter qu’Anthony Blinken a lui aussi appelé Wang Yi depuis Riyad le 14 octobre. Selon le communiqué du département d’État, il a "réitéré le soutien des États-Unis au droit d’Israël à se défendre et a appelé à la cessation immédiate des attaques du Hamas et à la libération de tous les otages", tout en soulignant l’importance de "décourager d’autres parties (l’Iran et le Hezbollah) de s’engager dans le conflit".

En bref, dans tous ces échanges impliquant l’Arabie saoudite - en particulier, dans les réunions de Blinken à Riyad avec le FM saoudien et le prince héritier Mohammed bin Salman, alors que les États-Unis se sont concentrés sur la question des otages, la partie saoudienne a plutôt tourné l’attention vers la crise humanitaire à Gaza. Les rapports du département d’État mettent en évidence les priorités divergentes des deux parties.

Il suffit de dire qu’une stratégie coordonnée entre l’Arabie saoudite et l’Iran, soutenue par la Chine, fait pression sur Israël pour qu’il accepte un cessez-le-feu et une désescalade. Le soutien de l’ONU isole encore davantage Israël.

La sortie de Benjamin Netanyahou est prévisible, mais il ne jettera pas l’éponge sans combattre. Les liens entre les États-Unis et Israël risquent d’être mis à rude épreuve. Le président Biden est pris dans une impasse, rappelant la situation difficile dans laquelle se trouvait Jimmy Carter lors de la crise des otages iraniens en 1980, qui avait mis fin à sa candidature à un second mandat présidentiel.

Quelle sera la suite des événements ? Il est clair que plus l’assaut israélien sur Gaza se poursuivra, plus la condamnation internationale et l’exigence d’un corridor humanitaire s’intensifieront. Non seulement des pays comme l’Inde, qui ont exprimé leur "solidarité" avec Israël, perdront la face dans les pays du Sud, mais même les alliés européens de Washington seront mis à rude épreuve. Il reste à voir si une invasion de Gaza par Israël est encore réaliste.

À l’avenir, l’axe Arabie-Iran-Chine soulèvera la question de la situation critique de Gaza au Conseil de sécurité des Nations unies, à moins qu’Israël ne se rétracte. La Russie a proposé un projet de résolution et insiste pour qu’il soit mis aux voix. Si les États-Unis opposent leur veto à la résolution, l’Assemblée générale des Nations unies pourrait intervenir pour l’adopter.

Entre-temps, le projet étasunien visant à ressusciter les accords d’Abraham perd de sa force et le plan visant à saper le rapprochement saoudo-iranien négocié par la Chine risque de mourir subitement.

En ce qui concerne la dynamique du pouvoir en Asie occidentale, ces tendances ne peuvent que profiter à la Russie et à la Chine, surtout si les BRICS devaient à un moment donné jouer un rôle de premier plan dans la conduite d’un processus de paix au Moyen-Orient qui ne soit plus le monopole des États-Unis.

L’ère du pétrodollar s’achève et, avec elle, l’hégémonie mondiale des États-Unis. Les tendances émergentes contribuent donc largement à renforcer la multipolarité dans l’ordre mondial.

Le blog n’adhère pas nécessairement à tous les points de vue exprimés dans les articles republiés. Notre objectif est de partager une variété de perspectives que nous pensons que nos lecteurs trouveront intéressantes ou utiles.

Source

»» https://italienpcf.blogspot.com/2023/10/les-etats-unis-sont-confrontes-une.html
URL de cet article 39015
  

Même Thème
Israël, Les 100 pires citations
Jean-Pierre Bouché, Michel Collon
Ce livre contient 100 citations de dirigeants, stratèges et penseurs sionistes, des origines du mouvement jusqu’à aujourd’hui. À partir de ces citations, il s’agit pour les auteurs de faire une analyse à la fois documentée et ludique de la pensée sioniste à travers les années. Les auteurs montrent ainsi qu’il y a bien une pensée sioniste cohérente qui se perpétue à travers le temps. Le conflit israélo-palestinien ne vient pas de nulle part : il prend sa source au moment même où le projet sioniste s’est (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le plus grand crime depuis la deuxième guerre mondiale a été la politique étrangère des Etats-Unis.

Ramsey Clark
Ministre de la Justice des Etats-Unis sous la présidence de Lyndon Johnson

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.